Les Femmes et la Discrimination
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Les Femmes et la Discrimination , livre ebook

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Description

Quel est le lien entre le statut des femmes et leur santé mentale ? L’intérêt porté par les chercheurs sur les relations entre les conditions de vie des femmes et leur santé n’est que fort récent. Les troubles dépressifs et anxieux sont deux fois plus fréquents chez les femmes et en partie imputables aux discriminations qu’elles subissent. Car, en dépit des changements survenus au cours de l’histoire, la hiérarchie sexuelle se maintient dans le monde, y compris dans les sociétés occidentales. Pis encore, des menaces de régression assombrissent l’horizon féminin dans bien des contrées. Saïda Douki Dedieu analyse l’étendue des situations sociales pathogènes en s’intéressant tout particulièrement à la condition des femmes musulmanes. Pourquoi les résistances au changement sont-elles encore si fortes ? Quels sont les freins à l’émancipation ? La promotion du statut des femmes est pourtant une voie potentielle de prévention pour leur santé. Elle est aussi et peut-être surtout la condition indépassable de la démocratie et de la fin du « choc des civilisations ». Saïda Douki Dedieu est professeur émérite de psychiatrie à la faculté de médecine de Tunis, professeur associée à la faculté de médecine de Lyon. Elle a occupé d’importantes fonctions dans le secteur de la psychiatrie en Tunisie. Elle est auteur et coauteur de très nombreuses publications scientifiques.  

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 septembre 2011
Nombre de lectures 2
EAN13 9782738185877
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , OCTOBRE  2011
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-8587-7
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Préface

Le livre écrit par le professeur Douki aborde trois des sujets les plus débattus dans le monde d’aujourd’hui : le statut de la femme, la différence et le conflit entre religions (et cultures) et la maladie mentale.
Le premier de ces trois sujets a trait au fondement même des sociétés du monde. Le changement des rôles de la femme dans la société signifie qu’il n’y a plus d’exécutant « naturel » pour accomplir les tâches de transmission de la culture, d’éducation des enfants, de soins pour les personnes âgées et les handicapés. La fonction de reproduction des femmes est également affectée par le changement de leur rôle. Leur productivité économique peut sans doute mieux se mesurer lorsqu’elles sont employées mais il est peu probable qu’elle soit plus élevée qu’auparavant quand elles n’étaient pas payées pour leurs multiples contributions à la société. Les sociétés ne pourront pas survivre à moins de trouver des moyens de redistribuer les tâches et les rôles – il y a encore beaucoup de réticences à le faire et d’opposition à un débat rationnel autour de pareilles réformes.
La différence et le conflit entre les religions et les cultures sont aussi une question vitale pour le progrès et la survie du monde. Bien que les différences soient débattues et que de nombreuses recommandations soient faites par des représentants des religions, des politiciens et pratiquement tout un chacun, les conflits entre groupes professant diverses religions sont en train d’augmenter en ampleur et en violence dans leur expression. Ils sont particulièrement visibles dans les processus de migration, mais semblent progressivement renaître dans des contextes où la coexistence pacifique paraissait être la norme. Les conséquences des conflits et tensions entre groupes culturels et religieux sont dangereuses pour l’individu et pour l’organisation des communautés et peuvent contribuer à un sentiment de malaise et d’insatisfaction qui est également devenu courant dans plusieurs sociétés. Les règles et règlements émis par les chefs de groupes religieux – quelquefois conformes aux documents de base définissant les religions et d’autres fois inspirés par leur seule interprétation de ce qui est bien ou mal – sont censés définir et aider les communautés à faire du comportement individuel un soutien pour tous : cependant les prescriptions sont souvent obsolètes et rendent la vie dans le contexte technologique et économique actuel difficile et inutilement compliquée.
Le troisième sujet de ce livre est la maladie mentale et les problèmes de santé mentale. Quoique les troubles mentaux causent près d’un tiers de toutes les infirmités et d’indicibles souffrances de centaines de millions de personnes – dans toutes les cultures et sociétés – les gouvernements d’une grande majorité de pays dans le monde accordent une faible priorité aux programmes de santé mentale et contribuent ainsi à la misère que peut engendrer la maladie mentale si elle n’est pas correctement prise en charge. Les problèmes de santé mentale qui ne relèvent pas des troubles mentaux – tels que les sentiments d’abattement, de malaise et d’épuisement émotionnel ( burn-out ) qui sont très répandus dans plusieurs communautés et pays – contribuent davantage à une baisse de la qualité de la vie et de la productivité économique et intellectuelle : pourtant, ils sont également considérés comme des problèmes insignifiants de la vie quotidienne qui ne méritent ni attention ni changements des dispositions gouvernementales et sociales.
Saïda Douki tisse ces trois thèmes dans une présentation élaborée de la vie des femmes au début du XXI e  siècle, une vie au cours de laquelle les influences de la religion, du développement économique, des préjugés culturels et de plusieurs autres facteurs compliquent l’existence et accroissent la vulnérabilité des femmes aux problèmes de santé mentale et troubles mentaux. Son appel est clair en ce qu’il nous recommande, tous autant que nous sommes, de réfléchir aux moyens de faire en sorte que l’un des principaux objectifs du développement social puisse être de réaliser la transition harmonieuse des rôles des femmes et de leur statut passés à ce qu’on attend d’elles aujourd’hui. Cet objectif est plus que seulement compatible avec le développement économique : s’efforcer d’y parvenir accélérera ce développement et améliorera très probablement la qualité de la vie de tout le monde. Nous devrions être reconnaissants au professeur Douki de nous rappeler ce qui doit être fait pour améliorer la vie des femmes et, avec elle, notre vie à tous et celle de tous ceux qui vivront sur terre après nous.
Professeur Norman Sartorius
Prologue

« Chéri, qui épouseras-tu quand tu seras grand ? »
La réflexion qui inspira ce livre naquit, il y a plusieurs années, le jour où, lors d’un dîner familial, ma sœur posa fièrement cette question à son fils unique âgé de 3 ans en coulant un regard moqueur à son époux dans l’attente du classique freudien : « Mais toi, Maman ! » Sa réponse spontanée : « Mais la femme que j’aimerai, Maman », provoqua un éclat de rire général dans l’assistance décuplé par le cri du cœur de ma sœur : « Mais je me suiciderai ! » Elle en avait les larmes aux yeux, et apparemment pas seulement par dépit ni pour avoir perdu la partie entamée contre son mari.
Ce fut pour moi une véritable révélation qui allait, dans les mois suivants, déclencher un flot de souvenirs épars mais qui devaient trouver plus tard un sens commun.
Je me revoyais chez un couple d’amis, tous deux médecins, pour fêter la naissance de leur première petite fille. La jeune mère me présentait le nourrisson dans son berceau quand le père s’en saisit, la prit dans ses bras et entama une valse avec son bébé. À ma grande stupeur, la jeune mère la lui arracha littéralement des bras en hurlant : « Tu vas la faire tomber ! » Devant la mine contrite du père déconfit, je ne pus que faire remarquer qu’il était quand même médecin… Pourquoi ai-je été spontanément incapable de dire qu’il était surtout le père ?
Je me revoyais encore chez un autre couple d’amis qui célébraient la venue au monde du premier garçon. Le « nouveau » papa était confortablement assis en tenant tendrement son fils sur ses genoux pour lui donner le biberon. Quand la porte sonna et qu’on entendit la gouvernante accueillir à haute voix le grand-père paternel. Quelle ne fut pas ma surprise de voir le jeune père jeter littéralement bébé, biberon et layette à sa mère pour se lever et accueillir son propre père !
Des images plus lointaines remontaient de situations qui m’avaient questionnée sans que j’y puisse apporter une réponse : celle d’une jeune accouchée (encore) qui exhibait son opulente poitrine pour donner le sein à son nouveau-né au milieu d’une assistance mixte venue la féliciter. On m’avait pourtant appris à l’époque que la pudeur était la première qualité des femmes !
Celle plus tragique d’une adolescente découverte morte dans les toilettes d’une école où j’effectuais une visite médicale, lors de mes débuts dans ma profession. Il s’agissait de rechercher essentiellement des malformations cardiaques… et des poux… mais elle craignit que le médecin ne découvrît son absence de virginité (ce que l’autopsie nous révèlera plus tard) et se précipita chez l’épicier du coin pour y acheter quelques grammes de DTT, les absorber et y noyer son déshonneur. La malheureuse ignorait que la médecine légale allait trahir le secret qu’elle avait tenté d’enfouir avec elle dans la mort.
Tous ces souvenirs s’entrechoquèrent et puis s’emmêlèrent à mon expérience quotidienne de femme arabo-musulmane et de psychiatre, résonnèrent entre eux et m’ouvrirent une nouvelle perspective qui a abouti à cet ouvrage au prix d’une multitude de recherches intercurrentes tendant à montrer que le royaume des mères avait construit l’empire des hommes et compromis non seulement le statut mais la santé des femmes.
Au moment où j’écrivais ce livre, la révolution du « jasmin » éclata en Tunisie. À la chape de plomb qui étouffait les voix dissonantes succéda une aspiration goulue de liberté, un foisonnement de projets et une cacophonie de contestations restées lettre morte pendant des décennies. Ma surprise et ma déception furent grandes quand le gouvernement de transition choisit, entre autres premières mesures censées être symboliques de l’avènement de la démocratie, de lever l’obligation, pour les hommes, d’avoir un visage imberbe et, pour les femmes, une tête dévoilée sur des photos officielles d’identité. Mon malaise répondait à celui des autorités qui avaient dû se contorsionner pour exiger, concession à la sécurité, que les cheveux des femmes apparaissent quand même sous le voile.
Mais en quoi les cheveux féminins constituent-ils une menace pour l’ordre social alors que les poils masculins le garantiraient ?
Introduction
L’angoisse au féminin, ici et ailleurs, aujourd’hui et demain

« La santé des femmes est inextricablement liée à leur statut dans la société ; elle bénéficie de l’égalité et pâtit de la discrimination. »
OMS, 1998.

La santé mentale a, partout dans le monde, été longtemps négligée au profit de la santé physique. Elle le demeu

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