LES FEMMES dans le Maroc d hier et d aujourd hui - Tome 2
192 pages
Français

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LES FEMMES dans le Maroc d'hier et d'aujourd'hui - Tome 2 , livre ebook

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Description

Les changements ayant eu le plus grand impact ont été l'exode rural et la sortie des femmes des foyers pour investir les lieux publics, les établissements scolaires et l'emploi rémunéré. La rupture avec l'ancien modèle est donc amorcée. Notre société est en pleine ébullition. La tradition et la modernité s'entremêlent, s'affrontent au quotidien, dans une bataille parfois violente : la résistance des anciens et des conservateurs à la modernité et aux changements et le rejet des jeunes et des progressistes de traditions qui ne correspondent plus à leur mode de vie et de pensées.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9789954213152
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES FEMMES dans le Maroc
D’HIER ET D’AUJOURD’HUIDu même auteure
• Au-delà de toute pudeur, 1987, Eddif.
• Printemps et automne sexuels , 2000, Eddif.
• Grossesses de la honte, étude sur les mères célibataires au Maroc et
les enfants naturels, co-écrit avec Chakib Guessous, 2011, Afrique
Orient.
• Vivre le changement. Regards croisés sur le Maroc. 1999-2009, sous la
coordination de Narjis Rerhaye et Laïla Ouachi, ed. Ol Consulting.
• Des proverbes contre la corruption, Transparency Maroc, ed.Tarik 2011.
• Nous les femmes, vous les hommes, Editions Marsam 2014.
• Les femmes dans le Maroc d’hier et d’aujourd’hui, Editions Marsam 2014.
Livre édité avec le soutien
du Ministère de la Culture
Editions © Marsam - 2014
Collection dirigée par Rachid Chraïbi
6, rue Mohamed Rifaï (Place Moulay Hassan ex. Pietri) Rabat
Tél. : (+212) 537 67 40 28 / 67 10 29 / Fax : (+212) 537 67 40 22
E-mail : marsamquadrichromie@yahoo.fr
Site web : www.marsam-editions.com
Compogravure flashage
Quadrichromie
Impression
Bouregreg - Salé
Dépôt légal : 2014 MO 545
I.S.B.N. : 978-9954-21-315-2 Chroniques de
Soumaya Naamane Guessous
2
LES FEMMES dans le Maroc
D’HIER ET D’AUJOURD’HUI4
Sommaire
Introduction 6
Elles ont vécu l’esclavage 7
La khattaba, marieuse traditionnelle 19
De la (marieuse) aux sites de rencontres internet 29
Lorsqu’une mère offre son enfant 33
Les femmes assises 41
Dis-moi quelle relation tu as avec tes voisins, je te dirai dans 53
quelle société tu vis
« Stérilité : l’irrationnel à la rescousse » 59
Les merveilleuses Marocaines de 2011 69
Evolution des canons de la beauté féminine : du corps gras- 77
souillet à celui de Barbie
83Quel plaisir d’être invitée à un mariage !
95Les caprices de ramadan, mois des fchouch
105Ramadan : préparatifs d’hier et d’aujourd’hui Une vieille
tante raconte
Souab (protocole de courtoisie) de ramadan 117
Allaitement et sevrage dans nos traditions 125
Au départ, un mouton. A l’arrivée, un vêtement, une couverture, 131
un tapis...
Moi, je suis une femme paaarfaite ! 139
Femmes, libérez-vous des pesanteurs pour vivre sereinement ! 151
Femmes rurales, elles assurent le plus gros des activités 157
Ô rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie ! 165
Hammam, un haut lieu du rituel de séduction 171
Nouveaux rituels d’accouchement dans les cliniques. Nou- 183
veau délire !
Couverture
Photo de Soumaya Naamane Guessous
réalisée par Said Saih 5
A la mémoire de mes parents,
A ma tendre moitié Chakib Guessous,
A mes flles Selma et Ilham,
avec tout mon amour et ma tendresse.6
Introduction
Après un premier recueil de chroniques, « Nous les femmes,
vous les hommes », un second « Femmes dans le Maroc d’hier et
d’aujourd’hui ». Deux autres recueils paraîtront au cours de 2014,
sur d’autres thèmes tout aussi passionnants.
La société marocaine a subi des bouleversements en un temps très
court, avec des mutations denses et brutales. Conservatrice dans les
années cinquante, elle s’est ouverte brutalement avec l’indépendance
du pays en 1956. Les changements ayant eu le plus grand impact ont été
l’exode rural et la sortie des femmes des foyers pour investir les lieux
publics, les établissements scolaires et l’emploi rémunéré. Dès lors, les
traditions vont subir une grande évolution, voire une révolution.
La rupture avec l’ancien modèle est donc amorcée. Il s’ensuit
des pratiques, des comportements et des rituels nouveaux, que ce
soit au niveau individuel ou collectif. Certains sont sensés, d’autres
paraissent étonnants, voire intrigants, choquants, parfois drôles. Les
changements entraînent toujours des perturbations !
Notre société est en pleine ébullition, ce qui prouve qu’elle n’est
plus statique. Si les générations les moins jeunes ont défoncé des
portes pour se libérer du joug des traditions, les plus jeunes imposent
des changements pour bâtir une culture nouvelle, plus proche de leurs
profls, de leur réalité et des impératifs du vingt et unième siècle.
Ce recueil traite de tradition et de modernité dans notre société qui
traverse une phase transitoire. Les lectrices et les lecteurs trouverons
parfois le ton satirique dans certains articles ; je suis moi-même le produit
de cette culture que je respecte profondément, ce qui ne m’empêche pas
de la critiquer. L’objectif est de remettre en question des pratiques et
des comportements nouveaux, qui peuvent porter atteinte au bien-être
individuel et collectif et freiner le développement de notre société. 7
Elles ont vécu l’esclavage
Femmes du Maroc, décembre 1998
Une pensée affectueuse pour Miti M’barka, Dada Mbarka et Dada
Mina qui se sont éteintes, quelques années après la publication de cet
article, emportant avec elles les souvenirs d’une période abolie.
Le dernier marché aux esclaves a disparu du Maroc dans les
années 30. De cette époque esclavagiste, subsistent quelques
femmes au passé diffcilement imaginable. Avec pudeur, elles
nous racontent ce qu’elles ont vécu et subi, à la merci de maîtres
et maîtresses de maison impitoyables. Des témoignages,
douloureux, révoltants parfois, émouvants toujours.
L’histoire de Miti M’barka
Il faisait très chaud. Ma mère m’envoya chercher de l’eau au puits
situé derrière notre nouala (hutte). Je fus saisie par derrière, la tête
enfouie dans un sac. Deux solides bras m’emprisonnaient. Les
voleurs d’enfants, contre lesquels on nous mettait en garde, venaient
de m’enlever. Enfermée dans un sac et attachée sur une mule durant
plusieurs jours. Libérée juste pour manger ou faire mes besoins.
Jetée dans une grande pièce obscure avec d’autres enfants qui hurlaient
de frayeur. J’ai eu faim, peur d’un homme qui nous fouettait pour
arrêter nos cris. Je ne sais plus… La grande maison d’un caïd. Une
vieille femme dirigeait les esclaves. La frayeur : j’urinais dans mes
habits. On me pinçait, me brûlait les cuisses. Une autre maison…
La faim, le froid, les coups, la corvée du lever du soleil jusqu’à tard
dans la nuit.
Un souk où des hommes venaient m’examiner le corps, les pieds,
les dents. Une autre maison, des brûlures sur les cuisses, piment fort
sur les parties génitales… Je continuais d’uriner. La terreur… De mai-8 Les femmes dans le Maroc d’hier et d’aujourd’hui
son en maison… Combien de maîtres ? Je ne sais plus. On ne voulait
pas de moi, j’étais sale. Je pleurais, on m’appelait manhoussa
(portemalheur)…On m’a revendue en ville. Une grande maison, des murs
élevés et une femme qui m’aimait. Elle m’apprit à me soigner le corps,
je mangeais à ma faim. Je dormais à ses pieds. Un soir, elle m’a
soigneusement lavée et m’a enfermée dans la chambre de Sidi, le maître
tant redouté. La porte s’ouvrit, une ombre géante me sauta dessus,
m’immobilisa au sol. J’ai eu très mal. Mes cris n’ont attiré personne.
La douleur continua, j’étais enfée. Uriner devenait un supplice.
On m’écartait les jambes, on m’enduisait le sexe de cataplasmes qui
m’enfammaient le corps. Je ne comprenais pas. Je pensais que Sidi
m’avait enfoncé un couteau entre les cuisses. Personne ne m’a
expliqué. On m’enferma de nouveau dans la chambre de mon malheur…
Sidi me poignarda à nouveau. Je compris. Je réussis à voir le
couteau, à la lueur de bougie qui éclairait un coin de la pièce. Le couteau
faisait partie du corps de Sidi et j’étais son esclave. Je me suis
soumise pour éviter les coups, les brûlures. Trois ou cinq ans après, j’ai
saigné. J’ai paniqué. J’ai pensé que c’était à cause de Sidi, la nuit.
Je n’en ai parlé à personne. Plus tard, j’ai su que c’était mes règles.
Nous étions plusieurs flles à aller successivement dans la chambre
de Sidi. Des nausées, des vomissements, mon ventre s’enfait. Sidi
ne m’appelait plus. Je regrettais un peu les dattes et les amandes
qu’il me donnait, mais j’étais délivrée de ses caprices, de sa violence.
Mon ventre continuait à enfer. Un inconnu m’emmena à Marrakech.
Une autre maison… D’autres visages, d’autres corvées… Mon
ventre continuait à enfer…Des douleurs atroces, insupportables, les
femmes me donnent des ordres : je m’accroche à une corde
suspendue au plafond. J’écarte les jambes. Je pousse… Je crie… Des mains
géantes m’écrasent le ventre. Je hurle. On me dit d’appeler Lalla
Fatima-Zahra*. Je regardais vers la porte dans l’espoir de voir
arriver Lalla Fatima-Zahra qui allait me soulager. Un corps glisse du
mien. Un cri. J’ai mis au monde un enfant. Sans savoir comment il a
été conçu. J’ignorais tout. Un jour, il disparut de la maison, personne
n’a répondu à mes questions. J’ai pleuré en silence.
J’étais au service du fls. La nuit, je lui servais le thé, les œufs et
les amandes dans sa chambre. Un soir, on m’envoya porter le plateau
à l’autre fls, plus jeune. J’ai fni par penser que c’était normal. J’étais
trop jeune et ignorante, trop terrorisée pour poser des questions.
* Il est de coutume d’implorer l’aide de la flle du prophète pour accélérer la délivrance.Elles ont vécu l’esclavage 9
Des nausées, des vomissements…La maîtresse me confa à une
vieille femme qui me ft avaler un liquide âcre. Des douleurs atroces.
Les nausées continuent. J’essayais de les camoufer. On me cloue au
sol, on m’écarte les cuisses, on introduit des tiges de branches et on
trifouille. Je hurle. Je saigne. Je souffre. Je n’ai pas le droit de garder
le lit. Les nausées disparaissent.
Le deuxième fls se marie. Je continuais à lui porter des plateaux.
De nouvelles nausées. Mon corps de nouveau livré aux breuvages et
aux tiges. Mon ventre continuait à enfer. J’étais enceinte. Cris, dou -
leurs, torsions, supplice : une flle est née. Je l’ai aimée. Je l’allaitais,
mais moins que la flle du maître dont la mère n’avait pas beaucoup
de lait. Ma flle était jolie, presque blanche, elle ressemblait à… Pas
noire comme moi.
Un matin, ma maîtresse m’envoya à Casablanca pour aider sa sœur
malade. On ne vint plus me chercher. Je fus respectée mais je n’ai plus
revu ma flle. A la mort de ma maîtresse,

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