Les Couples et leur argent
173 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les Couples et leur argent , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
173 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

« Dans nos sociétés occidentales, les générations montantes ont toutes raisons de se fier aux voies qui leur ont été tracées : il n’y aurait pas de différence entre les sexes, il n’y aurait que de scandaleuses inégalités de traitement, alors même que les femmes peuvent exercer avec talent tous les métiers, y compris ceux qui ont été longtemps réservés aux hommes. Ce qui, plus que leur assurer une pleine indépendance, restaure enfin leur dignité. Et dire que leurs arrière-grands-mères, voire leurs grands-mères et parfois même leurs mères, se sont laissé prendre au piège de l’attente du Prince charmant quand ce n’est pas à l’illusion qu’en amour on ne compte pas ! Elles vont occuper la place qui leur convient et résoudre enfin ces problèmes d’argent qui aliénaient souvent leurs ascendantes. Ce n’est pourtant pas toujours le cas pour celles qui en ont fait ou qui en font l’expérience. Comme elles savent, depuis qu’elles se sont mises à “gagner leur vie“, que rien n’est gratuit, on espérerait les entendre se demander si le virage qui leur a été proposé n’est pas responsable de la précarité des couples. Elles cherchent des hommes qu’elles ne trouvent pas, occupés qu’ils sont à s’interroger sur ce qu’elles peuvent bien vouloir. Leur aurait-on fait sacrifier à leur insu quelque chose qui leur assurait un équilibre, fût-il fragile ? Si oui, quoi et pour quelle raison ? » A. N. Un livre qui jette une lumière crue et originale sur les relations que l’argent instaure dans toutes les familles et au sein même des couples. Un regard nouveau sur les hommes, les femmes et l’argent. Un livre riche d’exemples permettant aux couples d’aborder concrètement pour eux-mêmes et ensemble les questions que suscitent les rapports d’argent. Aldo Naouri, pédiatre, spécialiste des relations intrafamiliales, a notamment publié Les Filles et leurs Mères, Éduquer ses enfants, Les Pères et les Mères, L’enfant bien portant ou encore Adultères, qui ont tous connu un immense succès. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 septembre 2015
Nombre de lectures 16
EAN13 9782738165404
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB, SEPTEMBRE 2015 15, RUE S OUFFLOT, 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-6540-4
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
À Jeanne mon épouse encore toujours malgré
Souvent les fleuves paressent en de multiples méandres comme s’ils hésitaient à gagner la mer. L’étendue de territoire qu’ils fertilisent n’en est que plus grande. Il en est ainsi de la pensée : les détours qu’il lui arrive de prendre ne sont jamais gratuits et encore moins inutiles.
Argent, bonnes intentions et bazar

Un soir, à brûle-pourpoint, j’ai proposé à l’un de mes grands petits-fils de lui offrir tous les vêtements dont il pouvait avoir besoin ou envie. Il a accueilli ma proposition avec un empressement et une joie qu’il n’a pas dissimulés. Sans doute a-t-elle dû lui paraître ressortir de la prodigalité avec laquelle je m’étais mis à traiter depuis quelque temps un à un mes petits-enfants. Il était heureux que son tour fût venu. Je ne me serais cependant pas permis de m’adresser à lui de cette manière si ses parents ne m’y avaient autorisé en m’expliquant que, comme cela avait été le cas pour son frère aîné, il était parvenu à un âge auquel je pouvais le gâter comme je l’entendais.
Nous sommes convenus d’un rendez-vous pour le lendemain. J’ai été étonné de l’heure tardive à laquelle il l’a fixé. Au point de me demander ce qui l’empêchait de manifester le brin d’impatience qu’aurait dû commander son enthousiasme. Cela devait tenir, me suis-je dit, au fait que la jeunesse d’aujourd’hui refuse de voir la moindre contrainte altérer sa collecte de plaisirs. Et il devait estimer que les délices d’une grasse matinée, surtout en cette période de vacances, n’étaient pas forcément incompatibles avec notre projet. Me sentant près d’être affecté par la pensée qui venait de me traverser, je l’ai réprimée en refusant de la prolonger par des considérations faciles sur la différence des générations comme sur les comportements qui en découlent et dont le moins qu’on puisse en dire est qu’ils ont beaucoup changé en quelques décennies. Je n’allais pas non plus me mettre à rapporter ce que je percevais à mon propre vécu d’adolescent. Les rapports que nous avions alors à nos aînés reposaient sur le respect de valeurs qui, aujourd’hui, ont été balayées par des idéologies qui n’en ont cure. J’ai eu, dès le lendemain, à me féliciter de ma pondération, toute relative qu’elle ait été : la plupart des boutiques où nous devions nous rendre venaient à peine d’ouvrir quand d’autres étaient encore fermées. Loin des intentions suspectes que je lui avais prêtées et sans se perdre en discours explicatifs, mon petit-fils, mieux et plus averti que moi, avait donc pris la bonne décision. J’en ai pris acte.
Ce constat n’en est pas resté là. Il n’a pas cessé de faire son chemin tout au long de la matinée. Au point de m’amener à m’interroger sur les ressorts de ma proposition et à devoir convenir qu’elle n’était peut-être pas aussi désintéressée que je l’avais présentée. Je n’ai pas en effet demandé à mon petit-fils s’il avait un projet que j’aurais pu l’aider à concrétiser. Je ne lui ai pas non plus proposé une collection de livres, une chaîne hi-fi, un nouvel ordinateur ou un voyage. Je lui ai proposé des vêtements. C’était indéniable. La spécificité de mon offre devait donc avoir pour moi un intérêt aussi grand, fût-il d’un autre ordre, que l’intérêt réel qu’elle a eu pour lui. J’accorde en effet beaucoup d’importance au vêtement, qu’il s’agisse du mien ou de celui des autres. Je suis sensible à son aspect, à sa qualité, à sa tombée et jusqu’à sa facture. Sans doute parce que je descends de plusieurs générations de tailleurs et que j’ai pris un très vif plaisir à exercer moi-même la couture pendant mes vacances d’adolescent. Mais ce n’était pas tout. J’ai toujours estimé que prendre soin de sa tenue vestimentaire témoignait de l’investissement de l’effort et du refus du laisser-aller. On peut être soigné et même élégant sans cesser de se sentir confortable en portant des vêtements bon marché. Ce qui se jouait dans cette séquence d’échanges était donc nettement orienté et semblait avoir plus d’importance que les échanges eux-mêmes. J’étais l’initiateur du projet dont mon petit-fils était la cible. Quel que soit l’engagement que j’avais pris de respecter ses goûts à la lettre, je devais probablement espérer le voir trouver et apprécier des vêtements beaux, des vêtements qu’il aurait aimé pouvoir s’offrir, que moi seul pouvais lui offrir parce qu’ils auraient été trop chers pour lui ou pour ses parents. Ce qui l’aurait aidé à accomplir la mue qui serait survenue tôt ou tard et qui lui aurait permis de renoncer aux attitudes de sa tranche d’âge.
C’est dans ces dispositions que nous avons visité, les uns après les autres et dans un ordre dicté par la géographie, les magasins qu’il avait sélectionnés la veille sur le Web. Ils étaient, tous, ce qu’on appelle des magasins à la mode. Totalement différents de ceux dans lesquels, classique comme je l’ai toujours été, je me rendais pour mon propre compte. Nous en avons ainsi visité cinq ou six. Je suis entré à reculons dans chacun d’eux. Et je suis resté à l’écart en luttant contre le regret de m’être engagé à ne pas intervenir dans les choix et à payer sans discuter. Mon petit-fils, qui semblait rompu à l’exploration des rayons, trouvait toujours, seul et sans qu’interviennent les vendeurs, deux ou trois articles à essayer, mais, curieusement, il n’en trouvait pas qui l’auraient convaincu. Et ça n’avait rien à voir avec les prix dont je ne cessais pas de lui dire qu’ils n’avaient aucune importance. C’était tantôt le modèle, tantôt la couleur, tantôt la coupe qui ne lui convenait pas. Je m’en réjouissais sans évidemment rien en dire et nous passions d’une boutique à la suivante. Ce qui m’a permis de tirer de mon statut d’accompagnateur quantité d’informations sur le design, l’agencement et la décoration des locaux, comme sur les artifices de la présentation, en constatant au ton des vendeurs, eux-mêmes jeunes, jusqu’à quel point l’adolescence était devenue un marché juteux auquel il était devenu possible de fourguer à des prix prohibitifs des vêtements mal faits et d’une qualité médiocre. Il m’est même arrivé d’autres fois de surprendre des regards insistants, comme si le couple que nous formions mon petit-fils et moi était des plus suspects.
Nous avions épuisé la liste des adresses sélectionnées. Il n’en restait plus qu’une seule, située dans un quartier tout autre et à une assez grande distance. Comme c’était l’heure de déjeuner, j’ai proposé qu’on y aille l’après-midi. Mon petit-fils m’a déclaré qu’il n’avait pas encore faim et qu’on pouvait peut-être aller dans la foulée à cette dernière adresse et déjeuner dans le coin.
Le parcours nous a pris une quarantaine de minutes. Comme cela se produit rarement mais parfois tout de même, nous avons trouvé une place de stationnement et constaté qu’elle était juste en face du magasin où nous comptions aller. Nous nous y sommes donc rendus directement. Et quelle n’a pas été ma surprise de découvrir un lieu absolument différent de ceux que nous avions visités jusqu’alors. En raison peut-être de l’heure du déjeuner, le magasin était désert. Il était tout en long et son atmosphère respirait le bon goût, la discrétion et surtout l’élégance. J’ai expliqué au vendeur d’un certain âge venu à notre rencontre que mon petit-fils avait besoin de vêtements et que je le lui confiais à cet effet. Ils sont partis ensemble dans une direction et moi dans celle, opposée, des vêtements qui pouvaient m’intéresser personnellement. Je me suis mis à fouiller dans la collection des différents modèles exposés pour voir si je pouvais trouver un costume, une veste ou un ensemble qui m’auraient convenu. Et j’ai été surpris et émerveillé de la qualité des articles que je prenais en main. Non seulement ils témoignaient du soin porté à la coupe et à l’exécution, mais ils se distinguaient par la qualité des finitions comme par de véritables trouvailles du côté du boutonnage, des doublures et de la variété des modèles de poches. Les tissus étaient d’une qualité excellente, rehaussée par la déclinaison des tons. Je me suis fait la remarque que, hormis l’ajustement, ces articles de prêt-à-porter ne le cédaient apparemment en rien à ceux de la grande mesure. C’est alors que j’ai été tiré de mes réflexions par le vendeur qui voulait recueillir mon opinion sur les choix de mon petit-fils. J’ai découvert ce dernier à l’autre bout du magasin, dans une redingote fantaisie qui lui seyait à merveille et qu’il portait sur un élégant pantalon assorti. Il m’a dit hésiter à propos de la chemise en harmonie que le vendeur lui avait conseillée et qu’il mettait en balance avec une autre qui lui plaisait plus. Je l’ai sorti de sa difficulté en l’engageant à prendre les deux. Il m’a alors dit qu’il n’arrivait pas non plus à se décider pour la paire de chaussures et la ceinture qui lui avaient été proposées. Je lui ai rappelé que je n’avais pas mis de limite au budget de ma proposition. Si bien qu’il a tout pris et qu’il en a semblé très heureux. À mon immense satisfaction, dois-je ajouter. Parce que je l’ai enfin vu beau, beau comme je le savais être, beau comme il l’est.
Sans jamais rien lui en dire, je regrettais qu’il n’eût pas encore pris la décis

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents