Les Clés du destin
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Les Clés du destin , livre ebook

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Description

Tout est-il joué d’avance parce qu’on est né au Val-Fourré plutôt qu’à Neuilly, parce qu’on est une fille au lieu d’un garçon, parce qu’on est un peu gros dans la famille ou, au contraire, plutôt grand ? L’inégalité des chances demeure une réalité dans la France d’aujourd’hui ; le milieu social, le sexe ou l’origine ethnique pèsent lourd sur le destin de chacun. Mais quel est leur impact précis sur le cours d’une vie ? Que penser de certains facteurs, faussement anodins, comme le lieu de naissance et la maternité, le prénom, la pratique de telle ou telle langue vivante ou encore les réseaux d’amis ? Au bout du compte, dans la France d’aujourd’hui, dans quelle mesure notre réussite à l’école, notre travail, notre vie sentimentale ou notre état de santé dépendent-ils encore de nos efforts et de notre volonté ?Jean-François Amadieu enseigne la sociologie et la gestion des ressources humaines à l’université Paris-I. Il est directeur de l’Observatoire des discriminations et membre du Comité consultatif de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité. Il a notamment publié Le Poids des apparences.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 mars 2006
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738189592
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jean-François AMADIEU
LES CLÉS DU DESTIN
ÉCOLE, AMOUR, CARRIÈRE
 
Du même auteur
Chez odile jacob
Le Poids des apparences. Beauté, amour et gloire , 2002 ; « Poches Odile Jacob », 2005.
© Odile Jacob, mars 2006 15, rue Soufflot, 75005 Paris
ISBN : 978-2-7381-8959-2
www.odilejacob.fr
Table

INTRODUCTION
Chapitre premier. « DANS LE VENTRE DE SA MÈRE »
Naître en France : une grande chance…
… mais une chance relative
Quels parents pour quels enfants ?
L’effet de la fratrie
Mois de naissance et réussite à l’école : pourquoi il vaut mieux être taureau que capricorne
Avoir un garçon : un luxe de riche ?
Chapitre 2. PRIVILÈGES ET HANDICAPS DE NAISSANCE
Le choix du prénom : un marqueur pour la vie
Comme il est mignon !
Chapitre 3. L’ÉCOLE
L’école, mais quelle école ?
Des petits moments qui vont compter
La culture en héritage
Des 200 familles aux 200 écoles
« Où habitez-vous ? »
Des outsiders inattendus
Chapitre 4. FAIRE DES ÉTUDES : OUI, MAIS LESQUELLES ?
Qui va à l’Université ?
Le « vrai-faux classement » des universités
Les Grandes Écoles : une machine à reproduire ?
Le diplôme : un sésame, mais pas pour tous
Chapitre 5. TROUVER UN TRAVAIL
Avoir la « gueule de l’emploi »
Handicap et exclusion
Les enjeux d’un premier emploi
Un capital pour démarrer
Chapitre 6. AMOUR, MARIAGE… ET DIVORCE
Les dessous de l’amour
De qui tombe-t-on amoureux ?
Riches ou pauvres : les avantages de la vie à deux
Le coût de l’amour… et du désamour
Chapitre 7. FAIRE CARRIÈRE
Être une femme 1
L’ascenseur social serait-il en panne ?
Bien gagner sa vie : question de stratégie
Amis, famille et réseaux
Chapitre 8. SENIORS ET RETRAITÉS
Faire une belle fin de carrière
Vivre plus longtemps, mais jusqu’à quand ?
Vivre plus longtemps, mais comment ?
CONCLUSION
Annexe 1. LES COMPORTEMENTS « INTOLÉRANTS, DISCRIMINATOIRES ET LES « MOQUERIES »
Annexe 2. LES GRANDS FACTEURS DE « CHANCE » ET DE « MALCHANCE »
NOTES
À mes parents.
INTRODUCTION
 
Échappe-t-on à son destin aujourd’hui, ou tout est-il écrit d’avance, parce qu’on est né au Val-Fourré plutôt qu’à Neuilly, parce qu’on est une fille au lieu d’un garçon, parce qu’on est un peu gros dans la famille ou pas aussi grand qu’il le faudrait ? Et peut-on, encore de nos jours, donner une autre tournure à son existence, si on s’en donne la peine, si on le veut vraiment, si on a la personnalité qu’il faut ou si la vie nous prête son concours par tous les hasards dont elle est riche ?
En son temps, le Jacques de Diderot estimait que, si l’enchaînement des causes et des effets qui forment la vie d’un homme depuis le premier instant de sa naissance jusqu’à son dernier soupir était connu, on serait invariablement convaincu qu’il n’a fait que ce qu’il était nécessaire de faire 1 . Sans souscrire à cet irréductible fatalisme, cet ouvrage vise à faire un bilan, et le bilan le plus exhaustif possible, des déterminismes qui s’appliquent à chacun d’entre nous et qui nous poussent dans une direction donnée.
Tous les facteurs qui façonnent une vie ne sont pas encore bien connus ou bien connus de tous, sans doute parce que l’on ne parle que des discriminations les plus évidentes, des inégalités de chances contre lesquelles il semble le plus légitime, et le plus aisé, de lutter. Or seul un tableau complet, ou à peu près complet, peut permettre de mesurer vraiment dans quelle mesure nous sommes maîtres de notre destin. Et connaître les points de passage cruciaux de la vie en société, c’est être capable de se hisser à leur hauteur, autant qu’on le peut ou qu’on le veut ; c’est aussi être en mesure d’en atténuer les conséquences défavorables : on maîtrise toujours mal ce que l’on connaît mal.
En France, donc, l’inégalité des chances demeure une réalité, sur ce point, les avis de tous les spécialistes convergent, mais quelle est son ampleur exacte ? Après tout, l’accès aux diplômes s’est généralisé et nous exerçons des emplois plus qualifiés que nos parents ou grands-parents… Quant aux discriminations, notamment raciales et sexuelles, n’ont-elles pas reculé compte tenu des politiques adoptées et des évolutions juridiques ? De même, on affirme souvent que la société française ne progresse plus dans la lutte contre les discriminations, que la provenance sociale, le sexe et l’origine ethnique figent plus que jamais les destinées, mais qu’en est-il vraiment ? Ce que nous devenons n’est-il pas d’abord le fruit délicieux ou amer des décisions que nous avons prises au fil de notre vie ? Nous avons travaillé, ou pas, à l’école ; nous sommes tombés amoureux ; nous avons choisi un logement, fumé ou pas, opté pour un travail plutôt qu’un autre et pris toutes sortes de petites ou de grandes décisions. Nous avons souvent hésité, parfois regretté, mais qui peut dire que nous n’avons pas eu de choix ?
Du ventre de notre mère à nos vieux jours, qu’avons-nous, qu’aurons-nous vraiment choisi ? Dans quelle mesure exacte notre réussite à l’école, notre travail, notre vie sentimentale ou notre état de santé dépendent-ils aujourd’hui de nous ? Dans le passé, les destins semblaient gravés dans le marbre. Un jeune homme de basse extraction n’avait guère de chances, même à la force du poignet, de gravir l’échelle sociale. Les origines scellaient les destinées aussi sûrement que les fruits tombent au pied d’un arbre. De nos jours, les cartes devraient être mieux distribuées. D’une part, l’égalité des chances a progressé avec les avancées de l’instruction, les mérites tenant plus de place que l’héritage de certaines positions ou titres ; d’autre part, les façons de penser des jeunes générations ont évolué : les conventions, les normes vestimentaires se sont diversifiées et affaiblies, les préjugés reculent ; enfin, la mondialisation, les exigences de la concurrence et le règne de la diversité métissent nos sociétés, nos entreprises et nos mentalités.
Au bout du compte, si la France reste une société de castes, si l’inégalité des chances demeure, si les discriminations persistent, c’est peut-être parce que nous vivons dans une société en voie de transformation, où le passé continue, encore pour un temps, mais pour un temps seulement, de se faire sentir. Ce que nous observerions serait donc le fruit d’un ordre ancien. La pesanteur des systèmes de formation, de recrutement et de carrière dans les entreprises, les vieux préjugés auxquels les générations plus âgées sont attachées dessineraient un tableau sombre qui masque les progrès évidents. L’avenir serait d’un autre ordre, plus radieux parce que le monde aurait changé et que les jeunes générations feraient montre de tolérance et d’ouverture. Aux anciens, l’attachement suranné aux conventions, les jugements sur l’apparence des individus et le renoncement devant l’injustice ; aux modernes, l’indépendance, la quête du vrai et la révolte devant l’iniquité.
Que penser de cet effet de génération et faut-il vraiment croire aux effets vertueux de la mondialisation ? Les réalités et les esprits ont-ils tant évolué ? Les jeunes pensent-ils et se comportent-ils différemment de leurs aînés ? Il est difficile, en tout cas, de ne pas remarquer que la lutte contre les discriminations de toutes sortes et, ce faisant, la promotion de l’égalité des chances, sont devenues des thèmes majeurs de notre actualité politique. Rapports et études officiels fleurissent, et le discours de nos politiques, relayé par les médias, n’a de cesse de vanter les programmes de soutien en tout genre menés en faveur des personnes handicapées, des personnes de couleur, des femmes, des jeunes, etc.
Cette ambiance est sans aucun doute la conséquence de la prise de conscience que le droit ne suffit pas et qu’il faut désormais aller du domaine juridique au domaine pratique. En matière de discriminations, le bel article premier de notre Constitution qui donne à la France mission d’assurer « l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race ou de religion » ne semble plus suffire. Et c’est bien parce que les opinions ont changé et que les inégalités fondées sur des discriminations subjectives sont de moins en moins acceptées que les déclarations d’intention, fussent-elles louables, sont désormais considérées comme insuffisantes. Le fait qu’il y ait désormais plus d’informations disponibles sur le sujet joue aussi : avec l’intégration européenne, la France a, par exemple, pris conscience qu’elle était le « mauvais élève de la classe » dans le combat pour l’accès à l’emploi des personnes handicapées.
Peut-être l’engouement actuel pour le thème des discriminations est-il aussi lié à l’augmentation du poids des déterminismes socio-économiques sur les trajectoires de vie : dans un contexte de chômage de masse, avec les difficultés économiques et les tensions sociales qu’il entraîne, les différences ont toujours tendance à devenir plus visibles. Historiquement, à chaque crise économique, ce sont les personnes les plus fragiles qui ont été exclues d’abord. Et il ne s’agit pas forcément des moins méritantes, ou des plus inefficaces : des mécanismes plus ou moins conscients sont à l’œuvre, qui font, par exemple, que les étrangers et les femmes sont les premières victimes de licenciements massifs. La conjoncture que nous connaissons aujourd’hui est une conjoncture de crise, et, malgré la modernisation des idées et la destruction de nombreux préjugés, ce que nous observons, c’est la répétition des mêmes mécanismes d’exclusion. La grande différence par rapport au passé vient de ce que ces mises à l’écart sont nettement moins acceptables, et c’est sans doute là une autre raison du développement des politiques de lutte contre les discriminations.
Pour ce qui nous concerne ici, notre intention est de présenter un état des lieux des déterminismes et discriminations, grands ou petits, majeurs ou plus anodins en apparence, qui, au fil du temps et au cours d’une vie, influent sur la trajectoire d’un individu donné. La chronologi

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