Les Adultes hyperactifs
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Les Adultes hyperactifs , livre ebook

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Description

L’hyperactivité ou TDAH s’observe fréquemment à l’âge adulte. C’est cependant un trouble peu connu, bien qu’il puisse provoquer de nombreuses difficultés, que ce soit dans la vie privée ou professionnelle. Avec ce nouveau livre, Gabriel Wahl offre une synthèse exigeante et accessible. Il décrit avec précision tous les symptômes de l’hyperactivité chez l’adulte qui forment un tableau complexe où se mêlent tourments et talents, il en souligne les conséquences affectives et sociales, et les illustre de nombreux exemples. Il pose les conditions d’un diagnostic fiable et entreprend de démêler le vrai du faux dans la multitude des causes invoquées à l’origine de ce trouble. Enfin, il s’efforce de distinguer le meilleur dans le foisonnement des thérapeutiques proposées. Pour comprendre l’hyperactivité ou le TDAH chez l’adulte. Le docteur Gabriel Wahl est psychiatre et pédo­psychiatre. Il a enseigné la psychologie clinique à l’université Paris-VII et préside l’Association de recherche pluri-disciplinaire sur l’échec scolaire (ARPE). Il est l’auteur de Comprendre et prévenir les échecs scolaires avec Claude Madelin-Mitjavile et de plusieurs ouvrages sur la précocité et l’hyperactivité chez l’enfant.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 mai 2016
Nombre de lectures 2
EAN13 9782738160515
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , MAI  2016 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-6051-5
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
À Magali.
INTRODUCTION
« Une petite malédiction »

L’hyperactivité peut désigner une vitalité bruyante ou un enthousiasme brouillon et ne mériter alors guère plus qu’une considération amusée. Elle peut aussi être dénoncée comme un trouble factice, conçu par des « psys » en mal de modernité. Elle peut enfin, et c’est ce que nous soutiendrons dans ce livre, représenter un authentique syndrome psychologique. Il est vrai que le terme même d’hyperactivité ne semble nommer que la seule agitation, et c’est précisément de cette appellation univoque que naît toute l’équivoque. L’hyperactivité souffre d’infortunes sémantiques, car ce trouble représente bien plus qu’une simple agitation, c’est aussi, et parfois même seulement, de la distractibilité, de l’impulsivité, de l’émotivité ou « mille » autres symptômes.
Par le passé, on nommait ce trouble l’instabilité psychomotrice. Ce terme ne déméritait pas tant, car il soulignait la bipartition de ce trouble associant l’agitation psychique et l’agitation physique. Aujourd’hui, l’usage « savant » lui préfère un sigle : TDAH, qui signifie « trouble avec déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité ». Toute la perspicacité de cet acronyme est dans le avec ou sans , qui explicite la dominante impérative du trouble de l’attention et la présence facultative de l’hyperactivité, ce qui pour être précis n’est pas tout à fait vrai puisqu’une petite minorité des hyperactifs est plus agitée qu’elle n’est distraite. Il est probable que de cette symptomatologie composite naîtront un jour des entités diagnostiques distinctes, mais pour l’heure, il faut se contenter de ces termes incertains.
Nous tenterons de lever les équivoques descriptives et d’éclaircir les ambiguïtés diagnostiques. Pour autant, aucune de ces approximations ne doit inciter à sous-estimer l’importance de ce trouble : l’hyperactivité représente une souffrance qui peut piéger toute une enfance et contraindre toute une vie. La description des symptômes est parfois un peu aride et ne donne pas toujours la pleine mesure de ce qu’un tel trouble peut infliger de tourments, même s’il est vrai que l’hyperactivité peut s’accompagner aussi de joie de vivre, de légèreté d’être, de talents et de passions (nous développons ces points dans la conclusion).
Il nous a semblé qu’il n’était de meilleur préambule à notre travail que la parole de nos patients :

« Dans ma tête, dans mes pensées, c’est un peu le chaos, si j’essaie de lire ou de me concentrer sur une idée, je n’y parviens que rarement. Une idée chasse l’autre, c’est comme une bousculade ou un chahut. Quand j’étais enfant, je ne comprenais pas pourquoi je devais passer des heures pour apprendre la moindre leçon, je pensais que c’était ma faute, que je n’étais pas sage, que je ne voulais pas grandir et plein d’autres fautes comme cela, dont mes parents et mes professeurs m’avaient convaincue. Je réalise depuis peu que la meilleure volonté du monde ne pourrait me délivrer de cette cacophonie. Ce trouble est une petite malédiction, car il ne ressemble à rien de ce que les psychiatres et les psychologues connaissent. Je sais que vous allez penser que je suis présomptueuse, mais pendant les courts instants où je parviens à me concentrer, je ressens un sentiment de facilité. Ce sont ces moments de délivrance qui me donnent la force de poursuivre mes études. »
Il faut cependant convenir que l’hyperactivité peut parfois prendre une apparence anodine ou cocasse et ainsi ne rien laisser paraître d’un trouble authentique. Pour les enfants, nombre des symptômes de l’hyperactivité sont perçus comme des petits péchés d’indiscipline et pour les adultes comme des fautes d’élégance ou de prévenance.

« J’ai toujours été distrait, d’une seconde à l’autre, mon esprit peut s’échapper et couper court. Je ne peux dialoguer plus de quelques minutes sans que mes pensées ne volettent. Mes interlocuteurs n’en sauraient rien, si mon regard ne s’égarait lui aussi. Je me fais souvent gronder par ma compagne, qui selon son humeur s’en amuse ou s’en désole. Mes amis ne m’en disent rien, mais j’imagine qu’ils s’en offusquent un peu. Tout cela est embarrassant et finit par me détourner de toute vie sociale. Heureusement, j’ai un travail plutôt solitaire, mais je ne peux échapper à quelques rencontres avec mes collègues. Je sais que l’on me juge mal pour ces distractions et je souffre de passer pour un individu désinvolte ou inconvenant alors que toute ma personnalité aspire à l’effort et à la rigueur. »
L’hyperactivité peut briser les parcours scolaires, mais ce trouble n’est pas moins redoutable dans la vie professionnelle :

« Mon emploi de cadre subalterne dans un service informatique ne me plaisait pas plus que cela, mais ce que je percevais de mes capacités de travail ne me laissait pas espérer beaucoup mieux. J’ai toujours eu des problèmes d’organisation, notamment parce que je commençais mille choses à la fois et que je reportais sans cesse le moment où il me faudrait les terminer. Je me suis un peu amélioré en me contraignant à une méthode de travail lente, laborieuse et précautionneuse. Après la démission impromptue du chef du service informatique, j’ai été nommé au débotté à ce poste. Je ne me suis pas réjoui de cette promotion, car bien que maîtrisant les connaissances nécessaires à cette fonction, je craignais d’être débordé par cette mission. C’est exactement ce qui s’est passé. Je me suis dispersé en tous sens, ne sachant finalement où donner de la tête. J’aurais probablement laissé ma santé et mon emploi dans cette aventure, sans le recours in extremis à un traitement. »
L’hyperactivité bouscule aussi la vie affective et relationnelle.

« Si vous me demandez quel est mon idéal de vie, je vous répondrais volontiers que j’aime vivre dans l’harmonie, dans l’amitié et la convivialité. Par éclipses, j’y parviens, mais au prix d’efforts contre-nature. Je suis toujours bouillonnant, je parle et j’agis plus vite que je ne pense et pour cette raison, j’ai toujours une bourde ou une maladresse à me faire pardonner. Pour me justifier, je dis que c’est de la franchise, mais à la vérité, c’est de la bêtise. Avec mes emportements et mes brusqueries, je me fâche avec tout le monde. Avec les gens que je n’aime pas, ce n’est pas si grave, mais le plus triste c’est que je me fâche aussi avec les gens que j’aime. »
Ces quatre témoignages décrivent les tourments ordinaires des hyperactifs. Rien, probablement, qui ne puisse émouvoir en comparaison d’autres souffrances psychiques telles la schizophrénie ou la bipolarité. Aussi faudra-t-il quémander longtemps, pour que la puissance publique mette l’hyperactivité au rang de ses priorités ; longtemps, pour que l’Éducation nationale consente à découvrir que ce trouble est l’une des principales causes d’échec scolaire ; longtemps, pour que les autorités sanitaires reconnaissent que l’hyperactivité provoque d’autres maladies en rebond ; longtemps, pour que le pouvoir judiciaire ne perçoive la maîtrise de l’hyperactivité comme un levier de prévention ; longtemps…
Il faut se souvenir que l’hyperactivité peut perturber toute une vie, qu’elle n’abandonne que rarement ses victimes (près de 60 % des enfants hyperactifs gardent ce trouble à l’âge adulte), qu’elle s’en prend aux plus jeunes (à l’école primaire, les enfants hyperactifs connaissent leurs premiers échecs et sont souvent délaissés par leurs pairs), qu’elle ne lâche pas prise à l’adolescence (près de 30 % des adolescents hyperactifs abandonnent l’école sans diplôme ou se réfugient dans des comportements déviants) et qu’elle persévère tout aussi douloureusement à l’âge adulte.
Si ce livre sur l’hyperactivité n’offrait qu’une modeste sensibilisation à une question rarement soulevée à hauteur de ce qu’elle signifie d’épreuves et de tourments, nous serions heureux d’avoir donné de notre temps pour l’écrire.

Petit lexique

L’hyperactivité concerne 4 à 6 % des enfants et 3 à 5 % des adultes.
Hyperactivité, hyperactifs : ces mots créent une équivoque. Ils peuvent donner le sentiment que l’hyperactivité se résume à un tempérament agité. En réalité, l’agitation est inconstante chez les hyperactifs, elle peut ne s’être jamais observée même pendant l’enfance, ou s’être atténuée avec l’âge. Le « fond de l’affaire » de l’hyperactivité, le primum movens , c’est le trouble de l’attention et aussi – ou non – l’impulsivité, la distractibilité, la désorganisation, l’émotivité, l’aversion au délai, etc.
TDA/H : « trouble avec déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité ». Voilà un sigle ou un acronyme explicite. Il a le mérite de la clarté, il a des vertus pédagogiques et il donne du sérieux à ce trouble, mais les humains ne sont ni des sociétés comme la SNCF ni des régies comme la RATP, et à tout prendre nous préférons, après une explicitation de ce qu’ils signifient et ne signifient pas, donner notre préférence aux termes d’hyperactivité, d’hyperactifs et d’hyperactives.
Comorbidité : ce terme désigne une association de plusieurs troubles qui peuvent s’observer de façon indépendante. Par exemple, l’hyperactivité et l’anxiété sont deux troubles indépendants (l’on peut être hyperactif sans être anxie

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