Le temps ne fait rien à l affaire t.1
184 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le temps ne fait rien à l'affaire t.1 , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
184 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

La création d'une assemblée de députés, élus par une partie de la population, a été en 1789, une nouvelle manière d'exercer le pouvoir. En rédigeant les lois, l'assemblée des députés instaurait un véritable « pouvoir législatif » distinct du « pouvoir exécutif » qui devait lui rendre compte. Le pouvoir d'un seul homme, qu'il soit monarque ou non, n'était théoriquement plus possible ! Le pouvoir allait de plus en plus être administré à l'aide d'un outil merveilleux, explicité par La Boétie, et que les siècles raffineront : la servitude volontaire !
Comment cela fonctionnait-il ? Était-ce bien différent de ce qui se passe aujourd'hui ?
Les grandes questions de société, comme la liberté de la presse, la liberté religieuse, la liberté de vote des députés au regard des souhaits de leurs électeurs, la Déclaration des droits et son respect etc. ont-elles alors trouvé une réponse ou sommes-nous toujours en quête de solutions ?
En suivant au plus près les débats, au travers des paroles des Lameth, D'André, Robespierre, Malouet et autres ténors ainsi que de celles des publicistes comme Marat, Desmoulins, Prudhomme etc., l'auteur nous emmène dans la découverte d'une fresque originale qui nous fait poser un autre regard sur l'actualité, le pouvoir, l'État.
Un libraire, Joseph, confident de Marat, habitué des tribunes de l'Assemblée, nous fait découvrir ces questions en nous menant dans les dédales des rues de Paris et de Lyon avec ses amis : Philippine l'énigmatique limonadière du Procope, Guillaume, le futur maréchal Brune, Monnet, le maître ouvrier en soie, Chrysostome le Cordelier restaurateur...
Ce premier tome commence en 1791 et voit la fuite du roi, les manifestations, le massacre du Champ de Mars et la publication, dans la douleur, de la 1re Constitution, avec en arrière-plan les pratiques politiques actuelles qui y trouvent leur source.
Les tomes suivants entraîneront le lecteur au gré des turbulences de la Législative, de la Convention, du Directoire etc.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 août 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782304053135
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Claude Fournier
Le temps ne fait rien à l’affaire
Tome I Joseph 1748-17 juillet 1791 Fresque politique
Magna Carta
é ditions Le Manuscrit Paris


ISBN 9782304053135
© Éditions Le Manuscrit, ao ût 2022


La collection Magna Carta
Au carrefour entre géographie et économie, la collection Magna Carta explore un monde en permanente reconfiguration. La mondialisation bouleverse non seulement les délimitations, mais la définition même des territoires et des entreprises, indissociablement liés. L’heure est à la redistribution des pouvoirs et des ressources selon une détermination nouvelle des frontières, en perpétuelle évolution.
Les ouvrages de la collection établissent un nouveau type de cartographie, faisant de la pluridisciplinarité un outil dans l’étude des dynamiques territoriales des entreprises au sein de la mondialisation.


Marat , Robespierre et les autres…


Avancer
« Pousser ou porter en avant… Aller en avant… Faire du ou des progrès… » dit le petit Littré. « Faire progresser » enchérit le Petit Robert en proposant le verbe reculer comme antonyme.
Derrière le mot avancer il y a l’idée sous-jacente de direction et si on n’y prend garde, avancer peut-être synonyme de reculer.
Ainsi, si on vous a fait faire un demi-tour, sans que vous vous en soyez rendu compte, pour telle ou telle raison, vous avancez bien, mais en fait vous reculez.
C’est souvent ainsi qu’on abuse les peuples. On les fait reculer en les persuadant qu’ils avancent !
C’est là une explication de la vie et de ses vicissitudes. C’est pour cela qu’il faut connaître les vies passées, elles servent de boussole !


L’avis de François-René de Chateaubriand et de Maxime Leroy.
« Et plus on est près de sa fin et plus on croit vivre. On aperçoit des monarques qui se figurent être des monarques, des ministres qui pensent être des ministres ; des députés qui prennent au sérieux leurs discours ; des propriétaires qui, possédant ce matin, sont persuadés qu’ils posséderont ce soir. Les intérêts particuliers, les ambitions personnelles cachent au vulgaire la gravité du moment. »
François-René de Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe , Tome VI p. 449-450 (Garnier-Frères – 1899/1900-)
« Un état politique où des individus ont des milliers de revenus, tandis que d’autres individus meurent de faim, peut-il subsister quand la religion n’est plus là avec ses espérances hors de ce monde, pour expliquer le sacrifice ? […] La trop grande disproportion des conditions et des fortunes a pu se supporter tant qu’elle a été cachée ; mais aussitôt que cette disproportion a été généralement aperçue ; le coup mortel a été porté. […] essayez de persuader au pauvre, lorsqu’il saura bien lire et ne croira plus, lorsqu’il possédera la même instruction que vous, essayez de lui persuader qu’il doit se soumettre à toutes les privations, tandis que son voisin possède mille fois le superflu : pour dernière ressource il vous le faudra tuer. »
François-René de Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe , Tome VI p. 451 (Garnier-Frères – 1899/1900-)
« Les curieux d’anciens auteurs font une remarque qui, si elle pouvait être répétée par un très grand nombre de lecteurs, dans chaque pays, serait peut-être de nature à prévenir bien des espérances suivies de désillusion ; cette remarque, la voici : ce que nous pensons aujourd’hui a déjà été pensé, il y a longtemps, souvent aussi bien, aussi clairement. On ne veut pas suggérer par là que tout effort nouveau est vain et que nos maux n’ont pas plus d’ampleur qu’il y a un siècle : celui qui le penserait serait aveugle au besoin d’action de l’homme et aux circonstances au milieu desquelles nous circulons. Je veux dire que nous aurions intérêt à savoir que nos aînés et leurs aînés ont travaillé, il y plus d’un siècle, à définir, à éclaircir des difficultés que nous nous imaginons être la conséquence de faits contemporains récents ; en somme, je veux suggérer que nous aurions le plus grand intérêt à penser au fil du devenir, d’un devenir soigneusement analysé. »
Maxime Leroy - Histoire des idées sociales en France , Tome I « De Montesquieu à Robespierre » (Librairie Gallimard, 1946).


Les amis
Après avoir franchi le porche du 18 de la rue de l’école de médecine 1 et monté rapidement l’escalier qui l’amenait au premier étage, devant la porte de son ami Jean-Paul 2 , ce soir du mardi 15 février 1791, Joseph 3 savait qu’il repartirait, d’ici quelques heures, en le laissant dans un état d’ébullition intellectuelle indescriptible. Depuis le temps qu’il faisait un bout de chemin de la vie en sa compagnie, il était capable d’anticiper les réactions, tout à la fois sanguines et raisonnées, de son ami. C’était en 1778, treize ans déjà, celui qu’il n’appelait pas Jean-Paul mais Monsieur Marat, exposait le résultat de ses expériences sur l’électricité, il était allé le revoir, et ils avaient sympathisé. Marat lui fit part de ses difficultés à faire reconnaître ses travaux. C’est à cette époque qu’il l’avait encouragé à envoyer un mémoire à Benjamin Franklin 4 qui était en France dans l’espoir de rallier le Roi à la cause du nouvel état en création et, de mobiliser des moyens financiers pour vaincre les Anglais. Après tout, Franklin et lui n’avaient-ils pas été reconnus par la même université Saint Andrews à seize ans d’intervalle ? Franklin était son aîné en sciences et en politique. Celui qui en 1755 écrivait « un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre et finit par perdre les deux », ne pouvait que le rencontrer tôt ou tard. Joseph connaissait bien Jean-Baptiste Le Roy 5 avec qui il avait travaillé sur la mise au point d’une machine capable de produire des charges électriques, Le Roy était ami de Franklin de longue date, aussi l’avait-il convaincu d’organiser une présentation des travaux de Marat et d’y convier son ami Benjamin. Depuis cette époque, Joseph et Marat étaient devenus des amis indissociables passant des heures et des nuits à échafauder des théories et à faire le monde. Cette passion de la politique, dans la meilleure acception de ce mot, cette connivence parfois houleuse, était née des discussions à propos de l’ouvrage de Jean-Paul, paru en 1774 en anglais sous le titre « The chains of Slavery » ; les chaînes de l’esclavage, dans lequel il démontait, avec la clairvoyance qui le caractérisait, les rouages de la confiscation du pouvoir des peuples, souvent avec leur assentiment, par un petit nombre. Et puis il y avait eu, en 1782, cette épopée à Neufchâtel pour publier, presque sous le manteau, le Plan de législation en matière criminelle. Jacques-Pierre Brissot de Warville 6 l’avait en fin de compte hébergé, de façon anonyme dans le cinquième volume de sa « bibliothèque philosophique du législateur, du politique et du jurisconsulte ».
Oui Jean-Paul et Joseph avaient maintenant en commun une partie de vie bien mouvementée et exaltante, tantôt dans l’ombre tantôt à la « face du monde » car, depuis 1789, ils croyaient que le monde changeait ou du moins que la France montrait le chemin. Brissot allait devenir le Girondin, et Jean-Paul, l’acteur critique qui commençait à gêner beaucoup de monde. Joseph observait et accompagnait son ami, il était son oreille et son conseil, il avait su susciter les confidences voire les indiscrétions de tous les bords, parfois même le Monarchien Malouet 7 trouvait là à s’épancher alors que tout un chacun n’ignorait rien des liens de Joseph avec L’Ami du peuple , car il ne s’en était jamais caché.
Joseph frappa et poussa la porte, Simonne 8 était déjà là, à la porte de la salle à manger, du haut de son mètre soixante et de ses 27 ans elle menait la maison avec vivacité, ses yeux brun gris étaient toujours aux aguets. Malgré leur différence d’âge et le fait qu’ils n’étaient pas légalement « mari et femme » ils formaient un couple très soudé et ils se complétaient à merveille. Jeannette 9 , qui sortait de sa cuisine, lui faisait face. Avec ces deux-là, Jean-Paul était bien gardé. Simonne emmena Joseph jusqu’au cabinet de travail où il trouva son ami en vêtements de nuit. Depuis 1782 sa santé laissait à désirer de plus en plus souvent, des maux de tête et des démangeaisons essentiellement, le rendaient parfois inapprochable. Jean-Paul fit apporter du vin des Riceys, c’était un vin rosé, bien charpenté qui avait accompagné les maçons bâtisseurs de Versailles, il savait que son ami l’appréciait.
Marat attendait Joseph, qui avait passé la journée à l’Assemblée à écouter et croquer certains propos décisifs des députés.
— Alors Joseph, raconte-moi ce que les opineurs de la culotte ont avalé ce matin.
— D’André 10 ne m’avait pas raconté d’histoires, D’Allarde 11 et Roederer 12 ont bien manœuvré leur affaire. D’Allarde, qui, tu le sais, avait été mandaté par le comité des contributions publiques, a commencé à rapporter sur son projet de création de la patente. Pour faire avaler le morceau « aux honnêtes imbéciles » comme tu les qualifies souvent, il a commencé à brosser les cultivateurs dans le sens du poil. On a eu le droit à des envolées telles que « la terre qui produit tout, paye, nécessairement tout » mais il faut trouver autre chose car « on ne peut en demander plus »…
— Oui, donc créons un nouvel impôt indirect après avoir supprimé la gabelle et j’en passe et des meilleures !
— C’est exactement cela mais rassure-toi, ils ont fait cela à leur corps défendant, tiens c’était tellement ridicule que j’en ai pris note, je me suis dit que L’Ami du peuple en ferait bon usage : « votre comité s’est vu forcé de faire tomber l’avance de l’imposition sur ceux qui débitent les productions ou les marchandises et qui se récupèrent toujours de cette avance avec avantage, avec restitution de leurs fonds et de leurs intérêts, aux dépens des consommateurs ou des premiers vendeurs de productions. »
Allez ! Tu peux ve

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents