Le temps et sa mesure , livre ebook

Le Manuscrit - Antigone Mouchtouris , Raymond Magro

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54 pages

Français

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Extrait

Description

L’originalité de cet ouvrage est de montrer un paradoxe. D’une part, grâce à la mesure du temps, la démocratie a pu être créée ; sans l’isonomie – la même mesure du temps pour toutes les ten-dances politiques – la démocratie n’aurait pas pu se construire sans le paramètre essentiel qui consiste à penser le vivre en-semble sur le temps long. D’autre part, cette même mesure du temps, à notre époque contemporaine est devenue hypertro-phique, cela fait peur. Plus on mesure ses actes, plus cela pèse sur l’individu social. Évaluer et mesurer ses performances sont ce qui le fatigue le plus à l’heure actuelle.
Ce paradoxe nous amène à nous interroger sur ce moment contemporain particulier qui met en scène la dimension du temps dans sa nécessité et sa contradiction.

Sujets

Anthropologie sociale

Sociologie, société et politique

Anthropologie culturelle

Anthropologie

Informations

Publié par	Le Manuscrit
Date de parution	20 décembre 2022
Nombre de lectures	2
EAN13	9782304054088
Langue	Français
Poids de l'ouvrage	2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous la direction de Raymond Magro et Antigone Mouchtouris
Le Temps et sa mesure
Lecture socio-anthropologique
Topos
é ditions Le Manuscrit Paris

ISBN 978-2-304-05408-8
© Éditions Le Manuscrit, décembre 2022

Dans la même collection
Concerts Fluxus en œuvres , Charles Dreyfus Pechkoff, 2022
La métamorphose de l’éxistant , Antigone Mouchtouris, 2022
Le Temps et la métamorphose , Antigone Mouchtouris, 2021.
Illusion et malentendu , Antigone Mouchtouris et Bernard Valade, 2021
Le Tragique en espaces, Les Suppliantes d’Euripide , Theatra II, 2020
Jean Dupuy écrit à Charles , Charles Dreyfus Pechkoff, 2020
É motions (en) vie sociale , Antigone Mouchtouris, 2019
Le Patrimoine de l’autre , Antigone Mouchtouris et Francesca de Micheli, 2019
L’Art au féminin, tomes I et II , Marie Bagi, 2019
Le philosophe et ses avatars dans les cités , Panagiotis Christias, 2018
Remords et honte , Antigone Mouchtouris et Emmanuel Jovelin, 2017
Le Sentiment esthétique , Joëlle-Andrée Deniot, 2017
Temps et devenir , Antigone Mouchtouris et Hervé Levilain, 2017
La nostalgie comme sentiment , Piero Galloro et Antigone Mouchtouris, 2016
Métaphonies , Charles Dreyfus Pechkoff, 2016
Stress et temporalité : du travail à la performance sportive , Antigone Mouchtouris et Olivier Lambert, 2015
Passions sociales , Bernard Valade, Antigone Mouchtouris et Éric Letonturier, 2014
Temporalité et jugement social , Antigone Mouchtouris, 2014
Actualité de la pensée grecque , Antigone Mouchtouris et Panagiotis Christias, 2014
Eros et Liberté , Joëlle Deniot, Antigone Mouchtouris et Jacky Réault, 2014
Actualité muséale , Antigone Mouchtouris et Tiphaine Barbier-Verley, 2013
La réception des œuvres artistiques , Antigone Mouchtouris, 2013

Collection Topos
Durant neuf ans la collection Topos a réussi, dans la continuité, à développer en privilégiant quatre domaines :
• Emotions et sentiments
• Temps et temporalité
• Culture et art
• Philosophie et société
La collection Topos poursuit son objectif premier d’être un espace de dialogue pour promouvoir la pensée innovante.

Préface
Cet ouvrage revient sur une question fondamentale à notre époque : la mesure du temps. Si ce thème a été très important dans l’Antiquité, il fallait le laisser aux philosophes et aux poètes depuis des siècles. Cependant à partir le xix e siècle il devient une préoccupation majeure, car l’industrialisation exige une autre façon de le mesurer : le temps du travail, le repos, la marchandise ; plus la rationalité du monde avance plus le temps devient un paramètre essentiel pour mesurer les actes humains.
À notre époque la mesure du temps est devenue la plus pointue possible grâce aux technologies avancées et il est devenu un impératif économique et social.
Ainsi dans cet ouvrage on apprend son évolution depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours.
Antigone Mouchtouris nous démontre l’importance du temps, de sa division, et par conséquent de sa mesure dans les civilisations qui se sont créées dans le pourtour méditerranéen ; celles qui ont institué les bases de la mesure du temps.
Dans le même ordre d’idées, Sophie Galland se penche sur la question de savoir comment la chronologie intervient dans la formation et le découpage des époques à travers l’exemple de la préhistoire. Dans ce cas, la mesure du temps obéit à une vision du monde. Jusqu’au xvi e siècle, la construction de la préhistoire se fondait sur les mythes, c’est-à-dire sur la littérature populaire. Il a fallu un retournement vers la matière et penser qu’elle aussi avait un âge pour mesurer le temps de l’histoire humaine et son passé par une autre mesure.
Dans le chapitre suivant, on note l’importance de la mesure du temps dans la vie quotidienne des Grecs dans l’antiquité. Les Grecs intéressés par le mouvement ont choisi le temps pour le mesurer. Georges Papaioannou nous fait constater que pour la constitution de la démocratie la question de la mesure du temps a été essentielle. Actuellement dans les débats politiques à la télévision on laisse un temps de paroles équivalent aux représentants des différents partis politiques ; il était déjà mis en place dans l’Agora grecque et dans les tribunaux. Ainsi pour eux démocratie-isonomie-isométrie.
Aurore Malriat , elle, pour l’époque contemporaine ouvre une nouvelle voie dans la sociologie morale ; elle introduit le temps comme paramètre de compréhension des effets des actions humaines à travers l’exemple du don. La temporalité dynamique du don s’inscrit dans un engagement, en d’autres termes le don est une action temporelle du devenir.
La lecture du temps deleuzienne par Stavroula Bellos nous aide à comprendre la complexité des actions humaines. Pour Deleuze le temps se définit par l’espace, l’histoire et la sociopolitique. Ainsi le temps est aussi un composant temporel des actions antérieures et du présent.
Marie-Line Bretin fait écho à la question de la démesure. Si la mesure du temps est propre à toutes les civilisations, la démesure concerne grandement notre culture occidentale : allez plus vite de plus en plus vite et obtenir plus de choses en un temps le plus réduit possible. L’élargissement du présent en immédiateté et instantanéité exacerbe chez l’individu cette notion de l’accélération du temps.
Ces auteurs par une lecture du temps et de sa mesure à la fois historiques, sociologiques et philosophiques donnent au lecteur une dimension du temps très significative pour cerner les conduites humaines.
Raymond Magro

Chapitre I La mesure du temps et les rites
Antigone Mouchtouris 1
Nous oublions toujours de traiter une dimension temporelle dans la métamorphose de soi à travers le temps symbolique. En effet, dans la dimension rituelle des actes fondateurs de l’existence humaine, nous trouvons par excellence la dynamique temporelle de la transformation de soi. Par rapport aux catégories que nous avons élaborées concernant la métamorphose, on peut dire qu’il s’agit d’une métamorphose de soi, mais qui prend une forme dans un espace collectif, de même que dans la plupart des rites initiatiques des sociétés secrètes ou dans les religions monothéistes. Cette dimension obéit à une croyance de la part de l’individu et des personnes qui détiennent la dimension symbolique. La métamorphose symbolique est bien particulière ; soit elle obéit – comme le décrit Paul Ricœur – à une phénoménologie qui prend forme dans un récit raconté, soit elle intervient – comme on va le voir avec la mythologie grecque – dans une pulsion de l’organisation du temps pour mieux construire sa société et un élan de rationalité de l’être humain. En tout cas, la métamorphose de soi par la dimension symbolique se tisse et se manifeste sur une large étendue.
À propos de la dimension phénoménologique et herméneutique
En analysant les rites, nous notons que dans la pratique de ceux-ci, il existe une symbolique, qui peut être un acte répétitif – ce qui lui donne une puissance en termes de densité, exceptionnelle, au niveau de la sphère privée et publique – et qui peut produire un effet ou une rupture dans l’environnement social. Sinon, l’acte est dénué de charge émotionnelle forte. L’acte répétitif n’est pas inscrit dans une tautologie, mais dans une structure temporelle, ce qui permet de déclencher le processus de construction de la forme du rite.
Cette temporalité crée une dynamique durant la formation des rites, où s’entremêlent des éléments constituants de la temporalité avec des formes discursives qui ne sont que des métaphores, c’est-à-dire des éléments temporels qui déplacent l’individu dans une autre sphère. Même les rites religieux autour de la mort se gèrent à travers une dynamique.
Dans le monde occidental, on a utilisé une dimension téléologique et unilinéaire afin de pouvoir construire la réception finale des contradictions. À partir de la notion du temps présente dans les représentations, nous avons pu obtenir une autre dimension de l’être et des changements sociaux.
Cette représentation sociale n’est possible que grâce à cette conception du temps qui permet à l’être humain de rendre intelligible la possibilité d’un changement.
« Le temps est une condition a priori de tous les phénomènes en général, à la vérité, la condition immédiate des phénomènes intérieurs à notre âme, et par là même, la condition immédiate des phénomènes extérieurs. » (Ricoeur 1983, p. 63) 2
Les trois tomes de Paul Ricœur du livre Temps et Récit ont démontré que chaque période historique a sa propre conception du temps, que cet auteur appelle « les apories temporelles ». Pour lui, l’être humain, pris par l’angoisse devant l’immensité du temps au niveau cosmologique, va inventer à cet effet un ensemble de rites symboliques pour le dominer. Le temps humain n’existe pas, mais il est raconté. Selon lui, le temps cosmogonique a fait naître la division du temps, la chronologie.
Le temps culturel, à travers la dimension symbolique, se divise en deux sous-catégories : soit il est mythique, soit il est symbolique. Nous sommes donc dans une conception du monde ontologique et émotionnelle, par rapport à la disparition de l’être, l’angoisse de la vie. Cela implique que cette dernière joue un rôle de stimulus è réponse culturelle è dimension symbolique.
C’est dans la médiane entre le mythe et le logos que s’est construit le temps. Les grands moments de l’histoire ne sont que la rencontre entre le temps linéaire et le temps cyclique. La division chronique de la construction du monde est, selon saint Augustin, la base pour définir l’âge au niveau de l’individu et l’âge au niveau de l’humanité.
Paul Ricœur a emprunté les deux termes de Krzysztof Pomian, chronosophies et chronographies, pour distinguer la vie exceptionnelle de l’être humain de la vie