Le Péché et la Folie
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Le Péché et la Folie , livre ebook

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Description

Qu’a donc à voir avec la psychiatrie la notion chrétienne de péché ? Plus qu’on ne le pense, car les péchés capitaux sont une manière d’expliquer la folie. La gourmandise, l’orgueil, l’avarice, la paresse, l’envie, la colère et la luxure sont des passions que le psychiatre rencontre dans sa pratique. À quels types de souffrance psychique renvoient ces termes que chacun utilise ? Ne parle-t-on pas de paresse quand il faudrait chercher la dépression ? ou de luxure quand il s’agit plutôt d’addiction sexuelle ? La terminologie des péchés n’est pas anodine. Pourtant, il n’est pas de traits immuables de la personnalité mais des maladies que la psychiatrie peut décrypter, aider à mieux comprendre et à traiter. C’est ce que propose ce livre dans une approche passionnante des pathologies mentales qui en appréhende la réalité complexe. Les 7 péchés capitaux au cœur de la folie. Jean Adès est psychiatre, professeur de psychiatrie à l’université Paris-Diderot. Il est ancien chef de service des hôpitaux Louis-Mourier à Colombes, Beaujon et Bichat, et actuellement consultant des hôpitaux. Spécialiste reconnu des addictions, ancien président de la Société française d’alcoologie, il a publié de nombreux ouvrages, dont Encore plus avec Michel Lejoyeux. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 janvier 2014
Nombre de lectures 4
EAN13 9782738172747
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB, JANVIER  2014 15, RUE S OUFFLOT, 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-7274-7

Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Pour Laura.
S OMMAIRE
Couverture
Titre
Copyright
Dédicace
Avant-propos
Chapitre 1 - Une brève histoire des péchés capitaux
Péchés capitaux, péchés véniels, péchés mortels
De Prudence à Dante
Le destin profane des péchés
Chapitre 2 - La gourmandise
Se goinfrer : hyperphagie, binge-eating et boulimie
Une faim… de rien. L’anorexie mentale
Gourmands, gastronomes, goinfres et boulimiques. Quand manger va du plaisir à la souffrance
Chapitre 3 - L’avarice
Personnalité obsessionnelle et avarice
La prodigalité, une forme inversée de l’avarice : cigales et fourmis
L’avarice, un péché capital ?
Chapitre 4 - La paresse
Qu’est-ce que la paresse ?
Le droit à la paresse, éloge de la paresse
Une psychopathologie de la paresse
La peur d’agir. Psychasthénie et procrastination
Oblomov et l’oblomovisme
Dépression et paresse. Les déprimés sont-ils paresseux ?
Aboulie, apragmatisme, anhédonie
Êtes-vous paresseux ?
Chapitre 5 - L’envie
De la jalousie normale à la jalousie morbide
Envie et désir mimétique
L’envie peut-elle naître du besoin ?
Un portrait des envieux
Chapitre 6 - L’orgueil
Orgueil et narcissisme : le mythe de Narcisse
Qu’est-ce qu’une personnalité narcissique ?
L’orgueil des paranoïaques
Les paranoïaques sont-ils querelleurs et procéduriers ?
L’orgueil blessé : la sensitivité
Une hypertrophie de l’orgueil : la mégalomanie
Mimer la maladie : fausses victimes et faux malades
L’orgueil… sans préjugés
Chapitre 7 - La colère
Une brève histoire de la colère
Prédisposés aux colères
Fous de colère
L’enfant en colère
Portrait des coléreux
Chapitre 8 - La luxure
Le péché de luxure
Les drogués du sexe : hypersexualité et addiction sexuelle
Luxure et perversions
Les luxurieux, hier et aujourd’hui
Pour conclure
Références bibliographiques
Remerciements
Du même auteur chez Odile Jacob
 
Avant-propos

On pourrait être surpris. Pourquoi un psychiatre, qui se consacre aux soins des malades mentaux, se met-il en tête de parler des péchés capitaux ? Que peut-il apprendre au lecteur de ce qui relève de la théologie, de l’histoire des religions, ou en tout cas de la morale chrétienne ? Pourquoi exhumer ces péchés, qui, s’ils font souvent les bonnes feuilles des magazines, et s’ils ont inspiré de nombreux scénarios de films « à sketchs », proposent une vision un peu surannée et sommaire des comportements humains ? Qu’a donc à voir avec la psychiatrie la notion chrétienne de péché ? Pas grand-chose, a priori . Et pourtant.
La gourmandise, l’orgueil, l’avarice, la paresse, l’envie, la colère et la luxure sont des passions que le psychiatre rencontre à tous les détours de sa pratique. C’est avec son langage, celui de la psychiatrie, et sans l’ombre d’un jugement moral, qu’il les qualifie, mais il lui faut aussi décrypter, derrière ces termes que chacun comprend, et utilise souvent, à quel type de souffrance psychique peut renvoyer leur énoncé.
La psychiatrie, dans notre pays peut-être plus qu’ailleurs, est mal connue, peu considérée, objet de méfiance et souvent même stigmatisée pour de mauvaises raisons. On ne l’interroge qu’à propos de crimes incompréhensibles, de violences, d’actes qui heurtent les croyances collectives, et l’on accuse souvent les psychiatres, soit d’enfermements jugés « arbitraires », soit au contraire de laxisme coupable face à des comportements qu’un enfermement, justement, aurait pu éviter.
Nos explications, même lorsque nous nous efforçons de les rendre claires, compréhensibles par tous, sont souvent considérées comme ésotériques, éloignées d’une psychologie « du sens commun », qui proposerait seule des causes admissibles aux conduites humaines. Lorsque les psychiatres semblent savoir, on les accuse volontiers de pédantisme ou d’obscurité. Lorsqu’ils avouent leur ignorance, foin de ce métier inutile dont on voudrait qu’il explique toujours l’inexplicable.
Mal connue ? Oui, elle l’est, la psychiatrie, malgré les médias qui en sont friands, malgré les ouvrages de vulgarisation (qui les lit vraiment ?), malgré le magistère médiatique de gourous de cette discipline, détenteurs volubiles de « recettes » qui élaborent une « cuisine » séduisante, mais plus destinée à plaire qu’à informer. Tout cela est peu susceptible d’éclairer sur ce que sont vraiment les maladies mentales, et les troubles de la personnalité. Mal connue ? Bien sûr. Alors que chacun est bien informé sur les progrès de la chirurgie cardiaque, ou sur les plus récents traitements du cancer, alors qu’on est abreuvé des succès des « médecines douces », alerté sans cesse sur les dangers des médicaments, on l’est bien peu, et bien mal, sur la réalité des maladies mentales, et sur les progrès indiscutables de leurs traitements. Pour employer un terme à la mode, il n’y a guère, en France, d’« acculturation » à la psychiatrie. Les psychiatres, bien sûr, en sont les premiers responsables. Mais ils ne sont pas les seuls. Les médias ont, pour la psychiatrie, une attirance ambiguë, en miroir de la fascination inquiète qu’elle exerce sur tous. L’information est rarement faite sans dramatisation, et sans erreurs. Tout n’est pas nécessairement enviable aux États-Unis, mais le grand public américain, informé sans parti pris, sait ce qu’est la maladie bipolaire ou la schizophrénie. Le cinéma américain en témoigne, qui, à l’inverse du cinéma français, représente avec véracité la maladie mentale. « Au cinéma, comme dans l’imaginaire de la société, on n’échappe pas à la caricature pour parler de la psychiatrie », écrivait Édouard Zarifian. Il est vrai, mais moins aux États-Unis. Que l’on pense, entre dix exemples, à l’étonnant portrait d’un patient atteint de trouble obsessionnel-compulsif (TOC) que propose l’acteur Jack Nicholson dans Pour le pire et pour le meilleur, ou à ce syndrome d’Asperger, une forme particulière d’autisme, qu’interprète Dustin Hoffman dans Rain Man .
Caricature, donc, de la psychiatrie dans l’imaginaire social, nous dit Zarifian. Nous approchons du propos de ce livre.
Les péchés capitaux, pensons-nous, peuvent être l’occasion, à partir de ce que chacun d’entre eux évoque en nous, représentations claires, fixées comme elles le sont dans Les Caractères de La Bruyère, d’aspects de nos conduites ou de nos passions, de s’interroger sur ce qu’ils dissimulent. De s’interroger en psychiatre, bien sûr, à propos de la paresse, de l’envie, ou de tous les autres. Deux perspectives ont été les nôtres. La première est de décrire, pour chaque péché, l’usage qui peut être fait, par les proches, l’entourage, ou par le sujet lui-même, d’un terme connoté par la culpabilité, porteur du poids de la faute, pour qualifier un comportement dont la pathologie mentale peut aussi rendre compte. Ainsi en est-il, par exemple, et pour nous faire mieux comprendre, de la paresse. On verra, dans le chapitre qui lui est consacré, à quel point l’accusation de paresse peut méconnaître une authentique dépression, ou cette difficulté à agir qui relève de la psychasthénie. On peut soutenir l’idée que la collusion du terme avec la notion de péché, fortement ancrée dans l’imaginaire collectif, masque la méconnaissance d’une maladie mentale considérée alors comme plus fautive que morbide.
S’il est des relations entre pathologie mentale et péchés capitaux, c’est à ce carrefour qu’elles se rencontrent : le recours au péché dissimule la conviction, parfois peu consciente, d’une responsabilité du sujet dans sa pathologie.
La seconde perspective, assez voisine, consistera à interroger la psychiatrie sur ce qu’elle peut avoir à dire des péchés, les pathologies éventuelles qu’ils sous-tendent, et sur ce qui reste, après tout, du pur péché lui-même, lorsque ses significations morbides ont été décryptées. Que reste-t-il de la luxure, si elle n’est ni l’addiction sexuelle, ni l’hypersexualité, ni l’effet irrépressible d’une perversion ? Quel sens conserve le terme d’avarice, s’il est détaché des troubles de la personnalité dont il est une des conséquences ? Qu’est donc l’orgueil, dépouillé du narcissisme, modalité aux exagérations variables des avatars de l’estime de soi ?
Voici donc l’objet de ce livre. Il s’agit, le lecteur l’a compris, d’une sorte d’« à-propos », où l’on veut informer sur certains troubles psychiatriques autour des péchés capitaux. Cela comporte, nous ne le nions pas, une part de jeu, et nous nous sommes souvent amusés à l’écrire. Espérant que le lecteur, prêt à jouer lui aussi, y trouve un peu du plaisir d’apprendre. Pour lui-même, et peut-être pour d’autres.
CHAPITRE 1
Une brève histoire des péchés capitaux

On les connaît bien. Ils sont sept, chiffre sacré, comme les sept sages ou les sept vertus. On les connaît ? Voire. On joue souvent, en famille, à se les remémorer. Comme pour les sept nains de Blanche-Neige, on en oublie toujours un.
Gourmandise, orgueil, avarice, envie, paresse, colère, luxure, les voici, fiers d’avoir traversé les siècles, et d’inspirer encore les écrivains, les peintres, les cinéastes… et les psychiatres. Les voici au cœur des magazines, et l’on peut se distraire à faire les tests. Êtes-vous avare, orgueilleux, gourmand ? Il y

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