Le Nouvel Inconscient
208 pages
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Le Nouvel Inconscient , livre ebook

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Description

« Je vous invite dans ce livre à une nouvelle odyssée, placée sous les auspices des neurosciences de l’esprit. Au-delà des analogies et des oppositions entre l’inconscient freudien et l’inconscient cognitif, je montrerai que la posture même du discours freudien détient une clé essentielle de notre faculté à construire notre pensée consciente. Cette clé de la conscience découverte par Freud, à son insu, peut aujourd’hui être pleinement comprise à la lumière d’expériences récentes des neurosciences de l’esprit. Cette nouvelle interprétation de l’inconscient freudien, conjuguée à l’exposition préalable de l’inconscient cognitif contemporain dessinent ensemble le portrait de ce Nouvel Inconscient qui donne son titre au présent essai. » L. N. Lionel Naccache est neurologue à l’hôpital de La Pitié-Salpêtrière à Paris et chercheur en neurosciences cognitives au sein de l’unité Inserm Neuro-imagerie cognitive.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 septembre 2006
Nombre de lectures 2
EAN13 9782738199713
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© ODILE JACOB, SEPTEMBRE 2006
15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
EAN 978-2-7381-9971-3
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
À Karine, Nathan et Gabriel
Avant-propos

Nous ouvrons les yeux et notre esprit s’emplit aussitôt de perceptions dont nous avons conscience. Chaque jour de notre existence, nous concevons des intentions conscientes que nous traduisons en actions volontaires, nous nourrissons des désirs conscients, nous éprouvons des sentiments conscients, nous convoquons des souvenirs conscients, et nous nous abandonnons parfois à des rêveries conscientes. Malgré leur omniprésence familière et rassurante, ces cogitations conscientes n’épuisent pas pour autant l’ensemble des processus qui agitent nos esprits. Comment parvenir à connaître cette face cachée de notre psyché dont nous ne faisons, par définition, jamais l’expérience à la première personne ?
De nombreux explorateurs de la vie mentale, dont Freud, sont partis à la découverte de ce qui est au-delà de l’horizon de notre conscience. Chacun de ces voyageurs nous a livré son récit sous la forme de théories de l’inconscient. Je vous invite dans ce livre à une nouvelle odyssée, placée sous les auspices des neurosciences de l’esprit. Nous allons ainsi découvrir, dans la première partie de cet ouvrage, le portrait vivant de l’inconscient contemporain tel qu’il se révèle dans la tranquillité de nombreux laboratoires de recherche depuis la fin des années 1970. Ce nouveau champ de savoir est issu d’un ménage à trois dont les protagonistes sont la psychologie cognitive, l’imagerie cérébrale fonctionnelle et la neuropsychologie clinique.
La psychologie cognitive a transformé notre conception de la vie mentale en faisant le choix de la décrire comme un ensemble d’opérations et de processus qui manipulent de l’information. En rupture avec les anciennes métaphores énergétiques ou réflexes du mental, cette nouvelle psychologie a stimulé une riche recherche expérimentale qui s’est avérée particulièrement productive dans l’exploration de l’inconscient cognitif.
L’imagerie cérébrale fonctionnelle, qui utilise actuellement de nombreuses techniques complémentaires, permet d’observer avec une résolution spatiale et une précision temporelle parfois très fines, un cerveau « en action ». Grâce à elle, il devient donc enfin possible de mettre en images notre inconscient cognitif, ainsi que notre conscience. La phrénologie inventée par Gall vers la fin du XVIII e siècle dans la perspective, largement illusoire, de pouvoir deviner les capacités intellectuelles et les valeurs morales des individus à travers l’étude des bosses de leur crâne a contribué à jeter un certain discrédit au projet plus général de lire le contenu de l’esprit en observant le cerveau penser.
Aujourd’hui, ces méthodes d’imagerie cérébrale fonctionnelle qui peuvent apparaître comme une néophrénologie en gestation et à ce titre qui parfois effrayent, méritent, je le crois, d’être expliquées au plus grand nombre afin d’en démystifier le contenu et d’en saisir les aspects les plus profonds.
La neuropsychologie clinique, enfin, est le troisième partenaire de cette aventure scientifique. Cette branche de la psychologie s’intéresse aux mécanismes qui perturbent le fonctionnement psychique chez des malades souffrant de lésions cérébrales ou d’autres affections du système nerveux central. Si les théories de l’inconscient formulées au cours du XIX e siècle et de la première moitié du XX e siècle s’étaient déjà construites sur les données immédiates de l’observation de tels patients – des malades amnésiques observés par Korsakov aux patients épileptiques analysés par Jackson, en passant par les hystériques de Charcot et par les névrosés de Freud et Janet –, les neurosciences cognitives modernes de l’inconscient se construisent elles aussi à partir de l’étude de nombreux patients. Ces malades nous apportent la source d’information la plus précieuse sur le fonctionnement de notre vie mentale, en révélant de manière spectaculaire l’existence de phénomènes que nul chercheur n’aurait pu imaginer. Souvent, ces propriétés, qui sont initialement découvertes chez des patients atteints de maladies neurologiques, s’avèrent ensuite généralisables à la cognition du sujet sain à l’aide d’expériences de psychologie cognitive combinées à des méthodes d’imagerie cérébrale fonctionnelle. Il existe dans ces allers et retours incessants entre les patients neurologiques ou psychiatriques et les sujets sains une dimension humaniste authentique qui se déploie à travers les liens qui unissent ces individus dont la vie mentale a été affectée par les contingences de la maladie avec les « bien portants » que nous sommes. J’espère parvenir à exprimer la reconnaissance que nous devons à ces femmes et à ces hommes malades qui apportent une contribution majeure à la formulation des théories les plus générales de la vie mentale et de ses bases cérébrales.
Le parcours que nous emprunterons pour explorer l’inconscient cognitif suit un ordre croissant de surprise dans le dévoilement de la richesse de notre vie mentale inconsciente. Nous sommes en effet passés en moins de quarante ans d’une conception scientifique d’un inconscient archaïque du point de vue de ses fondements anatomiques cérébraux, d’un inconscient stupide automatique et réflexe du point de vue de ses fonctions mentales, à celle d’un inconscient autrement plus riche et élaboré sur les plans fonctionnel et anatomique. Cette conception moderne nous conduira à reconnaître notamment l’existence de représentations mentales inconscientes très abstraites et complexes qui coexistent avec nos pensées conscientes. En ce sens, la richesse de la vie mentale inconsciente, longtemps insoupçonnée et même niée par les neurosciences, semble résonner comme une confirmation scientifique de certaines affirmations de Freud, pour lequel l’existence de pensées inconscientes élaborées ne faisait pas l’ombre d’un doute.
 
Cette transformation radicale de notre conception scientifique de l’inconscient nous conduira alors à nous interroger sur la nature de ses limites éventuelles : existe-t-il des propriétés psychologiques qui seraient le propre de notre vie consciente, et dont seraient ainsi dépourvus nos processus mentaux inconscients ? C’est l’objet de la deuxième partie de ce livre qui s’intitule « Neurosciences de la conscience » à l’issue de laquelle nous disposerons d’une description relativement précise de ce qu’est – et aussi de ce que n’est pas – notre vie mentale inconsciente.
 
À la lumière de ces connaissances scientifiques récentes, nous serons alors en mesure, dans la troisième et dernière partie de cet ouvrage, de comparer le modèle contemporain de l’inconscient cognitif avec celui proposé par Sigmund Freud. Mon intérêt pour cette « confrontation » tient à deux motivations profondes.
Tout d’abord, le concept d’inconscient a été largement diffusé par l’œuvre de Freud et, au-delà du champ de la pratique psychanalytique, ses idées continuent à façonner nombre des représentations artistiques et culturelles de notre vie mentale inconsciente. Élaborer un discours contemporain sur l’inconscient, et faire l’économie d’une discussion de la pensée freudienne relèverait, je le crois, du mépris ou de l’ignorance, bref d’une forme de barbarie intellectuelle. Je m’efforcerai de conduire cette discussion en évitant les deux écueils qui guettent ce genre d’exercice : le « dialogue de sourds » où neuroscientifiques et psychanalystes s’invectivent superbement sans parvenir à créer un véritable échange, et la « grand-messe œcuménique » qui célèbre la réconciliation tant attendue entre professionnels du divan et obsédés du neurone, en cultivant les analogies possibles entre ces deux conceptions tout en fermant les yeux sur les motifs d’opposition radicale qui parfois les distinguent.
La seconde motivation qui m’anime pour revenir vers Freud est plus personnelle. Je ne suis pas psychanalyste et je ne revendique aucune expertise de l’œuvre théorique de Freud. Je suis un simple lecteur, de longue date, des écrits de Freud dont j’admire le parcours. Neurologue et chercheur en neurosciences de la cognition, je ne peux ignorer le mystère que constitue le « cas Freud » qui s’offre à moi chaque matin lorsque je traverse les allées de l’hôpital de la Salpêtrière empruntées par Freud lui-même il y a plus d’un siècle. Comment une culture neurologique et expérimentale traditionnelle, dans laquelle je me reconnais moi-même, a pu conduire Sigmund Freud à abandonner, dans la plus grande sérénité, son rapport initial aux sciences du système nerveux – qui ne s’appelaient pas encore neurosciences – pour élaborer la psychanalyse ? Prendre cette énigme au sérieux revient à emprunter soi-même, un siècle de neurosciences plus tard, le chemin intellectuel suivi par Freud et, une fois arrivé au terme de son parcours, se poser la question suivante : où suis-je ? Quelle est pour nous aujourd’hui la signification de l’« inconscient » freudien ?
Nous aurons alors la surprise de découvrir que le lieu fabuleux où nos pas nous aurons conduits en suivant les empreintes de Freud n’est pas du tout celui vers lequel il croyait lui-même se rendre. En hommage au fondateur de la psychanalyse, qui cultivait l’art de la métaphore à un degré inégalé de justesse, je me

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