Le féminin chez J.-M. G. Le Clézio
50 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le féminin chez J.-M. G. Le Clézio , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
50 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Lalla, Liana, Esther et Nejma, Nassima… depuis Le Procès-verbal, les personnages féminins habitent l’œuvre de J.M.G. Le Clézio. De cette sur-représentation est née une interrogation  : comment un écrivain s’y prend-il pour écrire l’autre féminin, écrire un discours de et sur l’autre. Face à une indépassable altérité, celle de la différence sexuelle, quels sont les moyens utilisés par Le Clézio pour écrire le féminin en donnant parfois l’impression de l’intérioriser dans l’écriture ?
En constituant un recueil de textes lecléziens, nous avons voulu montrer quelle était sa représentation du féminin et les procédés d’écriture qui la mettent en place. Nous en concluons à un réel devenir-femme de son écriture.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2010
Nombre de lectures 0
EAN13 9782304033397
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Christelle Sohy
Le féminin chez J. M. G. Le Clézio
Collection Genre(s) et création
é ditions Le Manuscrit Paris


Dans la même collection
Noirs secrets , Christiane Chaulet Achour, 2009
Féminité et expression de soi , Brigitte Riéra, 2008
Le corps à l’œuvre , Sylvie Brodziak, 2007
Pères en textes - Médias et Littérature , Christiane Chaulet Achour, 2006
Frontières des genres , Christiane Chaulet Achour, 2006
Conte et narration au féminin , Christiane Chaulet Achour, 2005
ISBN epub 9782304033397 ISBN papier 978-2-304-03338-0 © 2010


La collection Genre(s) et création
À l’heure du combat pour la reconnaissance du droit à l’autodétermination de l’identité de genre, la création, sous toutes ses formes, demeure le lieu privilégié pour la révéler et l’affirmer. Qu’elle soit littéraire, artistique ou scientifique, il s’agit de questionner, de déconstruire, de subvertir les classifications sociales et culturelles du féminin et du masculin fabriquées par le système sexe/ genre binaire et normatif. Cette collection se propose d’une part de publier en langue française des ouvrages théoriques fondamentaux pour la réflexion, d’autre part de faire connaître des travaux de recherche susceptibles d’enrichir les savoirs et de dynamiser les pratiques.


Introduction
Lalla, fille du désert, Liana, la jeune femme du mobile home, Esther et Nejma, étoiles errantes, Ouma, compagne du chercheur d’or, Surya, Laïla, Laure, Michèle, Anne, Béa, Nassima, Kalima… Du Procès-verbal à Hasard , les figures féminines habitent les œuvres de Jean-Marie Gustave Le Clézio : des héroïnes qui guident le récit, telles Lalla, Liana, Ethel ou Laïla, aux personnages secondaires ou satellites qui les hantent, telles Ouma, Surya, Oya ou Roumiya. Elles sont souvent des jeunes femmes, d’ici, comme Tranquilité, Michèle, Béa B., plus souvent d’« ailleurs », comme Lalla, Nejma, Ouma, Oya. La lecture d’un roman ou d’une nouvelle de Le Clézio entraîne inéluctablement la rencontre de l’une d’entre elles. Entreprendre de lire Désert , c’est ainsi partir à la rencontre de Lalla, descendante des Hommes bleus. Considérer l’œuvre leclézienne dans son intégralité, ce peut être croiser entre elles les rencontres de chacune de ces femmes. C’est le point de vue que nous avons choisi d’adopter : relire l’ensemble de l’œuvre de J.-M.G. Le Clézio sous l’angle des personnages féminins et à travers eux, saisir le féminin tel qu’ils l’incarnent.

Relire Le Clézio dans une telle perspective conduit rapidement à la constatation d’une difficulté : un auteur « masculin » écrit sur le féminin, dit le féminin. Pour l’écrivain, entreprendre de dire et décrire le féminin, c’est amorcer un discours sur l’autre ou un discours de l’autre. Ce serait se placer dans une position d’extériorité qui rendrait compte de la différence sexuelle. Or il nous a semblé que cette attitude n’était jamais aussi simple au niveau de l’écriture, que parfois le féminin semble être dit de l’intérieur, s’écrire lui-même et que le sentiment de l’altérité s’estompe. Quels sont donc les procédés d’écriture convoqués par l’écrivain pour créer cette impression à la lecture ?
Notre travail implique une lecture particulière de l’œuvre de J.-M.G. Le Clézio : d’abord parce qu’elle se concentre sur une thématique et son écriture, le féminin, ensuite parce qu’elle est indissociable de notre lecture. En ce sens, notre recherche n’est « jamais qu’un parcours possible et d’autres chemins restent toujours ouverts » 1 . Elle se trouve étroitement liée à notre lecture choisie, consistant à trouver, au cœur du texte, les éléments narratifs et stylistiques qui permettent à Le Clézio d’écrire et de représenter le féminin et de voir comment il gère le paradoxe entre intériorité et extériorité, identité et altérité.
Aussi « cet effort de lecture ne peut bien entendu pas aboutir à la saisie d’une vérité totale » 2 . Notre position de lectrice nous invite seulement à éclairer l’angle de notre lecture. Chercher dans les textes la naissance ou l’origine d’une impression ou d’une émotion implique une démarche particulière d’analyse qui est de reconstituer matériellement les conditions d’une réception. Aussi notre réflexion s’est-elle accompagnée de la confection d’une anthologie composée d’extraits de l’œuvre 3 , choisis pour leur capacité à nous toucher et parce qu’ils illustrent la thématique étudiée. Ce recueil rassemble les textes qui ont été les initiateurs des impressions les plus vives, ceux qui faisaient naître une indécision entre intériorité/intimité et extériorité. Devant l’évidence d’une indépassable altérité du personnage féminin par rapport à l’écrivain, le fait qu’un homme puisse écrire « cela » d’une femme, à propos d’elle, a suscité l’étonnement et la curiosité d’éclairer notre réception 4 en tant que femme. Il va sans dire que nous avons préféré cette lecture personnelle à une lecture qui serait partie d’une définition potentielle et préconstruite du féminin et aurait cherché les textes qui illustraient le mieux cette définition. Le rapport subjectif aux textes devient alors un gage d’une recherche sans a priori extérieurs. Comme l’écrit Jean-Pierre Richard : « Lire, c’est sans doute provoquer ces échos, saisir ces rapports nouveaux, lier ces gerbes de convergence 5 ». Ainsi, nous souhaitons rendre visible une définition leclézienne du féminin, c’est-à-dire une définition indissociable de la façon dont il est représenté et écrit.

Avant de décrire les raisons et les principes qui ont permis de constituer cette liste d’extraits, il nous faudra revenir sur la place de notre recherche dans le champ des études lecléziennes, place plutôt vacante puisque l’étude du féminin dans cette œuvre est un terrain beaucoup moins exploré que d’autres. Après avoir justifié la constitution de l’anthologie, nous présenterons la manière dont nous l’avons établie, en partant d’un premier critère : chercher le féminin chez Le Clézio, c’est chercher les femmes ; ainsi nous isolons un certain nombre de figures féminines répétées tout au long de l’œuvre. En constatant que cette typologie des femmes reste ouverte et ne s’appréhende pas comme un cadre figé, un second critère de regroupement des textes a été suivi : quatre situations textuelles de féminité, quatre moments d’être femme sont perceptibles – descriptions de corps, scènes d’intimité de femmes entre elles, scènes d’amour et scènes d’accouchement. L’exposition et l’analyse de ces situations permettent l’approche des possibilités de représentation du féminin. L’axe de lecture de ces textes s’attache à toujours distinguer les positions d’intériorité ou d’extériorité de l’écriture.
De ces tentatives de classification naît le sentiment que le féminin échappe aux femmes alors même qu’elles l’incarnent. Le féminin doit donc se penser comme un insaisissable. Tenter de le cerner, c’est accepter de le chercher aussi autour des femmes, dans le monde qui les contient. Réfléchir le féminin chez Le Clézio nécessite de prendre en considération le rapport au monde des personnages. La notion de porosité du féminin au monde environnant rend compte de cet élargissement de la thématique et caractérise cette écriture quand elle amorce un discours sur le féminin.



1 Jean-Pierre Richard, Poésie et profondeur , 1955, Paris, Seuil coll. « Points », p. 10.

2 Idem.

3 La composition de cette anthologie est donnée dans le tableau du premier chapitre.

4 Notre travail se fonde donc sur les textes présents dans notre anthologie. Une autre lecture de cette anthologie pourrait s’interroger sur ces oublis.

5 Jean-Pierre Richard, Poésie et profondeur , op.cit. p. 10.


D’une anthologie de textes sur le féminin
Premières observations
Depuis la parution du Procès-verbal en 1963, date à laquelle J.-M.G. Le Clézio reçoit le Prix Renaudot, ses romans ont connu un succès croissant. Et dès l’obtention du Prix Nobel de Littérature 2008, les ventes de tous ses textes et surtout de son dernier roman, Ritournelle de la faim , ont connu une hausse considérable. Par ailleurs, le nombre de travaux universitaires qui sont consacrés à son œuvre et qui sont ensuite publiés se multiplie et augmente significativement depuis le début des années 2000. En 2007, L’association des Lecteurs de Le Clézio voit le jour et publie ses Cahiers Numéro 1 en 2008. Au lendemain de l’obtention du Prix Nobel, la revue Europe consacre

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents