Le « cogito » pluriel : je suis moi et mes circonstances
186 pages
Français

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Le « cogito » pluriel : je suis moi et mes circonstances , livre ebook

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Description

N’y aurait-il pas en l’être humain une capacité propre à exercer et déployer sa visée (intentionnelle) sur le monde et les choses, les autres, la société, qui se définirait comme sa perspective sur le monde, par où il apparaît à lui-même et aux autres comme être qui se manifeste, comme volonté, ou être qui veut, et comme désir ? La phénoménologie intentionnelle ouvre naturellement à un champ de réflexion sur la dimension de l’éthique de l’être-au-monde, non pas seulement comme sujet apriorique objet de certitude (celle du « cogito » et de son évidence apodictique) obtenu après la réduction, mais comme être pré-individuel où le monde précède l’individu comme le tout par rapport à ses parties, être incarnant le sens de la visée intentionnelle, comme perspective, point de vue et interprétation.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 mai 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414339198
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Nicolas Dittmar
Le « cogito » pluriel :
je suis moi et mes
circonstances
----------------------------INFORMATION----------------------------Logique du pré-individuel Couverture : Classique
[Roman (130x204)]
NB Pages : 186 pages
- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 15

---------------------------------------------------------------------------Le « cogito » pluriel : je suis moi et mes circonstances
Logique du pré-individuel
Nicolas Dittmar
15 965210
Le « cogito » pluriel : je suis moi et mes circonstances

2
Vers un cogito pluriel :
« je suis moi et mes circonstances »
Logique du préindividuel
« La conscience est la dernière phase de l’évolution
du système organique, par conséquent aussi ce qu’il
y a de moins achevé et de moins fort dans ce
système… Si le lieu des instincts, ce lieu conservateur,
n’était pas tellement plus puissant que la conscience,
s’il ne jouait pas, dans l’ensemble, un rôle de
régulateur, l’humanité succomberait fatalement sous
le poids de ses jugements absurdes, de ses
divagations, de sa frivolité, de sa crédulité, en un mot
de son conscient… C’est encore une tâche
éminemment actuelle, que l’œil humain commence
même à peine à entrevoir, que celle de s’incorporer le
savoir, de le rendre instinctif chez l’homme »
Nietzsche
« La philosophie de Nietzsche n’est pas comprise tant
que l’on ne tient pas compte de son pluralisme
essentiel. Et à vrai dire, le pluralisme (autrement
appelé empirisme) ne fait qu’un avec la philosophie
elle-même. Le pluralisme est la manière de penser
proprement philosophique, inventée par la
philosophie : seul garant de la liberté dans l’esprit
3 concret… Dans l’idée pluraliste qu’une chose a
plusieurs sens, dans l’idée qu’il y a plusieurs choses,
et « ceci et puis cela » pour une même chose, nous
voyons la plus haute conquête de la philosophie, la
conquête du vrai concept, sa maturité… – tout cela
relève… de l’interprétation »
Deleuze, Nietzsche et la philosophie
Claude Stéphane Perrin

4

Les constellations du perspectivisme.
« Une méthode perspectiviste permet de compléter un
prime constat sceptique en ouvrant le négatif sur l’affirmation
d’une constellation de possibilités. Et cette constellation se
rassemble autour de trois perspectives majeures : les deux
premières, horizontales, semblent dialoguer entre elles : de la
peur du gouffre inhérent à la mort vers l’abîme de nos
sensations plaisantes ou déplaisantes, du fini vers l’indéfini, et
réciproquement. La troisième perspective, verticale, contredit
ce côtoiement du vide en chaque acte, toujours nouveau, en
entrant en contact avec l’impensable, avec l’inconnaissable,
c’est-à-dire avec la Nature infinie qui englobe toutes les
réalités. Eu égard à nos dérisoires capacités de connaître notre
situation éphémère sur cette terre, les axes de ces trois
perspectives créent un éternel jeu entre le clair et l’obscur, ce
jeu étant couronné par le schème constellé du perspectivisme.
Pour le dire autrement, par cette méthode perspectiviste il faut
entendre un cheminement hésitant qui ouvre sur trois
approches possibles de la totalité du réel, ces trois approches
étant bien distinctes intellectuellement, bien qu’elles soient
inséparables dans le vécu de chacun, comme le sont pour un
pont les deux rives qu’il réunit. Une première approche
5 affirme, à partir des limites mortelles du vivant, un sentiment
qui se resserre sur cette limitation, donc qui rend impossible
tout dépassement ou tout saut hors de ces limites. Par ailleurs,
la négativité de cette première perspective est renforcée par la
sensation (puis par le sentiment) d’une néantisation de tout ce
qui est ; cette sensation étant du reste le fruit pervers du cercle
suivant : le néant des sensations crée la sensation du néant (et
inversement). Une troisième perspective s’impose donc pour
sortir de ce miroir aporétique : la totalité du réel ne nous étant
pas donnée (même par l’imagination), il est nécessaire de
rassembler tous les fragments apparents de cette totalité
inachevée, de cette constellation de repères provisoires, sans
prétendre atteindre ainsi une vision complète de cette totalité.
Cette troisième approche perspectiviste n’unifie donc pas ses
diverses visions (perspectives) en les finalisant ; elle les
additionne plutôt comme l’avait du reste fait Nietzsche, non
sans faire prévaloir la force de l’infini qui oriente tous les points
de vue : « Il n’existe qu’une vision perspective, une
“connaissance” perspective ; et plus notre état affectif entre en
jeu vis-à-vis d’une chose, plus nous avons d’yeux, d’yeux
différents pour cette chose, et plus sera complète notre “notion”
1de cette chose, notre “objectivité.” » Cette troisième approche
suspend ainsi chaque doute initial en additionnant des
interprétations fragmentaires (en des aphorismes plus ou
moins complets) qui ne prétendent pas juger le Tout puisque
ce dernier n’est donné à l’homme que dans son propre
émiettement incomplet et dans des constellations de
fragments : « On dit : le monde n’est que pensée, ou volonté, ou
guerre, ou amour, ou haine (…) séparément, tout cela est faux,

1 Nietzsche, La Généalogie de la morale. III, § 12.
6 2additionné, c’est vrai. » Mais de quelle vérité s’agit-il alors ?
Assurément pas d’une vérité partielle qui serait la somme de
quelques pensées potentielles, peu à peu énumérées. En fait, la
vérité que Nietzsche évoque sans l’atteindre réside dans l’idée
qui surmonterait toutes ces pensées fragmentaires, en sautant
de l’une vers l’autre, et en hissant leur rassemblement
audessus du quantitatif, voire au-dessus d’une vague complétude
indéfiniment complétée, c’est-à-dire plutôt dans une
ouverture toujours recommencée vers la vérité universelle qui
demeure pourtant inconnue, celle de l’infinité du temps,
c’està-dire pour Nietzsche celle de l’éternel retour de toutes les
choses. Et cette vérité, à peine dicible, ne sort pas seulement
d’une métaphore, d’un puits très profond, mais d’un jeu
éternel entre ce qui donne et ce qui se retire, entre ce qui crée
et ce qui détruit, entre ce qui conserve et ce qui dépense… »


2 Nietzsche, Ibidem.
7
8
Introduction
3Penser l’individuation implique une méthode génétique , et
relève en même temps d’une démarche naturelle qui est au plus
proche de la dynamique de la vie, et de la problématique
perceptive. La philosophie de l’individuation peut en effet se
caractériser comme un vitalisme, mais il s’agit d’un vitalisme
critique, qui s’interroge sur les conditions de la connaissance
réelle, dans ce qu’elle a de plus immédiat pour la conscience. C’est
en ce sens que l’on peut comprendre la philosophie de Simondon,
de façon post-phénoménologique comme le remarque justement
4J.H Barthélémy .
Simondon partage en effet avec Husserl ce souci d’un retour
aux choses mêmes, en tant qu’objet de l’expérience sensible et,

3 Au sens défini par J-H Barthélémy d’une méthode encyclopédique qui
unifie les savoirs en pensant la genèse dont procède en effet toute réalité, in
Simondon ou l’encyclopédismpe génétique, PUF, 2009, p.4. Le Vocabulaire
de la philosophie et des sciences humaines la définit comme une « méthode
commune à plusieurs disciplines qui explique un phénomène par sa genèse,
c’est-à-dire qui compare entre eux les états successifs d’un phénomène en
vue de saisir comment un tout complexe s’organise à partir de ses
éléments », in Louis-Marie Morfaux, Armand Colin, 1980.
4 BARTHELEMY (J.H), Penser l’individuation. Simondon et la
philosophie de la nature, L’Harmattan, 2005, p.22.
9 plus fondamentalement, de l’intuition : l’enjeu est de dépasser le
dualisme sujet-objet, ou bien esprit-corps, qui a jalonné l’histoire
de la métaphysique occidentale depuis Platon jusqu’à Descartes.
Mais on retrouve ce dualisme également chez Kant, entre le
phénomène objet de l’expérience et le noumène objet de
l’aperception transcendantale : Kant s’interroge sur les conditions
de possibilité de l’expérience sans jamais arriver aux conditions de
l’expérience réelle : tel est le sens de la critique anti-kantienne
menée par Deleuze et Simondon.
Dès lors, comment dépasser le rationalisme métaphysique ?
Comment parvenir à penser sans réifier la conscience, ou sans
basculer dans l’empirisme sceptique ? Ne peut-on définir
l’invention de la pensée à sa source perceptive, c’est-à-dire comme
acte émanant d’un sujet sensible, d’une autre forme de subjectivité
3 que l’on peut qualifier de préindividuelle, ou de perspectiviste ?
Enfin, que peut valoir l’argument d’une conscience
phénoménologisante asubjective, et non psychologiste, après que
la conscience ait levé l’hypothèque de l’interprétation naturaliste
de cette dernière ? Comment conceptualiser les enjeux de cette
perspective théorique au regard d’une phénoménologie de
l’individuation ?
N’y aurait-il pas en l’être humain une capacité propre à
exercer et déployer sa visée (intentionnelle) sur le monde et
les choses, les autres, la société, qui se définirait comme sa
perspective sur le monde par où il s’apparaît à lui-même et
aux autres comme être qui se manifeste (dans sa manifesteté),
comme volonté, ou être qui veut, et comme désir ?
La phénoménologie intentionnelle ouvre
naturellement à un champ de réflexion sur la dimension de
l’éthique de l’être-au-monde, non pas seulement comme
sujet apriorique objet de certitude (celle du cogito et de son
évidence apodictique) obtenu après la réduction, mais
comme être à part entière incarné et incarnant le sens de la
10 visée intentionnelle, comme perspective, point de vue et
interprétation : l’enjeu est désormais celui d’une subjectivité
mise en lumière comme manifestation et insertion dans le
monde, comme une problématique de

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