Le Choix des femmes
58 pages
Français

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Description

Oui, les femmes ne sont pas des hommes comme les autres ! Pourtant, aujourd’hui encore, pour réussir, elles sont contraintes de se comporter selon des modèles masculins. C’est pourquoi tant d’entre elles craquent et souffrent. Se réaliser pour une femme est possible ! Mais ce n’est pas facile… Comment s’épanouir dans sa vie privée, familiale et professionnelle ? Comment tout mener de front, assumer ses choix, ses ambitions, sans souffrance ni culpabilité ? Est-ce aux seules femmes de réagir ? Ou à la société de leur donner toute leur place ?Fatma Bouvet de la Maisonneuve nous propose de nouvelles réponses dans ce livre plein de sensibilité et d’énergie, pour que chaque femme puisse être tout à la fois féminine, active et épanouie. Fatma Bouvet de la Maisonneuve est médecin psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne à Paris et consultante en entreprise. Elle est l’auteur de Les Femmes face à l’alcool. Résister et s’en sortir et conseillère municipale à Montrouge, en banlieue parisienne.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 mars 2011
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738195005
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© ODILE JACOB, MARS 2011
15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-9500-5
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Pour les hommes qui aiment les femmes et pour tous les autres afin qu’ils les comprennent et les aiment un jour.
« Les murs renversés deviennent des ponts. »
Angela D AVIS .
Introduction

« Pourquoi des êtres exposés à des grossesses, et à des indispositions passagères, ne pourraient-ils exercer des droits dont on n’a jamais imaginé de priver les gens qui ont la goutte tous les hivers, et qui s’enrhument aisément ? »
Sur l’admission des femmes au droit de cité,
C ONDORCET , 1790.

Une femme qui pleure dans le métro
Ce jour-là, le métro est presque vide, lorsqu’une jeune femme monte et s’assoit sur un strapontin près de la porte. Peu après, nous, les passagers, nous entendons de curieux reniflements et nous cherchons d’un regard discret d’où peuvent bien parvenir ces bruits inquiétants qui se transforment rapidement en d’authentiques sanglots. La jeune femme vient de monter et elle pleure maintenant tout son soûl. Elle est assise auprès d’un passager qui semble bien embarrassé par la situation. Elle paraît se consumer seule dans son chagrin, face à notre impuissance ; personne ne semble plus exister autour d’elle. Quelques stations plus loin, elle se lève et sort de la rame en nous laissant là, interdits, coupables de passivité et de malaise face à cette scène poignante. Quels événements ont bien pu provoquer une telle tristesse ? L’annonce d’un drame humain me vint à l’esprit. Le tragique existe, mais mon expérience m’a rappelé qu’on pouvait aussi pleurer pour moins grave que cela : une rupture sentimentale ou amicale, un conflit professionnel ou, tout simplement, la fatigue. J’ai pensé à toutes ces patientes éreintées par la vie qui pleurent dans mon bureau. Elles sont parfois si dévastées avant ou après la consultation qu’il ne serait pas surprenant qu’elles aussi sanglotent dans le métro. « Qu’est-ce qui fait pleurer les blondes ? » chantait Sylvie Vartan. Qu’est-ce qui fait trébucher les femmes alors qu’elles sont si résistantes ?

La confiance pour dire
Lorsque j’ai commencé à parler à mon entourage du travail que je réalise sur la santé psychologique des femmes actives, les réactions ont été immédiates. La seule évocation de ces situations à la fois très ordinaires, mais intenables, a suscité un réel intérêt chez mes congénères. Après m’avoir confié leur difficulté à concilier leurs ambitions privées et professionnelles, elles m’ont raconté leur système D respectif, qui les réduit à devenir des robots programmés pour pouvoir finir la journée sans craquer. Que dire lorsqu’il les lâche, ce système D toujours incertain. Elles m’ont souvent suppliée d’arrêter de leur parler de ça, comme si elles s’étaient déjà résignées à leur impuissance. « Tais-toi, je vais pleurer, c’est exactement ce que je vis et je suis au bord de l’écroulement tous les jours ! » Ces femmes en ont tellement gros sur le cœur qu’il suffit d’un rien pour leur tirer les larmes. Voilà pourquoi elles pleurent parfois dans le métro ou ailleurs : parce que bien souvent elles portent sur elles des situations inextricables.
Pleurer est un des modes d’expression que nous partageons le mieux entre femmes. Il exprime à la fois la tristesse, la colère ou la joie. Les hommes, eux, s’extériorisent autrement ou ne s’autorisent aucune expressivité. « Ce ne sont pas des manières d’hommes », apprend-on encore aux petits garçons. Alors, ils ont appris à formuler autrement leur désaccord ou leur colère. Ils prennent souvent une voix forte, parfois ils cassent ou ils frappent. Je dis souvent aux femmes qui s’excusent de pleurer devant moi qu’il est important de pouvoir le faire si on en éprouve le besoin et si cela soulage, car c’est un mode d’expression comme un autre. Il vaut mieux, d’ailleurs, transmettre les messages que l’on souhaite communiquer, car sinon comment faire savoir qu’on est en difficulté ? « Mais pleurer est un signe de faiblesse, ce sont les petites filles qui pleurent lorsqu’elles font leur cinéma », avait dit un jour son patron à l’une d’entre elles. Quelle ineptie ! Moi, je considère que pleurer n’est pas une faute, surtout lorsqu’on a de bonnes raisons de le faire et il y en a si souvent, de bonnes raisons. Je n’accepte pas cette théorie absurde, encore largement véhiculée, selon laquelle les femmes pleureraient par sens de la comédie. Les femmes souffrent de ne pouvoir spontanément verbaliser un sentiment d’injustice, une opinion contradictoire ou un sentiment de trop-plein. Nombreuses sont celles qui expliquent ce désavantage par un manque de confiance patent qui les frappe d’une passivité parfois proche de la sidération. C’est cette inhibition qui les empêche de trouver les mots appropriés. « Les mots se bloquent », me disent-elles, comme si, sous l’effet de la colère, cette pelote de mots comprimait leur gorge, formait un nœud qui enserrait leur tête et ne pouvait s’échapper qu’en sanglots libérateurs.
Ah, les mots, les mots ! C’est un sujet douloureux pour ces femmes qui ont tellement peur d’exprimer leurs opinions et qui craignent les reproches et les moqueries de ceux qui les écoutent. « J’ai toujours peur d’être à côté de la plaque », me disent-elles souvent. Alors, elles préfèrent se taire, garder pour elles ce qu’elles ont à dire et intérioriser au plus profond de leur être les humiliations. Elles s’autocensurent et se placent elles-mêmes sur un rang d’infériorité par rapport aux hommes. C’est ainsi que, bien souvent, lorsqu’elles se comparent à eux, elles évoquent surtout l’admiration qu’elles éprouvent. Elles s’ébahissent de leur aisance, de leur affirmation, de leur grande maîtrise de l’art rhétorique ; elles sont éblouies par leurs joutes oratoires. L’une d’entre elles, une journaliste, il est vrai un peu réservée, me disait : « Comment voulez-vous que j’en place une devant ces “pros” de la communication qui me considèrent depuis le début comme une exécutante, alors que j’ai au moins autant d’expérience qu’eux ? » Les réunions de rédactions frustrantes de son point de vue ne faisaient que renforcer ce sentiment d’illégitimité qui encombrait sa vie et qu’elle tentait de dissoudre le soir avec des tranquillisants. J’ai moi-même déjà assisté à des réunions où certaines femmes semblent s’incliner au sens propre comme au figuré sous les rafales de mots des professionnels du discours, comme pour s’abriter des bombes. Quand vient la pause, elles lèvent discrètement les yeux, subjuguées, persuadées qu’elles n’arriveront jamais à être à la hauteur. C’est d’autant plus regrettable que ce qu’elles souhaiteraient formuler se situe souvent dans un tout autre registre qui pourrait paraître décalé par rapport à l’éventail des idées habituelles, mais qui apporterait un plus au débat et à la diversité des idées. Souvent, elles parviennent plus facilement à exprimer leur avis dans de petits comités où, d’ailleurs, elles rencontrent l’approbation. Pourtant, en dépit de ces encouragements, peu encore osent grimper sur l’échelle du risque . Lorsqu’elles se retrouvent devant la toute-puissance massive de la parole « sachante » masculine, elles sont à nouveau bloquées. « La soumission enchantée » dont parle Bourdieu reste encore, hélas, d’actualité. Heureusement, sans doute plus pour longtemps, car les femmes qui osent malgré tout sont de plus en plus nombreuses. Au début, leur intervention se manifeste par une prise de parole brève : une question, le plus souvent. Plus rarement, ce sera l’expression d’un avis argumenté. Au début de l’exercice, leurs propos sont plus brefs et généralement relatifs à une action ou à un projet. Pendant ce temps, les hommes, eux, comme pris dans une valse, s’attardent, tournent leurs phrases, ponctuent, reviennent sur ce qui a été déjà dit et finissent par un énième « comme vient de le dire Untel, je voudrais dire que… » qui n’apporte, par conséquent, rien de plus à la conversation, puisque le fameux Untel l’avait déjà dit. Bourdieu, dans La Domination masculine , décrivait parfaitement ce phénomène dont les femmes que je vois m’ont si souvent parlé. « Lorsqu’elles [les femmes] participent à un débat public, elles doivent lutter, en permanence, pour accéder à la parole et pour retenir l’attention. La minoration qu’elles subissent est d’autant plus implacable qu’elle ne s’inspire d’aucune malveillance explicite et qu’elle s’exerce avec l’innocence parfaite de l’inconscience : on leur coupe la parole, on adresse, en toute bonne foi, à un homme la réponse à la question intelligente qu’elles viennent de poser (comme si, en tant que telle, elle ne pouvait, par définition, provenir d’une femme). Cette sorte de déni d’existence les oblige souvent à recourir, pour s’imposer, aux armes des faibles, qui renforcent les stéréotypes : l’éclat voué à apparaître comme caprice sans justification ou une exhibition immédiatement qualifiée d’hystérique ; la séduction qui, dans la mesure où elle repose sur une forme de reconnaissance de la domination, est bien faite pour renforcer la relation établie de domination. Et il faudrait énumérer tous les cas où les hommes les mieux intentionnés (la violence symbolique, on le sait, n’opère pas dans l’ordre des intentions conscientes) accomplissent des actes discriminatoires, excluant

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