Le Bébé, le Psychanalyste et la Métaphore
210 pages
Français

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Le Bébé, le Psychanalyste et la Métaphore , livre ebook

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Description

Voici le dernier texte écrit par Serge Lebovici, très peu de temps avant sa disparition. Ce document exceptionnel reprend l'histoire du concept de métaphore chez les philosophes, les linguistes et les psychanalystes. Il montre en particulier comment cette notion constitue la pierre angulaire de l'ontogenèse psychique et de l'action psychothérapeutique. Dense, émouvant, ce livre reflète la puissance de la pensée de Serge Lebovici, la profondeur de ses vues synthétiques et la passion qu'il avait pour le bébé, dont la présence se trouve à jamais inscrite en l'homme, tout simplement. Psychanalyste, professeur émérite de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, Serge Lebovici a été président de l'Association psychanalytique internationale. Auteur à la créativité clinique et théorique impressionnante, il a publié plusieurs dizaines de livres et plusieurs centaines d'articles. Texte revu par Bernard Golse, Marianne Rabain-Lebovici et Véronique Lemaître. Bibliographie de Serge Lebovici établie par Colette Chiland.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2002
Nombre de lectures 1
EAN13 9782738158420
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection dirigée par Bertrand Cramer et Bernard Golse
©  ODILE JACOB, JANVIER 2002 15, RUE SOUFFLOT , 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-5842-0
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Présentation

par Bernard Golse

Le texte qui suit a une histoire. Serge Lebovici a tant œuvré pour la prise en compte de l’histoire dans la réflexion psychopathologique que cela serait lui faire injure que de ne pas raconter cette histoire en guise d’introduction de cet écrit, à mes yeux, si important. Nos écrits sont en effet, comme nos symptômes, et peut-être sont-ils d’ailleurs une part de ceux-ci, profondément inscrits dans notre biographie et dans les méandres de nos désirs.
Il n’y a pas de création qui ne s’enracine dans l’histoire des désirs de celui qui en est l’auteur, la genèse de l’œuvre étant sous-tendue par cette histoire tandis que dans le même mouvement, l’œuvre vient éclairer l’histoire. Cela est bien connu et aurait à peine besoin d’être rappelé si, de surcroît, quand il s’agit vraiment de création, l’œuvre n’avait pas, par elle-même, valeur de métaphore de l’histoire qui l’a engendrée. Et c’est en ce point particulier que se situe ce dernier texte, en quelque sorte testamentaire, de Serge Lebovici.
Dans son travail sur l’auto-analyse de S. Freud, Didier Anzieu a bien montré comment l’histoire personnelle de S. Freud (la mort de son père en 1896, son renoncement à sa « neurotica » en 1897) rendait compte des conditions de la découverte œdipienne, mais il a aussi beaucoup insisté sur le fait que les moyens eux-mêmes de cette découverte (le rêve comme « voie royale » d’accès à l’inconscient) fonctionnaient, en fait, comme une métaphore de la découverte elle-même (l’interprétation des rêves ayant valeur métaphorique de conquête œdipienne du contenu maternel, c’est-à-dire de sa psyché en tant que ventre symbolique).
À la lumière de ces premières considérations, il me semble dès lors utile de dire quelques mots de l’histoire événementielle particulière de ce texte avant de resituer la trajectoire professionnelle et surtout conceptuelle de Serge Lebovici. Après, j’essaierai de montrer comment ce texte sur la métaphore fonctionne au fond comme une métaphore du texte en général, c’est-à-dire de la narration et de la narrativité que Serge Lebovici situait au cœur du développement du Self , du travail d’interprétation du thérapeute ou de l’analyste et finalement, au cœur du fonctionnement de la psyché elle-même.

L’histoire de ce dernier texte
Ce texte sur la métaphore est le dernier texte écrit par Serge Lebovici et c’est un texte auquel il tenait beaucoup, un texte dans lequel il a mis beaucoup de lui-même.
Tous ceux qui ont côtoyé Serge Lebovici au cours des derniers mois de sa vie savent l’importance que ce travail a revêtue pour lui et combien d’heures il aura passées à sa mise en forme. Au fond de son grand appartement, Serge Lebovici avait aménagé une petite pièce dédiée à son ordinateur et à son équipement bureautique. Il était très fier, en dépit de son âge, de s’être mis à ces nouvelles techniques alors même que beaucoup d’entre nous, plus jeunes, rechignions encore aux efforts d’adaptation requis par cette mutation technologique.
Pour ce dernier texte cependant, la maladie progressant, une aide lui était devenue nécessaire car la précision de ses doigts venait à lui manquer, et c’est là que l’assistance d’Anne Brisson lui devint si précieuse. Serge Lebovici m’a souvent dit l’infini respect et la grande tendresse qu’il avait pour cette jeune psychologue qui savait lui être dévouée sans faire ressortir l’invalidité progressive qui le gagnait et dont il prenait tant de soin à ne rien laisser paraître.
Anne Brisson travaille actuellement pour la revue Carnet-PSY et elle donne également de son temps pour la réalisation du bulletin du groupe francophone de la WAIMH (World Association of Infant Mental Health) que Serge Lebovici et moi avons créé en 1994. Elle sait mieux que quiconque l’importance qu’il attachait à l’écriture de ce travail sur la métaphore et aussi le courage qui a été celui de Serge Lebovici pour parvenir à l’aboutissement de cette tâche dont il savait qu’elle serait sans doute la dernière de ses contributions importantes à notre réflexion.
En effet, comme je l’ai déjà dit précédemment, il y a dans ce texte quelque chose de testamentaire.
Si ce texte comporte des aspects parfois très ramassés et hypercondensés, il me semble que cela est dû à l’inquiétude qui se faisait jour alors chez Serge Lebovici. Depuis quelque temps, il savait que ses jours étaient comptés et qu’il lui fallait absolument achever ce travail qui serait probablement le dernier. D’où sans doute, à la différence de ses écrits habituels, une certaine note de précipitation et la marque d’un désir de tout dire — bien évidemment lié à l’angoisse de mort et à l’envie de transmettre encore et encore — qui donne à la lecture de ce travail, par moments, une dimension certes foisonnante mais un peu compacte voire touffue.
Dans un premier temps, nous avons eu l’objectif de remanier ce texte pour le rendre plus aéré, plus léger. Et puis, après mûre réflexion, nous nous sommes dit qu’il était peut-être plus historique et plus authentique de lui laisser, pour l’essentiel, sa forme originelle, en nous contentant de quelques modifications superficielles et de quelques annotations à visée clarificatrice afin que le lecteur ait accès non seulement au contenu mais, également, à l’atmosphère de son élaboration.
Il me semble en effet que c’est ainsi que ce texte est le plus émouvant et le plus touchant.
Ceux qui ont bien connu Serge Lebovici savent à quel point il était animé par la passion de transmettre, passion qui ne se sera jamais démentie jusqu’à la fin de sa vie et dont témoigne également, à sa manière, la création de la collection multimédia intitulée : « À l’aube de la vie », création à laquelle j’ai le plaisir et l’honneur d’avoir été associé. Or, qui dit passion de transmettre, dit importance de l’affect. Il n’y a pas en effet de transmission possible sans le socle d’une rencontre émotionnelle entre celui qui transmet et celui qui reçoit. Mais ceux qui ont croisé Serge Lebovici savent aussi à quel point il était pudique de ses affects. Certains ont pu, à tort, y voir une sorte de froideur ou de dureté. Il ne s’agissait que de pudeur. On me permettra de faire part ici d’un souvenir que ma mémoire conserve de manière très précise.
Cela se passait à Saint-Pétersbourg, à l’occasion d’un voyage de travail que nous faisions pour tenter d’aider au développement de la psychopathologie et de la psychanalyse précoce dans cette partie de l’Europe. Colette Chiland, Anette Frejaville, Hervé Benhamou, Alain Casanova, Monique Saladin et Martine Golse qui faisaient partie du voyage, s’en souviendront certainement aussi bien que moi. Nous nous trouvions — lors d’un des rares moments de repos que nous nous octroyions et que Serge Lebovici nous octroyait ! — dans la forteresse Pierre-et-Paul pour un intermède touristique.
Dans les jardins de la forteresse, une femme relativement âgée mais fort hiératique, jouait du violon dans l’attente de quelques pièces de monnaie de la part du public de passage. Elle jouait de manière véritablement merveilleuse, avec une sorte d’expression à la fois intense et retenue des affects et des sentiments. Nous goûtions un réel moment de grâce lié à une entière justesse des sons, du rythme et des émotions, c’est-à-dire de l’interprétation. Nous nous demandions, en aparté, s’il ne s’agissait pas d’une concertiste qui cherchait à améliorer son ordinaire financier par cette petite exhibition publique.
Je me trouvais alors tout à côté de Serge Lebovici que je voyais peu à peu gagné par une émotion intense qui lui donnait le regard… un tout petit peu brillant. Quoi qu’il en soit, vint le moment où nous devions partir.
L’un d’entre nous devait aller déposer un peu d’argent à l’intention de la musicienne. C’est alors que Serge Lebovici en prit l’initiative après avoir dit : « Allez, on s’en va, vous ne croyez pas qu’elle en fait un peu trop ? » Et nous le vîmes alors, tout doucement et très délicatement, aller déposer notre obole et s’écarter ensuite rapidement.
Pour moi, ce souvenir résume parfaitement le rapport que Serge Lebovici entretenait avec les émotions ou plutôt avec leur expression. Il les vivait avec une très grande intensité — et notamment dans le champ de la musique auquel sa femme, Ruth, avait su l’introduire — mais dès que les émotions se faisaient trop fortes ou qu’elles risquaient de transparaître et de se laisser percevoir, alors Serge Lebovici s’efforçait de les masquer, de les cacher voire, parfois, de les dénier ou de les réfuter. Et si je me suis quelque peu appesanti sur ce souvenir, c’est parce que cette question de l’expression des émotions s’est jouée également à propos de ce texte sur la métaphore.
Serge Lebovici avait en effet d’abord imaginé que ce travail pourrait être publié dans la revue La Psychiatrie de l’enfant . Nous en avions longuement discuté au niveau du comité de rédaction mais, finalement, nous avions renoncé à le publier non seulement en raison de son volume mais aussi en raison de sa structure qui risquait d’être mal comprise par les lecteurs de cette revue, en l’absence d’une présentation circo

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