La Vie toujours recommencée
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La Vie toujours recommencée , livre ebook

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Description

La vie est peut-être le phénomène cosmique le plus paradoxal dans la mesure où son apparition sur Terre, il y a 3,5 milliards d'années, était des plus improbables : des molécules organiques disséminées dans la soupe primitive ont pu spontanément s'auto-organiser en cellules, celles-ci ont été capables de s'auto-répliquer et de pérenniser ainsi la vie en se reproduisant, mais aussi en évoluant de la façon la plus extravagante pour donner naissance, tardivement, aux êtres pluricellulaires et finalement aux humains dotés d'un cerveau surdimensionné capable de prendre conscience de cette étonnante histoire, de la décrire et de s'interroger sur son sens et sur sa finalité. De la théorie de l'évolution aux comportements de reproduction et parentaux – contraintes spatio-temporelles, parades nuptiales, fécondation, soins apportés à la progéniture... – chez les insectes et les animaux, cet essai fascinant retrace les principales étapes de cette folle aventure en évoquant comment les êtres contribuent, grâce à leur fabuleux dynamisme reproducteur, à faire de la vie un phénomène qui toujours recommence. Mêlant science et questionnements socio-philosophiques, un ouvrage instructif et accessible à tous, qui ne manquera pas d'interpeller.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 mai 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342051780
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Vie toujours recommencée
René Misslin
Connaissances & Savoirs

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Connaissances & Savoirs
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
La Vie toujours recommencée
 
 
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet : http://rene-misslin.publibook.com
 
Introduction. La vie comme un rêve d’immortalité
La nature, avant tout, veut la reproduction des êtres
Alfred de Musset
Il est question dans la mythologie antique gréco-romaine d’un oiseau fabuleux, le Phénix, que l’écrivain romain, Caius Julius Solinus, décrit ainsi dans son livre, De Mirabilibus mundi (« les merveilles du monde ») (chapitre 34) : Là aussi naît le phénix, qui a la grandeur de l’aigle, la tête ornée d’une touffe de plumes, la mandibule inférieure parée de caroncules, le cou rayonnant d’or, le reste du corps de couleur pourpre, si ce n’est la queue, qui est azurée et semée de plumes incarnates . Cet oiseau, dit la fable, avait le don de renaître de ses cendres. Quand il sentait sa fin approcher, il construisait un nid, y mettait le feu et se consumait dans les flammes. Des cendres surgissait alors un nouveau Phénix : il n’existait jamais qu’un seul oiseau à la fois sur terre, son espérance de vie n’étant pas inférieure à cinq cents ans. Il était bien entendu le symbole de l’immortalité. Guillaume de Lorris et Jean de Meung se sont souvenus de la légende antique du Phénix dans leur célèbre Roman de la Rose  : Si la Mort dévore le Phénix, le Phénix toutefois demeure ; elle en aurait dévoré mille que Phénix serait demeuré. Ce Phénix, c’est la forme commune que Nature reforme dans les individus, et qui serait du tout perdue si elle ne permettait à l’autre de vivre. Tous les êtres de l’univers ont le même privilège : tant qu’il en subsistera un exemplaire leur espèce vivra en lui, et jamais la Mort ne l’atteindra. Si je n’ai pas résisté au plaisir d’introduire cet essai en évoquant le Phénix, c’est que son destin me paraît illustrer à merveille le phénomène de la vie laquelle tend à neutraliser la mort et à s’immortaliser, grâce à ce qu’on appelle couramment son aptitude à se reproduire . Alexandre Meinesz, dans son passionnant livre, Comment LA VIE a commencé , résume ainsi l’état présent de nos connaissances : La vie est apparue sur Terre il y a 3,8 à 3,5 milliards d’années et les plus anciens fossiles trouvés sur Terre sont ceux de bactéries. Des organismes unicellulaires, à l’origine de la faune et de la flore, sont apparus vers 2,7 milliards d’années. Enfin des animaux et des végétaux composés de plusieurs cellules se sont développés en nombre depuis 570 millions d’années (à peine). L’âge de la planète Terre est estimé à environ 4,5 milliards d’années et celui de l’univers, d’après la théorie de Big Bang, à 13,8 milliards d’années. On constate que la vie, au vu de l’âge de l’univers, est apparue tardivement, mais par rapport à celui de la Terre, son origine peut sembler plutôt proche de celle de notre planète. Le second constat qui s’impose au vu de ces chiffres, c’est l’apparition tardive des organismes pluricellulaires : non seulement les unicellulaires ont constitué la seule forme de vie durant 3 milliards (85 % de la durée totale de la présence de la vie sur Terre), mais ils représentent encore aujourd’hui la majeure partie de la biomasse de notre planète. Contrairement à ce que peut suggérer le concept d’évolution, à savoir une tendance vers la complexification, comme le pensait par exemple Lamarck, le fait que 99 % des êtres vivants sont des bactéries montre, comme l’écrit avec humour le biologiste A. Meinesz, que l’évolution ne conduit pas systématiquement à devenir pluricellulaire, grand et intelligent. Dans le monde microscopique, les bactéries, après 3,5 milliards d’années d’évolution pourtant très rapide, sont restées minuscules, très diversifiées dans leur mode de fonctionnement et se sont répandues en tous lieux. Comme le souligne cet auteur, elles ont certes évolué, mais en interne, par des modifications de leur usine biochimique cellulaire, à l’intérieur de leurs cellules isolées et microscopiques. L’apparition des pluricellulaires s’est ainsi effectuée comme en parallèle du monde des bactéries même si l’on doit admettre que certaines bactéries ont évolué en se complexifiant pour aboutir aux végétaux et aux animaux. Et le plus troublant de cette histoire, c’est que cette évolution a abouti à l’apparition du troisième chimpanzé selon Jared Diamond, Homo sapiens, l’homme dit moderne, en Afrique il y a seulement 150 000 ans, et capable de prendre conscience de cette étonnante aventure qu’est la vie et de la raconter. Sans doute sommes-nous la seule espèce à pouvoir témoigner explicitement de cette histoire, les millions d’autres espèces en étant des témoins implicites, alors même, comme le note encore A. Meinesz, que l’évolution de la vie n’a jamais été prédestinée à former du complexe et a fortiori l’Homme.
Mais, notre étonnement ne s’arrête pas là, tant le phénomène de la vie est paradoxal et déroutant. Nous savons, mais seulement depuis le début du 19 ème siècle, grâce à l’entomologiste allemand Loren Oken, que les êtres vivants sont composés de cellules et naissent de cellules, ce que confirmera quelques années plus tard Rudolf Virchow en rédigeant son célèbre adage : omnis cellula e cellula (« toute cellule provient d’une cellule »). Il aura fallu à l’humanité plus de cent mille ans pour découvrir, n’ayant pas peur des mots, le secret de la vie, à savoir la cellule. Comme j’ai pu l’écrire dans un précédent article, le fait que tous les êtres vivants, uni et pluricellulaires, naissent d’une cellule montre qu’en dépit du foisonnement évolutif des espèces, la vie a conservé depuis plus de trois milliards d’années l’unité fonctionnelle de base pour se reproduire, se développer et se différencier : la cellule… En faisant de la cellule l’unité de base, celle-là même qui recèle dans sa constitution la mémoire du phénomène vivant dans son ensemble, l’unité des organismes pluricellulaires, celle en particulier de l’être humain, n’apparaît plus comme une unité distincte et supracellulaire, mais seulement comme un cas particulier du développement cellulaire. Ainsi, malgré le caractère évolutif du phénomène vivant, celui-ci s’est montré extrêmement conservateur. Ce fait a tellement étonné le zoologiste allemand, William Rolph, qu’il a considéré la mort comme une illusion, car la vie lui apparaissait fondamentalement, grâce à la reproduction cellulaire, comme un phénomène continu, transindividuel pour ainsi dire, chaque individu n’étant qu’une renaissance du phénomène dont il est le support. Pour une cellule, la division qui donne naissance à deux cellules filles, ne conduit pas à une disparition, mais à une renaissance et un accroissement de la vie. Bien entendu, W. Rolph ne niait pas la mort, mais comme le remarque Barbara Stiegler, elle était à ses yeux un phénomène tardif et marginal, limité aux organismes complexes capables de disparaître sans laisser de descendance. Cependant, même si la vie, grâce à son pouvoir de reproduction, peut nous apparaître comme un phénomène transindividuel garantissant l’éternel retour du même selon l’adage nietzschéen, nous verrons que les organismes, loin d’être des supports passifs, contribuent activement, grâce à leur dynamisme individuel et collectif, à leur élan vital selon la belle formule Bergson, à pérenniser la vie sur notre planète.
Avant de poursuivre mon chemin, je voudrais aborder une question que des philosophes adressent parfois aux biologistes : peut-on réduire la vie à des processus strictement biochimiques et/ou physiologiques ? Voici comment le philosophe Renaud Barbaras aborde cette question : Afin de travailler sur son objet, le biologiste doit d’abord le reconnaître, c’est-à-dire distinguer, au sein du réel, ce qui est vivant et ce qui ne l’est pas. Cette discrimination relève d’une intuition ou d’une expérience qui échappe à l’objectivation puisqu’elle en est la condition de possibilité. Ce qui reviendrait à penser que le fonctionnement d’un être vivant se réduit à celui de la somme de ses éléments identifiés. Ces considérations me font penser à une remarque que fit un jour le philosophe Hans Jonas à savoir que pour reconnaître la vie, il faut être vivant. Ou encore ces réflexions teintées d’humour de Georges Canguilhem : L’intelligence ne peut s’appliquer à la vie qu’en reconnaissant l’originalité de la vie. La pensée du vivant doit tenir du vivant l’idée du vivant… Les formes vivantes étant des totalités dont le sens réside dans leur tendance à se réaliser comme telles au cours de leur confrontation avec leur milieu, elles peuvent être saisies dans une vision, jamais dans une division … Nous soupçonnons que, pour faire des mathématiques, il nous suffirait d’être anges, mais pour faire de la biologie, même avec l’intelligence, nous avons parfois besoin de nous sentir bêtes . La difficulté à laquelle nous nous heurtons ici est en fait liée à notre histoire culturelle. Depuis la Renaissance, grâce à la redécouverte de l’antiquité gréco-latine et aux développements des sciences, a émergé un courant de pensée qu’on peut appeler le naturalisme . Spinoza a exprimé en une formule concise cette évolution quand il écrit dans son Traité théologico-politique que la puissance par laquelle les choses particulières, et partant l’homme, conservent leur être, c’est la puissance même de Dieu ou de la nature (d’où l’expression latine restée célèbre : Deus sive natura ). Cette identification de Dieu avec la nature représente le pas q

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