La Thérapie de la dernière chance
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La Thérapie de la dernière chance , livre ebook

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Description

« Elle allait si mal qu’elle n’arrivait pas à parler. Alors elle lui écrivait des mails après les séances. Quand elle ne pouvait pas écrire, elle dessinait. Des dessins de petite fille. Et il lui répondait. Elle n’est pas la seule enfant à avoir vécu ce genre de drame et ces autres enfants qui souffrent la hantent. Surtout ceux qui ne disent rien. Le silence dans lequel ils sont enfermés, elle l’a connu. Elle sait qu’il empêche d’aimer et de partager. Aujourd’hui, il dit qu’elle est guérie ; elle préfère dire qu’elle est libérée. Et elle aimerait que tous ceux qui lui ressemblent aient cette chance d’une rencontre qui les sauve et les guérisse de leur enfance. Tout ce qu’ils écrivent s’est passé comme ils le racontent. » S. T. V. et E. G. Ne jamais renoncer : ce livre est un message d’espoir pour tous les enfants maltraités et abusés. Sophie Tran Van est éditrice jeunesse. Emmanuel Goldenberg est médecin, psychiatre et psychothérapeute. Il s’est formé à la psychanalyse, aux thérapies comportementales et cognitives, à la relaxation et à l’hypnose. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 octobre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738149220
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , OCTOBRE  2019
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-4922-0
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
À Sylvain. Pour mes parents et mon frère. S. T. V.
À Sophie et pour R. E. G.
Avant-propos

Tout ce qu’ils écrivent s’est passé comme ils le racontent.
Ce livre est-il un roman ? Presque. Il se lit comme un roman mais c’est une histoire vraie. Celle de la rencontre d’une jeune patiente et d’un vieux psy. Cela semble banal, mais la gravité de sa situation à elle et la relation étonnante qui s’est établie entre eux n’ont rien d’habituels.
Elle allait si mal qu’elle n’arrivait pas à parler. Elle lui écrivait des e-mails après les séances. Quand elle ne pouvait pas écrire, elle dessinait. Des dessins de petite fille. Pendant les quatre années qu’a duré la thérapie, c’est ainsi qu’elle s’est exprimée. Ses e-mails étaient très longs et elle en envoyait parfois plusieurs par jour. Et il lui répondait. Il explique qu’il n’avait pas le choix et qu’il ne pouvait utiliser que les chemins qui leur permettraient de se rencontrer.
Ils ont marché sur un fil. Elle s’accrochait à un dernier espoir. Sans doute aurait-elle abandonné s’il n’avait pas entendu ses appels au secours, mais il avait compris qu’elle se noyait. Il a répondu à ses e-mails et elle lui a accordé sa confiance.
C’est très inhabituel, n’ont-ils jamais respecté les règles des thérapies ? Si, bien sûr. Lui avait toujours un cadre de référence dans la tête, mais il était tellement dépassé qu’une seule approche psychothérapique ne pouvait pas suffire. Il était obligé d’en utiliser plusieurs. Et il a dû inventer tout le temps pour s’adapter à la situation. C’était une question de vie ou de mort, raconte-t-il.
Elle, elle luttait pour survivre. Très active, elle recherchait ses propres solutions. Elle ne s’est pas contentée d’écrire. Elle se débattait contre la souffrance et aussi contre lui. Elle a énormément pleuré, revendiqué et réfléchi. Elle a lutté de toutes ses forces contre ce que la thérapie lui imposait. Parfois, elle a bien ri. Heureusement.
Elle a adoré son psy autant qu’elle l’a haï. Ils avaient un rapport intense qui est resté chaotique jusqu’au bout.
Il la touchait. Toucher les patients fait partie de certaines techniques qu’il pratique. Mais on ne le fait pas dans la plupart des thérapies : c’est interdit et même considéré comme une transgression. Là, il pensait que c’était indispensable. Ils ont été mal à l’aise, mais surmonter ce malaise a été l’un des enjeux principaux du travail. Il fallait qu’elle se débarrasse de peurs anciennes, dont celle d’être touchée par quelqu’un. C’était l’un de ses plus gros problèmes. Se toucher, c’est communiquer sans les mots. Il le savait. Alors il a pris la fillette qu’elle était encore par la main pour l’aider à devenir une femme.
Pourquoi raconter tout ça ?
Ils ont partagé une aventure hors du commun parce que les enjeux étaient très élevés et l’issue incertaine. Ce livre est donné en partage, pas en modèle, c’est un récit et non une leçon. Il souhaite que d’autres, des patients ou des psys, sans pour autant les imiter, y trouvent des motifs d’espérer et des raisons d’essayer.
Pour elle, c’est différent. Il lui est indispensable de se raconter, de parler enfin. Elle avait déjà rencontré d’autres thérapeutes. Mais c’est avec celui-là qu’elle a réussi à guérir de son passé. Elle a pu nommer ce dont elle souffrait et le dépasser.
Elle n’est pas la seule enfant à avoir vécu ce drame. Ces autres enfants qui souffrent la hantent. Surtout ceux qui ne disent rien de ce qui leur arrive, ou leur est arrivé. Le silence dans lequel ils sont enfermés, elle l’a connu. Elle sait qu’il les empêche de rencontrer les autres, de s’aider et de partager.
Combien sont-ils d’enfants, comme elle, cachés dans un corps d’adulte ? Et si elle partageait ce qu’elle a appris dans la thérapie avec eux ? Serait-ce utile ? Puisqu’elle a réussi à aller bien, elle doit en faire le récit.
Elle a mis des décennies pour trouver son chemin. Elle est persuadée que cela devrait prendre moins de temps. Elle pense que même si ce travail ne constitue pas un modèle, le raconter peut contribuer à sauver d’autres vies. Elle-même s’est inspirée de livres qui l’ont aidée. Elle veut donc raconter ce qu’elle a vécu. Elle espère que d’autres encore partageront leurs histoires, leurs solutions, et qu’ainsi les enfants ne seront plus condamnés à des décennies de silence et de souffrance. Peut-être seront-ils ainsi mieux protégés ?
Ce qui lui est arrivé n’est pas exceptionnel, c’est même totalement banal. C’est l’histoire de milliers d’autres enfants. Le livre raconte un moment de sa vie qui a été unique et décisif : sa thérapie. Quand elle a rencontré son psy, elle a senti très vite qu’il pouvait l’aider. L’instinct de survie l’a guidée. Elle, la patiente, à bout de souffle, qui mise tout sur une dernière thérapie, et lui, le vieux psy qui possède des outils pour essayer de l’aider. Personne n’était sûr du résultat. Elle aimerait qu’une telle réussite ne soit pas exceptionnelle et que tous les enfants ou les adultes qui lui ressemblent aient la possibilité d’une rencontre qui pourrait les sauver.
Aujourd’hui, il dit qu’elle est guérie, mais elle préfère dire qu’elle est libérée.
Extrait du journal intime de Sophie, 6 ans
Journal intime

– extraits –

1983 (6 ans)
Si je dis à maman ce que je fais avec P., est-ce qu’elle va me gronder ?
Je ne veux plus aller chez P., mais je n’ose pas le dire à papa et maman.
S’il te plaît journal, mets une bulle autour de moi pour me protéger quand je dors.
1985 (8 ans)
Aujourd’hui, P. s’est fâché contre moi car je lui ai fait mal.
Je veux m’envoler comme les ballons dans le ciel.
1991 (14 ans)
Je n’ai plus très envie de rire, je ne sais pas pourquoi. J’en ai perdu l’appétit tellement je suis triste.
1993 (16 ans)
Je suis amoureuse d’un garçon. Je ne pourrai jamais lui dire. J’ai trop peur.
Je me sens triste mais je ne sais toujours pas pourquoi. […]
Cher carnet, je vais te confier un secret. Tu dois promettre de ne pas le répéter. Personne d’autre que toi ne le saura jamais. Je viens de me souvenir de quelque chose… Mais, même à toi, je n’ose pas le dire.
1994 (17 ans)
J’ai l’impression de marcher sur un fil… Je peux tomber d’un moment à l’autre. J’ai peur.
1997 (20 ans)
J’ai l’impression d’étouffer.
1998 (21 ans)
Ça y est, je l’ai dit à mon père. Mais pas tout. Si je le faisais, je suis sûre qu’il ne m’aimerait plus. […]
J’ai rencontré un garçon, je n’arrête pas de lui crier dessus. Est-ce que je deviens folle ?
2001 (24 ans)
J’ai décidé de porter plainte contre P.
2002 (25 ans)
L’affaire a été classée sans suite.
J’ai l’impression de mourir.
2003 (26 ans)
Je suis arrivée à Édimbourg. Je tente de me réconcilier avec la vie. […]
Je n’ai envie de rien. Je me sens seule. […]
J’ai vu un couple dans la rue. Ils avaient l’air vraiment heureux et ils avaient des gestes tendres l’un pour l’autre. Ça semblait si simple pour eux. […]
Les peurs qui me restent, je les vaincrai !
2004 (27 ans)
Depuis que je suis rentrée d’Écosse, je ne sais pas quoi faire de moi.
Je voudrais oublier de penser.
2005 (28 ans)
J’ai envie de tout casser.
2009 (32 ans)
Sylvain et moi allons bientôt nous marier. Je me sens tellement heureuse avec lui ! […]
Je sens une sorte d’angoisse qui monte en moi. Je ne veux pas y penser. J’aime Sylvain, Sylvain m’aime. C’est tout ce qui compte.
2010 (33 ans)
Tout le monde nous demande quand on aura des enfants. Je ne supporte plus cette question.
2011 (34 ans)
Je n’arrête pas d’être angoissée. Je ne maîtrise plus rien. Je ne comprends pas ce qui m’arrive. J’ai peur d’être agressée par-derrière quand je prends ma douche. J’ai tout le temps peur que quelqu’un m’agresse par-derrière. Je sens une présence menaçante derrière moi en permanence. […]
L’autre jour, pour me rassurer, on a dû pousser deux meubles derrière la porte d’entrée pour la bloquer.
J’ai l’impression de devenir folle. Je ne sais pas pendant combien de temps je vais encore tenir. Et combien de temps Sylvain va-t-il tenir, lui ?
Année 1
1
La rencontre

– En sortant de la station de métro, prenez à gauche puis marchez jusqu’au carrefour. Continuez tout droit, il y a un escalier, une fois en bas, allez à droite jusqu’au numéro 7. Si vous mettez plus de six minutes, c’est que vous vous êtes perdue.
Voilà notre premier contact.
Quelques jours plus tard, je suis à la sortie du métro. Si je mets plus de six minutes, est-ce que je serai vraiment perdue ? Les feuilles de l’automne bruissent sous mes pas. Mon cœur bat très fort. Serge Gainsbourg murmure à mes oreilles. « Je te veux confiante, je te sens captive / Je te veux docile, je te sens craintive / Je t’en prie, ne sois pas farouche / Quand me vient l’eau à la bouche… » Depuis quelques jours, j’écoute cette chanson en boucle. C’est plus fort que moi. Ressemblera-t-il à P., cet homme que je m’apprête à rencontrer ? Je suis en bas des escaliers. Numéro 5. Numéro 7. J’y suis. Je coupe la musique, lève les yeux et regarde le dernier étage de l’immeuble. C’est là. Je ne sais pas comment je fais pour respirer.
À peine sortie de l’ascenseur, une porte s’ouvre. Je souris. Pas lui. J’avance dans le long couloir au bou

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