La Sexualité humaine
136 pages
Français

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Description

Pour comprendre les fondements de la sexualité humaine, il est nécessaire de recourir à une approche interdisciplinaire à laquelle se greffent les données de la biologie, de l’éthologie, de la psychologie, de l’ethnologie, de l’histoire, de la sociologie, etc. Cette étude a comme objectif de dégager les fondements phylogéniques et les déterminants culturels de la sexualité humaine.

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Publié par
Date de parution 22 avril 2011
Nombre de lectures 9
EAN13 9782760522176
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Joseph J. Levy et Claude Crépault
1984 Presses de l’Université du Québec Case postale 250, Sillery, Québec G1T 2R1
ISBN 2-7605-0341-0 Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservé ©1978 Presses de l’Université du Québec er Dépôt légal — 1 trimestre 1984 Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada Imprimé au Canada
INTRODUCTION
Phénomène complexe où se croisent les influences biologiques, psychologiques et socioculturelles, la sexualité constitue l’une des expressions fondamentales de l’humain. Pourtant, ce n’est que depuis une vingtaine d’années que la sexualité est pour ainsi dire convoitée par la science. Grâce à la sexologie, elle est devenue un objet d’analyse scientifique au même titre que les autres réalités humaines.
Pour comprendre les fondements de la sexualité humaine, il est nécessaire de recourir à une approche interdisciplinaire à laquelle se greffent les données de la biologie, de l’éthologie, de la psychologie, de l’ethnologie, de l’histoire, de la sociologie, etc. Notre étude ne vise pas à faire la synthèse de ces connaissances. Elle a comme objectif de dégager les fondements phylogéniques et les déterminants culturels de la sexualité humaine.
L’approche phylogénique permet de situer la sexualité humaine par rapport à la sexualité animale. Partant du phylum primitif, cette approche tente d’établir les lignes de force qui régissent les modifications de la sexualité selon le degré de complexité des espèces. À l’âge d’or de l’évolutionnisme, l’espèce humaine était considérée comme le point ultime de l’évolution. On évitait toutefois d’établir une cloison étanche entre l’espèce humaine et les autres espèces animales. On insistait davantage sur la continuité que sur la discontinuité phylogénique. Aujourd’hui, on admet beaucoup plus volontiers que chaque changement dans l’évolution ne correspond pas seulement à une différence de degré mais aussi de nature. Nous tenterons de montrer comment ce principe s’applique au plan de la sexualité.
Pour utile qu’elle soit, l’approche phylogénique comporte néanmoins deux dangers majeurs. Le premier est le zoomorphisme qui consiste à réduire le comportement humain à celui des autres espèces et ne voir à partir des
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LA SEXUALITÉ HUMAINE
éléments comparatifs que des distinctions secondaires dans l’expression des comportements. En sexologie, cette tendance à transposer à l’humain le modèle animal a été fortement reprochée à Kinsey et ses collaborateurs (1948, 1953). Le second danger de l’approche phylogénique est l’anthropomorphisme qui consiste à étendre à tous les animaux ce qui est propre à l’humain. La théorie de la sélection sexuelle de Darwin a suscité de vives critiques en raison précisément de ses allures anthropomorphiques. Tout au long de notre étude, nous avons évité le plus possible de tomber naïvement dans l’un ou l’autre de ces pièges.
L’analyse des déterminants culturels de la sexualité humaine constitue le deuxième volet de notre étude. Pour ce faire, nous avons fait appel à l’approche transculturelle. Jusqu’à tout récemment cette approche a été peu utilisée. Dans leur recueil d’articles ethnologiques sur la sexualité, Marshall et Suggs (1971) notaient la situation suivante : « Une analyse des dix manuels importants en anthropologie fait apparaître de façon évidente que l’on ac-corde trop peu d’espace et d’attention au comportement sexuel dans les ouvrages fondamentaux portant sur le savoir anthropologique. Le volume de référence « Anthropology Today » de Kroeber non seulement ne traite pas du comportement sexuel mais les mots « sexe » ou « sexuel » n’apparaissent même pas dans l’index » (p. 220). Ce manque d’intérêt s’explique par des raisons d’ordre culturel, théorique et méthodologique. En effet, la société occidentale, d’où sont issus les ethnologues, a développé quant à l’étude de la sexualité un ensemble de tabous puissants qui s’est traduit, sur le plan scientifique, par un retard important dans la recherche sexologique dont l’essor effectif est encore récent. Il y aurait lieu éventuellement d’entreprendre une analyse des fondements idéologiques sur lesquels reposent les recherches ethnosexologiques, problème sur lequel nous comptons d’ailleurs nous pencher ultérieurement. À ce facteur s’ajoutent les réticences quant à la publication d’articles ou de données pertinentes à la sexualité, ainsi que les obstacles de type théorique et méthodologique. Les difficultés méthodologiques proviennent dans une large mesure du fait que l’activité sexuelle exige une intimité qui s’accommode mal de la présence de tierces personnes et en particulier d’un ethnologue. De plus, dans bien des sociétés, la sexualité est entourée de tabous qui empêchent la divulgation d’une information appropriée. Ces contraintes limitent en partie la précision des données sur le comportement sexuel effectif souvent confondu avec les attitudes, les normes et la conception idéologique de la sexualité propres à une société particulière. La vérification des divergences entre ces niveaux d’analyse étant malaisée, l’étude de la sexualité se trouve de ce fait ralentie d’autant plus que les modèles théoriques nécessaires à sa compréhension sont encore en voie d’élaboration.
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Malgré ces handicaps, certains excellents ouvrages d’ethnosexologie ont pu être publiés. Le livre de Ford et Beach (1951) intituléle Comportement sexuel chez l’homme et l’animalen est un exemple. Nous croyons d’ailleurs que la sexologie a une dette immense envers ces pionniers qui ont permis de mieux comprendre les fondements phylogéniques et culturels de la sexualité humaine. Plus récemment, le recueil d’articles colligés par Marshall et Suggs (1971) constitue une acquisition importante puisqu’il allie réflexions théoriques et méthodologiques en plus de présenter des résultats d’observation. Nous nous en inspirerons au cours de notre étude.
Le présent ouvrage comprend cinq chapitres. Le premier sera axé sur le dimorphisme sexuel, réalité fondamentale d’où découle la sexualité. Nous analyserons tout d’abord le dimorphisme sexuel au plan anatomo-physiologique de même qu’au plan comportemental. Nous terminerons ce premier chapitre par l’étude de l’identité sexuelle et des modes de résolution des conflits qui en résultent. Le second chapitre sera consacré à l’étude de la sexualité des mammifères inférieurs et des primates subhumains à partir de laquelle seront dégagées les principales lignes de continuité et de disconti-nuité phylogéniques. Le troisième chapitre portera sur les principales caracté-ristiques de la sexualité humaine. Nous discuterons tout d’abord de l’influence des centres corticaux supérieurs et des facteurs neurohormonaux. Ensuite, nous traiterons de la nature du cycle menstruel de la femme et de ses répercussions sur la conduite érotique. Nous nous attarderons enfin sur la question des périodicités sexuelles et des interdits sociaux de même que sur les déterminants de l’attraction sexuelle humaine. Dans le quatrième chapitre, nous analyserons les formes d’associations sexuelles pendant l’enfance, l’adolescence et la vie adulte. Dans le dernier chapitre, nous discuterons de la formation du lien hétéro-érotique, en insistant sur le contexte et le déroulement de l’interaction érotique ainsi que sur les composantes psychophysiologiques de la réponse sexuelle.
Précisons que ce livre n’est pas un traité exhaustif sur la question. Son projet est beaucoup plus modeste. D’une part, il vise essentiellement à situer la sexualité humaine par rapport à celles des espèces qui lui sont les plus apparentées et montrer comment elle peut être considérée à certains égards comme le prolongement de la sexualité animale et à d’autres comme tout à fait distincte, voire même de nature différente. D’autre part, il vise à montrer la variabilité des modes d’expression sexuelle chez l’humain à partir de l’approche transculturelle. L’intégration de ces deux optiques aidera à mieux comprendre les fondements de la sexualité humaine.
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