La Parole de Lascaux
288 pages
Français

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Description

« Tout ce que nous allons voir va être transformé, évoluer avec le génie des auteurs artistes et prendre un aspect expressif et explicatif sous diverses formes. Bien des adaptations sont nécessaires, elles sont suggérées par les auteurs de la fresque qui nous guident grâce à l’organisation des peintures et de la fresque. C’est une lecture pas à pas, dans laquelle la nature et les animaux vont devenir sources d’expressions, par leurs aspects et leurs modes de vie. Ainsi, avec les images transmises par les animaux et les scènes présentées sur la fresque, par transposition ajoutée à l’imaginaire des auteurs, ces représentations vont devenir locution. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 février 2013
Nombre de lectures 3
EAN13 9782342001556
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Parole de Lascaux
Jean-Louis Rougié
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
La Parole de Lascaux
 
 
 
Avant-propos
 
 
 
L’interprétation des grottes de Lascaux a comme point de départ une idée d’ordre fondamental pour l’humanité : « D’où venons-nous ? » Cette lecture, que l’on peut qualifier de « subjective », suit un développement, une logique propre, ainsi qu’un plan très précis, dicté au fil de l’évolution de la fresque. Dans son déploiement, elle correspond au déroulement de la vie humaine, mais aussi de la vie cyclique du temps et de la nature ; la vie des plantes y est par exemple clairement représentée. Cette végétation qui s’estompe pendant la période hivernale et perdure dans la terre pour refleurir au printemps, revient à maturité pour perpétrer la vie de manière incessante les années suivantes. À travers des représentations animales avec leurs symboliques (par métaphores et analogies), les auteurs de la fresque, dans une construction très élaborée, ont créé des scènes et des tableaux qui paraissent explicites, dont la récurrence des symboles, des formes de représentations, des signes qui leur sont associés permettent d’avancer dans la lecture et de créer des compléments et des garde-fous dans les raisonnements. Néanmoins, ces hypothétiques interprétations demeurent incomplètes et approximatives. Des lectures complémentaires sont vivement recommandées : il n’est pas possible aujourd’hui d’affirmer et de confirmer toutes les interprétations subjectivités émises, faute de points de comparaison. Cette traduction semble pourtant suffisamment cohérente pour contribuer à l’évolution des connaissances de la grande histoire des hommes. Elle permet également, grâce à la symbolique exprimée des animaux et les formes des représentations, de mettre en regard les interprétations effectuées dans d’autres grottes ornées et notamment les grottes du Quercy.
Le site de la grotte de Lascaux dans l’histoire de sa découverte
Pour établir des hypothèses d’interprétation des peintures ou des fresques de grottes ornées, des relevés de grande précision et une série d’interprétations naturalistes des représentations constituent un matériau de base. L’abbé Glory a effectué un travail remarquable sur l’ensemble des relevés des gravures de la grotte de Lascaux, malgré la faiblesse des moyens techniques dont il disposait dans les années cinquante et soixante.
Ce travail est communément reconnu de nos jours par les archéologues. Il me parait intéressant de citer l’ouvrage remarquable de Michel Lorblanchet qui, de nombreuses années plus tard, reprit et peaufina le travail interrompu de l’abbé Glory dans les grottes du Quercy, à cause d’un accident de la circulation. Certaines grottes du Quercy sont plus anciennes que Lascaux et beaucoup de relations furent sans doute entretenues entre les différentes vallées, sur la base d’une société et d’une culture communes 1 .
Il me parait souhaitable d’établir quelques jalons et repères avant d’investir la grotte est les peintures sur les parois de la grotte de Lascaux. Pour cela, je vais commencer par exposer quelques idées extraites d’ouvrages de référence.
Quant à l’interprétation de la grotte de Lascaux, je ne prétends pas effectuer un travail d’archéologue, mais plutôt m’appuyer sur les descriptions de ces derniers. Les abbés Breuil et Glory ont établi ce travail descriptif de la grotte et de toutes les œuvres faisant preuve de la plus grande précision possible dans leur transcription. Ce travail met en œuvre des moyens très importants et a obligé les deux hommes à une rigueur scientifique dans toutes les comparaisons, ainsi qu’à une abstraction détachée de toute vision subjective. Ils ont donné une interprétation réaliste des peintures et des gravures en les comparant à l’ensemble des grottes présentant les mêmes caractéristiques géographiques et « historiques ».
Après avoir réalisé les relevés de la grotte de Lascaux, L’abbé Glory poursuivit sa tâche dans la grotte de Roucadour, près de Thémines dans le Lot, située aux environ de 100 kilomètres de celle de Lascaux.
« La méthode
Dans ce contexte, nous investissions les grottes ornées du Quercy avec le recueillement et la prudence d’un explorateur pénétrant dans un monde nouveau qui restait largement à découvrir. Dans chaque cavité, les questions que nous nous posions étaient simples : que s’est-il passé dans l’ensemble de la grotte ? Quels vestiges, quels motifs, quelles traces conscientes ou accidentelles portent ses parois, ses voûtes, son sol ? Quelle était la topographie des lieux au moment de l’exécution des œuvres ? Quelles relations entretenaient les Paléolithiques avec la cavité ? Leur utilisation de la grotte avait-elle été éphémère ou durable ?
Nos moyens de réponse à ces questions étaient multiples. Dans le sillage de Breuil, Glory et Lemozi, nous considérions – et nous considérons toujours – les relevés graphiques comme la base incontournable de toute approche et de toute connaissance des grottes ornées – Équivalent de la fouille, donnant accès à des données non immédiatement perceptibles, le relevé est en lui-même une première expérimentation obligeant la main et l’esprit du préhistorien à suivre scrupuleusement les moindres détails des tracés du préhistorique, à retrouver ses élans, ses hésitations, ses moments d’interrogation et de doute, c’est-à-dire à participer à l’élaboration même de l’œuvre pour retrouver l’esprit de son auteur. Faisant apparaître des éléments infimes, souvent insoupçonnés, il établit finalement, une biographie pariétale.
Tout au long de ce travail, de multiples observations sont consignées par écrit. Fréquemment, une expérimentation finale (concernant une partie ou la totalité du panneau) vérifie les observations (Lorblanchet, 1991). Elle consiste à reproduire les peintures étudiées, en grandeur réelle, sur paroi rocheuse souterraine, dans des conditions préhistoriques d’éclairage 2 . »
 
Dans les représentations des auteurs de la fresque de Lascaux et l’interprétation que je présente, il apparait que les « Paléolithiques » (dénomination couramment employée dans la bibliographie pour désigner les hommes qui vivaient aux époques des peintures pariétales) ont plutôt exprimé des interrogations d’ordre existentiel. Les expressions que l’on peut saisir dans les scènes et les tableaux de vie sont leurs savoirs sur la vie et autres interrogations concernant ses mystères.
Introduction à la lecture de la fresque
Partons de questions toutes simples que les hommes ont dû de tout temps se poser.
La Terre, la vie, les peintures de Lascaux expriment-elles ces questionnements et quêtes de vérité 3  ?
Je propose, dans le cadre de l’interprétation des grottes de Lascaux, de comprendre, organiser, protéger la Terre ; ces composants étant des éléments fondamentaux de la démarche humaine.
La nature est pour moi un lieu de vie et de travail que je côtoie au quotidien ; elle est de ce fait devenue source de réflexion et d’inspiration. L’interprétation de la fresque de Lascaux fut une lente maturation : un élément venait frapper mon imagination, puis un autre et ce fut ainsi que débuta ma traduction. Au fil des années, un enchaînement logique est apparu. Puis la lecture du livre Lascaux et les mythes 4 , explicitant une évolution de lecture, m’a permis de mettre en valeur une suite aux différents tableaux. Aujourd’hui, la présentation d’une méthode de lecture établie dans ce livre résulte d’une succession d’élucidations personnelles, enrichie de connaissances puisées dans les travaux scientifiques et les rencontres avec les archéologues, les chercheurs qui ont accepté de m’épauler dans ma démarche. Cette trajectoire empirique a été jalonnée d’étapes décisives, où soit mon mode de vie, soit ma curiosité aiguillonnée par des découvertes de lieux préhistoriques, soit des prises de conscience nourries par mes intuitions, ont peu à peu contribué à élaborer cette méthode de lecture et à affiner mes interprétations.
Voici différentes bases et étapes de cette trajectoire physique et symbolique qui ont influencé ce rapport entre l’expérience concrète et les images :
- Ma profession d’éleveur m’a mis en contact permanent avec la nature et en relation étroite avec les animaux. Au cours de ces nombreuses années d’activité professionnelle, s’est créée une certaine symbiose entre la nature, les animaux et moi. Ce rapprochement aiguise la perception, même s’il est évident que je ne vis pas dans les mêmes conditions que les auteurs de la fresque de Lascaux, sans parler du savoir scolaire acquis, impliquant un certain conditionnement ; tâche qui s’avéra la plus difficile.
- Cette relation avec la nature a été accentuée par les randonnées sur les chemins de terre. Parcourant les sentiers, j’ai pu dire et écrire 5 que les chemins de crête étaient les chemins des hommes depuis la nuit des temps, qui autrefois reliaient les lieux et les hommes, chemins de crêtes et chemins mythiques qui nous font découvrir de vastes horizons. Dans le Haut-Languedoc, parfois, ils sont lieux funéraires, parsemés de coffres et de tumulus.
- À Rocamadour 6 , site situé sur un chemin de crête, lors de mes recherches, j’ai appris lors d’un entretien avec l’abbé Jean Lafon, qu’un rite particulier fut encore pratiqué jusque dans les années quarante. Dans un pré appelé « pré de Pâques », l’on avait pour habitude de cacher des œufs et les jeunes gens, les yeux bandés, un bâton à la main, tuaient un coq attaché à un poteau. L’abbé ayan

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