La Nouvelle Interprétation des rêves , livre ebook

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« Chacun d’entre nous rêve, et probablement de quatre à cinq fois par nuit. Mais un rêve qui s’évanouit est comme un fruit qu’on n’a pas cueilli. Un rêve qui n’est pas interprété est comme une lettre qui n’a pas été lue. Toi qui rêves, mon frère, ne raconte pas ton rêve à un inconnu ; ne laisse pas quelqu’un dont tu ignores les intentions énoncer des vérités sur toi à partir de ton rêve. Car le rêve se réalisera à partir de la parole de l’interprète. J’ai voulu écrire ce livre comme un guide d’interprétation des rêves, pour aider chacun d’entre nous dans les moments difficiles qu’il nous arrive de traverser. Ce livre est constitué de ma propre expérience de thérapeute, au cours de laquelle il m’est souvent arrivé, comme à la plupart de mes collègues, d’interpréter des rêves. Formé à la psychanalyse, j’ai toujours été convaincu que le rêve appelait par nature une interprétation. Rêver, c’est toujours et partout recevoir une interprétation !J’ai également cherché, dans ce livre, à croiser les données les plus récentes des disciplines les plus variées comme la neurophysiologie du rêve, la psychophysiologie, l’anthropologie sur le traitement traditionnel du rêve dans différentes cultures, la psychanalyse, mais aussi la mythologie. » T. N. Une toute nouvelle interprétation des rêves.Tobie Nathan est professeur de psychologie à l’université Paris-VIII. Il est le représentant le plus connu de l’ethnopsychiatrie en France. Il a notamment publié L’influence qui guérit, Psychanalyse païenne et Psychothérapies, qui ont été de très grands succès.
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Date de parution

13 janvier 2011

Nombre de lectures

29

EAN13

9782738199539

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

© ODILE JACOB, JANVIER 2011
15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
EAN 978-2-7381-9953-9
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
« Tous les rêves marchent selon la bouche. »
Talmud Bavli,
traité Berakhot
À Michaël

Je demande à mes pères l’autorisation de parler en public.
Écoute Michaël, mon fils, toi si beau, si intelligent, trop sensible aussi, sache que le monde n’est pas si difficile à vivre à condition de savoir l’interroger. Les réflexions et les méthodes que je te confie ici, je les ai éprouvées durant plus de quarante ans. Elles se sont constituées en moi, précipité de lectures, cristallisation d’expériences, pensées de fin de nuits blanches jamais consignées. Elles se sont infiltrées dans mes fibres jusqu’à se transformer en chair à tel point que je ne sais plus guère aujourd’hui les distinguer de moi. Aussi, je te les confie comme un héritage parce que je sais que, de même chair, tu en connaîtras l’usage.
Silencieux et humble devant le malheur, on se doit de partager la gaieté du savoir ; de combattre par toute la force de la pensée la banalité et l’ennui.
J’ai écrit, j’ai parlé, je me suis engagé, dans des luttes sociales, dans des combats théoriques ; j’ai été quelquefois téméraire, m’avançant sans précaution en terrain difficile, soutenu par mes seules convictions, même si, aujourd’hui, certaines me paraissent celles d’une époque. J’ai travaillé en recherchant avant tout clarté et simplicité. J’ai voulu la parole claire, comme les dessinateurs belges de bandes dessinées aspiraient en leur temps à « la ligne claire ». Mais, avant toute chose, je te recommande de rechercher la pensée, car la banalité est pire encore que le mal.
Les esprits existent. Ils sont bruissements, ils sont parfums, ils sont étincelles. Ils constituent la seule force qui s’oppose à la nuit.
Les pensées obligées sont nuit ; les pensées automatiques qui ne tirent leur validité que de la crainte du ridicule sont nuit ; les pensées fabriquées pour n’importe qui, prêtes à l’emploi, sont nuit. Elles justifient la violence, elles sèment des disparitions.
Je supplie les esprits de m’épargner les bandes, les groupes, les sociétés et les affiliés, les hordes, les meutes et les légions.
Les esprits sont idées, éclats de lumière, à la fois insaisissables et infiniment reproduits.
J’étais parti sur le chemin que m’avaient tracé les maîtres, cueillant où je les trouvais ces fragments de lumière, imaginant éviter par le silence les pièges qui le parsemaient. Les embûches étaient à chaque embranchement, aux carrefours, là où les hommes parlent entre eux contre l’un d’entre eux. Les idées sont souvent maudites par les nuées.
J’ai souvent voulu écrire ce livre, ce guide d’interprétation des rêves, mais, chaque fois, une force m’a tiré en arrière. J’avais peur, je l’avoue, peur des jugements, des anathèmes, des excommunications…
Mais le temps passe, et, dans le domaine que je vais maintenant te divulguer, bien des connaissances nouvelles sont apparues, qui ont assoupli les crispations de naguère. Michaël, mon fils, je t’ai rapporté ici, sous la forme la plus claire et la plus condensée, l’ensemble des connaissances sur le rêve – sur sa nature, sa fonction, et surtout, ce qui m’intéresse davantage, sur ses usages. Plus encore, j’ai passé ces connaissances au crible de mon expérience pour en tirer ce qui rend le rêve utile au quotidien, utile à chacun.
Tu pourras construire ta pensée sur ce qu’est le rêve, tu pourras comprendre les enjeux de ce phénomène, à la fois commun et quotidien, mais aujourd’hui encore si mystérieux. Tu pourras enfin faire quelque chose d’utile de tes rêves et guider ceux qu’il te plaira de conseiller dans le maniement de son interprétation.
Sache que le rêve peut devenir, à qui sait l’interroger, la lumière de ses nuits, un guide du quotidien et un gardien contre les dangers obscurs.
Arrive maintenant le moment de te confier quelques vérités et des connaissances pratiques. Je te les livre ici, sachant que tu en feras bon usage.
Chapitre 1
Le rêve et son interprétation

Usager des rêves, mon frère, ce livre t’est adressé. Il est destiné à tout usager des rêves – non pas seulement au rêveur – nous le sommes tous ! –, mais au rêveur qui n’a pas renoncé à comprendre. Celui qui a décidé d’utiliser la force de l’envers pour enrichir son existence. C’est lui que j’appelle « usager des rêves ».
Le rêve est un événement commun et pour une grande part collectif – tout le monde sait que tout le monde rêve ! Il est aussi un événement singulier : personne ne peut rêver à ma place ; un rêve est une expérience strictement personnelle. En cela, il est comme une prière. Observe une église, une mosquée, une synagogue, à l’heure de la prière. Chaque fidèle prie la divinité pour lui-même, quelquefois les yeux fermés, à la recherche de son intimité, mais tous font la même chose, au même moment. Plus même, ils doivent confusément savoir que leur prière a d’autant plus de chances de parvenir à son destinataire qu’ils sont plus nombreux à partager l’expérience. C’est ainsi que, dans un même village, dans une même ville, la majorité des habitants prient au même moment, rêvent au même moment – chacun pour lui-même, mais tous ensemble.
Si le rêve est produit au cœur de notre intimité, durant notre sommeil le plus profond, il est toujours perçu comme un « objet » étranger à nous-mêmes ; à la fois si proche du noyau et toujours radicalement autre. Une fois transformé en souvenir, il devient objet étrange, information de l’ailleurs, message dont on ne connaît ni l’expéditeur ni le destinataire. Il reste à l’esprit comme une question qui attend réponse. Difficile à saisir, il a tendance à s’évanouir et, pour certains rêves désagréables, il est aussi quelquefois difficile de s’en débarrasser.
Schématiquement, on peut considérer que deux doctrines ont tenté de convaincre le rêveur de l’attitude qu’il doit adopter envers son rêve. L’une, d’Aristote aux cognitivistes modernes, l’incite à négliger ce qu’elle considère n’être que les scories de ses nuits ; on la dit rationaliste, mais il n’est pas certain qu’elle soit la plus rationnelle. L’autre l’encourage à lui prêter l’attention la plus extrême, lui présentant le rêve comme une énigme dont l’interprétation se révélera décisive pour sa destinée. Cette seconde doctrine est certainement la plus répandue à travers le monde puisqu’on la retrouve, sous des formes très différentes, dans toutes les traditions culturelles. L’une et l’autre sont étayées sur de véritables arguments.
Quant à moi, je me soucierai avant tout de l’usager, n’entrant pas plus que nécessaire dans le détail des doctrines, m’intéressant plutôt à la pragmatique du rêve . J’examinerai les propositions concrètes, tentant d’en tirer une pensée cohérente. Que propose-t-on à l’homme, à la femme qui rêve ? Que doit-il faire de cet objet, ramassé en ses nuits et qui parfois l’encombre des jours durant ? Que lui propose la tradition en Afrique ? en Australie ? en Asie ? en Amérique du Sud ? Que lui propose-t-on dans nos sociétés postmodernes ? Et que fera-t-il de toutes ces propositions ? Qui le guidera dans ses choix ?
Je n’en resterai pas là. Je ne me contenterai pas d’énumérer les traditions et les pratiques. Mon ambition n’est pas de proposer un guide géographique – « touristique » – du rêve. Il ne s’agira pas seulement d’éclairer le rêveur, de l’informer des différentes sortes de praticiens qu’il est susceptible de rencontrer – ce qui peut évidemment se révéler salutaire. Je prétends aussi lui fournir une sorte de canevas pour une interprétation possible de son rêve. Car ce livre se veut avant tout méthode. Mais si, en suivant les indications que je propose, le lecteur pourra pénétrer assez loin dans l’exploration de son rêve, annonçons-lui d’emblée qu’il ne pourra jamais remplacer l’interprète.
Car, en dernier ressort, aucun rêve ne peut être interprété par le rêveur lui-même .
Si le rêveur interprète son propre rêve, il ne fera que produire un nouveau rêve. C’est une expérience que bien des rêveurs ont faite, et parfois au sein même d’un rêve où, après avoir rêvé, ils ont vu, toujours rêvant, l’interprétation de leur rêve dont surgissait un nouveau rêve.
Dans un premier temps, je fournirai de manière synthétique quelques propositions claires sur la nature du rêve – du moins sur ce que nous pouvons en dire aujourd’hui. Pour ce faire, je puiserai à trois sources : les recherches modernes , récentes, puisqu’elles ont commencé dans les années 1960, sur la psychophysiologie et la neurophysiologie du rêve, les données anthropologiques sur le traitement traditionnel du rêve dans différentes cultures et enfin les propositions psychanalytiques qui, répandues dans la culture ambiante, ont profondément marqué notre époque. Je croiserai ces données provenant de champs différents, de l’anthropologie, des neurosciences et de la psychanalyse, les confrontant, les opposant, parfois, les poussant autant que possible jusqu’à leurs conséquences ultimes.
Ce livre n’est pas un ouvrage théorique ; je l’ai plutôt conçu comme une sorte de manuel, une entreprise qui enrichit l’« usager », lui permettant d’affiner son expertise. L’expression « clé des songes » utilisée autrefois ne m’aurait pas déplu si elle n’avait été aussi négativement connotée – « clé » puisque cet

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