La France déboussolée
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La France déboussolée , livre ebook

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Description

Mais qui sont donc les Français ? Un peuple inquiet, frileux, replié sur ses peurs ou bien un peuple porté à l’enthousiasme, à l’initiative, à la générosité ? Une société ouverte ou bien une nation schizophrène ? En ce printemps 2002, les Français ont fait le jeu des extrêmes. Pourquoi ? Est-ce le prélude à des déchirements, à des affrontements plus graves encore ? Et surtout : que faut-il faire pour conjurer la menace d’une vraie explosion ? Un regard nouveau sur la France d’aujourd’hui. Un éclairage sans concession sur la France de demain. Sociologue, Robert Rochefort est directeur général du CREDOC. Il a publié La Société des consommateurs, Vive le papy-boom et Le Consommateur entrepreneur.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2002
Nombre de lectures 6
EAN13 9782738185310
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ROBERT ROCHEFORT
LA FRANCE DÉBOUSSOLÉE
 
 
Du même auteur aux éditions odile jacob
La Société des consommateurs , 1995, réédition « Poches Odile Jacob », 2001.
Le Consommateur entrepreneur , 1997.
Vive le papy-boom , 2000.
L’Environnement, question sociale (coll.), 2001.
© Odile Jacob, octobre 2006 15, rue Soufflot, 75005 Paris
ISBN : 978-2-7381-8531-0
www.odilejacob.fr
Table

INTRODUCTION
PROLOGUE. D’AMÉLIE À JEAN-MARIE : DU RÊVE AU CAUCHEMAR ?
Nostalgie, nostalgie…
Amélie fait de la politique malgré elle
Une séduction « hypnotique »
Les petits bonheurs sont communicatifs
CHAPITRE PREMIER. MALAISE EN FRANCE
Après le 11 septembre
Les politiques ratent le coche de l’euro
L’effet boomerang des 35 heures
L’individu-roi
La fin de la grandeur
Plus de pauvres et plus de riches
CHAPITRE II. CROIRE, MAIS EN QUOI ? ET QUI ?
L’entreprise déçoit
Pauvres institutions internationales…
La caste politicienne
La République est fatiguée
Des médias omniprésents
La religion est désormais un fait très minoritaire
La famille, c’est privé
CHAPITRE III. QUE LA CAMPAGNE COMMENCE !
À la recherche du clivage disparu…
Jean-Pierre Chevènement séduit… les médecins
Alain Madelin et François Bayrou font éclater la famille « libéro-centriste »
Les rouges et les verts dans la tempête
Besancenot fait de l’ombre à Arlette
L’extrême droite à deux têtes
Finalement, une campagne qui n’accroche pas
40 % d’électeurs indécis
CHAPITRE IV. LES FRANÇAIS SE FONT PEUR
L’attention se focalise sur l’impunité de la délinquance des jeunes
Les médias amplifient le sentiment d’insécurité
La sécurité est-elle un thème de droite ?
Toutes les autres peurs se cristallisent…
Comment transformer l’inquiétude en énergie positive ?
CHAPITRE V. Y AURAIT-IL DES SUJETS QUI FÂCHENT ?
Surtout, ne pas parler de l’avenir des retraites
Le mécontentement des professionnels de santé
L’Europe, l’éternelle oubliée
Et l’intégration des immigrés, alors ?
L’école et la jeunesse
CHAPITRE VI. LE COUP DE TONNERRE DU 21 AVRIL
Les sondages doivent être publiés avec leur marge d’erreur
L’électeur est un stratège et un consommateur
La France n’est pas un pays protestant
Qui a voté pour Le Pen ?
Les Français sont-ils racistes ?
Sous le choc, on s’ébranle
Vu du reste du monde
CHAPITRE VII. CHIRAC, LA MARSEILLAISE, LES BLEUS
Le front républicain a fonctionné
Quelques glissements à l’extrême droite
La Marseillaise est sifflée dans les stades
L’espoir déçu de la Coupe du monde
Quelles conséquences à la défaite des Bleus ?
CHAPITRE VIII. LA FAUSSE ÉCHÉANCE DES LÉGISLATIVES
Le rituel des soirées électorales
Qui sont les abstentionnistes ?
Des législatives de confirmation
Paris n’est pas la France
Jacques Chirac et l’électeur consommateur
CHAPITRE IX. LA FIN DU PSYCHODRAME
La France d’en bas se reconnaît en Jean-Pierre Raffarin
D’abord, la baisse des impôts
Le pari de la croissance
Vivendi Universal : un rêve expansionniste à la française se brise
Responsables politiques et chefs d’entreprise sont-ils du même monde ?
Une nouvelle politisation de la jeunesse ?
ÉPILOGUE. PLUS JAMAIS ÇA ?
Le poids excessif de l’économie
L’État doit découvrir le management
L’individu est pris au piège d’un excès d’individualisme
Sortir de nos égoïsmes
REMERCIEMENTS
Pour Agnès, fidèlement,
pour Thomas et pour Vincent qui ont
élu pour la première fois leur Président.
 
INTRODUCTION
 

— La Grande Frousse —
Jean-Pierre M OCKY , 1964.
Il n’y a pas eu de bug pour le passage à l’an 2000. Il n’y a pas eu de bug lors de l’arrivée de l’euro. Mais, en France, il y a eu le bug de l’élection présidentielle du printemps 2002. Le duel du second tour entre Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen, personne ne s’y attendait. On ne l’avait pas prévu. C’est pour ça qu’il a eu lieu.
Quelques jours avant le premier tour de l’élection présidentielle, le grand hebdomadaire américain Time faisait sa une avec cette question prémonitoire : « Why France is different ? » Dans la réponse, lui aussi avait tout faux : alors qu’il fêtait la fraîcheur printanière d’Amélie Poulain, c’est le terrible spectre du repli régressif de l’extrême droite qui menaçait déjà. Pétrie d’inquiétude, la France s’est fait peur. Avant de se rassurer deux semaines plus tard avec la victoire écrasante de Jacques Chirac. Mais il faut prendre l’ampleur de son désarroi. Il est illusoire de prétendre que l’insécurité a été amplifiée. Le malaise est profond et même beaucoup plus large qu’on ne l’imagine. La France a perdu ses repères, elle est inquiète, déboussolée.
Certes, il y a la peur de l’agression dans la rue, du cambriolage dans les cités ou du racket dans les cours d’école. Tout cela existe, mais il y a beaucoup d’autres préoccupations : avenir des retraites, conséquences de la mondialisation, crise de la vache folle, manipulation des organismes vivants… Et puis, à l’échelle de l’hémisphère Nord, le monde vit depuis le 11 septembre 2001 avec le risque terroriste. De temps en temps, on nous apprend que la France, avec l’Angleterre, serait l’un des pays les plus menacés.
Chaque semaine amène une nouvelle déstabilisation, une nouvelle inquiétude. Face à cela, les institutions faites pour rassurer ne le peuvent plus guère. Ceux qui les animent sont fatigués, ils ont perdu la foi. On n’a pas assez réfléchi au désastre qu’a pu provoquer, au cours des derniers mois, la vision de gendarmes bloquant les entrées d’autoroutes, le spectacle des policiers manifestant avec leurs sirènes dans les rues, des douaniers stoppant les TGV… Toutes les forces de l’ordre auxquelles notre société accorde le port d’armes à feu se sont comportées en vulgaires contestataires. Et que penser de ces enseignants qui, il y a quelque temps déjà, face à Claude Allègre, ont publiquement brûlé leur carte d’électeur ? Et des médecins qui, pour obtenir la consultation à 20 €, après de longs week-ends de grève des gardes, se sont mis en arrêt maladie, le printemps dernier, pour ne pas être réquisitionnés par les préfets ?
Tout cela est venu s’ajouter aux procès qui ont mouillé de nombreux responsables politiques. Avec de tels chahutements de symboles, on accélère la perte des repères ! Comment un gendarme peut-il encore rétablir l’ordre avec légitimité ? Comment un médecin peut-il refuser un arrêt maladie de complaisance à l’un de ses clients ? Comment un responsable politique peut-il convaincre ses électeurs ? Dans tous ces groupes, certains ne se sont pas mieux comportés que les sauvageons des cités difficiles. Pire, ils l’ont fait avec une totale bonne conscience. Comment pourraient-ils montrer l’exemple ?
Mais la France a surtout mal à son identité. Pouvons-nous rester ce que nous sommes, un peuple riche de sa culture humaniste, ou bien sommes-nous condamnés à la banalisation marchande et financière qui gagne la planète ? Ce n’est pas un hasard si celui qui incarne, d’une façon très caricaturale, la résistance à la mondialisation, José Bové, porte les moustaches d’Astérix. Sauf que nous n’avons plus la potion magique. Sinon, aurions-nous perdu cette Coupe du monde pour laquelle nous nous croyions favoris ? Il arrive que le carrosse redevienne citrouille. C’est ce qui s’est passé en Corée du Sud le 11 juin 2002 au matin. Et nous qui pensions que Zidane était tombé tout petit dans la marmite de potion magique ! Après la défaite, Zidane s’est excusé de ne pas avoir fait de « miracle », et José Bové est allé faire un séjour en prison. La France découragée a laissé le premier prendre de longues vacances et n’a même pas bronché à l’embastillage du second. Six mois plus tôt, les cortèges et les manifestations auraient fait du bruit. Mais, en ce printemps étrange, José Bové semble déjà passé de mode. Provisoire, peut-être là aussi.
Sur la planète foot, au cours de ce Mondial, la France est brutalement retombée en deuxième division. C’est temporaire, espérons-le. Mais n’est-ce pas la même chose dans son rayonnement politique international ? La France est une puissance moyenne qui a la prétention de donner des leçons au monde. Elle pense qu’elle possède l’une des cultures les plus subtiles, à vocation universelle. Mais nous ne sommes plus au XIX e  siècle. Ce ne sont plus la diplomatie ou la finesse des idées, c’est l’argent qui fait tourner la planète. Et notre pays n’a plus les moyens de ces aventures solitaires, comme le passage aux 35 heures.
Les Français sont tiraillés. Tantôt ils s’adaptent aux exigences de cette modernité néolibérale, ils adoptent la flexibilité au travail, apprennent les langues étrangères, voyagent et même investissent à l’étranger. Tantôt ils cultivent leur retard, comme dans la modernisation de l’État ou la réforme des retraites. Ils changent d’avis souvent, et le reste de la planète leur sert de bouc émissaire. On dit que la droite y est la plus bête du monde, mais la gauche y demeure l’une des plus archaïques d’Europe. Il faudra bien que les deux camps fassent leur aggiornamento . Certains s’y activent déjà.
Et pourtant, notre classe politique est composée dans l’ensemble d’hommes et de femmes de qualité. On aurait tort de tout leur reprocher. C’est parce qu’on leur donne des mandats impossibles – réformer et préserver tous les acquis –, c’est parce qu’on leur interdit de dire la vérité sur ce que nous sommes réellement – un peuple riche, généreux dans ses discours et égoïste dans ses pratiques – qu’ils ne peuvent que nous insatisfaire.
Ce printemps 2002 a été un choc. La campagne la plus monotone qui soit a débouché sur les résultats saisissants du premier tour des présidentielles. Nous allons chercher à comprendre le fil de ces événements à la lumière de tout ce que la société possédait déjà d’informations sur elle-même, sur ses doutes et ses hésitations. Qu’il s’agisse d’une lecture de l’actualité, de sondages d’opinion ou d’études plus approfondies. En six mois, du début de la nouvelle année à l’inst

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