La Fabrique de l’homme pervers
94 pages
Français

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La Fabrique de l’homme pervers , livre ebook

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Description

De plus en plus nombreux dans notre société, les pervers narcissiques constituent près de 10 % de la population. Ils ont une organisation psychique très rigide et archaïque, caractérisée par l’emprise et la jouissance. Leur destructivité est considérable. Comment les repérer ? Y a-t-il un profil type de victime ? Comment sortir de leurs griffes ? Plus largement, quelle est l’importance de l’éducation, des rôles spécifiques de la mère et du père dans la fabrique de cette perversion ? Encore plus largement, notre société n’est-elle pas en train de se transformer en une véritable fabrique de pervers ordinaires ? Dominique Barbier est psychiatre, psychanalyste et psychothérapeute. Il est spécialisé dans l’aide aux victimes. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 février 2013
Nombre de lectures 4
EAN13 9782738177414
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© ODILE JACOB, FÉVRIER 2013
15, RUE SOUFFLOT , 75005 PARIS

www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-7741-4
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
À Geneviève, première lectrice, avisée, aux conseils judicieux, d’intelligence convaincante, au trait pertinent, en témoignage de ta capacité d’écriture… et de tout ce que je ne dis pas ! À Justine et à Charlotte, pour votre cheminement à travers les rocailles, votre humour décapant, votre inventive créativité et votre immédiate compréhension. Vous êtes des artistes, ne l’oubliez pas !
Sommaire
Couverture
Titre
Copyright
Dédicace
CHAPITRE I - Narcissiques et absolument séducteurs !
L’histoire d’Hélène
Vous avez dit narcissique ?
Le moteur pervers
La méthode perverse
La route étrange de l’homme pervers
La pratique de la confusion
Prendre l’autre pour une toupie, ou comment jouir à tout prix…
CHAPITRE II - Un narcissique sans mystère
Déni et clivage : deux armes essentielles
Alors que le psychopathe est intolérant à la frustration…
… le pervers, lui, recherche la jouissance
Le pervers est un destructeur
L’amoralité du pervers
Il est difficile de se remettre de la rencontre avec un pervers
L’absence d’altérité du pervers
Qu’est-ce qui caractérise le pervers narcissique ?
Le pervers tente d’échapper à quelque chose
Une organisation rigide et archaïque
CHAPITRE III - Un abus de maternage ?
Le maternage est un art
La relation et l’altérité
L’allaitement
Le portage
Maternage et pleurs
Les trois fonctions maternelles indispensables
Le vert paradis de la prime enfance
Que deviennent les enfants mal maternés ?
Passer de deux à trois
CHAPITRE IV - Que font les pères ?
Non, tout n’est pas possible
La paternalité
La version du père empêche la perversion
Le don du manque
L’apprentissage du plaisir, l’immédiateté de la pulsion
La fonction paternelle, rempart contre la perversité
Le glissement pervers
La chasse au père
CHAPITRE V - Le socle de la conscience morale
Mourir de jouir : des rats, précurseurs de l’homme ?
Nous avons trois cerveaux !
Freud et la pulsion
L’intégration morale
Le Surmoi, base de l’interdiction
CHAPITRE VI - Tuez les pères, et vous ferez des pervers ?
La mort de Dieu préfigure celle du père
La mort du père
La paternité flottante, stigmate d’une société perverse avancée
Le père à la fête ?
De l’intérêt du patriarcat dans la frustration
Le déséquilibre matriarcal
Mère archaïque ou mauvaise mère ?
Vers une société de la dévoration et de la déconstruction ?
Comment nous avons intériorisé le modèle du marché
L’absence de consistance
Et maintenant ?
Notes et références bibliographiques
Pour en savoir plus
Remerciements
Du même auteur chez Odile Jacob
Avant-propos

Il y a quelques décennies à peine, il était de bon ton de souffrir, de traverser la vie avec douleur et de le faire savoir. La névrose était largement répandue, la culpabilité, omniprésente. Et voici qu’elle devient peau de chagrin, cette culpabilité qui nous rongeait, et qu’elle se trouve remplacée par la manipulation et la jouissance. Si, avant, chacun jouait la partition du malheur en tentant de dépasser l’autre, car l’homme est ainsi fait qu’il veut toujours dominer, aujourd’hui, chacun cherche à signifier qu’il est heureux, que tout va très bien. Tout va très bien, madame la marquise !
Que s’est-il passé pour qu’en si peu de temps on aboutisse à un tel changement ? Comment expliquer, par exemple, que les Français se déclarent heureux à 95,3 % selon un sondage récent I  ? On pourrait se réjouir d’un tel chiffre, certes, mais y a-t-il, à y regarder de plus près, tant de raisons que cela d’être heureux ? Ce bonheur revendiqué ne signifie-t-il pas plutôt que nous ne voulons plus voir ce qu’il y a autour de nous ? Que nous ne voulons plus être autant atteints par la misère du monde ? Que nous préférons nous cacher derrière des piles de vêtements plein les armoires et consommer, consommer jusqu’à l’anesthésie ?
Nous ne voyons pas qu’en ne supportant plus le manque et en élevant nos enfants de façon qu’il ne soit plus à l’œuvre dans leur construction nous ne laissons plus advenir le désir qui chuchote. Nous voulons calmer le besoin, un besoin-angoisse qui nous tyrannise et nous donne un faux-semblant de bonheur au détriment d’un statut d’homme qui ne courrait pas après son ombre. Nous ne voulons pas voir à quel point nous fabriquons des pervers ordinaires, qui ne tiennent plus compte d’autrui, dont la destructivité est considérable, eux qui vont devenir dans quelques années parents à leur tour. Ne peut-on d’ailleurs considérer que la société du XIX e  siècle, très névrotique, a évolué globalement vers la perversité, le pervers ordinaire étant en quelque sorte l’équivalent d’un petit pervers narcissique ?
Qu’est-ce qui nous a fait ainsi basculer de l’air ambiant névrotique à l’air ambiant pervers ordinaire ? Comment expliquer que l’autre, aussi, soit désormais chargé d’entretenir une jouissance qui ne doit jamais faiblir ? Qu’il soit devenu celui dont je me sers pour avoir plus de plaisir ? Dans ce rapport-là, bien sûr, tout le monde ne part pas à armes égales. Un déséquilibre peut s’installer rapidement, car certains – les pervers narcissiques en premier lieu – savent mieux que personne manipuler pour rentabiliser leur petite entreprise jamais en panne. Et les autres, plus fragiles ou qui ont simplement gardé plus d’humanité, s’installent peu à peu dans un malaise dont ils ne saisissent pas l’origine. Ils se sentent doublement coupables, car ils ne comprennent pas qu’en donnant autant d’eux-mêmes ils récoltent si peu – ou tant de douleur. Ils prennent sur eux la culpabilité induite par le pervers narcissique qui sait si bien leur transfuser la sienne. Cette manipulation, la plupart du temps, se fait de façon anodine ou insidieuse ; elle en est d’autant plus efficace, affaiblissant durablement ses victimes. Les phrases prononcées sont apparemment sans importance, quelquefois au comble de l’insignifiance, mais elles amenuisent toujours l’autre, faisant de lui un objet. À l’arrivée, la radioactivité du pervers narcissique est telle que ses proies ne savent plus où elles en sont ni même ce qu’elles ont fait pour en arriver là. On ne consomme plus seulement des biens matériels – ce mot, comme par hasard, si proche de « maternel » –, on consomme aussi des êtres humains.
Actuellement, ces pervers narcissiques se développent d’une façon exponentielle – entre 10 % et 30 % dans la population générale, estime-t-on. Ce phénomène est inquiétant et nécessite une prise de conscience générale du problème, car, si on découvre la manipulation à l’œuvre dans la relation, la « désemprise » peut commencer. Certes, la marchandisation de l’existence favorise un désenchantement du monde, et notre société est devenue une « fabrique de pervers », mais rien n’impose que l’emprise et la jouissance, qui sont les deux caractéristiques fondamentales de la destructivité du pervers narcissique, se développent autant. L’éducation, l’importance d’un maternage adéquat, une fonction paternelle d’intégration d’autrui et de la loi peuvent permettre, en effet, un changement du lien social et enrayer le phénomène. La reconnaissance d’autrui, le sentiment d’altérité et la lucidité fondent l’humanité et l’humilité de l’homme, qui sont à l’opposé de la perversion narcissique.
CHAPITRE I
Narcissiques  et absolument séducteurs !

Le pervers narcissique cherche à détruire sa proie en lui inoculant sa toxine. Parce qu’il est incapable d’accepter qu’il a en lui-même, comme tout le monde, une part mauvaise, contre laquelle il devra toujours lutter. Cette angoisse dépressive de se reconnaître mauvais, le pervers veut en faire l’économie, et il la transfère sur sa proie qu’il va annexer et dévaloriser après l’avoir ferrée. Il fait croire à l’autre que ses actes et ses décisions sont personnels, alors qu’ils sont dictés par sa perversité. La proie est télécommandée, elle ne le sait pas et elle va mal…

L’histoire d’Hélène
Hélène a 38 ans. Mariée, elle a eu un fils, Philippe, âgé de 19 ans. Elle a ensuite divorcé. Quand elle a rencontré Albert, elle a très vite décidé de vivre avec lui. Cela fait maintenant huit ans.
Il y a trois ans, elle a cessé de travailler à la suite d’une maladie auto-immune. Elle explique que sa relation avec Albert a d’emblée été très forte. Il venait de perdre sa femme, Jeannie, qui s’était suicidée dans des conditions plutôt étranges : il l’avait retrouvée pendue dans la pièce du dessous. Selon lui, la veille, rien ne s’était passé entre eux ; il lui avait seulement dit qu’il envisageait de se donner la mort à cause des conflits permanents qu’elle lui occasionnait et dont il la jugeait pleinement responsable…
Hélène a dès le début joué un rôle maternel, aimant et protecteur dans lequel elle s’est sentie valorisée. Placée sur un piédestal, elle s’investit dans son couple, croit en lui et se sent bien. De leur union naissent deux jumelles qui ont aujourd’hui 4 ans. C’est à partir de leur naissance d’ailleurs que les choses commencent à se dégrader. Albert rentre tard le soir. Il paraît grincheux, tendu, s’énerve facilement, ne veut pas être dérangé.
C’est à ce moment-là aussi que des voisins commencent à dire du mal d’Albert et à semer l

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