La Dépendance amoureuse
72 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La Dépendance amoureuse , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
72 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

« Je tombe tout le temps amoureuse, mais ça ne dure jamais… » « Je fais tout pour séduire et, quand j’y arrive, je suis déçu, je cherche ailleurs… » « J’ai besoin d’être en couple pour me sentir exister… » « J’ai tellement peur qu’on me quitte que je suis prête à tout accepter… » « Je ne supporte pas de m’endormir seul, même un soir… » Ces petites phrases, et bien d’autres, évoquent une même situation : la dépendance amoureuse. Les drogués de l’amour ne se ressemblent pas tous : certains aiment maladivement la séduction, la passion, la fusion ; d’autres ne peuvent pas « lâcher » leur partenaire ; d’autres encore sont « accros » au sexe. Tous ont en commun de ne pouvoir vivre pleinement une histoire d’amour. Et si la dépendance amoureuse n’était pas de l’amour, mais de la dépendance ? Et si, en amour aussi, il fallait grandir pour pouvoir passer de la dépendance à l’individuation ?Psychiatre, psychothérapeute, directeur de l’enseignement de sexologie à l’université de Nantes, François-Xavier Poudat est spécialisé dans les thérapies de couple et le traitement des troubles sexuels. Il a déjà publié Bien vivre sa sexualité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 octobre 2005
Nombre de lectures 19
EAN13 9782738187673
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

©  O DILE J ACOB, 2005, AOÛT 2009
15, RUE S OUFFLOT, 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-8767-3
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
« Si je diffère de toi, loin de te léser, je t’augmente. »
S AINT- E XUPÉRY ,
Lettre à un otage , Gallimard, 1974.
Introduction

Depuis plus de vingt ans, le même constat ne cesse de m’étonner : un couple est aussi vrai et honnête quand il s’aime que quand il se quitte ou se déchire. La violence déployée dans les crises ou les séparations équivaut, à peu de choses près, à l’énergie dépensée pour capter l’attention de l’autre, le séduire, l’aimer, en être aimé. Nos choix amoureux sont un autre exemple de cette complexité. Les critères qui les expliquent sont très souvent ceux qui nourrissent plus tard les reproches et les drames ou qui sont à l’origine de la rupture. En clair, on choisit quelqu’un pour son côté rassurant ou son indépendance et on en vient un jour à ne plus le supporter pour son côté collant ou ses absences…
Ma pratique m’a amené à recevoir de très nombreux couples, encore amoureux ou plus du tout amoureux. Il m’est arrivé, tout aussi souvent, de recevoir des femmes et des hommes seuls, qui ne voulaient pas de couple, qui lui préféraient la passion ou l’aventure d’un soir. Au fil de mes consultations, il m’est apparu de plus en plus clairement qu’on ne pouvait comprendre la constitution ou la disparition du lien amoureux, voire le refus de tout lien amoureux, sans prendre en compte un paramètre simple et essentiel. Je veux parler du type de dépendance qui, chez chacun de nous, détermine notre relation aux autres. D’une façon générale, plus l’autre va me « servir » à combler mes attentes, à apaiser mes craintes, à obtenir ce que je n’ai pas reçu ou à retrouver ce que j’ai perdu et plus ma dépendance envers lui sera forte. Un couple est toujours beaucoup plus que l’addition de deux personnes ; c’est un véritable système créant un ensemble dynamique plus ou moins stable ; c’est un système homéostasique. Il n’y a pas de persécuteur sans persécuté, de protecteur sans protégé, d’actif sans passif, de dévoué sans égoïste, de solide sans inconsistant, de sérieux sans fantaisiste, de « rôle-maman » ou « rôle-papa » sans « rôle-enfant ».
Trois grands modes de dépendance amoureuse retiendront notre attention ici ; dans leurs versions extrêmes, ils correspondent à des profils psychologiques précis et font suite, le plus souvent, à des histoires de vie caractéristiques. Ce sont :
 
–   La dépendance à un certain type de relation amoureuse (séduction, passion, fusion…), laquelle peut s’exprimer dans le couple ou hors du couple.
–   La dépendance à l’autre , la personne aimée dans le couple que l’on forme.
–   La dépendance sexuelle , qu’elle qu’en soit la forme, que l’on soit seul ou pas, en couple ou pas (conduite sexuelle solitaire et répétitive, utilisation du partenaire sexuel de manière compulsive ; fixation sur une partie du comportement sexuel…).
 
Certes, en matière de sentiments ou de sexualité, la marge est étroite entre le normal et le pathologique. D’une certaine façon, et jusqu’à un certain degré, nous sommes tous dépendants de l’autre (nous l’aimons !), de l’histoire que nous avons avec lui (nous y tenons !) ou du plaisir que nous apporte notre vie sexuelle (nous en redemandons !). Cela étant, nous sommes, malgré tous ces liens de dépendance, encore capables d’exister par nous-mêmes, d’avoir d’autres centres d’intérêt, de mener d’autres activités. Les vrais dépendants n’ont, eux, plus cette liberté : dans leur cas, la relation à deux ou la sexualité sont devenues vitales, au sens propre ; ils ne peuvent plus s’en passer ; ils en ont besoin de façon obsessionnelle pour combler leur solitude, calmer leur angoisse, remplir un vide, ne pas couler. Autant dire, évidemment, qu’à ce niveau de dépendance amoureuse, il n’y a plus vraiment d’amour : il n’y a plus que de la dépendance. C’est-à-dire beaucoup de souffrances, de drames, de crises qui, très souvent, finissent par provoquer l’effondrement personnel ou la rupture du couple I .

I - Vous trouverez à plusieurs reprises, au cours de votre lecture, des références à tel ou tel film, français ou étranger. Le cinéma offre, en effet, une bonne bouée de sauvetage à qui veut sortir de la dépendance amoureuse. Pour plus de détails, voir la liste figurant, à titre indicatif, en fin d’ouvrage.
Chapitre premier
De l’attachement  à la dépendance

Nous allons progressivement entrer dans ce qui fait la complexité des relations entre les êtres et les choses, dans le monde de l’attachement et de la dépendance. L’attachement et la dépendance ont en commun de permettre l’établissement d’un lien permanent entre deux entités distinctes, pour autant leur dynamique n’est pas la même. L’attachement, dans son acception quotidienne (« je suis attaché à quelqu’un »), témoigne d’un lien fort, mais ne dit rien du degré d’autonomie à l’intérieur de ce lien. Classiquement, l’attachement n’empêche pas le détachement, bien au contraire : grâce à un bon amarrage, l’exploration du monde sera plus aisée. La dépendance, à l’inverse, témoigne d’un lien plus fort en intensité et en durée ; elle a pour conséquence d’éviter la découverte du monde, « accrochant » les deux entités l’une à l’autre comme si c’était l’unique chance de survie. Commençons par une petite histoire.

ET, l’extraterrestre
Quand le moment arriva pour lui de voir comment était fait le monde, il ne s’était, évidemment, jamais demandé s’il était prêt à prendre le risque de vivre cette expérience, il était là et il n’avait plus le choix : il ne pouvait plus retourner en arrière. Dans sa naïveté, il était disposé à accepter ce qu’on lui donnerait : des mots, des gestes, une présence – un lien, en fait. Il avait déjà perçu, avant sa sortie, que tout n’était pas simple, il avait ressenti toutes sortes de sensations qui l’avaient bouleversé ; elles étaient parfois drôles, parfois apaisantes, parfois énervantes, parfois douloureuses. Il ne savait évidemment pas que cela s’appelait joie, bonheur, amour, fatigue, stress, angoisse, peur, haine ou violence, mais, déjà, à cette époque, quand il était encore à l’intérieur du ventre de sa mère, il sentait qu’il y avait parfois de « l’eau dans le gaz » et que tout n’était pas simple, là-bas, dehors. Était-il « quelque chose » ? Était-il déjà quelqu’un ? Difficile de répondre, il respirait, il pensait ; il se rappelait aussi qu’à son arrivée au monde, il avait pleuré.
Ensuite, durant ses premières années, il a été adulé (par amour), câliné (par attachement), papouillé (par besoin), montré (par fierté), singé (par bêtise), laissé tout seul (par énervement), rejeté (par angoisse), abandonné (par vengeance). Il a senti qu’il « servait » à des choses qui n’avaient pas forcément de rapport avec ses propres besoins. C’est alors qu’il connut ses premières frayeurs et ses premières frustrations. Malgré tout, il décida de s’accrocher à la vie, mais savait-il qu’on ne lui laisserait peut-être pas le choix des moyens pour y parvenir ?
Les années passant, il comprit que, pour s’en sortir, il fallait user de stratagèmes pour capter l’attention de son entourage et exister dans le regard de l’autre. Cela fut très dur de trouver la bonne stratégie, car les autres ne se sont pas laissé faire. Sa première stratégie fut d’être très sage, de faire plaisir, de répondre à ce qu’on voulait de lui. Il décida donc de bien travailler à l’école, de ne pas poser de questions, de ne pas faire de peine, de ravaler ses tristesses, de ne pas montrer ses colères, d’être sage comme une image. Il entendit ses parents dire qu’il s’élevait tout seul, qu’il ne posait pas de problèmes et qu’avec lui, tout semblait simple. En fait, tout n’était pas si simple, car, en calculant bien, il avait plus donné que reçu, plus attendu que pris. Il comprit que « ravaler » et être gentil calmaient ses proches, mais pas lui : cette petite vie solitaire, si répétitive, avait rendu le monde extérieur effrayant.
Très rapidement, à cause de la présence auprès de lui de frères, sœurs et camarades de jeu, il dut changer de stratégie. Sa deuxième stratégie, donc, consista à être malade et fragile, par souffrance ou par calcul, mais il se fit peur, car il alla loin, trop loin, perdant parfois le contrôle de son corps. Il ne savait plus trop où il en était, que n’aurait-il pas fait pour obtenir de l’amour, de la compassion, des câlins ? Son entourage prit peur aussi, il fut protégé, materné, puis, bousculé et même rejeté selon les humeurs des uns et des autres. Il tenta alors une troisième solution et décida de faire des bêtises, au départ sans grande conséquence. Cela marcha plutôt bien ; de nouveau, on prit peur autour de lui, mais rapidement, on redevint énervé, distant ou rejetant, comme avant. Alors, il fit encore pire et il reçut encore moins. Faute de mieux, il se résigna à utiliser ce qui lui paraissait le moins mauvais et le moins dur à vivre ; il prit ce qu’il y avait de bon (et il y en eut) ; il supporta l’acceptable, voire l’inacceptable ; il fit des contorsions pour s’en sortir. Il comprit qu’il était toujours à la merci de ses géniteurs et de leurs besoins, mais que ceux-ci étaient parfois, malgré cela, sensibles à ses désirs à lui, à ses manques. Il se sentit plein « de creux et de bosses », plein

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents