La construction sociale des faits de parenté, de famille et de communauté
380 pages
Français

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La construction sociale des faits de parenté, de famille et de communauté , livre ebook

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Description

Le mode de pensée positif n’a de chance d’opérer qu’adossé au postulat aux termes duquel la possibilité de connaissance est tributaire du maintien de la distance constitutive du rapport du sujet de connaissance à son objet. Il y va tout aussi de la stabilité de la connaissance et, corrélativement, des institutions sociales qui la produisent. En effet, perçues à l’état dynamique de modus operandi, celles-ci comme celle-là perdent leur consistance de faits consolidés et plongent dans l’incertitude et le chaos auxquels les voue la contingence inhérente à toute perception réduisant les faits du monde au processus de construction sociale de leur réalité. De crainte de basculer dans le relativisme auquel telle perspective constitutive donne lieu et qui est propre à ouvrir, comme une boîte de Pandore, un éventail d’inépuisables possibles insoupçonnables et incontrôlables, la raison positive n’a d’autre choix que de savoir raison garder en n’ayant garde de quitter le socle solide et sûr sur lequel elle assoit sa perception des faits du monde, à savoir la présupposition fondamentale de l’existence d’une réalité extérieure dotée a priori d’une objectivité indépendante des modes de représentation dont elle fait l’objet, une objectivité sui generis. Le risque de basculement dans l’ « absurde » inhérent à tout abandon de cette présupposition fondamentale est manifestement plus grand quand il est question de catégories de connaissance sociale aussi enracinées dans le raisonnement pratique de la communauté M’jebri et de formes d’organisation sociale aussi établies dans son mode de vie collectif que la parenté, la famille et la communauté.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 juillet 2021
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414429790
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-42978-3

© Edilivre, 2021
Dédicace

A Mehdi et Abdoullah
Introduction
Les faits de parenté et de famille sont de cette sorte de faits sociaux qui occupent dans les sociétés humaines une place de premier ordre dans les pratiques de discours des membres. Il suffit pour s’en apercevoir de noter dans les interactions de tous les jours que ceux-ci engagent entre eux dans leurs espaces domestiques et dans leurs rencontres à différentes occasions sociales et publiques la place qu’ils accordent à l’échange d’expressions d’affection et de bienveillance, aux discussions sur la socialisation et l’éducation des enfants, les fêtes de famille et les soins à prodiguer aux parents et grands-parents, aux récits de querelles et de drames de famille, aux plaidoiries familialistes des activistes politiques et associatifs, aux audiences et aux décisions des tribunaux de la famille,  aux données quantitatives et qualitatives sur les familles élaborées et rendues publiques par les organismes d’État compétents, aux comptes rendus de recherche psychologique, sociologique, anthropologique, juridique et historique sur la parenté, la famille et leurs rapports à la communauté ou la société et aux débats qu’ils suscitent, aux apologies ou mises en cause des usages faits en contexte électoral dans certains milieux sociaux des rapports de parenté et de famille et de leurs prolongements communautaires, aux spots publicitaires usant du mode de vie familial pour faire la promotion de certains produits ou services et à bien d’autres pratiques de représentation liées d’une manière ou d’une autre à ces faits.
Leur étant trop familiers, les membres perçoivent les faits de parenté et de famille comme des faits naturels de la vie. Au-delà des variations particulières que les pratiques de représentation et les catégories de langage et de culture peuvent revêtir d’une société à une autre, leur trait le plus commun et le plus dominant réside en ceci que les membres perçoivent ces faits et en rendent compte comme de choses toujours déjà dotées de réalité objective. Ces faits sont à leurs yeux bien réels et fondés sur des bases biologiques et doivent être représentés comme tels.
Ce mode de raisonnement positif, nous le rappelons, n’est pas propre aux espaces de vie domestique et sociale et aux membres ordinaires qui s’y meuvent. Il est également à l’œuvre dans les espaces de vie publique : les acteurs politiques, administratifs, économiques, sociaux, religieux, médiatiques, pédagogiques et culturels pratiquent le même mode de raisonnement dans l’accomplissement concret de leurs propres activités pratiques. Plus encore, il n’est pas propre à la folk sociology pratiquée d’ordinaire par les membres ordinaires et ceux parmi eux qui animent la vie publique et diverses autres espaces d’activité spécifiques. L’on en constate l’opération tout aussi dans les pratiques d’enquête et de représentation des membres qui pratiquent la science sociale professionnelle. Quelle que soit la nature (descriptive, explicative, interprétative, évaluative, narrative, normative, pragmatique…etc.) des pratiques de discours dont il peut user pour les représenter, le mode de raisonnement sociologique, aussi bien ordinaire que professionnel, utilise les catégories et notions constitutives des faits de parenté et de famille et perçoit les relations qui les relient les unes aux autres comme étant des ressources non problématiques. Corrélativement, il est dans la croyance qu’en les utilisant, il ne fait que représenter les, ou faire référence aux, réalités objectives qui leur correspondent et qui existent d’existence autonome dans le monde. Ce sont là les deux caractéristiques fondamentales qui donnent à ce mode de raisonnement son caractère fondamentalement positif. D’une part, le principe de correspondance qu’il établit entre l’évènement de représentation et l’objet représenté considéré comme étant une réalité déjà donnée, objective et, pour cela, extérieure à, et indépendante de, cet événement ; d’autre part, l’usage non problématique qu’il fait des ressources de langage et culture que lui fournit son langage naturel.
La politique de recherche que nous adoptons pour rendre compte des faits de parenté et de famille consiste à problématiser la réalité objective que le mode de raisonnement positif leur prête et les ressources de langage et de culture dont il use pour en rendre compte, en proposant une autre manière d’en rendre compte. Ce mode de problématisation et de représentation alternatif s’inscrit dans une perspective social-constructionniste d’inspiration ethnométhodologique.
Un mode de problématisation : le comment du quoi plutôt que le simple quoi
Pour élaborer ses projets de recherche, la science sociale conventionnelle adopte le plus souvent une méthode spécifique qui consiste en ce qu’elle appelle la construction de l’objet. Soucieuse de donner à ses travaux de recherche empirique une valeur scientifique, elle a emprunté cette procédure aux sciences naturelles qui lui ont servi à ses débuts balbutiants et lui servent encore de modèle. Un des moments-clés de cette construction est l’élaboration d’une problématique qui sert de cadre d’orientation au travail d’expérimentation et délimite le domaine thématique à couvrir par ce travail. Elle indique la nature substantielle des données pertinentes à recueillir par les outils de collecte appropriés et à organiser par des instruments de mesure statistique ou d’inventaire ethnographique adéquats. Raison pour quoi elle s’articule autour de variables et de concepts d’une nature nécessairement thématique ou substantielle. La présupposition d’arrière-plan fondamentale et irréductible qui fonde cette manière de faire de la science sociale est de considérer son objet comme étant une réalité objective et extérieure au travail procédural de représentation dont elle fait l’objet, c’est-à-dire comme un objet proprement dit. Ainsi conçu, son objet est un donné convertible en données repérables, mesurables et assemblables. Cet objet est un quoi plutôt que le comment d’un quoi , une matière plutôt que la procédure de son façonnement , un gâteau plutôt que sa découpe , plutôt un objet de poterie que le travail patient et méthodique du maître potier qui lui imprime la forme qu’il finit par revêtir, le produit fini plutôt que le procès de production dont il est l’aboutissement, l’ opus operatum plutôt que le modus operandi qui en est le principe actif. En cette matière aussi, le raisonnement sociologique professionnel emboîte le pas à son modèle. Mais au-delà des spécificités de langage et de méthode qu’ils peuvent respectivement revêtir ou même faire prévaloir, la minute et la copie, ne sont guère que des variations du mode d’opération de la raison positive ou mondaine.
Il faut également préciser que si le raisonnement sociologique pratique, qu’il soit le fait des membres ordinaires ou professionnels, ne prête pas attention au rapport réflexif fondamental de son travail de représentation concret et situé à la réalité des faits qu’il représente, c’est que, occupé d’abord à réaliser les fins pratiques qu’il poursuit et enclin d’ordinaire à porter une perspective positive sur les objets et les évènements du monde où il opère, il juge inintéressant ce rapport. Peut-être ce désintérêt est-il intéressé au fond, tout retour réflexif sur le rapport infailliblement constitutif de ses pratiques de discours à la réalité de ce qu’elles représentent étant de nature à faire ressortir le caractère local, contingent, relatif et multiple du sens de cette réalité et, du même coup, à faire basculer un monde familier, parce que jalonné de repères sémantiques certains, fixes, et stables, dans une incertitude épistémologique et ontologique inductrice d’anomie. La preuve de ce désintérêt intéressé réside en ceci que le mode de raisonnement pratique mondain n’intègre pas dans la représentation qu’il donne de son objet la description de ses micropratiques procédurales par lesquelles cet objet en vient à prendre forme et à faire sens et, par là même, à se rendre réel et objectif.
En problématisant la manière dont le mode de connaissance mondain perçoit la réalité des faits de parenté et de famille et du rapport qu’il établit entre cette réalité et les pratiques de représentation dont il use pour en rendre compte, la politique de recherche que nous avons adoptée pour rendre compte de ces faits consiste à prendre pour objet de recherche un objet incommensurablement différent de l’objet inerte sur lequel porte d’ordinaire et exclusivement le mode de raisonnement sociologique positif. En fait, notre intérêt porte directement sur ce que ce mode de raisonnement a régulièrement tendance à ignorer en raison même du caractère mondain de la perspective qu’il porte sur la réalité des faits de parenté et de famille, à savoir les procédures pratiques par lesquelles ce même mode de raisonnement constitue ou construit socialement ces faits. La question n’est pas de déterminer, ni de classer, ni de réorganiser, ni d’inventorier, ni de mesurer, ni de caractériser ce en quoi de substantiel consiste les faits de parenté et de famille, leur évolution ou les problèmes qu’ils posent, mais de décrire comment les membres configurent, de façon ingénieuse et concertée et dans les situations pratiques de conduite de leurs activités routinières, ce en quoi consistent pour eux ces faits, leur évolution et les problèmes qu’ils posent. Dans la perspective social-constructionniste d’inspiration ethnométhodologique que nous portons sur les faits de parenté et de famille, la question problématique qui nous a servi de cadre

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