L un est l autre
181 pages
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L'un est l'autre , livre ebook

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Description

Aujourd'hui, l'égalité réelle entre hommes et femmes met un terme au modèle millénaire de la complémentarité, complémentarité heureuse (l'homme avec la femme) ou conflictuelle (l'homme contre la femme). Un nouveau modèle s'élabore sous nos yeux : la ressemblance des sexes. Plus qu'une révolution des mœurs, Elisabeth Badinter y voit une véritable mutation et la mise en question de notre identité à laquelle beaucoup ne sont pas encore prêts.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 février 2002
Nombre de lectures 2
EAN13 9782738185518
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DU MÊME AUTEUR  CHEZ ODILE JACOB
Fausse route
AUX ÉDITIONS FLAMMARION
L’amour en plus
Histoire de l’amour maternel
( XII e  siècle- XX e  siècle)
 
Les Goncourt, romanciers
et historiens des femmes
( Préface à La Femme au XVIII e  siècle
d’Edmond et Jules de Goncourt)
collection « Champs », n° 95
 
Émilie, Émilie
L’ambition féminine au XVIII e  siècle
 
Les « Remontrances » de Malesherbes
(1771-1775)
collection « Champs », n° 150
 
Le Conflit, la femme et la mère
© O DILE J ACOB , AVRIL  1986
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-8551-8
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
A Michèle ma sœur, A Henri mon ami.
Préface

Depuis une quinzaine d’années, tous les spécialistes des sciences humaines observent, fascinés, l’évolution, en Occident, des valeurs, des désirs et des comportements de l’homme et de la femme. Alors que, dans d’autres parties du monde, on constate un retour volontaire aux anciennes valeurs, le monde industrialisé de l’Ouest constitue un bloc uni par des bouleversements similaires et accélérés. Les transformations paraissent si rapides, presque brutales, et si contraires à nos traditions récentes, que l’on est tenté de parler de révolution. Un autre ordre du monde se met en place dont nous sommes à la fois les spectateurs intéressés et les acteurs inquiets.
Les statistiques, les témoignages et l’expérience personnelle de chacun montrent, sans conteste, qu’hommes et femmes sont en train de modifier en profondeur l’image qu’ils se font d’eux-mêmes et de l’Autre. Leurs attributions respectives — longtemps définies par la « nature » de chacun des sexes — se distinguent de plus en plus difficilement. Leurs relations n’ont plus les mêmes fondements et suivent d’autres voies que celles tracées par leurs pères. Les critères se dissolvent en se multipliant, et nos repères commencent à faire défaut. De quoi légitimement rester perplexe et ressentir quelque angoisse !
Ayant, comme beaucoup d’autres, fait ces constatations, j’ai d’abord pensé que le changement de modèle que nous vivions n’était pas fondamentalement différent d’autres, nombreux, qui ont ponctué notre histoire. Même si, jadis, ils étaient plus lents et donc moins perceptibles à ceux qui en étaient les acteurs, les modifications d’habitudes et de représentations n’ont jamais dû s’opérer sans quelque malaise, explicite ou non. Puis, le temps faisant son ouvrage, le nouvel ordre s’impose comme allant de soi, dans la continuité de l’ancien.
Pourtant, ce rappel du passé qui se veut rassurant demeure ici inefficace. Les bouleversements que nous connaissons sont peut-être d’une autre nature qu’une simple évolution — ou même une révolution — des mœurs. Le changement de modèle ne remet pas seulement en cause nos comportements et nos valeurs, il touche à notre être le plus intime : notre identité, notre nature d’homme et de femme. C’est pourquoi l’inquiétude prend la forme d’une véritable angoisse existentielle qui oblige à reposer la grande question métaphysique : Qui suis-je ? Quelle est mon identité, ma spécificité d’homme ou de femme ? Comment nous distinguer l’Un de l’Autre ? Comment vivre l’Un avec l’Autre ?
Descartes avait raison. La question de l’Être donne le vertige, et nous n’avons pas son génie pour nous rassurer par quelques jours de méditation. Les réponses sont dans le Livre, dit-on, mais nous ne les trouvons plus. Soit que, trop impliqués dans ce « grand chambardement », nous n’arrivions pas à prendre de la hauteur ; soit que le Livre, pour une fois, ne contienne pas les réponses aux questions nouvelles !
Mais comment ces nouvelles questions sont-elles donc apparues ?
Il faut remonter deux siècles en arrière pour en saisir la lointaine origine, avec la naissance des démocraties occidentales. L’égalité étant leur principe, elles n’ont cessé de combattre pour l’imposer, et mettre fin aux systèmes de pouvoir fondés sur l’idée d’une hiérarchie naturelle entre les êtres humains. Même si l’on reconnaît que la véritable égalité est une utopie, la puissance idéologique et morale qu’elle détient n’en fut pas moins féconde pour changer substantiellement le rapport des hommes entre eux.
Au demeurant, il fallut attendre le XX e  siècle pour que l’égalité des sexes soit réellement mise à l’ordre du jour. Deux décennies ont suffi pour mettre un terme au système de représentations permettant aux hommes d’exercer sur les femmes un pouvoir plusieurs fois millénaire : le patriarcat. Ce faisant, on n’a pas seulement réalisé les conditions de possibilité de l’égalité des sexes, on a aussi remis en cause le modèle archaïque de leur complémentarité et brouillé la donne identitaire.
Persuadés que la distinction des rôles sexuels est la racine principale de l’inégalité, nous avons systématiquement, méticuleusement, substitué la règle de la mixité à celle de la division sexuelle des tâches. Tant et si bien, qu’en même temps que disparaît de notre environnement l’image d’un monde scindé en sphères masculines et féminines (le foyer et le monde du travail ; la nursery et le bureau…), nous avons l’impression de perdre nos repères les plus personnels. Il y a encore peu de temps, les certitudes ne manquaient pas. Elle donnait la vie et Il la protégeait. Elle prenait soin des enfants et du foyer, Lui partait à la conquête du monde et faisait la guerre quand cela était nécessaire. Cette division des tâches avait le mérite de développer chez chacun des caractéristiques différentes qui contribuaient puissamment à former le sentiment d’identité.
A ce jour, une seule différence subsiste, mais essentielle : ce sont les femmes qui portent les enfants et jamais les hommes. Mais, à supposer que l’on puisse limiter l’identité féminine à la puissance maternelle 1 , l’identité masculine pose aujourd’hui une énigme. Quelle est l’expérience, autre que sexuelle, qui soit propre à l’homme et totalement inconnue à la femme ? Peut-on se contenter de donner du mâle une définition négative : celui qui ne porte pas d’enfants ? Ce type de questions, qui ne peut que marquer notre inconscient, soulève des problèmes radicalement nouveaux. A n’en pas douter, la remise en cause du modèle de la complémentarité des sexes n’a pas que des conséquences sociales ou « politiques ». Elle nous oblige à nous interroger sur notre nature, sa malléabilité et la part toujours plus grande de la culture. A l’heure de la fécondation in vitro et des possibles manipulations génétiques, que va-t-il rester d’inaltérable qui nous tienne indissolublement liés à nos plus lointains ancêtres ?
A défaut de savoir répondre à ces questions vertigineuses, nous pouvons mesurer l’ampleur du phénomène actuel en interrogeant l’histoire et l’ethnologie. Aucune société, nous apprend-on, n’a jamais ignoré la complémentarité des sexes. En revanche, la question de la nature de ces liens complémentaires reste posée. Bien des ethnologues considèrent qu’ils ont toujours été asymétriques, et ce aux dépens des femmes. D’autres, non. Il est vrai qu’à scruter la période proprement historique de nos sociétés, nous ne trouvons traces que d’un patriarcat qui a souvent pris la forme d’un pouvoir masculin absolu. Mais, puisque nous avons mis un terme à l’idéologie patriarcale et que ce pouvoir lui-même est tout à fait moribond, nous sommes en droit de supposer sa contingence.
La coïncidence entre la fin d’un système de pouvoir (le patriarcat) et un modèle de relations des sexes (la complémentarité) ne signifie pas qu’ils soient originellement liés. Si la complémentarité semble le propre de l’humanité, en revanche la suprématie masculine qui est de mise dans la majeure partie du monde n’est qu’une manière, parmi d’autres possibles, de vivre cette complémentarité. Même si elles sont fort rares, il existe encore des sociétés dites primitives, qui témoignent d’une complémentarité équilibrée et d’une « quasi-égalité des deux sexes 2  ».
L’égalité dans la différence, c’est-à-dire la symétrie, n’est pas seulement un slogan féministe. C’est peut-être même pour avoir fait fi de cette symétrie que la chute du patriarcat, dans les sociétés démocratiques, entraîne avec elle celle du modèle complémentaire. A tort ou à raison, la distinction des rôles propre à ce modèle nous paraît si étroitement liée à l’inégale relation des sexes que, pour modifier celle-ci, nous mettons tout en œuvre pour mettre fin à celle-là, quitte à bouleverser la donne « naturelle ».
L’hypothèse d’une disjonction entre le rapport de complémentarité, qui unit l’homme et la femme, et le système de pouvoir de l’Un sur l’Autre oblige à s’interroger sur les conditions de la naissance de ce dernier ; à mettre au jour la logique qui le sous-tend ; à montrer comment elle s’est révélée incompatible avec celle des sociétés démocratiques qui engendre un tout nouveau modèle : la ressemblance des sexes .
Cette réflexion appelle une double démarche éminemment périlleuse. Il nous faut d’abord revenir à la question des origines, dont on sait qu’elle est à la fois une fiction méthodologique et une réalité préhistorique quasiment inconnue. Après quoi, il faut tenter l’aventure consistant à décrire l’évolution du rapport homme/femme dans notre civilisation, et surtout mettre en lumière les raisons de celle-ci. Si la démarche suit le fil du temps, l’importan

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