L histoire, l ordre et le chaos
186 pages
Français

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L'histoire, l'ordre et le chaos , livre ebook

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Description

L’ego-histoire est un genre à part entière où l’historien, en signalant d’où il parle, se situe dans l’acte de produire l’histoire, laquelle est, pour Philippe Josserand, une expérience existentielle. Jouant le jeu d’un retour sur soi sans se prendre au « je », il interroge son parcours d’homme, d’historien, et montre que sa discipline le tient face à la béance, lui permettant d’apprivoiser le chaos du monde et de l’être pour y reconnaître un ordre empreint de beauté. Si l’intime a sa part, irréductible, le livre souligne d’abord ce qui distingue et ce qui unit, ce qui fait que le « nous », parfois, est un « autre » et que l’« autre » résonne en « nous », forgeant appartenances et identités.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 janvier 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782902039210
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À la lectrice, au lecteur
Maurice Godelier
Médaille d’or du CNRS
Prix de l’Académie française
L’anthropologie est la seule science sociale qui impose aux chercheurs de s’immerger de façon prolongée dans les modes de vie et de pensée d’une autre société que la leur et dont ils n’avaient jamais eu l’expérience dans leur existence. Peu à peu, l’anthropologue, s’il a réussi à nouer des liens d’amitié et de travail avec ceux qui l’avaient accueilli parmi eux, découvre et comprend leurs façons de penser et d’agir, et peut alors en témoigner parmi nous. Ce n’est pas seulement de leur temps présent qu’il va témoigner, car une grande part de l’identité d’une société est faite d’un passé toujours présent et de récits, de moments de gloire ou de blessure, à vif dans la mémoire.
Dans le monde où nous vivons, et où l’hégémonie séculière de l’Occident est en train de disparaître, mais n’est pas oubliée de ceux qui l’ont subie, où des puissances nouvelles revendiquent de continuer à se moderniser sans plus s’occidentaliser, la connaissance de ce que font et sont les sociétés autres que les nôtres, est plus que jamais importante et doit être partagée par les jeunes générations.
C’est pour ces raisons que l’initiative de créer une nouvelle maison d’édition, Dépaysage, et de la consacrer en priorité à la publication d’ouvrages d’anthropologie est à la fois une entreprise courageuse et importante. On n’en saura jamais assez sur les autres, et grâce à eux, sur nous-mêmes.


 
 
Éditeur Amaury Levillayer, Ph-D
Réalisation éditoriale Vincent Jacques — photographies des œuvres d’Éric Fonteneau Marie-Laure Jouanno — conception graphique, réalisation et adaptation des œuvres d’Éric Fonteneau Olivier Mazoué — logotypes
Illustrations Les illustrations sont des adaptations des œuvres d’Éric Fonteneau. En couverture et en pages intérieures : Orpiments , 1982, intissé coloré et textile, 30 x 16 cm, collection privée.
Pour la réalisation de ce livre, les éditions Dépaysage ont reçu le soutien financier du Centre de recherches en histoire internationale et atlantique (CRHIA – EA 1163, université de Nantes) et de l’association Nantes-Histoire. Qu’ils en soient ici vivement remerciés.
Édité par © Éditions Dépaysage, 2020
ISBN (papier) : 978-2-902039-20-3 ISBN (epub) : 978-2-902039-21-0
En application de la loi du 1-1 mars 1-95-7 (article 4-1) et du code de la propriété intellectuelle du 1 er  juillet 1-99-2, toute reproduction partielle ou totale à usage collectif de la présente publication est strictement interdite sans autorisation expresse de l’éditeur. Il est rappelé à cet égard que l’usage abusif et collectif de la photocopie met en danger l’équilibre économique des circuits du livre.


Philippe Josserand
L’histoire, l’ordre et le chaos
Une anthropologie de soi
Avant-propos de Julien Théry
Figures d’Éric Fonteneau
Postface de Patrick Boucheron Professeur au Collège de France



À Éric Guerber (1961-2021), lui aussi Nantais d’adoption, ami cher, collègue et voisin.





Avant-propos de Julien Théry
Que l’essai d’« anthropologie de soi » de Philippe Josserand – selon le sous-titre intrigant qu’il a donné à cette « ego-histoire » – soit donné à lire sous la forme d’un beau livre, en dialogue avec les œuvres d’un plasticien, dans une jeune maison d’édition vouée à conjoindre littérature et sciences humaines, voilà qui coule parfaitement de source et s’accorde aussi bien avec la forme du texte qu’avec son objet, c’est-à-dire le parcours à la fois intellectuel et existentiel de son auteur.
Philippe Josserand est devenu une figure de premier plan dans la communauté internationale des historiens spécialistes des ordres religieux-militaires parce que ses multiples travaux, depuis sa thèse de doctorat, associent une érudition impeccable, au plus proche d’une documentation médiévale difficile d’accès et souvent aride, à une très large ampleur de vue. Ses études sur les hommes, les institutions et l’action des ordres du Temple, de l’Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem, de Santiago et de tant d’autres – aussi bien dans le cadre de la Reconquête ibérique que dans celui du royaume de France ou des croisades visant à étendre, à défendre puis à récupérer les États latins d’Orient –sont toujours précises, savantes et pleines d’acribie. Elles n’en alimentent pas moins des analyses générales sur les structures sociopolitiques et mentales de l’Occident médiéval tout entier, du xii e au xv e  siècle, en poussant très volontiers vers les époques postérieures et sans perdre de vue l’horizon du présent. Chose plus rare encore, cette science et ce talent cohabitent chez Philippe Josserand avec deux autres traits, qui font sa singularité d’homme et d’historien : d’une part, une grande culture, qui est aussi une profonde sensibilité, littéraire et esthétique ; de l’autre, un souci très marqué de l’écriture, jusqu’au raffinement – que pourront goûter les lectrices et les lecteurs des pages qui suivent avec le même plaisir que j’ai eu à découvrir ce texte, en 2019, dans sa version initiale de « mémoire de synthèse » présenté pour l’habilitation à diriger des recherches à l’université Lumière Lyon 2, et aujourd’hui sous forme de livre.
En lisant L’histoire, l’ordre et le chaos , on sentira en quoi – avec la rencontre d’un style – et l’on trouvera à comprendre pourquoi – en suivant les péripéties d’un récit, l’intrigue d’un itinéraire, jusqu’au coup de théâtre des origines – le geste de Philippe Josserand, fait de recherche et d’écriture comme celui de tout historien, engage singulièrement sa vie. Qui connaît son Jacques de Molay. Le dernier grand-maître des Templiers , paru récemment aux éditions Les Belles Lettres et issu d’un « mémoire original » pour l’habilitation dont j’ai suivi avec admiration la rédaction chapitre après chapitre, sait tout le profit que Philippe Josserand a tiré de son intime familiarité avec l’histoire de l’art et la littérature pour retracer la longue et très riche vie post mortem , jusqu’à nos jours, de la dernière et plus illustre victime du procès du Temple. Au fil du présent livre, on en apprendra davantage sur l’histoire de l’historien et, partant, sur les ressorts profonds de son approche. À Nantes en particulier, la ville d’adoption de l’auteur, comme ailleurs, beaucoup peuvent aussi profiter d’un autre effet de sa vocation existentielle à l’histoire : son désir inextinguible de la diffuser auprès du plus grand nombre dans des formes variées, illustré sur les bords de Loire au festival d’histoire et de théâtre « Nous autres » ou lors de rencontres autour des livres et de moments divers de la vie civique et culturelle. Si le récit du passé, pour lui, ne saurait appartenir aux seuls professionnels de la discipline, Philippe Josserand n’est pourtant jamais tenté, malgré les facilités auxquelles notre époque incite les universitaires, de prendre aucune distance avec la branche de l’histoire la plus recommandable, celle qui persiste à garder pour fin première la recherche de la vérité – quand bien même il n’ignore rien des caractères particuliers de ce que l’on peut appeler « vérité » dans le champ de la connaissance historique.
Il n’y a en matière de vérité, disait Pierre Bourdieu, ni péché originel, ni immaculée conception. Sa recherche est toujours motivée par un intérêt particulier, produit nécessairement subjectif d’un itinéraire, d’une vie individuels, comme on le verra bien dans la belle autobiographie d’historien offerte ici. Mais – l’œuvre de Philippe Josserand en témoigne –, il n’y a nulle nécessité à ce que la subjectivité des motivations diminue la valeur de vérité des résultats. D’autant moins, d’ailleurs, que cette subjectivité se connaît elle-même, et en tout cas se livre – ou tente de se livrer – à la connaissance des autres.


I Envol
Je ne suis pas né historien. Pourtant, aussi loin que me rattache le souvenir, au mitan des années 1970, toujours le passé, à mes yeux, a été infiniment présent. Les circonstances familiales en cela ont joué un rôle essentiel. Achevant de préparer mon habilitation à diriger des recherches 1 au tournant de 2018 et 2019, j’ai dû écrire, en vertu de l’arrêté ministériel du 23 novembre 1988, cette « synthèse des activités scientifiques du candidat », auquel il est demandé de réfléchir à ses pratiques et à ses méthodes, ce qui, immanquablement me semble-t-il, est l’occasion d’un retour sur soi. En rédigeant le premier des quatre volumes que j’ai amenés à soutenance à Lyon à la fin de l’été 2019 2 , je ne me suis pas livré à une confession. Je ne le ferai pas plus ici. Mon tempérament ne m’y porte guère, mais pas davantage il ne se satisferait d’esquiver. Trop souvent, l’exercice d’ego-histoire qu’implique le mémoire d’habilitation est éludé, jugé un peu rapidement vain ou oiseux et, dans la plupart des cas – à ce que j’ai pu constater –, il se limite à une bibliographie commentée de manière savante. C’est là pratiquer l’évitement, se condamner à n’être pas lu et, plus grave, se refuser la chance d’un retour sur soi. Que l’on se rassure, je ne m’étendrai pas sur mon histoire personnelle, ni dans la forme, ni sur le fond, mais je ne la tairai ni ne la voilerai obstinément car je crois indispensable – et, pour tout dire, honnête – qu’un lecteur puisse situer celui qui écrit, cerner sa pratique, peut-être son intention, et, à cette fin, je voudrais m’efforcer de montrer comment à partir d’un rapport au passé, par force particulier, sont nés un goût, une curiosité pour l’histoire, une envie et une volonté de la comprendre, qui m’ont conduit à m’y dédier et à en faire un métier.
-
Enfant, je me souviens autour de moi d’une forte prégnance du passé. Le fait, me semble-t-il, n’était pas si courant dans la France des années 1970 dont on sait les profondes et essentielles mutations et toute la tension vers le futur. Du côté matern

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