L Erreur de Descartes
192 pages
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L'Erreur de Descartes , livre ebook

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Description

Être rationnel, ce n’est pas se couper de ses émotions. Le cerveau qui pense, qui calcule, qui décide n’est pas autre chose que celui qui rit, qui pleure, qui aime, qui éprouve du plaisir et du déplaisir. Le cœur a ses raisons que la raison… est loin d’ignorer. Contre le vieux dualisme cartésien et contre tous ceux qui voudraient réduire le fonctionnement de l’esprit humain à de froids calculs dignes d’un super ordinateur, c’est en tout cas ce que révèlent les acquis récents de la neurologie : l’absence d’émotions et de sentiments empêche d’être vraiment rationnel. Antonio R. Damasio est professeur de psychologie, de neurosciences et de neurologie. Il est directeur de l’Institut pour l’étude neurologique de l’émotion, de la décision et de la créativité à l’Université de Californie du Sud. Il est également l’auteur de Spinoza avait raison et du Sentiment même de soi.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 janvier 2006
Nombre de lectures 18
EAN13 9782738197269
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DU MÊME AUTEUR CHEZ ODILE JACOB
Le Sentiment même de soi. Corps, émotions, conscience, 1999 ; « Poches Odile Jacob », 2002.
Spinoza avait raison. Joie et tristesse, le cerveau des émotions, 2003 ; « Poches Odile Jacob », 2004.
Ouvrage proposé par Jean-Pierre Changeux
L’édition originale en langue anglaise de cet ouvrage est parue chez A. Grosset/Putnam Books sous le titre : Descartes’ Error Emotion, Reason, and the Human Brain
© ANTONIO R. DAMASIO, M. D., 1994
Pour la traduction française : © ODILE JACOB, 1995, 2001, 2006, JANVIER 2010
15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-9726-9
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Préface à la nouvelle édition

Si vous aviez vécu aux environs de 1900 et si les problèmes d’ordre intellectuel vous avaient intéressé, vous auriez sans doute pensé que le moment était venu pour la science de saisir à bras le corps la question des émotions dans toutes ses dimensions et de répondre de façon définitive à la curiosité de plus en plus grande du public. Au cours des décennies précédentes, Charles Darwin avait montré qu’on retrouve des phénomènes émotionnels, chez d’autres espèces, étonnamment comparables à ceux qui existent chez les humains ; William James et Carl Lange avaient avancé une hypothèse inédite pour expliquer le déclenchement des émotions ; Sigmund Freud avait fait d’elles le cœur de ses investigations sur les états psychopathologiques ; et Charles Sherrington avait débuté l’étude neurophysiologique des circuits du cerveau qui sont impliqués dans l’émotion. Pour autant, ce n’est pas à cette époque qu’on en est venu à aborder le sujet des émotions de façon approfondie. Bien au contraire, les sciences de l’esprit et du cerveau s’étant épanouies au XX e siècle, leur intérêt s’est porté ailleurs et les spécialités que l’on regroupe aujourd’hui sous le terme vague de neuro-sciences ont plutôt tourné le dos aux recherches sur les émotions. Certes, la psychanalyse ne les a jamais oubliées, et il a existé des exceptions — des pharmacologistes et des psychiatres se sont intéressés aux troubles de l’humeur, des psychologues et des spécialistes de neurosciences isolés se sont penchés sur les affects. Ces exceptions, cependant, n’ont fait qu’accentuer l’oubli dans lequel l’émotion, en tant que sujet de recherche, était tombée. Le behaviorisme, la révolution cognitiviste et les neurosciences computationnelles n’ont pas atténué cet oubli de façon appréciable.
Même si un changement commençait à apparaître, telle était, en gros, la situation lorsque L’Erreur de Descartes a été publié pour la première fois. Ce livre porte sur l’aspect neurologique de l’émotion et sur ses implications dans la prise de décision en général et le comportement social en particulier. J’espérais bien réussir à me faire comprendre, mais je n’escomptais guère un bon accueil et beaucoup d’attention de la part du public. Je me trompais. L’accueil a été partout attentif et ouvert. Un certain nombre des idées contenues dans ce livre ont fait leur chemin auprès de mes collègues et parmi les non-spécialistes. J’ai même été surpris de voir de nombreux lecteurs désireux de débattre, de poser des questions, de proposer des suggestions et des corrections. Dans plusieurs cas, j’ai correspondu avec eux, et certains sont devenus des amis. J’ai beaucoup appris de ces échanges, et c’est le cas aujourd’hui encore, puisqu’il ne se passe pas un jour sans qu’un e-mail à propos de L’Erreur de Descartes ne me parvienne de quelque part dans le monde.
Dix ans plus tard, la situation est radicalement différente. Peu après cette publication, les spécialistes des neurosciences qui avaient travaillé sur les émotions chez les animaux ont commencé à publier leurs propres ouvrages. Bientôt, les laboratoires de neurosciences, en Amérique et en Europe, ont porté leur attention sur l’émotion. Les philosophes versés dans ces questions ont été écoutés d’une oreille nouvelle, et des livres, tirant profit de la science des émotions, sont devenus extrêmement populaires. Avec un siècle de retard, l’émotion a finalement reçu le dû que nos illustres prédécesseurs auraient voulu qu’elle obtienne.
Le sujet principal de L’Erreur de Descartes est la relation qui existe entre l’émotion et la raison. En me basant sur l’étude neurologique de patients souffrant à la fois de défauts de prise de décision et de troubles de l’émotion, j’ai avancé l’hypothèse, dite des marqueurs somatiques, selon laquelle l’émotion participait à la raison et qu’elle pouvait assister le processus du raisonnement au lieu de nécessairement le déranger, comme on le supposait couramment. Aujourd’hui, cette idée ne fait plus hausser les sourcils, même si, lorsque je l’ai présentée, elle a ébahi beaucoup de gens et a même été considérée avec un certain scepticisme. Au total, elle a été largement admise, et même tellement qu’en certaines occasions, elle a été déformée. Par exemple, je n’ai jamais dit que l’émotion était un substitut du raisonnement, mais dans certaines versions superficielles qui ont été données de mon travail, il semblait à certains que je suggérais que si on suit son corps au lieu de sa raison, tout va bien.
En certaines occasions, les émotions peuvent assurément se substituer à la raison. Le programme d’action émotionnelle que nous appelons la peur peut mettre la plupart des êtres humains hors de danger, assez vite, sans presque qu’il soit nécessaire de recourir à la raison. Un écureuil ou un oiseau réagit à une menace sans penser du tout, et un être humain le peut aussi. Dans certaines circonstances, penser peut être bien moins avantageux que ne pas penser. C’est ce qui fait la beauté de l’émotion au cours de l’évolution : elle confère aux êtres vivants la possibilité d’ agir intelligemment sans penser intelligemment. Le raisonnement effectue la même chose que ce qu’accomplissent les émotions, mais de manière à ce que nous le sachions. Il nous donne la possibilité de penser intelligemment avant d’agir intelligemment, et il nous apporte également une bonne chose : nous avons découvert que les émotions peuvent à elles seules résoudre bien des problèmes que pose notre environnement complexe, mais pas tous, et que les solutions qu’elles offrent sont parfois contre-productives en réalité.
Comment le raisonnement intelligent a-t-il évolué chez les espèces complexes ? L’Erreur de Descartes contient une proposition nouvelle à cet égard : le système de raisonnement a évolué car il est une extension du système émotionnel automatique, l’émotion jouant des rôles divers dans le processus de raisonnement. Par exemple, elle peut conférer trop d’importance à une prémisse et, ce faisant, biaiser la conclusion qu’on en tire. Elle participe aussi au processus par lequel on garde présents à l’esprit les multiples faits qu’on doit prendre en compte pour être capable de prendre une décision.
La participation indispensable de l’émotion au processus de raisonnement peut être avantageuse ou néfaste selon à la fois les circonstances de la décision et l’histoire passée de celui qui décide. La question du rôle des circonstances est bien illustrée par l’histoire sur laquelle Malcolm Gladwell ouvre son récent livre intitulé Blink (2005). Les conservateurs du musée Getty, désireux d’ajouter cette pièce à la collection, estimaient qu’une certaine statue grecque était authentique. À l’inverse, un certain nombre d’experts jugeaient, eux, qu’elle était fausse en se basant sur le sentiment viscéral négatif qu’ils avaient ressenti lorsqu’ils l’avaient vue pour la première fois. Des émotions différentes participaient à ces deux jugements différents, à des étapes différentes du processus de raisonnement. Pour les uns, il y avait un désir envahissant et convenable d’adhérer à l’objet ; pour les autres, le sentiment immédiatement déplaisant que quelque chose n’allait pas. Ni dans un cas ni dans l’autre, la raison n’opérait seule. C’est précisément la thèse de L’Erreur de Descartes . Lorsque l’émotion est laissée totalement à l’écart du raisonnement, comme cela arrive dans certains troubles neurologiques, la raison se fourvoie encore plus que lorsque l’émotion nous joue des mauvais tours dans le processus de prise de décision.
L’hypothèse des marqueurs somatiques stipulait d’emblée que les émotions marquaient certains aspects d’une situation ou certains résultats d’actions possibles. L’émotion réalise ce marquage ouvertement, comme dans le « sentiment viscéral », ou à couvert, grâce à des signaux qui échappent à notre conscience. Quant aux connaissances dont nous nous servons pour raisonner, elles aussi peuvent être complètement explicites ou en partie cachées, comme lorsque nous avons l’intuition d’une solution. En d’autres termes, l’émotion joue un rôle dans l’intuition, processus cognitif rapide grâce auquel nous parvenons à une conclusion sans avoir conscience de toutes les étapes logiques qui y mènent. Il n’est pas nécessairement vrai que la connaissance des étapes intermédiaires soit absente, mais l’émotion livre la conclusion si directement et si rapidement qu’il n’est pas nécessaire d’avoir conscience de toutes les connaissances. Voilà qui correspond à la formule ancienne selon laquelle « l’intuition échoit aux esprits bien disposés ». Qu’est-ce que cela signifie dans le contexte de l’hypothèse des m

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