60
pages
Français
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2003
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Ebook
2003
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Publié par
Date de parution
01 novembre 2003
Nombre de lectures
2
EAN13
9782738182524
Langue
Français
Publié par
Date de parution
01 novembre 2003
Nombre de lectures
2
EAN13
9782738182524
Langue
Français
© O DILE J ACOB , NOVEMBRE 2003
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
EAN 978-2-7381-8252-4
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
À Alexia, Amélie, Aurore, Camille, Charlotte, Hortense, Justine, Marie… Et aussi à Benoît, Julien, Sylvain…
Introduction
Au printemps, sur les devantures des kiosques, on voit chaque année les magazines titrer : « Bientôt l’été, comment perdre 2 ou 3 kg. » « Numéro spécial maigrir. » « Les nouveaux traitements minceur. » « Perdez 8 kg en 15 jours avec Bidule. » Puis en septembre : « Comment perdre les kilos pris en vacances ? » Pour, à l’automne, annoncer : « Comment mincir avant Noël. » Ensuite, ce sont les : « Éliminez les abus des réveillons. »
En parallèle, les mises en garde contre l’obésité de l’enfant sont quasi permanentes : « Attention, 15 % des jeunes ont un surpoids. » « Comment faire maigrir les enfants trop gros ? » Ces messages écrits sont relayés par les émissions radio et télévisées. Certains jeux ont même pour objectif de faire maigrir les participants.
Le corps médical, pour sa part, est à l’affût des surcharges pondérales en tant que « facteurs de risque ». Nos enfants sont ainsi, dès le plus jeune âge, soumis à des messages omniprésents concernant le poids et la graisse, valorisant la sveltesse et le contrôle alimentaire.
Pourtant, dans les pays riches, il n’y a jamais eu autant d’obèses et autant d’anorexiques. Et surtout l’anorexie, ou pour être plus exact, l’anorexie mentale ne se limite plus aux adolescentes et aux jeunes adultes, mais concerne des enfants de plus en plus nombreux et de plus en plus jeunes, bien avant la puberté. Un enfant qui se prive, un enfant qui compte les calories, un enfant qui mesure le tour de ses cuisses et le relief de son ventre, un enfant qui se fait vomir… Est-ce possible ?
Malheureusement oui, et cela en cachette des parents et des médecins. Et ce qu’il faut savoir, c’est que ces enfants se mettent en danger et compromettent leur avenir. Quand j’étais jeune médecin, je ne voyais pas plus d’un enfant anorexique par an. Aujourd’hui, vingt-cinq ans plus tard, dans le même service hospitalier, je suis amenée à en rencontrer deux par mois ! Pourquoi si jeunes, pourquoi de plus en plus jeunes ?
L’anorexie mentale a changé : autrefois, elle sévissait essentiellement chez la jeune fille « de bonne famille », vivant en milieu urbain dans un pays industrialisé. Actuellement, on assiste à un impressionnant développement de cette pathologie chez les filles comme chez les garçons, provenant de milieux socioculturels variés.
Ce livre s’adresse aux familles pour les informer et les aider à accompagner-soigner leur enfant. Je souhaite, par cet ouvrage, faire connaître ce trouble trop souvent ignoré, alors qu’il peut être grave s’il n’est pas traité à temps. Je veux montrer aussi que les traitements spécialisés ont évolué, qu’il existe différentes stratégies thérapeutiques qui prennent en compte le jeune âge de l’enfant, sa scolarité et surtout sa famille, qui est totalement impliquée dans le traitement.
L’alliance enfant-médecin-famille est une condition nécessaire à une bonne évolution et c’est pourquoi les parents doivent être bien informés et aidés au quotidien dans leur rôle de parents « nourriciers ». Car aujourd’hui, la prise en charge de l’anorexie mentale change : le « pavillon des enfants fous » appartient au passé, les parents ne sont plus écartés et participent, comme cothérapeutes.
Enfin, bien que les causes de l’anorexie mentale de l’enfant gardent encore une grande part de mystère, il est possible d’intervenir avant que la maladie ne s’installe. Des actions de prévention sont du ressort social, scolaire et médical, mais d’autres sont du ressort des parents.
C’est pourquoi je propose des conseils pour que l’alimentation d’un enfant, dès les premiers mois, se déroule dans une atmosphère harmonieuse et agréable, propice au bon développement physique et psychologique.
Avoir un enfant ni trop gros ni trop maigre, en bonne santé et surtout heureux, c’est l’objectif de tous les parents. J’espère que ce livre les aidera à atteindre ce but. En précisant que si les parents se posent des questions sur le comportement alimentaire de leur enfant, ils ne doivent pas hésiter à consulter leur médecin. Le médecin, en examinant l’enfant et en faisant son enquête sur ses habitudes alimentaires et celles de son entourage, est celui qui peut rassurer ou donner les indications adéquates pour améliorer la situation ou pour soigner l’enfant s’il est anorexique.
Chapitre premier
Paroles d’enfants, paroles de mères, paroles de pères
Paroles d’enfants
Sylvia, 11 ans : « Je mesure 1,40 m pour 25 kg. Il y a quatre mois pour la même taille, je pesais 35 kg ; je voulais juste perdre 1 ou 2 kg. J’ai commencé par supprimer le beurre et la confiture au petit déjeuner et au goûter ; puis j’ai supprimé complètement le goûter. J’ai découvert de nouveaux aliments : les courgettes, les pastèques, les brocolis ; puis j’ai découvert le poisson et j’ai arrêté la viande, le fromage et les autres légumes. J’ai perdu 2 kg comme prévu, en un mois, mais j’étais habituée à mes nouveaux aliments, et je n’aimais plus les autres choses ; et puis mon estomac a rétréci.
J’ai donc continué de maigrir sans le faire exprès, et sans que je m’en rende compte, puisque je mange. Mes parents m’ont dit que j’allais être hospitalisée si je continuais à descendre. Je voudrais m’en sortir pour reprendre mes activités sportives, surtout la danse. »
Marie, 7 ans, inerte devant son plateau-repas : « Une petite voix me dit, dans ma tête : tu n’as pas faim, tu n’as pas faim. »
Lara, 6 ans et demi, pleure : « Je ne veux pas manger, je ne veux pas être grosse, je ne veux pas ressembler à tata Maryse ; elle pèse 130 kg, elle cuisine gras ; j’ai déjà de grosses cuisses… »
Maria, 12 ans, a perdu 3 kg en vacances au Portugal : « Je n’ai rien mangé chez ma grand-mère, parce qu’elle met de l’huile partout. »
« Je veux bien grandir, mais pas grossir ; en tout cas je ne veux pas être une petite grosse », dit Armelle, 10 ans, anorexique depuis l’âge de 8 ans.
Mina, 10 ans, est hospitalisée ; elle ne prend pas de poids ; elle dit qu’elle mange bien tout ce qu’on lui donne parce qu’elle a envie de retourner dans son école. Pourtant, la bibliothécaire découvre des aliments mâchés, cachés entre les pages des bandes dessinées que Mina a empruntées à la bibliothèque de l’hôpital. Mina n’a qu’une phrase à dire : « Je ne veux pas grossir. »
Paroles de mères
« Pour le petit déjeuner, elle boit un grand verre d’eau, c’est tout », nous confie la mère de Sophie, 11 ans.
« Je lui prépare les plats qu’elle aime, elle a juste à les réchauffer, le soir je trouve tout à la poubelle », raconte la mère de Prunelle, 12 ans.
« Il se cache pour vomir, mais j’ai trouvé du vomi dans la corbeille à papier de sa chambre » : mère de Sylvain, 9 ans.
Autre témoignage : « Docteur, pour le dessert, elle a pris une cerise, une seule ; elle s’est fâchée quand je lui ai proposé d’en prendre plusieurs…
Elle recopie les recettes de cuisine, les collectionne ; tient un classeur avec les photos des recettes des magazines. Elle fait des gâteaux le dimanche ; elle n’en mange pas.
Elle a éliminé le pain, toutes les sucreries et toutes les graisses ; elle travaille beaucoup, dit qu’elle n’a pas faim.
Elle m’aide à la cuisine, surveille les ingrédients que j’introduis, m’empêche de mettre de l’huile d’olive dans l’eau de cuisson des pâtes ; quand elle fait des gâteaux, elle divise par deux ou par trois les quantités de matières grasses. »
Paroles de pères
« Elle a une énergie incroyable, elle m’entraîne en vélo et à la piscine ; je ne sais pas comment elle tient : elle ne mange quasiment rien et ne boit presque pas ; mais quel beau petit soldat ! » dit le papa de Léa, 10 ans.
« Elle m’agace : quand je l’emmène dans de bons restaurants, elle mange à peine, laisse le pain, ne prend pas de dessert ; et puis elle fait la tête. »
Chapitre 2
L’anorexie mentale chez l’enfant : quels sont les signes ?
« Madame, madame, Cécile vient de tomber dans le vestiaire, elle est toute blanche », crient les élèves affolées, interpellant leur professeur d’éducation physique.
Cécile, 10 ans, reprend rapidement conscience à l’infirmerie, et se soumet avec gentillesse à l’interrogatoire de l’infirmière.
« C’est ton premier malaise ?
— Oui.
— Tu n’es pas malade actuellement, tu ne prends pas de médicament ?
— Non.
— Qu’as-tu mangé ce matin au petit déjeuner ?
— (Après une légère hésitation) Rien !
— Pourquoi ? s’étonne l’infirmière qui sait que les élèves de cet établissement n’appartiennent pas à des milieux défavorisés, et qu’il est peu probable que les parents soient contraints d’envoyer leur fille le ventre vide à l’école.
— Je n’avais pas faim, répond Cécile, avec beaucoup d’aplomb. »
L’infirmière regarde avec plus d’attention le visage de Cécile : joli avec de grands yeux, mais peu de joues, une peau diaphane, des cheveux très fins et un cou si mince…
La silhouette est aérienne ; sous le pantalon et le grand tee-shirt, Cécile cache un corps très amaigri.
L’infirmière, abasourdie par la constatation d’une telle maigreur, appelle les parents, leur dit d’aller aussitôt consulter leur médecin qui organise rapidement une hospitalisation à la r