L Auto-analyse avant Freud ?
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L'Auto-analyse avant Freud ? , livre ebook

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Description

L’idée selon laquelle Freud est à l’origine de l’auto-analyse et de l’interprétation psychanalytique des rêves est largement répandue. Cependant, il est intéressant de se pencher sur les manuscrits d’Alfred Maury Les Souvenirs d’un homme de lettres rédigés des années auparavant pour voir une corrélation évidente entre les travaux des deux hommes. Il faut toutefois noter que le médecin viennois n’a jamais eu connaissance des Manuscrits de Maury témoignant ainsi de « l’insuffisance de ses lectures ». La première similitude concerne l’usage de drogues, la cocaïne pour Freud, le hachisch pour Maury, et l’observation des conséquences qui en découlent. Même s’il n’existe aucune preuve officielle de sa consommation de hachisch, on sait qu’il s’est fortement intéressé aux propos du psychiatre Jacques-Joseph Moreau de Tours qui en vantait les mérites. Ce texte fait le rapprochement entre l’état de relâchement de l’esprit critique après ingérence de cannabis et l’injonction du psychanalyste envers son patient de se laisser aller pour l’aider à faire ressurgir des « représentations non voulues ». Si l’importance du rôle de l’association des Annales médico-psychologiques et celle de la société psychologique du mercredi, dans l’investigation des rêves, constituent le deuxième rapprochement dans cet essai, c’est surtout dans la troisième similitude, celle de la mort du père, que l’auteur, avec originalité, montre l’impact de cette perte, dans le processus de l’auto-analyse chez Maury et Freud.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 janvier 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414144631
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-14461-7

© Edilivre, 2018
Remerciements
Je dois principalement la réalisation de cet opus au Directeur de la Bibliothèque de l’Institut, Monsieur Xavier Darcos – qui donna son accord pour que j’accède aux manuscrits d’Alfred Maury –, aux efforts conjoints de l’école doctorale 58, du l’Université Paul-Valéry Montpellier III et du laboratoire de recherche C.R.I.S.E.S.-EA4424. J’ai bénéficié également d’un encouragement constant de la part de mon Directeur de thèse, Jean-Bernard Paturet, qui m’accompagna dans l’élaboration de ce travail.
Je remercie les membres de l’administration du laboratoire C.R.I.S.E.S., en l’occurrence Jérôme Thomas, Céline Sacchi Pietri, Marc Cholvy et Françoise Brette pour leurs conseils et encouragements. J’exprime ma gratitude pour leur soutien dans ce travail à Madjinza Léa et à Tohé Mouloungui Leinsy.
Je remercie Sandra Blachon, Céline Kabylo, Isabelle Saban, Noëlle, Hulda et André Jean-Toussaint pour leurs corrections.
Je dédie ce livre enfin à mon fils de 2 ans, Joseph-Lucas, pour l’inspiration qu’il m’apporta par ses interpellations en apparence digressives. Enfin, je souligne l’apport du Professeur Jacqueline Carroy qui a éveillé, à travers ses publications, mon intérêt sur l’impact de l’onirologie française dans l’œuvre de Freud.
Introduction
Dans la réclamation du patrimoine intellectuel de Freud, l’auto-analyse est souvent perçue comme une expérience introduite dans les « sciences de l’esprit 1 » par le psychanalyste autrichien d’origine juive. En effet, en présentant L’Interprétation des rêves comme « le texte fondateur du mouvement psychanalytique 2 », et en brandissant la mort de son père comme l’élément déclencheur d’un mode d’investigation de soi par soi 3 , Freud affirmait implicitement son statut de découvreur de l’inconscient psychique et inventeur de l’auto-analyse. Cette idée d’un chercheur solitaire, pénétrant sans repères dans l’obscurité des « profondeurs » de la vie d’âme inconsciente, sera reprise et amplifiée dans la tradition biographique des études freudiennes. Sur cette base, Ernest Jones énoncera clairement, dans la biographie monumentale de trois volumes qu’il consacre à La vie et l’œuvre de Sigmund Freud , le caractère unique de l’auto-analyse, faisant de Freud le pionnier « héroïque » et incontestable de la nouvelle discipline 4 .
Le moins que l’on puisse dire ici est que, pour une frange importante d’historiens de la psychanalyse, l’expérience fascinante de l’auto-analyse n’a connu de précurseur qu’en Freud lui-même. Il est considéré comme l’explorateur d’un territoire de la vie mentale, encore inconnu jusqu’à son époque, à travers la technique de l’auto-analyse qui porte principalement sur l’interprétation systématique de ses propres rêves et une correspondance fructueuse avec son collaborateur Wilhelm Fliess (1858-1928). En réaction à cette lecture de l’histoire de la psychanalyse, une génération d’auteurs dénoncera une certaine historiographie en faveur de Freud. Tout se passe comme si les études biographiques de Freud entreprises par ses collègues, ses anciens patients et ses amis opéraient des distorsions dans l’histoire, visant à attribuer à Freud les découvertes appartenant à d’autres chercheurs. C’est ainsi qu’en critiquant les proportions « mythiques » de la biographie intellectuelle de Freud, Sulloway évoque le « mythe du héros dans l’histoire de la psychanalyse 5 », faisant allusion aux manœuvres entreprises par les biographes de Freud, dans le but de dissimuler les emprunts du psychanalyste aux auteurs de son temps. Dans la même veine critique, Henri Ellenberger dénonçait déjà l’extrapolation qui enveloppe la vie et la pensée de Freud, à la suite des travaux de ses biographes-collaborateurs. Henri Ellenberger met le lecteur en garde contre deux pièges d’une certaine littérature freudienne, à savoir la légende du « héros solitaire » et la dissimulation des productions scientifiques des autres auteurs de l’époque de Freud 6 . En d’autres termes, l’opposition constante des milieux universitaires et l’antisémitisme rencontrés par Freud dans son itinéraire, habilement présentée par l’histoire « officielle » de la psychanalyse, tend à faire de lui un héros qui triomphe de ses détracteurs sans soutien extérieur. Ce premier argument du héros solitaire que dénonce Ellenberger est en adéquation avec le second qui consiste à attribuer injustement à Freud les contributions d’autres auteurs, qu’il s’agisse de ses rivaux ou de ses collaborateurs.
Il convient de relever à ce niveau de l’analyse que les doutes sur les sources de la pensée de Freud ne commencent pas directement avec les attaques de ses adversaires. En effet, dans le cercle restreint des premiers collaborateurs de Freud, quelques collègues exprimaient déjà leurs soupçons sur la provenance de certaines idées. Une illustration nous est donnée à travers la suspicion d’Otto Rank (1884-1939) à l’égard de Freud sur l’originalité présumée du phénomène du refoulement qui est le « pilier 7 » sur lequel repose l’édifice de la psychanalyse. Agacé par les remarques de son confrère sur les similitudes entre les thèses du philosophe Arthur Schopenhauer (1788-1860) sur la folie et le mécanisme du refoulement, Freud avance une excuse qui semble peu crédible : « (…) c’est à l’insuffisance de mes lectures que je suis redevable à ma découverte 8 . » Cet alibi paraît inconciliable avec l’idée que l’on a de Freud, celle d’un « homme de grande culture scientifique et littéraire, lecteur omnivore, capable de saisir rapidement l’intérêt d’idées nouvelles, de les adopter et de leur conférer une forme originale 9 ». La question est alors la suivante : l’abondance de corrélations entre deux systèmes de pensées implique-t-elle nécessairement un phénomène d’emprunt ? Ou bien certaines causes aléatoires peuvent-elles concourir à l’émergence de ces affinités ? Autrement dit, l’affleurement, à la même période, des idées analogues chez des auteurs différents suppose-t-elle toujours une interaction entre eux ? Peut-on trouver un cas d’auteur partiellement connu par Freud, dont les travaux auraient pu constituer une véritable source d’inspiration pour l’éclosion de la méthode de l’auto-analyse ?
Si l’on s’interroge en effet, c’est que l’explication présentée à Otto Rank, qui prend à revers toute personne familiarisée avec l’érudition freudienne, sera reprise par Didier Anzieu dans son livre L’auto-analyse de Freud et la découverte de la psychanalyse : « C’est même parce que Freud n’a guère lu ses devanciers qu’il a pu poursuivre plus facilement son propre chemin et découvrir l’interprétation psychanalytique des rêves 10 . » A travers ce passage, Didier Anzieu entend défendre Freud, lorsque ce dernier prétend ne pas avoir eu l’occasion de consulter l’ouvrage du Marquis de Saint-Denys pendant la rédaction de L’Interprétation des rêves . Cependant, les acquisitions récentes de la littérature psychanalytique convergent vers la remise en cause de cette information dans la mesure où Le rêve et les moyens de les diriger du Marquis de Saint-Denys figurait dans l’inventaire, effectué par Keith Davies et Gerhard Fichtner, des livres de Freud de la Bibliothèque de Londres 11 . Il convient néanmoins de nuancer ce propos, en apportant la précision selon laquelle, dans la première édition de L’Interprétation des rêves , celle de 1900, Freud ne s’était pas encore procuré l’ouvrage de Saint-Denys. Ce n’est qu’ultérieurement qu’il réussira à acquérir le livre de l’onirologue français 12 dont la première édition parut dans l’anonymat, au point de rendre difficile aux lecteurs l’achat de l’ouvrage. Car Freud ne se référait auparavant qu’aux commentaires de Nicolas Vaschide (1874-1907).
L’initiative consistant à démêler précisément les contributions personnelles de Freud de ses sources d’inspiration se heurte à une difficulté aigüe, lorsqu’on tient compte de l’histoire mouvementée de L’Interprétation des rêves à ses débuts. En effet, bien avant la dissidence de ses premiers collaborateurs, sous l’inspiration du sexologue et psychothérapeute Wilhelm Stekel (1868-1940), Freud créa en 1902 la Psychologische Mittwoch-Gesellschaft ( Société psychologique du mercredi ). Dans cette association, les questions méthodologique et doctrinale de l’interprétation psychanalytique du rêve étaient débattues dans un « communisme intellectuel 13 », c’est-à-dire que, dans ce cercle de réflexion, la propriété intellectuelle des idées émises par les différents participants ne devait faire l’objet d’aucune revendication. Les apports appartenaient au groupe et non pas à un individu particulier. Ainsi, de nombreux passages de la première édition de L’Interprétation des rêves seront modifiés constamment par les amis et collaborateurs de Freud, jusqu’à la huitième édition, c’est-à-dire entre 1899 et 1930 14 . A l’instar d’une publication commune, le livre de Freud sera écrit de la main de plusieurs auteurs, de sorte que nous pouvons encore émettre des doutes sur la fiabilité des corrections faites par Freud en 1925, répertoriant dans un volume de la Gesammelte Schriften III les ajouts de ses anciens collaborateurs, pour ne conserver que la version initiale du texte 15 . La reconnaissance que fait Freud de la provenance de chaque apport, après plusieurs années de travail en commun, dans la Société psychologique du mercredi , peut être sujette à caution quand on sait que tous œuvraient dans un « communisme intellectuel ». Des renseignements qui précèdent, il ressort que la ligne de démarcation entre ce qui appartient strictement à Freud, d’une part, et, d’autre part, ses potentiels emprunts, ne peu

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