L addiction aux certitudes
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L'addiction aux certitudes , livre ebook

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Description

Comment pouvons-nous si souvent perdre notre liberté de pensée et devenir dépendants d’idées, de certitudes ? Au point de nous amener à justifier la pénurie, l’avidité, l’individualisme, la compétition, parfois violemment, au détriment de la recherche du vivre ensemble et du respect des écosystèmes. L’Homme serait-il le seul mammifère à pouvoir devenir « esclave » d’une idée et à avoir besoin de s’accrocher à ses certitudes ? Et souvent de façon collective !Cette addiction semble être à la source des fanatismes et de certains choix de société. Notre modèle économique actuel pourrait en partie en résulter.Le cas de l’usage de l’argent est exemplaire. Alors que l’humanité s’est donné depuis 40 ans les moyens de l’abondance en libérant la création monétaire des contingences matérielles, la misère s’invite pour le plus grand nombre dans un environnement de plus en plus dérégulé par les activités humaines…Il est possible de reconnaître la pensée dogmatique qui alimente cette addiction et de s’en libérer par :- une méthode pour la repérer chez les autres… chez soi et pour s’entrainer à la pensée non dogmatique ;- des exercices et des pistes pour se déprendre des phénomènes d’hypnose collective et pour en prémunir ses enfants.Se présentent alors quelques raisons d’espérer et de donner réalité à ses rêves…Grâce à des notes, un 2e niveau de lecture apportant des précisions, des textes et des références, permet de relier des domaines souvent traités de manière séparée, à savoir la psychologie des comportements addictifs, les attitudes cognitives et l’économie politique et financière.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 juin 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782364292284
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture

Titre

Daniel FAVRE






L’addiction aux certitudes Ce qu’elle nous coûte et comment s’en sortir









5, allée du Torrent - 05000 Gap (France)
Tél. 04 92 65 52 24
www.yvesmichel.org
Table des matières
Introduction
Une crise bienvenue
L’addiction ne se limite pas aux produits ou aux comportements : l’exemple de la violence
Partie 1 : Comment chacun peut-il se retrouver « attaché » à une idée ?
Émotion et cognition : un couple neuro-biologiquement inséparable
De quoi parle-t-on ? Du réel ? De tout le réel ? De la réalité ? De notre manière de construire cette réalité ?
Comment le couple émotion/cognition intervient-il lors d’un changement de représentation ?
S’accrocher à des certitudes pour retrouver sa sécurité… et jouir du plaisir que cela procure
Partie 2 : Un exemple en économie : la représentation de la monnaie et ses conséquences
De l’Antiquité à la Renaissance : le problème était simple
Dès la Renaissance, le problème commence à se compliquer !
La grande peur de l’inflation : de Weimar à la BCE
Des exemples de non-conformisme monétaire
Une lecture sélective de Keynes
La dématérialisation de la monnaie, une chance ?
Une motivation pour euthanasier le citoyen
Des lois pour favoriser le rentier : de 1970 à aujourd’hui
Partie 3 : Comment pouvons-nous croire tous à la même chose ? La création d’une transe hypnotique collective
Les leçons de l’histoire : pénurie, propagande et fabrique de l’opinion sous Hitler
Et maintenant : la goinfrerie pour quelques-uns et l’austérité pour tous ?
Un système qui favorise ou réinvente l’esclavage… et bloque notre maturation psychique
Les stratégies de propagande aujourd’hui
Lutter contre la manipulation demande un « effort cognitif »
Partie 4 : Comment abandonner une addiction à une idée ?
Tester sa résistance aux transes hypnotiques collectives
Choisir le sort de l’Islande ou celui de la Grèce ?
Utiliser à bon escient la TVA
Comprendre que chaque pays peut retrouver la liberté de créer sa monnaie
Les attitudes de la pensée non dogmatique
S’entrainer à penser de manière moins dogmatique
Partie 5 : Trois raisons d’espérer
La première raison d’espérer : une crise qui invite à grandir
La seconde raison d’espérer : gagner le pari de l’éducation… et rêver un peu
La troisième raison d’espérer : on peut encore utiliser l’arme absolue !
Annexe :
Annexe 1
Annexe 2


Introduction
Périssent mes enfants plutôt que mes idées !
Jacques Dartan
Quand Hitler parlait, un témoin dans les années 1930 en Allemagne… résistait :
« J’aurais voulu sauter de joie, me fondre avec les autres, ne faire plus qu’un avec la foule, mais je n’y arrivais pas… Je n’entendais que des absurdités ! »
Cet exemple nous montre que la personne en question se sent partagée entre deux motivations non compatibles : le plaisir de se fondre dans la masse en ressentant une émotion agréable de toute puissance mais en immolant sa raison, ou bien la satisfaction de rester une personne qui conserve sa liberté de penser de manière autonome avec le plaisir de la liberté, mais aussi une frustration liée au sentiment de solitude.
Un choix difficile ?
Peut-être vous, lecteurs, vous êtes-vous, comme moi, posé la question : comment aurais-je réagi si j’avais été dans le stade de Nuremberg en 1936, au milieu de la foule qui acclamait son guide incarnant le slogan nazi : Ein Volk, Ein Reich, Ein Führer ! 1 ?
Est-ce si aisé, intellectuellement, affectivement, de reconnaître que nous avons adopté et fait nôtre une opinion ou une croyance ?
Lors d’un échange dans notre laboratoire de didactique, un de mes collègues m’affirmait que la science élaborait des concepts, et que la religion manipulait des croyances. Sur quoi, je lui répliquai que le clivage ne se situait pas là. Il existe, en effet, de nombreux scientifiques de notre connaissance qui mobilisent « dogmatiquement » des croyances, mais sans les reconnaître comme telles, tandis qu’il peut exister des religieux qui, de manière « non dogmatique », peuvent se poser beaucoup de questions ; nous pouvions citer des personnes dans chaque cas.
L’expérience montre que, chacun, nous pouvons comme dans cet exemple, nous attacher affectivement à une idée , que celle-ci relève du domaine de la physique, de la psychologie, de l’économie ou de la spiritualité. Dans ce cas, on est peu enclins à modifier cette idée et dans les cas extrêmes, nous sommes prêts à la défendre, quelquefois avec des injures quand on appartient à la communauté scientifique, les armes à la main, réelles ou symboliques, si on fait partie d’un groupement armé ou d’une secte fanatique.
Cet attachement aux idées peut se manifester dans les moments les plus banaux de la vie quotidienne.
Avez-vous déjà observé à table, par exemple lors d’un repas en famille ou avec des amis, comment, quand on aborde certains sujets, les amis ou les proches peuvent revêtir les formes de nos pires ennemis ? Comment peut-on en arriver à de tels dérapages, avec des conséquences parfois fâcheuses tant sur notre digestion que sur la qualité de nos relations ?
Vous est-il arrivé par la suite de vous questionner sur ce qui avait bien pu se passer en vous, alors que vous aimez la femme, le mari, le parent, l’enfant ou l’ami(e), pour qu’un quart d’heure plus tôt vous ayez tellement envie de l’étrangler ?
C’est à ce genre de questions que tente de répondre ce livre, mais au lieu de m’en tenir aux questions purement relationnelles, je ferai de larges incursions dans les domaines économique et politique. Comme en témoignent au quotidien les médias, l’économie et la politique ont de fortes répercussions sur notre vie relationnelle et la déterminent dans une large mesure.
Pour illustrer cela, je puiserai dans notre histoire : j’évoquerai le rapport des hommes avec la monnaie durant les cent dernières années et j’utiliserai le « phénomène Hitler ». Celui-ci fera l’objet d’une double lecture, montrant comment ce personnage a réussi à faire adhérer à ses idées un peuple pourtant cultivé et aussi comment, en déjouant les pronostics économiques de l’époque, il a pu devenir extrêmement dangereux.
Est-ce donc aujourd’hui à notre portée de penser sans être « possédé par nos pensées » , d’écouter sans être happé dans une transe émotionnelle qui nous prive de notre libre arbitre et de remettre notre avenir et le sort de nos enfants à ceux qui réussissent à nous rendre « addicts » à leurs idées ?
Si cela l’était, seriez-vous prêt, lecteur, lectrice, à faire l’expérience de sortie d’une transe hypnotique collective ?
Il est encore temps de jeter ce livre ou mieux de le brûler, car c’est ce genre de voyage, peut-être sans retour, qui vous est proposé !


1 . « Un peuple, un empire, un chef » en allemand.


Une crise bienvenue
Pourquoi proposer une telle expérimentation de libération individuelle et collective maintenant plutôt qu’il y a vingt ans ? 1
Ce qui me semble nouveau aujourd’hui, c’est l’hégémonie de la crise qui touche l’économie et les finances, mais aussi notre vie au quotidien. Par les frustrations qu’elle engendre, elle constitue un allié de poids. Sans elle, il serait vain de penser pouvoir, par le raisonnement seulement, favoriser le changement de représentation. Les engagements émotionnels, l’attachement affectif à nos systèmes de pensée sont beaucoup trop importants, d’autant plus importants qu’ils sont souvent ignorés ou minorés.
Contrairement à Karl Popper qui pensait que les chercheurs scientifiques modifiaient leur théorie quand des faits les infirment, Thomas Kuhn a montré en effet que seules les crises qu’il a appelées « révolutions scientifiques » font basculer les opinions des chercheurs 2 .
Un petit exemple de dogmatisation de la pensée ? Il y a une quinzaine d’années, un de mes amis chercheur en biologie moléculaire se plaignait du fait que son métier avait perdu de son intérêt, qu’il s’ennuyait parce qu’il ne trouvait plus rien de nouveau. Je lui ai dit alors que mes nouvelles recherches, concernant la pensée non dogmatique, visaient justement à permettre de comprendre comment la pensée se bloque et bloque l’émergence de nouvelles idées. Ne comprenant pas en quoi cela pouvait s’appliquer à lui, je lui ai posé la question : « à quoi croyez-vous le plus fort dans votre labo ? ». Jouant le jeu, il a réfléchi et m’a dit : « c’est le fait que de l’information nouvelle ne peut pas modifier le génome 3 ! ». « Et si ce n’était pas toujours le cas ? » ai-je proposé. Mon collègue a changé de tête et a lâché finalement : « Et moi qui ai écarté des résultats d’expérience, pensant avoir fait une erreur méthodologique… mais dans tous les cas, quelle revue scientifique va accepter de publier un tel résultat ! ».
La crise, c’est le phénomène qui se produit quand l’écart est trop important entre notre représentation du monde et la réalité de ce monde. Cette définition peut s’appliquer tout autant au niveau individuel ou familial qu’au niveau collectif. La crise provoque alors un « ramollissement » dans ce qui constitue la rigidité de notre pensée mais ce n’est pas automatique. Il faut, en effet, que la pensée non dogmatique puisse prendre le relais pour reconstruire de manière approximative et provisoire une organisation mentale faite initialement pour durer éternellement. Du style : « j’ai tout fait pour mes enfants, je suis quelqu’un de bien (ou trop nul, à quoi bon réfléchir !), c’est à cause des autres : mes parents, mes enfants, l’administration, le gouvernement… que je ne parviens pas à réaliser mes projets, l’économie c’est très compliqué, la réalité c’est que les caisses sont vides, c’est qu’il y a trop de fonctionnaires, de pauvres, d’étrangers, de jeunes, on dépense trop, etc. ».
Toutes ces petites phrases, que les uns et les autres nous pouvons entendre ou même prononcer, entretiennent une sorte de brouillard où la pensée se perd. Un peu

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