Hors sujet
146 pages
Français

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Description

C’est l’hiver, Claire sort faire un jogging de fin d’après-midi.


Une voiture la renverse et sa vie bascule. C’est le coma, la rééducation d’hôpitaux en hôpitaux, son handicap invisible lui donne le plus grand mal à réintégrer sa vie d’avant, d’autant que son frère Antoine accepte difficilement ce coup du sort qui met sa sœur hors sujet.


C’est grâce à Léti la nourrice de son enfance et au nouveau jardinier Nicolas que sa mémoire se restaure peu à peu, et qu’elle peut redonner un sens à sa vie.


Ce récit illustre que tous les espoirs sont permis. Au prix de beaucoup d’efforts et de temps, il est toujours possible de changer sa vision du monde.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 septembre 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342363050
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Illustration
Version audio lue par Cécile Cohen Farhi.
Enregistrement au Studio Teorema (durée 3h30).
Livre disponible prochainement sur kobo.com
Illustration de couverture : aquarelle L’arbre couché
Carole Temstet Lévy d’après L’arbre couché de C. Soutine . Paris, Musée de l’Orangerie.
Copyright









Cet ouvrage a été édité par la Société des Écrivains,
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 84 74 10 20 – Fax : 01 41 684 594
www.societedesecrivains.com
info@societedesecrivains.com

Tous droits réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-342-36306-7

© Société des Écrivains, 2022
Dédicace
Quand j’appuie la pointe du feutre sur le papier délicieusement froid, ma mort ne sait plus mon nom.
Christian Bobin La grande vie
À Claude et Adèle, mes parents Et à tous ceux que j’aime
Préface
« Hors sujet » est un fabuleux roman, sur une vie qui bascule, vacille et se reconstruit.
Les lecteurs seront charmés par les personnages. Claire, personne solaire qui construit sa renaissance après un grave accident qui l’a conduite en réanimation, en rééducation et heureusement chez elle dans sa maison. Son frère qui vit dans un monde fermé, précipité, et va en parallèle s’affranchir des contraintes sociales. Leti la protectrice, figure de la nourrice d’Ulysse de retour à Ithaque.
C’est pour tous les lecteurs l’opportunité d’accompagner les étapes de Claire, la brutalité de l’accident, le réveil progressif à l’hôpital et les premières sensations lors de la toilette, le maquillage, le gâteau d’enfance. La découverte d’une mémoire qui défaille et le retour à la vie, le retour des livres dont le souvenir lui échappe encore, d’une nature très présente et vitale, et la construction d’un nouveau bonheur, d’une vie du futur « dans le sujet ».
C’est une œuvre littéraire, d’un style pur, poétique et réaliste à la fois.
C’est aussi un témoignage, un roman permettant au lecteur de mieux comprendre ce que vivent les personnes victimes d’un traumatisme crânio-cérébral. Ils ont un handicap invisible, car les troubles cognitifs de mémoire, d’attention, de fatigue sont méconnues par l’entourage, les amis, et même parfois par les équipes médicales. Ces dernières sont plus au fait du soin indispensable en période dramatique (juste après l’accident) que des difficultés qui durent et font que la vie n’est pas, ne sera plus comme avant.
Je remercie affectueusement Carole Temstet Levy de ce livre, partageant avec elle pour le meilleur l’amour de la littérature.
Je le ferai lire à tous, car c’est une histoire exceptionnelle, je le conseillerai aux personnes qui ont été victimes d’un traumatisme crânio-cérébral pour qu’ils puissent y partager un peu de leur histoire.
Professeure Pascale Pradat Diehl Cheffe du service de Médecine Physique et de réadaptation de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière.
Partie I
Renversée
Claire aurait pu rester allongée sur son canapé, avec un thé pour se réchauffer d’une journée glaciale.
Claire aurait pu téléphoner à ses amies pour aller prendre un café, à Paris, après une journée à penser, classer les titres d’une bibliothèque poussiéreuse.
Aujourd’hui, elle se demande à quoi bon, tout ça. Il n’y a plus que des octogénaires et des maternelles qui franchissent le seuil de ce lieu désert. Et puis, les gens ne lisent plus…
Les seuls qui restent, rentrent, empruntent, reviennent pour assurer les « retours ». Tout est balisé, rien ne se passe, pas d’questions, pas d’échanges, pas une petite impression.
Claire aurait pu attendre son frère Antoine, rentrer de la Défense, pour qu’il lui raconte les aléas de sa journée passée dans ces hautes tours vitrées qui enferment le monde d’une finance trouble et secrète.
Non, il avait préféré faire un squash avec ses collègues pour évacuer ses montées d’adrénaline.
Claire aurait pu prendre le temps de parler à Léti, qui avait préparé une blanquette de veau-riz blanc et qui avait tout rangé, dépoussiéré, battu, secoué, lessivé, repassé dans la Villa Chante Merle . Non, Léti est partie plus tôt aujourd’hui.
Alors, Claire se retrouve seule dans cette grande maison à tourner autour de sa solitude, énervée, enfermée dans les non-dits de la journée, toutes ses paroles manquées, ses révoltes intérieures.
Alors, elle prend place, calmement, dans les bergères Louis XV au velours rouge compassé, mais les assises sont trop molles. Décidément, elle ne boira pas de thé au jasmin, trop long à préparer… chauffer l’eau, attendre que ça refroidisse, flemme…
Le nez à la fenêtre, Claire remarque que le temps vient de s’éclaircir, il est 19 heures et un petit soleil fait encore le dos rond et éclaire un peu ce bout de la planète. Il est peut-être temps de sortir. Appeler Andréa, Caroline ou Anaé pour aller courir avant la nuit ?
Personne ne répondra et puis, flemme. Claire ira courir seule. Un casque de musique sur les oreilles, encore ce qu’il y a de mieux.
Claire enfile alors un jogging, chausse ses running, prend ses clés autour du cou, accroche son iPod à son bras et met son casque.
Portail de la maison fermé, elle s’en éloigne à petites foulées.
Claire court depuis vingt minutes, son rythme cardiaque est régulier, elle n’a mal nulle part, ni aux chevilles, ni aux genoux, ni au dos, ni à la tête.
Son casque lui réchauffe les oreilles, elle augmente le son, c’est Glenn Gould, sa version acoustique, elle l’entend chantonner, elle adore.
Si elle n’était pas sortie courir, ce jour-là, à cette heure entre chien et loup, elle aurait pu écrire un autre roman.
Le corps de Claire gît sur le sol. Elle a vingt-quatre ans. Brune, cheveux longs. 1 m 70 environ. En tenue de jogging. Baskets. Elle a une paire de clés autour du cou avec un badge Villa Chante Merle . Elle est sûrement du quartier. L’automobiliste qui l’a heurtée va vraiment devenir fou. La tête d’abord, puis le buste de cette femme sont venus se fracasser sur le pare-brise de sa voiture, une golf GTI noire. Il a freiné pourtant. Mais trop tard ; le corps a valdingué à trente mètres de là. Il vient de commettre une erreur fatale envers cette femme qu’il ne connaît pas, envers lui-même, il ne s’en remettra jamais. Il roulait trop vite dans cette petite rue. Tout ça pour aller serrer la main du maire et lui souhaiter les vœux de fin d’année, comme tout conseiller municipal.
Pitié
Ramassée par le SAMU du Val-de-Marne, elle est allongée. Son corps fracassé, posé sous une couverture de survie dorée. Inerte, elle ne donne aucun signe de conscience. Les médecins la placent aussitôt sous assistance respiratoire. Pas de détresse cardiaque. Elle tient le coup. Direction la réa de la Pitié-Salpêtrière.
Elle se retrouve en un coup de sirène dans un brouillard comateux. Une sorte d’espace tout blanc qui sent l’odeur entêtante du désinfectant. Les palpitations de son cœur résonnent dans les haut-parleurs d’une machine placée à côté d’elle pendant qu’une autre la fait respirer.
Elle n’est pas seule, des chuchotements parviennent encore à son esprit.
Entre veille et sommeil, il lui semble qu’elle est accrochée, liée à la proue d’un voilier voguant en mer inconnue, éclairée de jour comme de nuit. Il y fait très froid. Nue, seuls ses cheveux longs entremêlés et bouclés lui couvrent les épaules, les vagues l’assaillent et la blessent chaque fois que le bateau avance dans la mer gelée.
Sirène immobile, elle reste figée sur le lit blanc, elle dérive, complètement frigorifiée.
Elle n’a ni faim, ni soif et ça dure des semaines.
Un jour pourtant, elle ressent une sensation étrange. Une douce chaleur s’est répandue sur toute l’étendue de son crâne, elle sent que ses cheveux longs ont été ramenés à l’arrière de sa tête et dégagés de la nuque.
Posée sur un lit, un drap fin ne parvient pas à la réchauffer.
Alors, elle s’imagine un moment qu’une source d’eau chaude la rend peu à peu à la vie. Une nouvelle sensation l’inonde tout entière et pour la première fois, ses jambes encore inertes, ses bras puis son visage même réintègrent son corps duquel elle s’était sentie échapper, elle ne fait plus qu’un.
Et puis, peu à peu une odeur agréable et humaine l’entoure cette fois, une sorte de halo protecteur l’environne. Une présence s’approche, elle perçoit un souffle.
Malgré les yeux à demi fermés, elle peut entrevoir une silhouette brune longue, vêtue de blanc. Un visage ovale, puis une bouche aux lèvres roses semble dessiner des mots qu’elle ne peut déchiffrer. Une présence bienveillante la rassure et lui permet de se laisser aller, bercée sur son bateau qui flotte doucement.
Une voix chuchote à son oreille :
— Bonjour, je suis l’infirmière de garde, je dois rester en salle. On m’avait prévenue de votre réveil progressif depuis quelques jours. Vous ne pouvez pas parler car vous êtes gênée par tous ces appareils qui vous font respirer. Ne vous inquiétez pas. Je vous ai lavé les cheveux ; c’est peut-être ça qui vous a réveillée. Ne vous agitez pas, vous n’avez pas besoin de bouger pour le moment. Ce goutte-à-goutte vous nourrit. Reposez-vous, vous en avez besoin. Vous avez beaucoup lutté.
— Quoi ? Vous voulez dire quoi ? Vous parlez si bien avec les yeux…
— … Depuis quand vous êtes là ? Bien sûr, c’est évident que vous voulez savoir ! Eh bien, ça fait vingt et un jours exactement. Je viens vous voir tous les trois jours et je vous parle pour vous faire une présence. Ah je vous en ai raconté des choses, et même mes secrets. C’est le docteur qui m’a dit qu’il ne faut pas laisser les gens comme ça dans le silence. Ça les fait mourir. Enfin, non, c’est pas ce qu’il a vraiment dit. Mais un peu quand même. Y’a bien la dame-là qui s’appelle Létitia et un monsieur, votre frère Antoine, qui se relaient. Mais, pas plus de dix minutes par jour, ça fait pas lourd. C’est moi qui fais votre toilette et tout et je vous raconte mes misères. Mais j’fais que parler ! Vous voulez savoir pourquoi vous êtes là ? Et, où vous êtes ? Vous êtes au service de réanimation de la Pitié-Salpêtrière. Car vous av

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