Guérir de la Shoah
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Guérir de la Shoah , livre ebook

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Description

Qui sont ces juifs d’Europe marqués par la Shoah ? De quoi souffrent-ils ? Comment soigner les survivants, les enfants cachés et les descendants de victimes ? Peut-on guérir de la Shoah ? Comment être juif après la Shoah ? Comment être en vie et transmettre la vie après une telle déflagration ? Nathalie Zajde a créé au Centre Georges-Devereux un dispositif d’accueil des survivants et de leurs descendants sur trois générations : les enfants cachés nés avant la guerre de parents libres ou traqués qui ne savent toujours pas pourquoi ils ont échappé à la mort ; les enfants nés après la guerre de parents revenus des camps ; les petits-enfants de victimes submergés par le passé et inquiets de l’avenir. Ce livre est un témoignage de vie et d’espoir : guérir de la Shoah pour que la malédiction ne perpétue pas le maléfice de la destruction. Nathalie Zajde est maître de conférences en psychologie clinique à l’université Paris-VIII-Saint-Denis. Elle a publié Enfants de survivants.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 novembre 2005
Nombre de lectures 3
EAN13 9782738187796
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Nathalie Zajde
GUÉRIR DE LA SHOAH
Psychothérapie des survivants et de leurs descendants
 
© Odile Jacob, octobre 2005 15, rue Soufflot, 75005 Paris
ISBN : 978-2-7381-8779-6
www.odilejacob.fr
Table

Avant-propos
Présentation et remerciements
Première partie. La Shoah : un événement public
CHAPITRE PREMIER. Le retour des survivants
Le syndrome du survivant, l’intrusion de la modernité
Un génocide invisible
Le procès des invisibles
Prendre la Shoah au sérieux
La pathologie traumatique est la manifestation d’une métamorphose non aboutie
Le trauma, la maladie de la modernité
De quelle modernité étaient porteurs les survivants ?
Dans quelle société sont-ils revenus ?
Quelques questions de survivants restées en suspens
Les survivants nous enjoignent de penser la divinité dans la modernité
Quelle était l’intention de Dieu au moment de la Shoah ? Que voulait-il des Juifs ?
Deuxième partie. Soigner les survivants et leurs enfants
CHAPITRE II. Les groupes de parole de survivants et de descendants de victimes de la Shoah
Réunir des descendants de victimes de la Shoah
La recherche d’un monde commun
La mise en place des groupes de parole
La recherche en psychologie clinique
Dans ces groupes, que cherche-t-on ?
Le dispositif de recherche
Le « groupe juif » : un élément qui introduit de la perturbation en psychologie clinique
Quelques éléments juifs perturbateurs
Le calendrier juif
Une association d’anciens déportés d’Auschwitz
Un objet juif, le thalit
Le mariage
CHAPITRE III. Qui sont les participants ?
Pourquoi viennent-ils au groupe de parole ?
Quelques chiffres
CHAPITRE IV. L’entretien psychohistorique
Les spécificités de l’entretien psychohistorique
CHAPITRE V. Présentations
Premières paroles du groupe B, octobre 1992
D’où vient cette spontanéité ?
L’émigration des Juifs polonais
Enfants cachés
Des familles entières disparues
La fin du yiddish
Les numéros tatoués au camp d’Auschwitz
Le choix des thèmes
Premières paroles du groupe E, janvier 1996
Questions sur le dispositif
CHAPITRE VI. Penser ensemble
Comprendre les survivants
Identifier les générations
Deuil pathologique ou un mort juif enterré parmi les goyim  ?
La névrose phobique ou la Kappara  ?
Comment être différent sans être seul au monde ?
Ne pas être confondu
Le sentiment de solitude
Après Rosh Hashana
« Ton ghetto »
Qu’est-ce que la transmission ?
Dernières paroles du groupe E
CHAPITRE VII. Un mort non disloqué
Entretien psychohistorique de Myriam Trotman avant sa participation au groupe de parole
Les lettres de Drancy
D’où viennent les enfants ?
La vie après la mort
Rappel de quelques principes généraux
Le deuil chez les Juifs
L’évocation d’un mort dans un groupe culturel
Le groupe est un relais déclencheur de relais
CHAPITRE VIII. Kaddish pour le père de Lili
Lili Perlman
Romain Bronstin
Lili
David Weintraub
Lili
Anne Goldstein
Lili
Isabelle Reichman
Lili
Rolande Sarfati
Lili
Gérald Stork
Un an plus tard
Kaddish
CHAPITRE IX. Le dibbouk, un mort ashkénaze ressuscité
Disparition
Qui étaient les Ashkénazes ?
Rachel Lévy, une enfant cachée
Le dibbouk
La vie après la Shoah
CHAPITRE X. Devenir juif ?
Les thèmes
Quelques résultats chiffrés
Quand parler fait agir
Questions de recherche
CHAPITRE XI. Le bannissement de la mélancolie
Thérapie familiale des survivants
Le Centre Georges-Devereux
Une consultation psychothérapique avec une famille de survivants
Présentation
Interprétations
Recommandations
Pourquoi des psychologues recourent-ils à des théories non psy ?
CHAPITRE XII. 10 paroles pour mieux soigner un descendant de victimes de la Shoah
Troisième partie. Revue critique des théories psy du traumatisme de la Shoah
Le traumatisme de la Shoah
Bettelheim
La transformation des prisonniers
Quand Bettelheim remet en cause la théorie psychanalytique
Quand Bettelheim recourt aux interprétations psychanalytiques 22
Le syndrome du survivant : création d’un nouvel être
Matrice signifiante
Constat
Interprétations psychanalytiques et psychothérapies des survivants et enfants cachés
Psychothérapies de groupe de survivants et communautés juives
Les cures et théorisations d’inspiration psychanalytique avec les enfants cachés et les enfants de survivants
Approche psychanalytique de la transmission du traumatisme
Les enfants de survivants définis par la psychanalyse
Les groupes de parole psychanalytiques d’enfants de survivants
Former et superviser des psy spécialisés
Quelques problèmes méthodologiques
Soigner n’est pas neutre
Petit glossaire
Notes
Bibliographie
À la mémoire de mon grand-père Jankel Zajde,
qui a survécu à la Shoah et à l’après-guerre,
et pour Yom Tov,
« Comme le palmier,
il fleurira ».
 
C’est alors que vint Rabbi Israël Bal Shem. En plein cœur du XVIII e  siècle, il fit descendre les cieux sur la terre. Avec ses disciples, les Hassidim, il bannit l’âme de la mélancolie et révéla la joie d’être juif. Dieu n’est pas seulement le créateur des cieux et de la terre, Il est aussi Celui qui « a créé le plaisir et la joie »… Voici comment s’exprime un des plus grands penseurs hassidiques : « Quand nous parlons de la joie nécessaire, nous ne pensons pas seulement à la joie qu’on éprouve à accomplir les commandements, car seulement les âmes remarquables ont la faculté d’éprouver spontanément une telle joie ; et l’on ne peut demander à tous les juifs d’être remarquables. Ce à quoi nous pensons, c’est : être libéré de la tristesse. Un juif qui ne se réjouit pas d’être juif est ingrat envers le ciel ; il prouve par là qu’il n’a pas réussi à saisir ce que signifie « être juif ».

  Abraham E SCHEL , Les bâtisseurs du temps ,
1957, Les Éditions de Minuit, 1999, p. 63-64.
 
 
 
Certains chapitres de ce livre sont tirés d’articles parus dans des revues spécialisées qui ont été complètement ou en partie revus pour la présente publication. Il s’agit d’ Un mort pas disloqué , paru dans Nathan et al., Rituels de deuil, travail de deuil , éd. La Pensée sauvage, Grenoble, 1995, p. 103-126. ; Kaddish pour le père de Lili , paru dans Nouvelle Revue d’ethnopsychiatrie , 31, 1999, p. 119-138, Le dibbouke un mort ashkénaze ressuscité paru dans Ethnopsy, les mondes contemporains de la guérison , n° 5, Les Empêcheurs de penser en rond, Le Seuil, Paris, p. 151-180.
 
Présentation et remerciements
 
J’ai débuté mes recherches sur la psychologie des survivants et des enfants de survivants de la Shoah en 1988. À l’époque, aucun enseignement, aucune formation psychologique en France ne traitait de cette question. Bien que de nombreux psy français aient été eux-mêmes personnellement concernés par la Shoah – en tant que survivants ou enfants de victimes – l’événement qui avait marqué d’une façon radicale le monde juif européen n’avait pas sa place dans les orientations des différents courants de pensée des professionnels français de la santé mentale, pour des raisons théoriques et souvent idéologiques. Encouragée par l’institution universitaire, et tout particulièrement par le professeur Tobie Nathan et son équipe, j’ai mis en place, dans l’UFR de psychologie de l’université de Paris-VIII Saint-Denis, dès 1990, les premiers groupes de parole de survivants et d’enfants de survivants de la Shoah en France.
L’équipe d’ethnopsychiatrie de l’université de Paris-VIII, constituée de psychologues formés dans les universités françaises, originaires des DOM-TOM, de différents pays d’Afrique, d’Asie et bien sûr d’Europe, soigne depuis plus de vingt ans des patients venus « d’ailleurs ». C’est au contact de ces représentants d’autres univers culturels que j’ai pu approcher « les miens », que j’ai pu explorer en profondeur la psychologie des survivants et de leur famille. Je me suis intéressée aux survivants de la Shoah et à leurs enfants, avant tout, je crois, parce que je suis moi-même une « enfant » de survivants. Une idée entièrement fausse, mais malheureusement encore fort répandue dans les sciences humaines, prétend que le chercheur ne peut fournir de travail convenable s’il s’intéresse à un sujet qui le touche de trop près. Certains prétendent encore que la recherche exigerait une distance nécessaire, garantie de « neutralité », d’« objectivité », conditions de la « scientificité ». En réalité, cette idée s’oppose au bon sens et sous couvert de scientificité, je crains qu’elle ne desserve la tâche à réaliser : plus nous sommes éloignés de ceux dont nous parlons et moins nos discours nous engagent. Au contraire, plus nous sommes près de nos sujets, plus ils sont nos semblables, et plus c’est toute notre existence qui est en jeu dans nos résultats scientifiques. En outre, d’un simple point de vue méthodologique, il est sûrement plus aisé d’accéder aux sujets et à la variété des données les concernant lorsqu’on les connaît, lorsqu’on partage leur monde, lorsqu’on connaît leurs sources, enfin, lorsqu’on est facilement « identifiable » et « contrôlable » par eux.
Tout au long du travail clinique avec les familles de survivants, je n’ai cessé de viser deux grands axes : isoler la nature du traumatisme et proposer des solutions thérapeutiques adaptées aux victimes de la Shoah. L’expérience des groupes de parole fut d’une richesse insoupçonnée ; si elle m’a permis de saisir ce dont souffrent les victimes et les enfants de survivants, elle m’a surtout donné l’occasion d’explorer des nouvelles hypothèses thérapeutiques. Ce sont ces expériences cliniques et ces nouvelles propositions thérapeutiques élaborées durant plus de quinze années au sein de l’équipe du Centre universitaire Georges-Devereux dont je rends compte dans le présent ouvrage. Celui-ci fait suite à un premier travail publié en 1993 1 qui présentait les bases de la recherche.

  La première partie de ce livre La Shoah : un événement public suivi de Le retour des survivants , est

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