FIGUIG - Murmures d oasis
231 pages
Français

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FIGUIG - Murmures d'oasis , livre ebook

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Description


Un recueil de témoignages inspirants...




Figuig, oasis du Sud-est marocain. Enclavée depuis la fermeture des frontières. Trente-deux femmes ont bien voulu confier leur détresse, leur impatience, leur ennui, leurs peurs, mais aussi leurs aspirations, leur volonté de s’affranchir de certaines des traditions, de s’émanciper. De leur désir de mieux comprendre la religion, de leurs espoirs, de paix, de plus d’égalité. Autant de témoignages qui nous transportent loin, dans les jardins, près des séguias, au souk et nous enrichissent sur l’humanité.



Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 mai 2021
Nombre de lectures 1
EAN13 9782381535746
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

FIGUIG Murmures d’Oasis
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité
Laurence CHARRIE
FIGUIG Murmures d’Oasis



 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
À Najat
 
 
« Je regardai et j’eus une révélation : ce monde était un monde masculin. Mon enfance avait été nourrie de mythes forgés par les hommes et je n’y avais pas du tout réagi de la même manière que si j’avais été un garçon. Je fus si intéressée que j’abandonnai tout pour m’occuper de la question féminine dans sa généralité ». Simone de Beauvoir
 

 
 
PRÉFACE
C ’est l’amitié qui m’a fait connaître Figuig, oasis située dans la région de l’Oriental marocain, frontalière avec l’Algérie. En 1999, quand je pénétrai dans le ksar Zenaga, un grand coup frappa mon cœur, je tombai en amour. J’y découvris d’abord un paysage magnifique, une paix extraordinaire. Puis, je me suis liée à des femmes, avec le temps à des hommes, certains devenus de grands amis. Photographe, j’ai commencé à réfléchir à une activité franco-marocaine. Je mets toujours du temps à élaborer un projet, quel qu’il soit, il peut se passer des mois et des mois sans que rien ne s’écrive et subitement, l’ordinateur remplit ses pages lumineuses. Ainsi, en 2011, j’entreprends un voyage pour mettre au point les objectifs d’une initiation à l’art photographique avec quatorze collégiens, accompagnée des professeurs d’arts plastiques des deux collèges de Figuig. Dans la foulée, je travaille avec une association stanoise en Seine Saint-Denis. Souvenirs merveilleux d’une exposition photographique des jeunes oasiens et des jeunes stanois à la maison de la culture de Figuig en ce beau mois de mai 2013. Huit autres expositions seront présentées ultérieurement en région parisienne.
2013 toujours. Un racisme antimusulman s’installe dans notre pays ; une colère sourde m’agite et commencent à défiler dans ma tête d’insomniaque les objectifs d’un nouveau projet. Dans le sud, où je vis désormais, un vote d’extrême droite fort, mais aussi des militants qui travaillent avec tous, sans préjugés, sans tabous et qui m’encouragent, à l’instar de mes amis personnels, à réaliser mon projet. Me voilà repartie à Figuig pour y exposer les grandes lignes de ce qui me tient à cœur. Mes plus grandes amies m’écoutent avec attention, me conseillent, me soutiennent, et me renvoient en France avec des pages à remplir. Je leur ai parlé des femmes qui dans ma ville portent le hijab pour certaines, le foulard pour un grand nombre, qui ne porte rien pour toutes les autres. Je leur ai parlé des femmes de Figuig qui portent le foulard et le haïk. Moi, l’humaniste laïque, je leur ai dit que je voulais démontrer que derrière ces fronts couverts d’un morceau de tissu, il y avait de la souffrance, de la lassitude, de la dépression, mais aussi beaucoup d’intelligence, un grand désir d’émancipation, de la colère et de la résistance. Aucun désir d’attentat, aucune soif d’intégrisme religieux. Qu’un désir de paix.
Je décidai donc de faire éditer un livre, celui des voix féminines d’une oasis totalement enclavée depuis la fermeture des frontières, située à 380 kilomètres d’Oujda, à 110 kilomètres de la première ville, Bouarfa.
Avec l’aide de mes amis, j’ai réalisé trente-deux interviews. Les entretiens ont été réalisés auprès de femmes de statut social différent, de ksour 1 différents et d’âge également différent. Je ne suis ni une sociologue ni une ethnologue, juste une photographe qui a de l’œil, mais aussi une bonne oreille, dotée d’une grande patience et d’une grande sensibilité aux palpitations du monde.
À travers ces histoires, j’ai voulu aussi faire découvrir Figuig, belle et fière oasis. J’y fais écouter les bruits de la rue, les bruissements du dattier, les sources et les rigoles ; plus loin, j’y fais découvrir la montagne, le désert et ses mystères, la falaise qui sépare la ville en deux.
J’ai voulu recueillir les pensées les plus intimes de ces femmes enfermées géographiquement, souvent prisonnières des traditions ; j’ai voulu enregistrer leur quotidien, leurs angoisses de mère, leur rapport à la religion, à la famille ; leur regard sur les hommes et leurs réflexions sur l’avenir de leur petite ville. Et puis, les deux derniers portraits sont ceux de deux femmes toutes deux âgées de 40 ans, vivant en France. L’une est née en France, l’autre y est venue à l’âge de 22 ans. Deux regards différents sur leur terre d’origine.
Les remerciements recouvrent la dernière page, mais dès cette première page je voudrais remercier tout particulièrement Sylvie et feu Mostafa Bassim, aubergistes chez qui j’ai été accueillie pendant ces deux années, Sylvie qui m’a guidée, qui m’a écoutée, qui m’a dorlotée ; Mostafa qui m’a fait trop rire, qui m’a parlé de Nanna, sa maman, qui m’a souvent encouragée aussi.
Puisse cet ouvrage donner l’envie de prendre l’avion jusqu’à Oujda, de prendre le car qui en six/sept heures fait découvrir le reg, d’aller à la rencontre de cette population attachante, de revenir en France avec de nouveaux regards sur l’autre.
 
« L’enfance c’est la matière de l’homme. Tout ce qui constitue un homme ou une femme prend sa source dans l’enfance. On n’en finit jamais avec elle »
Marie Desplechin.
 
Faïza
 
 
 
 
 
C ela fait un bon quart d’heure que je suis assise là, accoudée à ma table de cuisine ; je pense à Élise et à l’interview qu’elle veut faire de moi. Elle m’a été présentée par une amie ; je ne m’attendais pas à ce qu’elle veuille m’interroger. Elle a l’air plutôt sympathique, mais je ne la connais pas, je suis un peu hésitante à lui raconter ma vie. Bon, il faut que je me secoue, Farida et Mohamed vont bientôt arriver. J’ai bien avancé mon repas, tant mieux, car je suis un peu distraite ce soir. Le poulet est cuit, me reste à préparer les légumes, ça ne va pas être bien long. Ah, j’avais oublié, Mostafa doit venir prendre une caissette de dattes. Il doit l’envoyer en France pour ma sœur infirmière. S’il veut manger avec nous, il sera le bienvenu…
Je passe une partie de mes insomnies à réfléchir à ce que je vais bien pouvoir dire à Élise, le sujet est vaste.
Le lendemain, comme convenu, elle passe au local de l’association, sort son agenda et ça y est, un rendez-vous est pris. Je lui fais réexpliquer ce qu’elle veut faire avec son livre. Finalement, j’accepte.
Je décide de la recevoir dans un bureau de l’association. Je partirai un peu plus tôt pour régler des problèmes avec mes collègues puis je lui ferai visiter nos locaux. Ensuite, on verra bien.
Nous y sommes. Ici, il y a beaucoup de va-et-vient, d’agitation. Mes collègues, toutes des bénévoles, s’interpellent, parlent du vieux qu’elles ont trouvé chez lui par terre, s’interrogent sur les derniers préparatifs de la fête de quartier… Élise me paraît un peu tendue, mais soudainement, son visage se transforme, ses yeux deviennent rieurs. Elle nous regarde toutes et se met à sourire. On ne comprend pas, on est un peu gênées. Là, elle éclate de rire et nous fait remarquer que nous sommes toutes habillées de rose ! Qui une djellaba, qui un foulard, qui un gilet… Du coup, tout le monde rit de bon cœur… on ne l’a pourtant pas fait exprès ! La bonne humeur introduit notre rencontre, j’apprécie et me détends.

—  Tu sais, j’ai beaucoup de choses à raconter, j’ai eu une vie pas toujours facile, mais riche, vraiment… je ne sais pas bien par où commencer…
—  Fais comme tu le veux, ça n’a aucune espèce d’importance.
Élise ouvre l’enregistreur.
Je ne sais plus rien. J

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