Faire la paix avec son passé
103 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Faire la paix avec son passé , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
103 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Nos souvenirs nous attirent vers le passé. Mais notre vie se passe maintenant !Regrets, traumatismes, deuils, mais aussi nostalgie des moments heureux : nous souvenons-nous trop ?Comment faire pour que notre passé ne parasite pas notre présent ? Comment accepter sereinement nos souvenirs et les émotions qui les accompagnent ?Ce livre nous aide à sortir du piège de la mémoire. Il nous explique pourquoi il est si difficile d’oublier, et nous montre comment cesser de vouloir tout contrôler. Pour faire la paix avec nos souvenirs et mieux vivre notre présent. Jean-Louis Monestès est psychologue clinicien et psychothérapeute, membre du laboratoire CNRS de neurosciences fonctionnelles et pathologies. Il est l’auteur de La Schizophrénie. Mieux comprendre la maladie et mieux aider la personne.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 mars 2009
Nombre de lectures 13
EAN13 9782738195241
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© ODILE JACOB, MARS 2009
15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
EAN 978-2-7381-9524-1
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
« Il n’y a qu’une route vers le bonheur, c’est de renoncer aux choses qui ne dépendent pas de notre volonté. »
Épictète.
Introduction

Y a-t-il quelque chose qui n’ait pas encore été écrit sur la mémoire ? De l’Antiquité aux dernières découvertes des neurosciences et de l’imagerie cérébrale, des premiers pas de la psychologie aux différentes méthodes pour accroître les capacités de mémorisation, en passant par les préoccupations actuelles sur la maladie d’Alzheimer, une quantité phénoménale de livres porte sur ce sujet qui occupe encore un nombre incroyable de chercheurs.
Ce qui fascine, intrigue et inquiète dans le fonctionnement de la mémoire, c’est essentiellement sa perte. L’oubli, la perte de mémoire constituent une réalité à laquelle de nombreuses personnes sont confrontées, que ce soit dans un processus pathologique ou bien au cours de l’évolution normale liée à l’âge.
Au-delà, qui parmi nous n’a jamais souhaité être capable de se souvenir de davantage de choses, de ne jamais rien oublier, d’acquérir plus de connaissances ? La plupart des ouvrages qui traitent de la mémoire cherchent à décrire les mécanismes de l’oubli ou tentent d’améliorer les performances de la mémoire. Ils essaient de nous aider à nous souvenir plus, mieux et plus longtemps. Certains proposent de décupler nos capacités de mémoire par un apprentissage durant notre sommeil ou en avalant je ne sais quelle huile de poisson ! Le « Programme d’entraînement cérébral » – le jeu sur console Nintendo qui promet de nous aider à améliorer notre mémoire – rencontre un grand succès.
Même si la fragilité du souvenir nous obsède, la perte de mémoire est plus souvent l’exception que la règle et nous passons notre vie à apprendre sans nous en rendre compte. Notre cerveau est une véritable machine à apprendre qui aspire tout ce qui passe à sa portée, ou presque. C’est d’ailleurs probablement ce qui fait que nous considérons nos petits oublis comme catastrophiques.
Au quotidien, chacun d’entre nous rencontre bien plus de difficultés avec ses souvenirs, particulièrement ceux qu’il préférerait ne pas garder, qu’avec ses oublis. Une grande partie de nos problèmes résulte de souvenirs dont nous nous serions bien passés et que nous avons involontairement retenus. Ce sont nos expériences de vie désagréables. Nous sommes tous concernés par cet amoncellement de souvenirs, qui parfois nous déborde. Sans nous en rendre vraiment compte, nous dépensons une énergie considérable pour ne plus penser aux moments douloureux de notre vie. Sans grand succès la plupart du temps.
Au fil des rencontres avec les patients que j’essaie d’aider, je suis parvenu à la conclusion que ce qui les fait souffrir le plus souvent, ce ne sont pas les pertes de mémoire, ce n’est pas non plus la trop faible capacité à se souvenir. Ce qui tourmente les patients qui viennent me demander de l’aide, c’est le plus souvent de trop se souvenir. N’est-ce pas finalement ce qui nous fait aussi tous souffrir au quotidien ?
Lorsque nous essayons de contrôler nos pires souvenirs, nous tentons d’appliquer à notre activité mentale des règles de fonctionnement du type « Ne pense plus à cette séparation », « Il ne te sert à rien d’être triste, tout cela est passé, ça ne changera rien », etc. Mais, s’il suffisait de s’imposer de telles règles pour parvenir à contrôler son activité mentale, les psys n’auraient guère de raison d’exister ! Les choses ne sont pas si simples. Ces règles que nous nous adressons à nous-mêmes (et parfois aux autres) sont inefficaces et inutiles. La psychologie nous fournit de nombreuses pistes de compréhension de l’inutilité de tels efforts pour oublier ce qui nous fait souffrir.
Aussi ce livre cherche-t-il à répondre à une tout autre question que celles habituellement abordées. On n’y découvrira pas comment muscler sa mémoire, comment limiter les oublis, comment conserver la mémoire, etc., mais, au contraire, que faire de ce trop-plein de souvenirs qui nous ennuient, nous blessent, nous gênent, nous empêchent d’avancer ?
Au siècle dernier, une des idées dominantes en psychologie était qu’il fallait parler de son passé pour se libérer des difficultés que les souvenirs engendraient. Nous verrons que cela n’est pas suffisant. Et s’il était simplement impossible d’oublier volontairement un souvenir, et si ce qui a été vécu faisait partie de nous de façon définitive, nous constituait pour toujours ? Car la mémoire ne fonctionne pas comme une gigantesque bibliothèque dans laquelle il suffirait de jeter un livre pour retrouver la paix. Les choses sont bien plus complexes, et notre cerveau ne laisse pas facilement sortir ce qu’il a laissé entrer !
Je vous propose donc d’explorer cette mémoire qu’on préférerait ne pas garder, dont on aimerait se débarrasser. Sommes-nous capables d’oublier volontairement ? Sommes-nous condamnés à souffrir toujours davantage au fur et à mesure des années et des souvenirs qui s’accumulent ? Notre bien-être se trouve-t-il réellement dans l’oubli ?
Première partie
Quand le passé est trop présent
Chapitre premier
Le cerveau : une machine à (trop bien) apprendre

« Un souvenir, mon ami.
Nous ne vivons qu’en avant ou en arrière. »
Gérard de N ERVAL ,
Fragments, « Un souvenir ».

Nous apprenons constamment
Emma a maintenant deux ans et demi. J’aime beaucoup Emma. De notre groupe d’amis, ses parents ont été les premiers à avoir un enfant. Nous nous sommes tous rencontrés à l’adolescence, sur les bancs du collège ou du lycée, et c’est ensemble que nous avons vécu nos premiers émois, nos premières expériences professionnelles, nos réussites et nos échecs. Et puis un jour, sans que nous l’ayons finalement vue arriver, Emma était là. Après avoir dépassé l’inévitable « coup de vieux » que nous avons tous pris au moment de sa naissance, Emma a finalement été la pionnière de notre expérience parentale collective : la première à confronter ses parents aux nuits blanches, la première à faire comprendre à tous la difficulté de savoir ce qui fait pleurer un enfant, la première à nous montrer les incroyables capacités d’apprentissage de l’enfant. Aujourd’hui, Emma a deux ans et demi. Et, à son âge, tout est source d’apprentissage, même ce que ses parents aimeraient qu’elle n’apprenne pas. La dernière fois que je l’ai rencontrée, Laurent, son père, a malencontreusement fait tomber son ordinateur portable qui, en plus d’un inquiétant bruit sourd, a déclenché un éclat de voix totalisant à peine plus de cinq lettres : « Et m…! » s’est exclamé Laurent voyant son précieux engin en pièces détachées sur le carrelage. La situation était triste, mais pas totalement désespérée : Emma en avait profité pour apprendre et n’en avait pas perdu une miette. Et il a fallu au moins quinze jours à ses parents pour lui faire comprendre que « Et m…! » n’est pas une expression qu’il faut employer, qu’« il ne faut surtout pas le répéter » (et surtout pas à la crèche !), et que « seuls les grands peuvent dire cela parfois quand ils sont très en colère ». Ses parents auraient bien aimé qu’Emma oublie définitivement cet épisode, mais c’était peine perdue.
Cette histoire est exemplaire de la façon dont nous sommes préparés pour interagir avec le monde. Notre programme de fonctionnement est bien mince au moment de notre naissance. Chez d’autres espèces, les petits naissent avec un ensemble de compétences bien plus important. Quelques heures après sa naissance, un poulain par exemple est capable de marcher et de galoper, alors que le petit homme ne parviendra à le faire qu’à dix mois, et encore, avec une efficacité toute relative ! Mais si nous naissons avec un nombre faible de compétences préprogrammées, nous commençons notre vie avec une capacité d’apprentissage qui dépasse de loin celle des autres espèces. Certains pensent même que cette programmation va devoir se faire essentiellement par apprentissage puisqu’elle n’a pas été réalisée génétiquement. Le petit homme arrive au monde sans beaucoup de compétences sauf celle de pouvoir apprendre beaucoup, vite et de façon durable 1 . Cette capacité va s’exprimer très vite et les premiers temps sans que personne s’en soucie vraiment. Dans les premières années de la vie, un nombre incroyable d’apprentissages va être réalisé « naturellement ». La marche, le langage, le rapport aux autres, l’expression de la douleur et des sentiments sont autant d’apprentissages réalisés sans que la volonté d’apprendre ou d’enseigner soit explicite. Entre deux et six ans un enfant apprend, entre autres choses, près de deux mille cinq cents mots et leur signification, soit en moyenne un à deux mots par jour, pour la plupart d’entre eux sans chercher vraiment à les apprendre et sans qu’un enseignant ou un parent ne les lui enseigne.
L’histoire d’Emma préjuge d’un type d’apprentissage particulier qui finalement va nous permettre d’apprendre bien plus que tout autre : l’« apprentissage implicite 2  ». Nous pensons que nous apprenons uniquement lorsque nous faisons volontairement l’effort d’apprendre et de nous souvenir, comme lorsque l’on essaie de parler une langue étrangère ou de retenir l’heure d’un rendez-vous. Cependant, la plupart des informations qui nous sont

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents