Ethnosociologie du corps dans les pratiques et les rituels chez les Bandjoun de l'ouest-Cameroun , livre ebook

Connaissances & Savoirs - Raymond Charlie Tamoufe Simo

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414 pages

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Extrait

Description

Les débuts du XXe siècle n'ont pas été sans effets majeurs sur la vie des peuples de l'ouest Cameroun. L'exemple de la société Bandjoun au contact des missionnaires occidentaux exprime de manière observable les logiques d'influences idéologique et culturelle. D'ailleurs, en se référant au corps, ses constructions et ses représentations, la littérature anthropologique africaine est riche de descriptions. Elle nous les livre en les théorisant, mettant en valeur toute la complexité de leurs conceptions. Dans une perspective anthropologique, elle relance la pointe du débat Nature/Culture, et met à rude épreuve la définition catégorique du corps par l'occident. Ce qui appauvrit sans aucun doute, le génie culturel des autres peuples, et suscite une invite à une nouvelle façon de représenter le corps. Sur ce, le destin culturel et cultuel des Bandjoun sera incontestablement confronté si l'on s'en tient aux représentations, aux trajectoires religieuses et/ou aux itinéraires spirituels en présence. Et pourtant, l'évidence et la pertinence de cette rencontre culturelle trouvent ses fondements sur les plans sociaux, historiques et ethnologiques. En somme, cet ouvrage révèle la complexité culturelle et cultuelle du corps, et actualise les pratiques et les rituels comme étant le fruit du patrimoine ancestral, et refuse toutes émotions ou sentiments contraires.

Sujets

Sciences sociales

Sciences humaines

Sociologie, société et politique

Informations

Publié par	Connaissances & Savoirs
Date de parution	07 juillet 2017
Nombre de lectures	2
EAN13	9782342154207
Langue	Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ethnosociologie du corps dans les pratiques et les rituels chez les Bandjoun de l'ouest-Cameroun
Raymond Charlie Tamoufe Simo
Connaissances & Savoirs

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Connaissances & Savoirs
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Ethnosociologie du corps dans les pratiques et les rituels chez les Bandjoun de l'ouest-Cameroun

Avertissement
Cet ouvrage est une synthèse des travaux de recherche qui intègrent des sources méthodologiques, lesquelles visent à une simplification des nombreuses références. À l’entame, qu’il nous plaise d’informer le lecteur des faits requérant attention, et relatifs aux remarques faites à partir de la page 366 et suivantes, qui sont bels et bien normales.
En effet, ce sont des entretiens réalisés et les pointillées traduisent les moments d’hésitations et d’incertitudes dans le langage de l’interviewé. La traduction du texte s’est faite du dialecte local (Ghomàlà’ ou Bandjoun) en français. De ce fait, nous avons préféré un ensemble de règles typographiques en vigueur en Ethnosociologie, d’autant plus qu’il s’adresse à un public de chercheurs en sciences sociales, en privilégiant les usages les plus répandus dans la littérature scientifique, d’une part, et la norme, d’autre part.
Remerciements
Cet ouvrage est l’aboutissement de plusieurs années de recherches. Je voudrais ici remercier les personnes qui m’ont guidé et accompagné sur ce chemin plein de détours. Je pense particulièrement à tous ceux qui m’ont gratuitement consacré de leur temps. À tous ceux qui ont simplement pris la peine de m’apporter leurs expériences scientifiques et professionnelles, je veux dire ici mes plus sincères remerciements. Merci aussi à toutes les bonnes volontés qui ont œuvrées pour la lecture attentive et souvent attentionnée d’une première version plus académique de ce travail.
Je ne saurais manquer également d’exprimer avec tendresse et affection, toute ma reconnaissance à ma famille pour leur aide précieuse, leur réconfort et leurs encouragements sans cesse efficaces. Enfin, je tiens à adresser mes plus sincères remerciements au Centre de Recherche et d’Innovation en Éducation Corporelle (CRIEC), pour la contribution à la publication de cet ouvrage. Et, last but not least, à tous les adeptes de l’ethnosociologie des pratiques corporelles, cet ouvrage vous est dédié.
Avant-propos
La colonisation du Cameroun au début du XX e siècle, qui n’a pas épargné les collines de l’Ouest, a provoqué, chez les peuples habitant cette partie du pays, de profonds bouleversements. Chez les Bandjoun, plusieurs faits fondamentaux permettent de comprendre les circonstances et les conséquences que la prescription des pratiques dites modernes va susciter. L’exemple des pratiques et des rites sacramentaux véhiculés par les missionnaires occidentaux constitue, de ce fait, l’une des voûtes majeures. Les pratiques sociales et culturelles de ce peuple seront bouleversées si l’on s’en tient aux représentations, aux trajectoires religieuses et/ou aux itinéraires spirituelles en contact.
Cet ouvrage se propose de faire une lecture ethnosociologique des pratiques corporelles, qui sont en partie liés avec les pratiques sociales et culturelles, afin d’apporter des éclaircis sur les zones d’ombre qui justifient les représentations réelles et/ou symboliques des pratiques et rites coutumiers de la vie quotidienne face aux sacrements chrétiens. Nous interrogeons notamment la symbolique des valeurs traditionnelles initiatiques et le discours théologique acquis lors du baptême.
L’ambition est de révéler la complexité culturelle du corps, véritable espace d’expression culturelle chez les Bandjoun. La construction des représentations individuelles et/ou collectives à travers les pratiques et les rites corporels protecteurs et/ou purificateurs, les représentations du corps chez ce peuple n’est pas seulement comme une grâce divine ; elles sont une construction divine, conçue dans la mémoire ancestrale et socialement élaborée.
Introduction générale
Dans la deuxième moitié du XIX e siècle en Afrique, les mésententes entre puissances colonisatrices ont conduit à la convocation d’une conférence chargée de fixer les modalités du partage de ce continent. Elle se tient à Berlin en 1884. Après cette réunion, s’ouvre pour ces puissances une ère nouvelle en Afrique en général, particulièrement au Cameroun. Avec la colonisation arrivent des sociétés industrielles et le mouvement d’expansion missionnaire parfois antérieure au fait colonial se renforce. Cette période impose au Cameroun des priorités nouvelles. Le peuple est appelé à entretenir des nouvelles relations entre les Institutions confessionnelles consacrées à la mission religieuse et éducatrice 1 , les chefferies traditionnelles et l’administration coloniale 2 .
Les interactions entre les acteurs coloniaux vont générer des interférences entre les structures chrétiennes et traditionnelles. R. Gouellain qui, à la suite de J. Wilbois, analyse ces interactions chez les Douala du Littoral dévoile les types de rapports qui se sont développés entre les indigènes et les colons 3 . Notre démarche se démarque du sien en ce sens qu’il s’applique à un groupe social aux traits culturels fortement rattachés aux croyances ancestrales : les Bandjoun. Dans ses travaux sur le culte des ancêtres chez les Ngyemba de l’Ouest du Cameroun et ses incidences pastorales, Watio Dieudonné fait une bonne démonstration de cet attachement 4 . Ce qui traduit le fait selon lequel la présence du colonisateur et du missionnaire auprès de ce groupe social va générer un ensemble de représentations et d’influences. Poser la problématique des pratiques et des rituels corporels chez les Bandjoun de l’Ouest du Cameroun revient aussi à s’intéresser à la sociohistoire de ce peuple. Dans cette perspective, il convient de retenir les éléments qui définissent son profil historique à travers la tradition et les pratiques corporelles. Aussi vaste que le répertoire des pratiques corporelles apparaisse, nous allons interroger celles qui sont liées aux us et coutumes de base et aux pratiques chrétiennes imposées par les missionnaires.
Nous interrogeons la particularité des pratiques corporelles nouvelles face aux pratiques traditionnelles en cherchant à savoir s’il y a une rupture ou une continuité dans les représentations sociales. Nous précisons ce qu’il faut comprendre par pratiques corporelles traditionnelles. Il ne s’agit pas de renfermer les pratiques et les rituels corporels sur elles-mêmes. Nous partons du postulat qu’en rapprochant les constructions symboliques du corps des pratiques et des rituels, elles sont susceptibles de faire sens. Nous nous proposons de montrer que les bandjoun avait, depuis longtemps, de véritables pratiques et des rituels corporels avec des fonctions sociales et culturelles qui dévoilaient des interdépendances entre le corps, les pratiques et les rituels.
La littérature ethnologique est riche en descriptions des pratiques et des rituels corporels. Elle nous les livre en les théorisant, en mettant en valeur toute la complexité de leurs conceptions. Si la mise en perspective ethnologique accentue la pertinence du débat, elle permet aussi d’interroger la définition univoque que la civilisation occidentale a conférée historiquement au corps et qu’elle a imposée comme seul regard et discours légitime. C’est ainsi par exemple que les disciplines biologiques et médicales ont acquis un monopole quant à la gestion du corps, excluant toute autre forme d’interprétation. Dans la société Bandjoun, le corps s’exprime à travers des mythes, des croyances et des rituels dont l’efficacité symbolique est démontrée par des travaux ethnologiques 5 .
I. Regard ethnosociologique et constructions symboliques des pratiques et des rituels corporels
Le recul ethnologique sur la culture bandjoun permet d’interroger sa confrontation avec la pensée technico-scientifique. On comprend mieux le sens de ce qui est en jeu lorsque pensées savantes et représentations profanes se rencontrent. Le recul donne une dimension historique aux croyances et aux pratiques sans réduire la confrontation culturelle à l’opposition de deux grands modèles : la tradition et la modernité. La modernité, en se heurtant aux sociétés appelées primitives, se questionne à travers les autres cultures. Il appartient à la sociologie, comme à l’ethnologie d’ailleurs, de recentrer le débat sur la culture du corps et ses formes symboliques.
De ce fait, s’agissant de la société bandjoun, il s’agit pour l’ethnosociologue de rendre à cette culture du corps toute sa rationalité dans le lieu même où domine la conception matérielle et technique. Dans l’observation des sociétés traditionnelles africaines, les réflexions unidimensionnelles des faits sociaux sont au cœur même des crises qui traversent le monde actuel. Aussi, à travers la difficulté des problématiques que posent ces réflexions, le référent corporel en est une bonne illustration. C’est pourquoi, dans la société traditionnelle bandjoun, il est important de comprendre ce qu’est le corps, sa représentation en fonction des aspects relationnels et symboliques indissociables.
1. Les pratiques et les rituels corporels comme objet d’étude
1.1. Le concept de corps et de pratique corporelle
Plusieurs études sur la société bandjoun ont été menées par des chercheurs en sciences humaines et sociales 6 . Elles constituent de véritables sources sur les modes de vie et les croyances coutumières locales. Nous avons axé notre démarche dans une perspective ethnosoci