Entre Méduse et Narcisse
312 pages
Français

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Entre Méduse et Narcisse , livre ebook

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Description

De longues années de pratique psychothérapique en Instituts Médico-Éducatifs, auprès d’enfants, d’adolescents et de jeunes adultes présentant de graves problèmes de personnalité, ont amené l’auteur à s’intéresser d’une part à la question du regard dans ces psychopathologies, et d’autre part aux atouts et aux écueils de l’institution médico-sociale dans la prise en charge de ces problématiques. Les mythes de Méduse et de Narcisse sont convoqués au titre de paradigmes pour approcher la question des psychoses, en relation avec celle du regard. Cette approche est illustrée par plusieurs vignettes cliniques et études de cas, ainsi que par la vie et l’œuvre de six artistes femmes qui ont pu osciller entre ces deux figures mythiques, avant que trois d’entre elles ne sombrent dans la folie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 juin 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414089444
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-08942-0

© Edilivre, 2017
Exergue

A la mémoire de
Régis Henri, docteur en psychologie cognitive, que j’ai connu sur les bancs de l’Université, qui a ensuite vécu au Canada, et avec lequel, dès lors qu’il a retrouvé mes coordonnées, j’ai correspondu régulièrement par courriels durant les dix années qui ont précédé son décès ;
Jean-Paul Balme, neuropsychiatre, avec qui j’ai travaillé durant plus de 25 ans, et dont j’ai particulièrement apprécié la gentillesse, la modestie et la disponibilité.


J’exprime ma reconnaissance
aux enfants, adolescents et jeunes adultes des établissements dans lesquels j’ai travaillé, ainsi qu’à leurs familles ;
aux directrices et directeurs de ces établissements : Mesdames Carrascosa, Chicot, Zavatonni, Messieurs Agius, Charvin, Chevalier, Giudicelli, Guastala, Schertzer ;
aux personnels ;
aux étudiants ayant effectué leur stage de Master sous ma direction ;
aux Professeurs d’Université pour leur enseignement, et en particulier aux Professeurs Georges Noizet (†) et René Kaës ;
aux nombreux psychiatres et psychologues auxquels je suis, d’une façon ou d’une autre, redevable pour ce qu’ils m’ont apporté tout au long de ma carrière, ponctuellement ou sur le long terme, notamment :
Robert Albaranes, Brigitte Arnaud-Castiglioni, Jean-Paul Balme (†), Edouard Bergasse (†), Norbert Bon, Françoise Caron, Hervé Carréra, Maurice Chauvet, Patrick Conrath, Maurice Despinoy, Chiara Di Giulio, Erminio Dimino, Jacqueline D’Orso-Ribeil, Jacques Félician, Elisabeth Godart, Pierre Guin, Régis Henri (†), Eliane Jacomelli, Kristell Jeannot, Patrick Lentali, Anne Lucchinacci, Gabriel Martinez (†), Danielle et Gérard Méolans, Claude Miollan, Eszter Nagy, Joseph Péraldi, Pierre Renisio, Jean-Paul Ricœur, Claude Righini (†), Olivier Rouault, Laury Sellem, Lucie Striglioni (†), Françoise Vilarel, et sans doute quelques autres ;
une place spéciale étant faite :
à Michel Pauc, étant donné notre longue collaboration professionnelle commencée en 1977 et qui se poursuit, et en tant que premier lecteur du tapuscrit, comme il le fut de mon premier ouvrage ;
à Delphine Goetgheluck et Patrick Conrath pour leurs précieux conseils sur la mise en forme de l’ouvrage.
Préambule
A son mari alité, Kyoto donna un jour son miroir à main afin qu’il puisse voir, du premier étage de leur maison, le potager dont elle s’occupait. Dès lors le malade ne parvint plus à s’en passer et regarda par ce procédé non seulement sa jeune épouse en train de jardiner « mais aussi le ciel et les nuages, la neige, les montagnes lointaines et les bois tout proches… les fleurs des champs, les oiseaux migrateurs… les enfants du village jouant en bande dans les champs ; le bleu foncé des clochettes et la blancheur des lys ; le soleil levant au-dessus des montagnes… »
Par ce petit miroir, voilà qu’ils découvrent ensemble un monde différent du monde réel, plus beau que ce dernier : « “Dans la glace le ciel brille comme de l’argent”, fit-elle un jour, puis, levant les yeux pour regarder par la fenêtre, elle ajouta : “tandis que l’autre est gris, nuageux”. »
Ils contemplent ainsi le reflet de la lune dans l’eau après l’averse, « cette lune dont on pouvait à peine dire qu’elle était l’illusion d’une illusion… »
Et quand Kyoto, se demandant si elle n’a pas eu tort de lui donner ce miroir qui peut jour après jour lui révéler les progrès du mal sur son visage, veut le lui enlever, son époux de répondre : « Voudrais-tu que je ne voie plus rien ? Tant que je vivrai, je veux pouvoir aimer ce que je verrai. »
Après la mort de son mari et son remariage, Kyoto continue à penser à ce regard commun, à cette glace, à « cet œil de leur amour », jusqu’à imaginer que l’enfant qu’elle attend pourrait ressembler à l’époux défunt, trouvant en cette pensée « un sentiment de chaleur et paix . »
Je viens de résumer par ces lignes la nouvelle de l’écrivain japonais Yasunari Kawabata, « La lune dans l’eau » 1 , qui me paraît contenir beaucoup sur les questions du regard, du miroir comme fenêtre sur le monde, de l’illusion et de la réalité, de l’amour et de la mort…
Que voit-on du monde ? Quel est le plus vrai, du reflété ou de celui que les yeux voient sans artifice ? A travers quel prisme regarde-t-on ? Qui aime-t-on en cette image dont on s’éprend ?
L’illusion n’est-elle pas indispensable ? L’illusion d’une illusion est-elle si illusoire ?…
Ce que pour ma part je crois entendre dans cette nouvelle, c’est que ce n’est que lorsque Kyoto identifie son enfant à naître, l’espace d’un instant, à celui qui la regardait avec amour dans le miroir – comme il regardait avec amour, par son intermédiaire, tout ce qu’il ne pouvait plus voir directement, ce qu’il ne pouvait plus vivre, tout ce qu’il était en train de perdre – c’est alors seulement qu’elle peut vivre sa grossesse dans la paix. Auparavant en effet celle-ci l’angoisse à un point tel qu’elle pense mettre fin à ses jours.
Tout enfant n’est-il pas celui d’un regard ? Lequel peut-être celui de l’amour, amour d’un autre ou de soi, amour partagé ou exclusif, actuel ou passé… Parfois aussi, hélas, celui de la haine… Quand ce n’est pas un regard absent, ou qui ne sache à qui il doit s’adresser, qui erre, qui ne puisse faire acte de reconnaissance… ou qui, encore, est piégé par d’autres images, celles de fantômes qui viennent hanter le nouveau venu ou prendre sa place.
Concernant les cas rapportés dans cet ouvrage, ce sont ces dernières situations qui se présenteront, s’agissant d’enfants suivis en psychothérapie pour une problématique psychotique, au sein d’Instituts Médico-Educatifs (IME) 2 .
Il y a certes (dans ces établissements agréés pour recevoir garçons et filles entre 6 et 20 ans présentant, selon les termes consacrés, une déficience intellectuelle avec ou sans troubles associés) bien d’autres types de psychopathologies. Quand j’ai commencé ma carrière professionnelle en 1971, il y avait d’ailleurs très peu d’enfants psychotiques ou autistes dans ces Instituts, car ils étaient pris en charge dans les Hôpitaux de Jour de pédopsychiatrie.
C’est avec la loi de 1975 3 , la création des Commissions Départementales d’Education Spéciale (CDES), les incitations à l’intégration scolaire des enfants présentant un handicap, que les IME durent progressivement se déspécialiser 4 et accueillir une grande diversité de problématiques, dont de plus en plus de troubles de la personnalité.
Ces changements, et notamment l’accueil d’un nombre croissant d’enfants et d’adolescents très perturbés sur le plan psychique (changements accentués depuis la loi de 2002 5 ), ne se firent pas sans difficultés (que j’aborderai brièvement en fin d’ouvrage) et amenèrent les équipes à solliciter particulièrement les psys (psychologues et psychiatres) au sujet de cette nouvelle population, ce qui au demeurant allait de soi.
J’ai donc reçu dans ce contexte, entre autres, des enfants diagnostiqués, antérieurement à leur arrivée à l’IME, psychotiques, prépsychotiques ou dysharmoniques. Naviguant sans cesse entre théorie, pratique et échanges avec des collègues, j’ai essayé d’accompagner, souvent de très nombreuses années durant, ces enfants puis jeunes adultes, avec le constat récurrent qu’il y a entre eux de grandes différences malgré l’étiquette commune qui leur est épinglée, et que les évolutions sont a priori imprévisibles, certains sortant de la “psychose infantile” au prix d’un déficit cognitif prévalent (ou grâce à lui) ; d’autres entrant dans une psychose de l’adulte ; d’autres enfin se structurant sur un mode névrotique leur permettant de s’insérer dans la vie sociale et professionnelle (en ESAT 6 , en général).
Il n’y a pas, à mon sens, à porter jugement sur ces évolutions, même si on peut naturellement avoir tendance à préférer la dernière. Car le sujet trouve le chemin qu’il peut, dans un tel labyrinthe qu’il serait présomptueux de définir tout ce qui a contribué à l’orienter. Ceux qui font métier de l’accompagner une partie de sa route essaient de faire en sorte que celle-ci ne débouche pas sur une impasse. Mais sait-on finalement ce qu’est, pour la vie psychique, une impasse ?
L’immobilité totale… œuvre de Méduse ?
La prison de l’Image… destin de Narcisse ?
Quel autre regard, qui ne fige ou n’enferme mais permette au contraire l’ouverture, peut-il être trouvé ?
Après une introduction où seront définies les principales notions théoriques m’ayant en permanence servi de référents dans ma pratique (Symbolique, Imaginaire, Réel, Réalité, Identification, Identité) ainsi que le concept de psychose, distingué de celui d’autisme, je présenterai une réflexion sur les mythes de Méduse et Narcisse qui me paraissent pouvoir prendre valeur paradigmatique dans les psychoses, et sur la notion de narcissisme.
La question du regard dans la construction du sujet sera ensuite abordée avant l’exposé de quelques cas d’enfants et adolescents suivis en psychothérapie. Comme il se doit, les prénoms, initiales et lieux relatifs aux patients ont été modifiés afin que soit respecté l’anonymat, en essayant, lorsque cela m’a semblé nécessaire, que le prénom de remplacement conserve la valeur signifiante du véritable.
Il m’a paru intéressant de compléter ces études, qui ne concernent (à une exception près) que des enfants, adolescents et jeunes adultes masculins (étant donné les institutions où elles ont pris origine et la plus grande fréquence des psychoses infantiles chez les garçons comparativement aux filles 7 ), par quelques regards de femmes 8 – peintres, photographes et sculpteurs – non pour illustrer la psychose chez la femme, car seulement trois d’entre elles y ont s

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