Du statut humain de la personne malade dans le contexte technomédical
140 pages
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Description

L'art médical dans sa configuration actuelle est une opération fondamentalement technique dont les instruments n'ont pas vocation à répondre à un questionnement moral. Devenue essentiellement opératoire, la médecine moderne va au-delà de la simple recherche du bien-être physique, psychique et psychologique, pour se définir comme une recherche des capacités de compréhension, de description et surtout de transformation de l'homme.
Aujourd'hui, "les professions liées aux soins requièrent des savoirs et des techniques particulières. Etre soignant c'est d'abord avoir des compétences techniques et scientifiques". Avec la rationalisation des soins de santé, "les doses sont calculées, les mesures sont précises, les conséquences sont prévisibles". Avec l'essor de la thérapie génique, la médecine prédictive permet aujourd'hui d'avoir des enfants sur "mesure", aussi la médecine régénératrice contribue à une amélioration constante de la condition humaine, ceci en luttant comme le vieillissement des cellules d'où la possibilité d'une augmentation de l'humain et une "mort de la mort".
Mais cette dynamique des nouvelles pratiques médicales, semble nous faire oublier que celui qui souffre est avant tout un homme et que "quelque chose lui est dû, du seul fait qu'il est humain". C'est pour cela que face à ce déficit éthique qui caractérise les sciences et techniques de la santé aujourd'hui, la philosophie nous rappelle la nécessité d'une réaffirmation de l'humain dans le contexte technomédical, d'où la nécessité d'élaborer des modalités pouvant permettre une meilleure prise en charge de la personne malade dans la médecine moderne.
A travers la philosophie du soin, l'éthique "raduit à la fois l'attention portée à l'effort spontané de guérison de la nature "la vis medicatrix naturae" et le "souci du malade considéré dans son individualité".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 décembre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782753905511
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0034€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Du statut humain de la personne malade dans le contexte technomédical
Aurélien Ulrich Metendé
Connaissances & Savoirs

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Connaissances & Savoirs
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Du statut humain de la personne malade dans le contexte technomédical
 
À Victorine Awoulbe
Préface
Penser le statut humain de la personne malade dans un contexte de civilisation où la médecine n’est plus une science de la maladie, revient à s’interroger sur l’ensemble de droits que la métaphysique classique imaginait comme principes faisant de l’homme une valeur absolue. Aurélien Ulrich Metendé entreprend de chercher les éléments pouvant fonder une éthique des soins dans un contexte où, devenue techno-biomédecine, les sciences médicales contemporaines se détachent de la biologie, créent leur propre réalité, puisque désormais, elles développent un pouvoir de création, de transformation et d’innovation.
Avec Montaigne, l’homme était déjà perfectible, et la perfectibilité était conçue comme un défi que l’homme réaliserait en faisant face à une nature originellement hostile. Malgré cette perfectibilité, l’homme n’est toujours pas totalement libéré du hasard de la nature, c’est pourquoi la médecine contemporaine est devenue le moyen rendant possible l’accroissement constant de la liberté humaine. Il s’agit là d’un pari relevé pour une puissance technique médicale dont l’objectif n’est plus simplement thérapeutique.
Aujourd’hui, l’homme semble être totalement devenu maître de son destin. Il a inventé, à partir de l’essor de la thérapie génique une médecine prédictive, c’est-à-dire qu’il est possible, pour lui, d’avoir des enfants sur « mesure ». La chirurgie n’est plus simplement réparatrice, car, elle a développé un côté plastique ou esthétique faisant d’elle un moyen de correction des « imperfections morphologiques ». La frontière entre le normal et le pathologique s’effondre, la santé devient un concept dynamique. L’état normal ou l’état pathologique deviennent tout simplement des allures. On parle désormais de l’allure propulsive (normal) ou de l’allure repulsive (pathologique), le tout dépendant de la notion d’efficience qu’exige de nous le contexte capitaliste-libéral déterminé par cette course à l’avoir et à la productivité.
De quelle éthique parle-t-on en technomédecine ? Et pour quel homme ? Aurélien Ulrich Metendé s’engage là, dans un débat où il est difficile de se positionner, puisqu’il faut déjà se demander s’il existe une nature humaine inviolable. L’humanité est-elle encore le règne des fins comme le croirait Emmanuel Kant ? Telle est une des tâches à laquelle doit s’exercer la philosophie contemporaine. Il s’agit d’une tâche à la fois fondamentale et centrale à la nouvelle anthropologie philosophique.
L’homme d’aujourd’hui veut se définir comme rentable, productif, efficace, compétitif et compétant. Pour cette raison, il veut défier ce que la nature, à l’origine, fait de lui. C’est dans ce sens que Francis Fukuyama parle de la possibilité d’avènement d’une posthumanité. Au-delà de ceci, nous sommes dans un contexte inflationniste en droit. Cette permissivité juridique ouvre des perspectives de renouvellement constant des champs d’application de l’art médical, car, il faut désormais faire avec le travestissement de l’humain et ouvrir la société à l’avènement d’une transhumanité. À ce niveau, Aurélien Ulrich Metendé est obligé de poser une éthique médicale qui se fonde sur une flexibilité et une extensibilité qui rend difficile, pour la philosophie et la médecine, la définition qu’il faut désormais avoir de la nature humaine.
Docteur Issoufou Soulé Mouchili Njimom
Introduction générale
Un regard attentif sur les dernières décennies médicales révèle un accroissement extraordinaire des « nouvelles technologies de l’information et de la communication » qui ont permis l’émergence de nouveaux domaines de pointe comme la génomique ou, plus récemment, la nanomédecine (l’application médicale des nanotechnologies). Beaucoup plus que de simples instruments de médiation et d’action au service du médecin, ces dernières constituent désormais le « milieu naturel » d’évolution de la médecine et servent de moteur à son développement, exprimant une logique de transformation profonde.
Mathieu Noury, « La technomédecine. Se priver d’existence », in Spiritualité Santé , Automne 2011/Hiver 2012, pp.8-11, p.8.
Le contexte technoscientifique contemporain se caractérise par une course vers l’innovation et la création. En effet, plusieurs prouesses du point de vue scientifique et technique sont ainsi observées d’une manière générale et plus particulièrement dans le domaine biomédical. De la mise sur pied de nouveaux protocoles de soins à la possibilité d’un perfectionnement de l’humain à travers l’augmentation de ses capacités physiques et psychiques, la médecine moderne serait en voie de devenir la boussole des temps modernes. En alliant le savoir médical au savoir-faire technique, la médecine moderne devient tout simplement une technomédecine comme le souligne John Picstone 1 . Cette nouvelle configuration de la pratique médicale serait sur le point de permettre à l’homme de franchir les limites naturelles et envisager l’avènement d’une humanité parfaite, c’est-à-dire sans maladies ou anomalies. Grâce au développement de ces nouvelles pratiques médicales, on parvient aujourd’hui à « retarder la mort et limiter la souffrance ». 2 Néanmoins, eu égard à ces changements de méthodes thérapeutiques et diagnostiques, la mission principale de la médecine demeure la recherche des conditions d’amélioration de la santé des hommes ainsi que de leur bien-être. Du moins c’est ainsi qu’Hippocrate, considéré jusqu’à nos jours comme le « père de la médecine » 3 , concevait l’art médical.
C’est donc parce que les sciences de la santé ont le devoir de penser la prévention, le maintien et le traitement des maladies qu’elles se doivent d’une part de soulager la douleur en tant qu’« expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associée à des lésions tissulaires réelles ou potentielles, ou décrite en termes de telles lésions » 4 , et d’autre part d’affronter la mort. Ainsi,
Chacun se réconforte en pensant que les techniques biomédicales, les nouvelles technologies de l’information, les restructurations, reconversions et regroupements favoriseront des adaptations de nature à rendre efficient notre système de santé, plus capable encore de pallier les carences en termes de justice dans l’accès aux soins ou de démographie médicale 5 .
C’est pour cette raison que la technomédecine suscite de réels espoirs aujourd’hui. À cet effet, si comme le pense Anne Fagot-Largeault, la médecine permet à l’homme « de combattre l’ordre naturel, en protégeant les faibles, et en soignant les malades ». 6  Pour y parvenir, il semble indispensable qu’elle se dote d’un arsenal technique assez sophistiqué afin de détecter les pathologies à temps réels afin de mieux les traiter. L’avenir de l’homme se trouverait ainsi entre les mains des sciences et des techniques de la santé qui se doivent de le satisfaire, ceci en permettant de « repérer l’élément pathologique (ce qu’il faut supprimer ou corriger) et définir le normal (ce qu’il faut viser à atteindre) ; d’autre part, prouver que le résultat est supérieur à ce que fait la nature » 7 . Dans cette perspective, la « quasi-éradication de plusieurs maladies infectieuses, déchiffrement du génome humain, repérage d’anomalies génétiques graves, invention de médicaments anti-rétroviraux actifs sur le virus du sida » 8 , etc. témoignent à suffisance des avancées réelles de la médecine moderne.
On comprend ainsi pourquoi la médecine moderne suscite tant d’intérêts au plan épistémologique, sociopolitique et éthique. Au plan sociopolitique, des grandes entreprises multinationales y investissent en effet d’énormes ressources financières, humaines et techniques dans le cadre de la recherche en matière de santé et de bien-être des populations. Et au plan épistémologique, « les professions liées aux soins requièrent des savoirs et des techniques toutes particulières. Être soignant c’est d’abord avoir des compétences techniques et scientifiques » 9 . Il est devenu impossible d’agir dans le cadre de la médecine aujourd’hui sans avoir au préalable une maîtrise de tout ce que nous offre la technologie en termes d’outils et de gadgets. « En matière de soins, les doses sont calculées, les mesures sont précises, les conséquences sont prévisibles ». 10 Le degré élevé de rationalisation et de sophistication de la médecine ne souffre plus d’aucun doute, dans ce contexte, la marge d’erreur paraît très négligeable ou du moins assez réduite. On note enfin au plan éthique une résurgence des droits des malades. Cela émane en fait du Code de Nuremberg du 19 Août 1947 qui, d’un point de vue historique, fonde en quelque sorte la réflexion éthique en matière des soins médicaux et de recherche sur la personne humaine. Cependant, même si des principes éthiques servant à la régulation de la pratique médicale ont été définis, leur application demeure problématique. En réalité, la médecine moderne semble avoir envahie toutes les sphères de la vie humaine au point où la nécessité de redéfinir l’humain ainsi que les frontières entre humain et non humain est de plus en plus d’actualité. C’est justement ce qui fait de la médecine scientifique une activité ambiguë. En effet, s’il est vrai que
Les prouesses biomédicales semblent déjouer et confèrent à l’homme le sentiment de pouvoir un j

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