Du bébé au préadolescent : Une étude longitudinale
237 pages
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Description

Dès les premières semaines de la vie, certains enfants présentent des symptômes préoccupants : troubles du sommeil, de l’alimentation, anxiété, agressivité. Comment évoluent-ils ? Quels sont ceux qu’on retrouve au début de l’adolescence ? Peut-on identifier les caractéristiques qui favorisent leur maintien ou leur disparition ? Bertrand Cramer et son équipe ont suivi une cinquantaine d’enfants venus, pour la première fois, consulter à l’âge de 15 mois. S’appuyant sur les résultats de leur étude, ils analysent les facteurs de risque et de protection qui sont à l’œuvre pendant les premières années de la vie. Un document majeur en matière de prévention et de pronostic, notamment à l’adolescence. Pédopsychiatre, psychanalyste, Bertrand Cramer est professeur honoraire à la faculté de médecine de Genève. Il est notamment l’auteur, aux Éditions Odile Jacob, de Que deviendront nos bébés ? Psychologue, Christiane Robert-Tissot est professeur de psychologie clinique de l’enfant à l’Université de Genève. Psychologue, psychothérapeute de guidance interactive, Sandra Rusconi Serpa est responsable de l’unité de recherche du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent aux hôpitaux universitaires de Genève.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2002
Nombre de lectures 1
EAN13 9782738168474
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection « Comment l’esprit vient aux enfants »
dirigée par Bertrand Cramer et Bernard Golse
 
Cette collection veut se faire l’écho des avancées les plus récentes des neurosciences et des techniques d’exploration cérébrale, sans perdre de vue la psychopathologie et l’histoire du sujet.
 
Bertrand Cramer est pédopsychiatre et psychanalyste. Il est professeur honoraire à la Faculté de médecine de Genève.
 
Bernard Golse est pédopsychiatre et psychanalyste. Il est professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’université René Descartes-Paris V et, également, chef du service de pédopsychiatrie à l’hôpital Necker de Paris.
Ont collaboré à cette étude : Catherine Berney, Carine Champ Akhmisse, Ludovica Corpaci, Céline Gür Gressot, Dora Knauer, Fabienne Lüthi, Francisco Palacio Espasa et Ana Sancho Rossignol
© O DILE J ACOB , N OVEMBRE 2002 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-6847-4
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Avant-propos

Les psychiatres d’enfants ont la mission particulière d’identifier le plus tôt possible les situations à risque qui pourraient entraver le développement futur. Ils sont censés fournir des critères qui assurent les pronostics. Ils sont chargés, d’une certaine façon, de prévenir le plus tôt possible l’apparition de troubles durant l’adolescence et l’âge adulte. Or, à ce jour, exception faite des affections lourdes, nous savons peu de choses sur le devenir des différentes formes de pathologies précoces.
Le service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de Genève accueille depuis longtemps de très jeunes enfants. Tout au long de ces années, nous avons reçu un nombre considérable de dyades mère-bébé. Nous avons évalué les effets des thérapies brèves qui leur furent administrées 1 . Mais nous ne savions pas, pour autant, ce que ces bébés devenaient par la suite. L’idée nous est donc venue, un jour, de chercher à savoir comment ces tout petits enfants avaient évolué. Une telle entreprise était motivée aussi bien par le manque de données prospectives concernant le très jeune âge que par les nombreuses surprises auxquelles nous avions, nous-mêmes, été confrontés lorsque bon nombre de ces dyades revenaient nous consulter.
Ce livre présente le suivi de 53 de ces enfants auxquels nous avons proposé une nouvelle évaluation lorsqu’ils ont eu 11 ans. L’étude à laquelle nous nous sommes livrés porte sur le diagnostic, les symptômes, l’évolution cognitive et les relations familiales et sociales. Nous avons voulu, en particulier, repérer si des caractéristiques de la petite enfance pouvaient être associées à tel ou tel type de fonctionnement à la préadolescence. Ce travail a exigé une méthodologie d’objectivation et de quantification au moyen d’analyses statistiques et fournit des résultats qui complètent et, assez souvent, modifient le point de vue clinique. Il démontre la nécessaire complémentarité entre les recherches menées à l’échelle d’une population et le suivi de cas uniques et singuliers.
À son niveau, cet ouvrage est lui-même complémentaire d’un autre ouvrage, déjà publié 2 , qui décrivait sur un mode clinique un certain nombre de cas qu’on retrouvera ici. Nous espérons que ces deux livres prouveront l’intérêt de la combinaison des deux approches tout en apportant une contribution à la psychiatrie de l’enfant et à notre interrogation continue sur le devenir des bébés.
Bertrand C RAMER

1 . Robert-Tissot C., Cramer B., Stern D.N., Rusconi Serpa S., Bachmann J.-P., Palacio Espasa F., Knauer D., De Muralt M., Berney C., Mendiguren G. (1996), « Outcome Evaluation in Brief Mother-Infant Psychotherapies : Report on 75 Cases », Infant Mental Health Journal , vol. 17, n o 2, p. 97-114.

2 . Cramer B. (1999), Que deviendront nos bébés ? Paris, Odile Jacob.
Introduction Du passé au futur ? 1

Ce chapitre introductif traite des vicissitudes de la prédiction en psychiatrie infantile. Les études longitudinales prospectives ont précisément pour but d’éclairer ce problème, en décrivant l’histoire naturelle des pathologies infantiles et en évaluant les facteurs de continuité et de discontinuité. Nous proposons ici une revue des études longitudinales les plus significatives de la littérature mondiale, ce qui nous permettra de préciser les principales difficultés liées à l’entreprise longitudinale, à savoir : la validité du diagnostic, la comorbidité ubiquitaire et l’évaluation de la résilience. S’ensuivront quelques recommandations destinées à faciliter l’organisation d’études longitudinales.
Dès la première consultation en psychiatrie infantile, le clinicien est pris dans un dialogue entre le passé et le futur. Il cherche dans le passé de l’enfant et de ses parents les facteurs qui pourraient expliquer les symptômes présentés. Simultanément, il cherche des indices susceptibles d’étayer un pronostic et d’informer sa décision thérapeutique. Il sera, en effet, d’autant plus enclin à affirmer le besoin de soins qu’il estime qu’un trouble, s’il reste non traité, aura des conséquences pathogéniques graves sur l’avenir de l’enfant. Si, en revanche, le pronostic ne semble pas sévère, il penchera pour une crise passagère autorisant une approche plus légère, circonscrite dans le temps.
Le diagnostic contient une dimension prédictive, et cela bien plus fortement en psychiatrie de l’enfant que de l’adulte. L’une des premières questions des parents concerne la prédiction et, bien souvent, le clinicien doit rester vague. La notion de risque, si elle ne fait pas partie du diagnostic, est également tournée vers l’avenir : elle évoque la probabilité de l’avènement d’une pathologie dans le futur.
Or, si les diagnostics les plus sévères – autisme, arriération mentale, trouble envahissant du développement – comportent un jugement de gravité future, une majorité de diagnostics de l’enfance ne possèdent pas cette prédictivité. Nous avons peu de données empiriques sur le devenir des troubles précoces – troubles fonctionnels, difficultés de séparation, troubles de l’attachement, dysthymies, syndromes d’opposition ou retards de langage dans la prime enfance. Si nous possédons une certaine sécurité pour les troubles du comportement ainsi que pour la plupart des troubles hyperactifs (qui se manifestent dès environ 3 ans), nous en savons bien moins sur l’évolution des troubles anxieux et thymiques, c’est-à-dire sur l’évolution des troubles internalisés.
Il en va de même pour la prédictabilité de la notion de risque, qu’elle s’applique à une situation ou à un individu ; cette notion est – par définition – porteuse d’un indice d’incertitude. Cela a été bien démontré dans les études sur les enfants qui avaient résisté aux effets de risques induits par la psychopathologie parentale (Garmezy et Rutter, 1983) : les effets pathogènes des facteurs de risque ne peuvent qu’être évalués a posteriori, quand la pathologie est avérée.
Ainsi, alors que le clinicien fait toujours – et plus ou moins consciemment – un pari prédictif, il n’a que peu de repères empiriques pour asseoir ses certitudes. Les quelques preuves de continuité qui ont été trouvées concernent la persistance de pathologies à partir de 3 ans. On ne sait, en revanche, quasiment rien sur le lien, ou l’absence de lien, entre les pathologies tardives et les pathologies de la petite enfance (Rutter, 1987). Pourtant, la psychiatrie infantile a une mission préventive, elle fait même partie de ce qu’on appelle la médecine prédictive : c’est d’ailleurs cette ambition préventive qui est à l’origine du développement des critères d’évaluation du jeune enfant et des thérapies du bébé. On cherche à détecter puis traiter les pathologies précoces avant qu’elles ne s’installent durablement. Malheureusement, les critères de prédiction restent peu fiables, peu systématiques et souvent le reflet des conceptions individuelles du clinicien. Si les prédictions sont ainsi très aléatoires en psychiatrie de l’enfant, c’est que de sérieuses difficultés s’opposent à la mise en forme de marqueurs pronostiques fiables.

Les difficultés du pronostic

L ES   DIAGNOSTICS
Pour juger du devenir d’une pathologie, il faudrait d’abord pouvoir compter sur une définition claire des troubles, permettant une fiabilité interjuge significative. C’est bien le cas pour les pathologies lourdes (tout le monde est d’accord sur un diagnostic d’autisme) et pour les pathologies ayant un indice d’expressivité manifeste, comme les troubles du comportement dans les troubles externalisés. Cela est beaucoup moins vrai pour la majorité des autres diagnostics. Or comment juger le développement d’un syndrome ou d’un diagnostic si on ne parvient pas à le saisir comme un phénomène objectivable dont la continuité serait repérable à travers le temps ? Dans le modèle biomédical, des entités somatiques identifiables sous-tendent des syndromes de maladie, mais cette correspondance entre des troubles et une structure pathologique aux niveaux moléculaire, biochimique et anatomique est loin de se retrouver en psychiatrie. Cela n’a pas empêché le modèle biomédical d’infiltrer le raisonnement diagnostique et étiologique en psychopathologie : d’où certains présupposés qui orientent la pensée diagnostique et pronostique. On s’imagine qu’une fois qu’un diagnostic est appliqué dans l’enfance on doit

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