Devenir enseignant
222 pages
Français

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Description

« À la fin de mon diplôme de master en 2008, quand je suis revenue en Suisse [...], j’ai remplacé une enseignante qui prenait son congé maternité [...]. Je me suis rendu compte qu’à travers mes expériences personnelles et professionnelles, c’était une profession qui m’intéressait, mais c’est vrai que pendant mes études universitaires je ne me destinais pas du tout à ça.»
Comment devient-on enseignant ? Qui choisit ce métier ? S’y intègre-t-on comme dans toute autre activité professionnelle ? L’idée de cet ouvrage est de conceptualiser l’insertion professionnelle selon la théorie interactionniste d’Everett C. Hughes, laquelle soutient que les individus interprètent et donnent du sens à des situations socioprofessionnelles successives à partir de leur « carrière de vie ». Celle-ci se distingue de la position occupée momentanément dans leur métier. Elle correspond aux expériences et interactions sociales qui structurent leur parcours de vie.
L’auteur démontre que l’insertion en enseignement relève des mêmes mécanismes. Autrement dit, le sens donné à l’expérience sociale avant de s’orienter vers le métier, explique dans une certaine mesure la variabilité observée tant dans les conditions d’accès à l’emploi que dans la socialisation au travail une fois que les individus exercent avec leur diplôme pédagogique. Ainsi, ce livre met en lumière un processus en trois étapes analytiquement enchevêtrées : l’orientation vers la formation, l’accès à l’emploi et l’insertion subjective.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 7
EAN13 9782889303663
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0165€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© Éditions Alphil-Presses universitaires suisses, 2020
Case postale 5
2002 Neuchâtel 2
Suisse
 
 
www.alphil.ch
 
Alphil Diffusion
commande@alphil.ch
 
 
ISBN papier 978-2-88930-335-9
ISBN epub 978-2-88930-366-3
 
 
Les Éditions Alphil bénéficient d’un soutien structurel de l’Office fédéral de la culture pour les années 2016-2020.
 
Publié avec le soutien du Fonds national suisse de la recherche scientifique.
 
Image de couverture : © free images
 
Responsable d’édition : François Lapeyronie


Liste des abréviations
BEJUNE
Berne-Jura-Neuchâtel (abréviation pour la zone francophone regroupant les trois cantons)
BIT
Bureau international du travail
CDD
Contrat à durée déterminée
CDIP
Conférence suisse des directeurs et directrices de l’instruction publique
CFC
Certificat fédéral de capacité
EHESS
École des hautes études en sciences sociales
FR
Fribourg (abréviation pour le canton de Fribourg)
HEAD
Haute école des arts et design
HEIG
Haute école d’ingénierie et de gestion
HEP
Haute école pédagogique
HES
Haute école spécialisée
MSOP
Maturité spécialisée option pédagogie
OCDE
Organisation de coopération et de développement économiques
ONG
Organisation non gouvernementale
OFS
Office fédéral de la statistique
PraFo
Praticienne formatrice / praticien formateur
VD
Vaud (abréviation pour le canton de Vaud)
VS
Valais (abréviation pour le canton du Valais)
VSB
Voie secondaire baccalauréat
VSG
Voie secondaire générale
VSO
Voie secondaire à option
SUPSI
Scuola universitaria professionale della Svizzera italiana


Introduction générale
L orsqu’à l’été 2012, nous avons été engagé par la Haute école pédagogique du canton de Vaud (HEP VD) en tant qu’assistant diplômé, nous savions qu’une part des contours de notre thèse était fixée. La description du poste précisait en effet que ce travail devrait explicitement porter sur la problématique de l’insertion professionnelle des enseignants suisses. Par ailleurs, les tâches de recherche dédiées à l’institution prévoyaient une contribution à la gestion d’une enquête portant sur l’insertion des enseignants (INSERCH). Cette étude longitudinale et régionale regroupait alors les intérêts d’institutions de formation des enseignants situées dans cinq régions de la Suisse latine (les HEP Berne-Jura-Neuchâtel, Fribourg, Valais, Vaud et la Scuola universitaria professionale della Svizzera italiana). Notre tâche consistait, d’une part, à nous impliquer dans le déroulement de l’enquête en intégrant le groupe de travail interinstitutionnel préexistant et, d’autre part, à collaborer avec le Prof. Philippe Losego 1 afin de répondre aux différentes demandes émanant de la HEP VD concernant la situation professionnelle des enseignants formés par l’institution.
La gestion de cette enquête en tant que tâche périphérique à l’écriture d’une thèse portant sur le même objet représentait un avantage certain. Les textes suisses les plus récents sur le sujet avaient été produits par les différents membres du groupe INSERCH. De plus, une partie de la gestion courante de l’enquête pour la HEP VD consistait en un travail de nettoyage des données existantes pour une exploitation optimale par d’autres collaborateurs. C’est cette double exposition aux travaux et aux données quantitatives qui a orienté en premier lieu notre regard vers l’objet : la perspective des enseignants sur leur propre insertion.
Que savions-nous alors de ces individus en dehors de ces données et analyses ? Leur anonymat a été levé rapidement, lorsqu’à l’automne 2012, les premiers cours ont commencé. Nous n’avons pas tardé à rencontrer des individus croisés ailleurs, lors de nos études au gymnase et à l’université ou dans d’autres cercles sociaux de la ville de Lausanne. La théorie du «  petit monde  » (M ILGRAM , 1967) n’a pas tardé à se vérifier.
Après six mois passés dans l’institution, avec notre statut de formateur, nous avons commencé à côtoyer ces étudiants à l’occasion de la formation des enseignants du secondaire. Dans le cadre d’un séminaire portant sur la condition enseignante, nous avons pu échanger avec des personnes dont nous essayions alors de saisir les logiques d’insertion. Nous étions en quelque sorte constamment « sur le terrain », même si celui-ci n’était pas formalisé. Cependant, grâce à cette première approche aléatoire des acteurs – la vingtaine d’étudiants qui suivait ce séminaire – nous avons pu prendre de la distance vis-à-vis des données quantitatives que nous manipulions et surtout, de la littérature portant sur l’insertion des enseignants situés dans des contextes extranationaux.
Ces premières rencontres formelles nous ont permis de faire un premier constat surprenant à propos de ces « jeunes enseignants » ou « débutants », dont nous avions créé mentalement un profil type à partir de nos lectures. Ces étudiants que nous pensions plus jeunes que nous étaient, pour certains, bien plus âgés, et la majorité avait à peu près notre âge. Pour un certain nombre, l’enseignement était une seconde profession. Ce décalage entre littérature sur l’objet de recherche et nos premières observations des acteurs de l’insertion constitue le socle, d’une part, du questionnement général posé dans cet ouvrage – « comment devient-on enseignant ? » – et, d’autre part, de notre approche par une méthode mixte (qualitative et quantitative) des parcours, afin de saisir les dynamiques d’insertion. Notre hypothèse de travail est que l’insertion professionnelle est un processus en trois étapes – l’orientation vers l’enseignement ; l’accès à l’emploi ; l’insertion subjective – qui s’inscrivent chacune dans des parcours différenciés.
Plan de l’ouvrage
Nous consacrerons cette introduction générale, composée de deux chapitres, au cadrage de l’objet de recherche et à la méthodologie que nous avons privilégiée pour le traiter empiriquement.
Le chapitre 1 sera consacré à la revue de la littérature sur la notion de l’insertion. Nous montrerons d’abord que la polysémie conceptuelle de cette dernière provient d’un usage pluriel dans divers domaines. La notion a été utilisée dans un premier temps durant les années 1970 dans le cadre de politiques publiques de la France. Les recherches sur cet objet en sciences sociales ont vu le jour dans un deuxième temps, pour traiter le problème social que représentait la persistance de la situation des jeunes sans-emploi après leurs études (D UBAR , 2001). Dès la fin des années 1990, avec la flexibilisation de l’emploi, les chercheurs ont commencé à s’intéresser de plus en plus à la perspective des individus (G. F OURNIER , M ONETTE , P ELLETIER & T ARDIF , 2000).
La conceptualisation de la notion d’insertion dans le domaine des sciences de l’éducation a évolué séparément. Sa première problématisation au travers du concept d’ « induction » est apparue dans le milieu de l’enseignement aux États-Unis dès les années 1960. Une conceptualisation identique en langue française avec le terme d’« insertion » a été établie par des chercheurs canadiens dès les années 1980. Nous montrerons dans ce premier chapitre que le traitement proposé par la littérature existante est surtout institutionnel, et nous proposerons de réinterroger la problématique de l’insertion à l’aune du concept de carrière tel que celui-ci a été théorisé dans la sociologie interactionniste de Hughes (1997).
Au chapitre 2, nous développerons le cadrage méthodologique. Nous commencerons par définir les contours de la notion d’« état de carri

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