Des siècles et des maux  § Les violences du sacré
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Des siècles et des maux § Les violences du sacré , livre ebook

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Description

De la préhistoire à nos jours, au fil des civilisations, par leurs mythes, leurs rites et leurs dogmes, la plupart des religions se sont constituées et affermies en fustigeant violemment leurs dissidences. Benjamin Orcajada propose ici un rappel historique des conflits politiques et religieux qui n’ont cessé d’ensanglanter l’Histoire des Hommes. Cette persistance du mal nous oblige à un questionnement philosophique sur la nature profonde des sentiments religieux, de la passion du sacré qui les anime, et qui font de l’homme un animal amphibie, vivant à la fois sur la terre et dans le ciel, non sans difficultés. Faut-il alors souscrire à l’idée johannique que si nous sommes bien dans les affres belliqueuses et constantes du monde, nous ne sommes pas pour autant vraiment de ce monde ?

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Informations

Publié par
Date de parution 14 décembre 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414502400
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

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Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194, avenue du Président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-50327-8

© Edilivre, 2021
Du même auteur :
– Voir et Savoir – De la peinture à la philosophie, Société des écrivains
– La gloire du paon – Ontologie de la peinture, Edilivre
– Prodiges – Poèmes, Edilivre
– Eclats – Poèmes, Edilivre
– Echos des voix antiques
– Essai, Edilivre
– L’Envol de la chouette
– Propos philosophiques, Edilivre
EXERGUE
« A l'aide du jugement des saints et des anges, nous excluons, chassons, maudissons et exécrons Baruch de Spinoza avec le consentement de toute la sainte communauté en présence de nos saints livres et des six cent treize commandements qui y sont enfermés. Nous formulons ce hérem comme Josué le formula à l'encontre de Jéricho. Nous le maudissons comme Élie maudit les enfants et avec toutes les malédictions que l'on trouve dans la Loi. Qu'il soit maudit le jour, qu'il soit maudit la nuit ; qu'il soir maudit pendant son sommeil et pendant qu'il veille. Qu'il soit maudit à son entrée et qu'il soit maudit à sa sortie. Veuille l'Éternel ne jamais lui pardonner. Veuille l'Éternel allumer contre cet homme toute Sa colère et déverser sur lui tous les maux mentionnés dans le livre de la Loi : que son nom soit effacé dans ce monde et à tout jamais et qu'il plaise à Dieu de le séparer de toutes les tribus d'Israël en l'affligeant de toutes les malédictions que contient la Loi. Et vous qui restez attachés à l'Éternel, votre Dieu, qu'Il vous conserve en vie. Sachez que vous ne devez avoir avec Spinoza aucune relation ni écrite ni verbale. Qu'il ne lui soit rendu aucun service et que personne ne l'approche à moins de quatre coudées. Que personne ne demeure sous le même toit que lui et que personne ne lise aucun de ses écrits. »
Excommunication prononcée contre le philosophe Baruch de Spinoza à Amsterdam par les autorités rabbiniques le 27 Juillet 1656
Prologue
Lorsque j’étais enfant, j’avais pris l’habitude d’aller chez mon voisin, le pasteur de la paroisse, emprunter quelques bons livres de sa bibliothèque. Je poussai la lourde porte de chêne noir qui bordait la rue et je pénétrai dans un grand hall obscur avec un monumental escalier qui devait me mener au deuxième étage où se trouvait l’appartement. Lorsque, au cours de mon ascension, je levais les yeux, je pouvais voir dans les hauteurs du plafond une rosace avec un magnifique serpent enroulé sur lui-même et dont je distinguais les brillantes écailles de bronze. Sa proximité avec le logis de « l’homme de Dieu » m’impressionnait beaucoup. Elle paraissait comme une garde silencieuse. Je n’avais pas encore lu les légendes de la Genèse mais je pressentais confusément quelque inexplicable intimité entre l’animal maudit et les intentions secrètes de la divinité. Cela faisait question et ce n’est que plus tard que je sus que, pour des siècles à venir, il serait un mystère qui serait pris en charge par l’ensemble des religions et par les théologiens. Je vis aussi que cela concernait au plus haut point les philosophes qui ne cessaient de s’interroger, depuis le Parménide de Platon, sur le rapport de l’être au néant.
Toutes les civilisations et les générations qui se sont succédé ont statué sur le problème du mal. Il a été au cœur de toutes les croyances suscitant, depuis l’aube des temps, des comportements les plus divers et de fortes émotions collectives et individuelles.
Depuis les superstitions des croyances animistes ancestrales, en passant par la crainte populaire des esprits maléfiques, des démons aux noirs desseins, jusqu’aux récits mythologiques et cosmologiques savamment analysés. Au travers des religions historiquement constituées et des spéculations théologiques savantes, le problème du mal n’a cessé de hanter les consciences. Il fut l’occasion de nombreux débats doctrinaires et la philosophie dans sa vocation de sagesse et de métaphysique ne fut pas en reste.
Pour ces raisons, je propose ici un bref parcours de cette lancinante et persistante écharde dans la chair historique des hommes. On y verra comment ce mal qui fut d’abord une affaire céleste et strictement divine donna lieu à de fabuleuses gigantomachies en Orient et dans le monde grec, puis devint, avec la tradition judéo chrétienne occidentale, une affaire de plus en plus humaine.
Ce n’est pas une mince affaire que de savoir si ce mal qui perdure dans l’histoire trouve son expression la plus juste dans une dimension transcendantale aussi bien que transcendante qui, tout en préservant son caractère mystérieux, n’a pu être verbalisée et communiquée que dans ces discours mythiques fondateurs de civilisations, ou si ces derniers ne sont que l’expression imaginaire et collective d’un état naturel de perversion originelle de l’homme sur laquelle on ne cesse de s’interroger.
Disons-le en un mot, les affaires historiques, temporelles, pendant des millénaires ont été spirituelles car formulées par des religions constituées et politiquement organisées. Il faudra attendre longtemps, l’avènement du siècle des Lumières, les révolutions politiques et sociales, pour que s’instaure cette exception d’une laïcité grâce à laquelle le politique et le religieux tenteront de préserver la paix civile par un divorce à l’amiable. On pourra alors imaginer pour les communautés confessionnelles la fin des guerres et des massacres. Rien n’est moins sûr. Nous savons aussi que les évènements historiques de la modernité ont vu ressurgir cette hydre du mal qui ronge les nations. Les guerres qui perdurent, ici et là, continuent souvent à se présenter sous la forme belliqueuse des croisades.
Cette persistance planétaire du mal au travers des siècles et dans des formes multiples et insidieuses ne valide-t-elle pas le fait que le problème conserve sa dimension mythique, métaphysique et originaire qui serait l’expression humaine d’une « philosophia perennis » ?
Du sentiment religieux dans la préhistoire
Imaginez qu’après on ne sait quelle disparition des hommes d’aujourd’hui quelque extraterrestre visiteur s’interroge sur ce qu’il reste de débris de notre monde disparu. A ne voir dans un champ de ruines que des débris d’ossements mêlés à une multitude de gravats, noyés dans la poussière, il aurait bien du mal à concevoir ce que furent les émotions, les pensées scientifiques, philosophiques ou religieuses qui furent les nôtres.
C’est un peu la situation dans laquelle se trouve le paléontologue qui cherche désespérément des confirmations objectives à ses hypothèses. On ne les fait pas, certes, en vain. Nous faisons des fouilles et des découvertes précieuses qui sont autant de témoignages, mais c’est toujours à partir du présent qu’on regarde le passé. On s’aperçoit bien vite que le passé est constamment recomposé. Plus il est lointain et plus le champ est libre pour qu’intervienne l’imagination, cette « folle du logis » qui, comme le précise Malebranche, se plaît à faire la folle. Quant on sait, de Blaise Pascal, qu’elle est « maîtresse d’erreur et de fausseté », il y a de quoi s’inquiéter.
En matière de préhistoire donc, les difficultés viennent autant de la collection des matériaux exhumés que des dérives de l’esprit. Nos préjugés sont tenaces et ce n’est pas sans présupposition, jugements de valeurs, que nous allons aux temps archaïques.
Le souci religieux nous a conduit par exemple à considérer que les squelettes de cerfs, à la cage thoracique bourrée de grosses pierres, étaient signe d’une sacrifice rituel ancien. Soit, mais on a aussi plus prosaïquement émis l’hypothèse qu’il s’agissait d’alourdir les animaux pour les noyer dans l’eau afin de les soustraire aux charognards.
De même la théorie d’un rituel sacré concernant le rangement des ossement d’ursidés au fond des cavernes qui a fait florès peut très bien s’effondrer quand on considère les ébats de cet animal des cavernes. Rien d’étonnant à ce qu’on ait trouvé un nombre impressionnant de crânes d’ours là où ils vivaient.
Bref, nous attribuons facilement des intentions religieuses là où il n’y en a pas forcément. Cela satisfait notre esprit mais nous savons bien que cela ne suffit pas.
Si nous prenons le cas de l’usage des os, nul doute qu’il fut domestique. On les utilisa comme trophées, parures, colliers, bijoux, pendentifs, instruments de musique, outils de chasse et de pêche, autant qu’ornements funéraires.
Ajoutons enfin que des îlots contemporains de « vie sauvage » en terre vierge, explorés par les ethnologues, deviennent de précieux référents analogiques. Ce champ expérimental est-il suffisamment éloquent pour abolir le temps qui nous sépare des milliers d’années révolues ?
Quoi qu’il en soit, le fait élémentaire et récurrent qui semble porter témoignage est que cette constante et nécessaire adaptation au monde accompagnait les tâches d’urgences pratiques et domestiques d’une idéologie sous-jacente. Même si sa détermination est difficile et plurielle, elle ne saurait faire défaut. Les hommes de jadis, avaient bien quelques idées sur la vie qu’ils étaient contraints de mener. Cela suffit à ouvrir un questionnement d’ordre métaphysique. C’est ainsi que commença une longue odyssée de la conscience religieuse.
A chercher quelles pourraient être les origines du sentiment religieux, on s’est souvent contenté d’imaginer les terreurs que pouvait éprouver l’homme premier, le premier homme, nu et faible, devant le déchaînement des forces de la nature et jeté dans un milieu hostile, peuplé d’animaux sauvages. A chaque instant, il risquait sa vie et il lui fallait lutter pour survivre, se battre contre les éléments, et même contre lui-même dans des guerres tribales où se pratiquaient des cannibalismes.
Celui que l’on ne tarda pas à gratifier du titre

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