Des parents comme les autres : Homosexualité et parenté
117 pages
Français

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Des parents comme les autres : Homosexualité et parenté , livre ebook

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Description

Si on peut avoir plusieurs figures de père ou de mère, si les pères et les mères ne vivent pas toujours ensemble, si des enfants de plusieurs lits cohabitent, n’est-ce pas le signe que la famille traditionnelle n’est plus la seule possible ? Dès lors, gays et lesbiennes ne peuvent-ils devenir « des parents comme les autres » ? Comment ces familles d’un type nouveau se mettent-elles en place ? Un regard ethnologique inédit et enrichissant sur un phénomène social hautement controversé. Ethnologue travaillant depuis des années sur la famille française, Anne Cadoret est chargée de recherches au CNRS (Groupe d’analyse du social et de la sociabilité). Elle a notamment publié Parentés plurielles. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 novembre 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738168252
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ANNE CADORET
DES PARENTS COMME LES AUTRES
Homosexualité et parenté
Nouvelle édition augmentée
© O DILE J ACOB , 2002, NOVEMBRE 2014 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
ISBN : 978-2-7381-6825-2
www.odilejacob.fr
Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L. 122-5, 2° et 3° a, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À mon fils, Solal.
Sommaire
Page de titre
Copyright
Dédicace
Préface à la seconde édition
Introduction
CHAPITRE PREMIER - Famille et parenté
La parenté des autres
Et chez nous ?
Les principes de validation
La chair
CHAPITRE II - Petite histoire de la pluriparentalité
La famille recomposée
La famille adoptive
La parenté d’accueil
Un choix encadré
CHAPITRE III - Les familles coparentales
La filiation suppose l’alliance et l’hétérosexualité
Un père, une mère, une histoire à suivre
L’unité familiale : une unité discrète ou illimitée ?
CHAPITRE IV - La famille adoptive
La loi
Agréments… et désagréments
Moi, mère adoptive…
CHAPITRE V - La famille et l’aide médicale à la procréation
Devenir parent : devenir mère et créer le père
Les lesbiennes n’en sont pas moins femmes…
Gays et néanmoins pères
CHAPITRE VI - S’instituer parents de même sexe
La filiation et l’alliance comme régulation des relations de sexe
De l’hétérosexualité à l’homosexualité
De l’homosexualité à l’homoparenté : la loi
Homosexualité et homoparenté : la famille étendue
Se dire famille, faire famille
Conclusion - Où l’on retrouve la différence des sexes…
Postface
Bibliographie
Remerciements
Préface à la seconde édition

En 2002, lorsque paraissait Des parents comme les autres. Homosexualité et parenté, le pacte civil de solidarité avait été voté après des débats ô combien houleux à l’Assemblée nationale. Il était une réponse de notre État à la demande d’un statut d’alliance pour les couples de même sexe, tout en évitant l’union matrimoniale et son implicite, la filiation. Toutefois, les familles homoparentales commençaient à apparaître. Avec mon regard d’anthropologue, je présentais alors dans ce livre les manières dont ces personnes homosexuelles, hommes ou femmes, devenaient parents. Je racontais leurs difficultés et leurs joies, leur application de nos us et coutumes de parenté, telle par exemple l’insertion dans une parenté élargie avec le rappel des prénoms des grands-parents, ou l’équilibre des lignées de chaque parent avec la désignation des parrains et marraines dans chacune d’elles. J’analysais les formes possibles que prenait l’une ou l’autre de ces familles homoparentales, que ce soit la recomposition familiale avec deux personnes de même sexe, la coparenté, l’adoption ou le recours à l’aide médicale à la procréation, chacune de ces formes familiales étant déjà connues dans le paysage général de la parenté. Si ces familles homoparentales reprenaient des manières de se construire déjà mises au point par des familles hétéroparentales, il y en avait une qu’elles ne pouvaient reprendre : le mariage d’un homme et d’une femme pour devenir le père et la mère des enfants de leur union. Or cette formule, qui regroupe dans un même élan la sexualité, la procréation, la filiation et l’alliance, qui repose sur l’indivisibilité de la filiation, l’unicité du duo parental, a été le socle de notre construction familiale. Je terminais mon livre en me demandant – vu l’évolution de toutes nos formes familiales – si les couples homosexuels, qui ne peuvent pas superposer mariage, filiation, procréation et sexualité, comme peuvent le faire fictivement ou non les couples hétérosexuels, ne nous obligeraient pas, un jour, à modeler autrement notre parenté. Il s’agirait, pour toute famille, de donner place aux éléments biologiques et sociaux nécessaires à l’identité de chacun ; de reconsidérer la rencontre entre un homme et une femme pour la procréation d’un enfant autrement qu’en leur transformation en père et mère de cet enfant. Il s’agirait aussi de légaliser la famille homoparentale.
Dix ans plus tard, la proposition de loi du gouvernement qui autorise le mariage entre deux personnes homosexuelles et leur accès à l’adoption a été votée. Cette loi concerne ce remodelage de notre parenté. Mais cette proposition a déclenché des mouvements d’opposition à la reconnaissance d’une filiation homoparentale d’une ampleur inattendue 1 . Pour ces manifestants, à qui cette loi ne retire en rien leurs droits à se marier et à fonder leur famille, mais étend seulement une partie de ces droits à d’autres personnes, s’effondrerait la nature même de l’ordre familial, un père et une mère dans chaque foyer. Oui, pendant des millénaires, il y eut la nécessité de la rencontre sexuelle d’un homme et d’une femme pour procréer un enfant ; aujourd’hui, sexualité et procréation peuvent être déliées grâce à la procréation médicale assistée, même si la rencontre de gamètes mâle et femelle reste nécessaire. Nous appartenons au règne des mammifères, même si nous ne sommes pas des animaux mais des humains ! Cette constatation, bien proche d’une lapalissade, appelle pourtant une remarque : cette nécessité n’a jamais signifié que l’homme et la femme impliqués dans cette relation sexuelle soient les parents de l’enfant. Il nous faut du symbolique pour transformer l’animal en humain. Il nous faut des lois pour transformer ces géniteurs ou génitrices en parents, en pères ou en mères ; éventuellement aussi pour leur interdire d’être pères ou mères… Devons-nous encore rappeler la douloureuse histoire de l’enfant bâtard parce que né hors mariage, de l’enfant adultérin parce que né de parents non mariés l’un à l’autre ; mais aussi de l’enfant né suite au recours à un don de sperme, enfant dont le géniteur – le donneur de sperme –, par disposition même de la loi d’aide médicale à la procréation, ne peut pas être le père ? Rappeler aussi l’histoire de l’adoption plénière avec l’effacement, voire la négation des parents de naissance ?
En fait, les questions posées par toute construction familiale relèvent de trois registres. Tout d’abord, celui du lien entre sexualité et filiation, c’est-à-dire le lien entre les acteurs de la fabrication de l’enfant, de sa conception, et ceux de sa vie et de son apparentement. Puis, deuxième registre de réflexion, le fait que l’enfant soit entouré de plusieurs figures parentales et non seulement d’un seul père et d’une seule mère. Les questions posées à ces sujets sont déjà anciennes. Enfin, dernier registre de questions, récent celui-là, le fait que l’enfant soit élevé par deux parents de même sexe.
S’il faut toute une société, avec ses lois juridiques et leur poids symbolique, pour transformer un homme en père, une femme en mère, si nous acceptons devant l’évidence des faits que le géniteur ou la génitrice d’un enfant ne soit pas obligatoirement son père ou sa mère, pouvons-nous faire un pas de plus dans notre vision de la famille, et supposer qu’un enfant n’a pas obligatoirement besoin de s’inscrire dans un foyer composé d’un homme et d’une femme, que la sexualité de ses parents n’est pas obligatoirement, ni même fictivement, procréative ? Que deux femmes, que deux hommes peuvent très bien avoir demandé à la société de les faire devenir mères ou pères de leurs enfants ? Bien sûr, deux femmes ensemble, ou deux hommes ensemble, ne pourront à elles seules ou à eux seuls, procréer un enfant. L’apport d’un attribut de l’autre sexe, le sperme, l’ovocyte, l’utérus, est absolument indispensable ; ces femmes, ces hommes sont d’ailleurs bien placés pour le savoir, vu la complexité de leur démarche procréative ! Or, aujourd’hui, la rencontre sexuelle d’une femme et d’un homme n’est plus le seul moyen de procréer, l’aide médicale à la procréation avec tiers permet cette procréation. La réunion de l’homme et de la femme, du masculin et du féminin en vue d’une procréation, ne passe plus obligatoirement par la rencontre sexuelle de ces deux êtres.
C’est bien sur les modes de cette rencontre de l’homme et de la femme, et leur transformation en père et mère que porte le débat sur la reconnaissance de la famille homoparentale. Lors de la préparation du vote de la loi du mariage pour tous, une commission parlementaire chargée d’étudier ce dossier a procédé à de nombreuses auditions de garants, d’experts de la parenté – comme des représentants religieux et des spécialistes des sciences humaines –, d’associations familiales favorables ou hostiles à ce mariage, mais aussi de parents et d’enfants de familles homoparentales. Parmi ces auditions, je relèverai celle de Françoise Héritier. Elle reprend des remarques déjà écrites dans L’Exercice de la parenté et Masculin/Féminin I. La pensée de la différence 2 et qui lui tiennent à cœur, telles que « le monde du vivant animal est partagé selon deux sexes, constatation qui est à la base d’une opposition mentale qui sera extrêmement porteuse de fruits pour l’humanité tout entière ; cette opposition mentale est celle qui existe entre l’identique et le différent ». Puis que « la constatation que les hommes n’enfantent pas leurs semblables – les hommes, virs, le sexe masculin n’enfante pas son semblable –, mais qu’ils doivent passer par des corps de femme, corps de femme que les hommes pensent mis à leur disposition pour cela ». À ces anciennes remarques, elle ajoute alors : « Un certain nombre de possibles de ces combinaisons existent logiquement dans le ciel d

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