Conversations psychanalytiques avec Daniel Widlöcher
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Conversations psychanalytiques avec Daniel Widlöcher , livre ebook

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Description

Daniel Widlöcher a marqué la psychanalyse française et internationale par une œuvre remarquable d’originalité, de puissance d’élaboration théorique et d’acuité dans les descriptions cliniques. Accompagné tout au long du livre par Antoine Périer et Nicolas Georgieff, et leur connaissance approfondie de son travail, Daniel Widlöcher se livre avec sincérité. C’est l’essentiel de son œuvre qui se déploie au fil de ces conversations. Elles témoignent des grands mouvements de pensée qui ont traversé la psychiatrie et la psychanalyse tout au long de sa carrière, et attestent, comme le souligne Catherine Chabert dans sa préface, de trois qualités : l’intensité d’une curiosité immense, presque insatiable, le refus d’immobilisme, le rejet de tout impérialisme de pensée dans les traitements psychiques. La psychanalyse se réfère à une pluralité de modèles. Au sein de ce champ, rien n’est plus éclairant que le débat, qui consiste à se confronter à la pensée des autres, à leur altérité, à leur différence, à leur diversité, et à en accepter la contradiction. Ce débat, Daniel Widlöcher n’a jamais perdu une occasion de l’engager, avec un rare talent. Préface de Catherine Chabert, postface de Jacques Hochmann Daniel Widlöcher est psychiatre, psychanalyste, ancien président de l’Association psychanalytique de France, ancien président de l’Association psychanalytique internationale, professeur émérite de psychiatrie à l’université Paris-VI. Antoine Périer est docteur en psychologie, psychanalyste (Association psychanalytique de France), psychothérapeute et professeur à la Maison des adolescents de Cochin à Paris, membre du comité de formation de l’Association Psychanalyse et Psychothérapies (APEP) fondée par Daniel Widlöcher. Nicolas Georgieff est psychiatre, psychanalyste (Association psychanalytique de France), professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’université Lyon-I et chef du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent du centre hospitalier du Vinatier. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 novembre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738140104
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , NOVEMBRE  2017 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-4010-4
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Préface

Conversations psychanalytiques, quel beau titre que celui trouvé pour cet ouvrage ! Il dit bien la nature de la rencontre entre Daniel Widlöcher, Nicolas Georgieff et Antoine Périer : une suite d’échanges presque à bâtons rompus qui traversent évidemment l’œuvre du principal interlocuteur mais aussi toute une période caractérisée par des mouvements de pensée forts et contradictoires. Le monde de la psychiatrie, habité par la psychopathologie et la psychanalyse après s’être dégagé en partie de ses racines essentiellement médicales – sans les désavouer pour autant – se confronte ensuite à de nouvelles prééminences biologiques et comportementales. Le monde de la psychanalyse, après s’être battu pour que sa révolution épistémologique soit reconnue et admise, est aux prises avec des courants opposés, parfois radicalement au niveau le plus manifeste de la pratique mais plus fondamentalement en termes de méthode et de métapsychologie. Ce sont ces grands moments qui servent de toile de fond à ces entretiens avec Daniel Widlöcher mais ce sont surtout les concepts, les problématiques, les confrontations voire les combats dans lesquels il s’est engagé tout au long de son parcours et de sa carrière, qui reviennent avec une vivacité inattendue et sont saisis avec les qualités de synthèse exceptionnelles que nous lui connaissons. Sollicité par les questions des auteurs, Nicolas Georgieff et Antoine Périer, accompagné par eux tout au long de l’ouvrage grâce à leur connaissance approfondie de son œuvre, à leur admiration et à leur respect, Daniel Widlöcher accepte de se mettre lui aussi à l’épreuve de ces rencontres : une formidable illustration de ce qu’il promeut et défend lorsqu’il donne à la copensée et à l’associativité une place majeure dans la communication analytique !
 
C’est le jeune interne qui surgit d’abord, sa naïveté et son ouverture tout à coup mobilisées par quelques paroles d’un chef de service : les discours anodins ne le sont pas, les mots disent autre chose que ce qu’ils disent manifestement, il suffit de les écouter autrement pour les entendre. Plus loin, on s’émeut de la séquence choisie, « X est mort », dit le patient, et voilà que le discours s’emmêle comme dans le rêve dont les associations, à la fois discrètes et parlantes, montrent comment « la pensée » au sens que lui confère Daniel Widlöcher fonctionne. Ailleurs, la rencontre avec la mélancolie d’une jeune patiente convoque le choix des mots, la forme du discours et l’action du transfert – des deux côtés.
Ainsi, le souvenir, le fantasme et le rêve convoquent la réalité psychique de l’auteur et côtoient ses développements théoriques et cliniques. Car c’est aussi la longue expérience de l’analyste, du chercheur et du débatteur, qui conduit Daniel Widlöcher à revenir, sollicité par ses deux interlocuteurs, à ses objets de pensée privilégiés. Au soir de sa vie, c’est l’essentiel de son œuvre et ses transformations après-coup qui se déploient au fil des échanges.
Daniel Widlöcher est un homme de transmission : il a ouvert à plusieurs générations de psychanalystes, de psychiatres, de psychologues, une démarche épistémologique forte et argumentée. Il a donné tout son sens à la métapsychologie qu’il construit avec une clarté et une simplicité remarquables, par l’articulation sans cesse renouvelée entre le fait clinique et la théorie. La mise à l’épreuve constante de l’une par l’autre respecte au plus près le mouvement de pensée de Freud : une conception dialectique d’une science qui part de l’observation, permettant la description de phénomènes ensuite « rassemblés, ordonnés et insérés dans des relations »… sauf que, déjà dans la description « on ne peut éviter d’appliquer au matériel certaines idées abstraites que l’on puise ici et là et certainement pas dans l’expérience actuelle 1  ». Et Freud, on le sait, n’a pas hésité à changer, à modifier les différents modèles métapsychologiques qui se sont construits tout au long de son œuvre.
De manière assez saisissante, Daniel Widlöcher s’inscrit dans la même logique scientifique : il a été et est resté un chercheur car la force de sa démarche, la puissance de sa pensée, et le surplomb qu’elle assure, se révèlent à la mesure de la profondeur clinique et aux qualités sensibles de l’expérience. Il n’hésite pas à modifier ses points de vue et pourtant, à l’instar de Freud, il n’abandonne jamais complètement ni ses héritages ni le passé de ce qu’il a précédemment cherché, trouvé, élaboré, construit, voire abandonné le temps d’une nouvelle ouverture.
C’est ce mouvement qui ordonne les conversations de l’ouvrage : une reprise, par les interlocuteurs, des champs explorés depuis les commencements, et en même temps, un questionnement toujours à l’affût dans l’abord de ces problématiques. Et je suis frappée, à la lecture de ses propos, par l’intensité d’une curiosité immense, presque insatiable, le refus d’immobilisme, le rejet de tout impérialisme de pensée : de ces trois qualités, se dégage, c’est une évidence, l’axe qui traverse toute l’œuvre, celui de changement, changement non seulement attendu dans des traitements psychiques, mais changements et échanges de point de vue, avec le goût de la critique dans ses aspects les plus ardus, sans complaisance séductrice.
Les Conversations psychanalytiques sont consacrées essentiellement, pour ne pas dire uniquement, à la psychanalyse et plus précisément encore à la cure, et laissent de côté d’autres débats qui ont occupé Daniel Widlöcher. Ce qui prévaut relève de son immense intérêt pour l’analyse et l’analysibilité c’est-à-dire des capacités de changement grâce au travail associatif et interprétatif. Les trois points de vue freudiens, topique, économique, dynamique peuvent être convoqués quelles que soient les modalités de fonctionnement psychique d’un patient, car on pourra toujours parler en termes de contenus manifestes et latents, de transfert, de processus associatif ou de mécanismes de défenses. Leur pertinence n’est pas démentie et c’est la connaissance intime de la métapsychologie freudienne qui permet à Daniel Widlöcher de se rebeller contre l’emprise théorique qui menace la pratique de la psychanalyse : il vise, dans sa critique ferme et discrète, les tendances à enfermer les faits cliniques dans des concepts convenus qui les trahissent et négligent leur nouveauté. Il dénonce le risque, pour l’analyste, d’utiliser un prêt-à-porter théorique qui empêche de prendre en compte les mouvements imprévisibles du processus. On aurait tort de croire que Daniel Widlöcher abandonne ses intérêts métapsychologiques : s’il en condamne l’usage défensif au sein de la cure, il poursuit son travail d’élaboration théorique et les développements qu’il propose relèvent, eux aussi, de la métapsychologie !
À partir de là, il faut insister sur l’importance que Daniel Widlöcher accorde à la pratique, non plus seulement dans la mise à l’épreuve voire la mise en cause des théories, mais dans la recherche d’une métapsychologie de l’écoute, ancrée dans la cure, suivant au plus près le hic et nunc de la séance : cette articulation sans cesse interrogée constitue le moteur principal de sa démarche. En 1992, il écrivait déjà : « À la résistance des faits, il faut substituer celle des idées. Ce qui peut apparaître comme un malentendu entre deux auteurs, ou entre deux moments d’une même pensée, ne doit plus être à tout prix levé mais, au contraire, justifié 2 . »
Aujourd’hui, il souligne la nécessité de mesurer les conséquences cliniques de la théorie, en s’inscrivant, comme souvent, dans la confrontation, essentielle pour lui, entre Freud et Lacan. La référence au discours, à la lettre et à l’altérité ontologique du sujet fonde une pratique du cadre analytique, du transfert et de l’interprétation. Selon Daniel Widlöcher, la difficulté la plus grande dans la lecture proposée par Lacan revient au présupposé fondamental qu’il n’y a pas de pensée sans langage et que la logique des propositions ne peut être que le produit d’un traitement linguistique. Il montre que c’est précisément la dimension de l’action qui permet une autre lecture de Freud : le langage de l’action peut redonner sens à la métapsychologie en construisant une modélisation de l’activité psychique inconsciente indépendante de tout traitement linguistique.
Bien évidemment, la position de Daniel Widlöcher, l’ensemble de ses travaux sur les identifications et l’empathie, sur le travail de copensée de l’analyste et de l’analysant vont à l’encontre de la doctrine lacanienne de l’interprétation pure qui refuse toute implication transférentielle, au profit d’un acte désubjectivé, à l’instar de la scansion et de sa « fulgurance ». Et surtout, l’absence de prise en compte du contre-transfert, par Lacan, va à l’encontre des positions de Daniel Widlöcher qui s’attache, depuis toujours, à ce qui se passe autant chez l’analyste que chez l’analysant. Pour lui, pendant la séance, c’est une élaboration induite et réciproque qui fonctionne comme une associativité partagée et qui aboutit à des idées pouvant être communiquées à l’un et à l’autre. Il insiste régulièrement sur ce qui se passe entre les deux protagonistes, s

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