Construction de l'objectivité en sciences sociales , livre ebook

Connaissances & Savoirs - Jacques Ebweme Yonzaba

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124 pages

Français

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Extrait

Description

La recherche de l'objectivité occupe une place centrale dans les productions scientifiques en sciences sociales. Cependant, plutôt d'être une donnée naturelle, bien au contraire, l'objectivité en est une construction continue. La précaution à y prendre débute déjà au choix du sujet, transite par la lecture de certains travaux antérieurs dans le domaine abordé, et, culmine à la rédaction ainsi que la communication des résultats auxquels l'étude a abouti. Une telle démarche exige du chercheur du courage, de la patience et certaines compétences. Le modèle que suggère cet ouvrage diffère de la tradition ancienne de présentation des travaux académiques héritée de certaines écoles occidentales ou nordiques, basée notamment sur la synonymie entre état de la question et revue de la littérature. Doit-on par là affirmer la naissance d'une nouvelle école, d'une nouvelle tradition ? Là n'est pas l'objectif poursuivi par cette publication. Dans construction de l'objectivité en sciences sociales, l'auteur répond à un impératif majeur : provoquer un débat sur la nuance qu'il sied de dégager entre état de la question et revue de la littérature d'une part, et, d'autre part, illustrer par une étude des cas cette nouvelle démarche. La finalité est d'indiquer une autre manière dont on peut se servir tout en garantissant l'objectivité tant recherchée dans les études des sciences sociales.

Sujets

Sciences sociales

Sciences humaines

Sociologie, société et politique

Sciences humaines et sociales

Informations

Publié par	Connaissances & Savoirs
Date de parution	06 octobre 2017
Nombre de lectures	2
EAN13	9782342156478
Langue	Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Construction de l'objectivité en sciences sociales
Jacques Ebweme Yonzaba
Connaissances & Savoirs

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Connaissances & Savoirs
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Construction de l'objectivité en sciences sociales

Liminaire
Une précision s’impose sur l’image reprise à la couverture de cet ouvrage. Selon Hervé Dumez 1 , « Ce dessin a été publié en 1892 dans un journal satirique munichois Fliegende Blätter , avant d’être republié dans l’hebdomadaire newyorkais Harper’s Weekly . Son auteur est inconnu. Le psychologue américain Joseph Jastrow l’a reproduit en 1900 dans Fact and Fable in Psychology (fig. 19) pour illustrer l’importance du cerveau, de la culture dans la perception visuelle. Il a été commenté par le philosophe Ludwig Wittgenstein dans ses Investigations philosophiques ou encore par l’historien de l’art Ernst Gombrich ».

Dumez 2 souligne qu’il faut faire l’effort de regarder le sujet de diverses manières et d’abstraire les différentes dimensions qui le constituent. Pour cela, il conseille de penser à ce dessin que Wittgenstein a longuement commenté dans la seconde partie des Investigations philosophiques. En effet, dit-il (Dumez), quand vous le regardez pour la première fois, vous y voyez spontanément une image (canard ou lapin). Si vous y voyez un lapin, et que quelqu’un vous dit : « mais, non, il s’agit d’un canard », vous êtes perdu durant un moment, votre cerveau collant à la première image que vous avez vue. Puis vous réalisez qu’il est effectivement possible de voir comme un canard le lapin qui vous est apparu d’abord. Le très étrange est que le dessin ne change pas : il reste exactement ce qu’il est. Rien n’a été ajouté, rien n’a été retranché, la seule chose qui ait changé est la manière de le voir, et ce changement a réclamé un travail assez étonnant du cerveau. Ce qui est également étrange est qu’on passe d’une manière de voir à l’autre, sans qu’on puisse les superposer (personne ne voit un canard et un lapin simultanément ; de plus, quand vous voyez le canard, vous ne voyez pas le lapin, et réciproquement ; probablement parce que le canard se voit d’un regard qui va de gauche à droite – bec, œil et arrière de la tête plus flou, et que le lapin apparaît selon un regard de droite à gauche – nez/bouche, œil, oreilles plus floues, les deux mouvements étant incompatibles).

De même, il est aussi possible de voir, à partir du cou, du crâne et de l’œil, abstraction faite au bec, un être humain dans ce qui a paru comme un canard ou lapin.

Il en est de même du titre de cet ouvrage et des étapes de la construction de l’objectivité en sciences sociales. A la première lecture, le titre renvoie à l’épistémologie. Après quelques instants, répétant surement la lecture, on y voit plutôt la méthodologie.

Quant aux étapes de la construction de l’objectivité en sciences sociales, on se rendra bien compte après la lecture de cet ouvrage que, le fait que nous expliquons existe depuis toujours. Mais, c’est simplement la manière de le percevoir et de l’interpréter qui change. Eviter de glisser dans la subjectivité suppose un effort supplémentaire à fournir : celui de rester coller au fait. C’est à partir d’un fait réel que le discours scientifique doit être construit ; et, pour le vérifier, il doit être confronté au fait réel étudié.

Ainsi, si pour vous, cet ouvrage relève de l’épistémologie, ne condamnez pas l’autre qui le situe dans la méthodologie. De même, si pour vous, l’état de la question est synonyme de la revue de la littérature, à cause de votre long cursus dans cette perception, ne crucifiez pas l’autre qui en établit la différence sur la base d’une nouvelle perception. C’est d’ailleurs à ce prix que le principe de falsifiabilité d’une connaissance scientifique cher à Karl Popper doit être payé.
Jacques EBWEME YONZABA Kinshasa, le 2/09/2017

Épigraphe
« Dire que "quelque chose" est objectif, c’est donc dire que c’est "quelque chose" dont on peut parler avec sens ; c’est le situer dans un univers commun de perception et de communication, dans un univers conventionnel, institué par une culture. Si, au contraire, je voulais parler d’un "objet" qui n’entrerait dans aucun langage, ma vision serait purement subjective, non communicable ; à la limite : folle. Le monde devient "objets" dans les communications culturelles. L’objectivité, en tout cas comprise ainsi, n’est pas absolue mais toujours relative à une culture… »
Gérard Fourez

Dédicace
A tous les esprits ouverts et réceptifs à l’innovation ;
A tous les inconnus avec qui je vais désormais dialoguer, discuter et parfois convaincre ;
A ma regrettée mère Cécile Nkuy Ikieme qui, sans avoir appris à lire ni écrire, s’est donnée de la peine pour faire instruire ses enfants dont moi-même ;
A mon épouse Lucie Lala Buzala et nos nombreux enfants (Cécile-Merveille Ikieme, Rose-Véronique Ngilingi, Elisabeth-Medisa Miyaha, Bénédicte-Sacrée Andobi, …) qui ont supporté le dur labeur pendant les recherches, la rédaction de la thèse, des articles et des ouvrages ;
A tous ceux qui pourront me faire parvenir leurs observations ou critiques.
Jacques EBWEME YONZABA anacletyonzaba@gmail.com
Introduction générale
La recherche de l’objectivité occupe une place centrale dans les productions scientifiques en sciences sociales. Cependant, plutôt d’être une donnée naturelle, bien au contraire, l’objectivité en est une construction continue. La précaution à y prendre débute déjà au choix du sujet, car « les sociologues ne choisissent jamais totalement par hasard les thèmes de leur recherche 3 … ». Elle transite par la lecture de certains travaux antérieurs, dans le domaine abordé, et culmine à la rédaction ainsi que la communication des résultats auxquels l’étude a abouti. Une telle démarche exige du chercheur le courage, de la patience et certaines compétences. Cela, d’autant plus que, de manière générale, dès le début de leur initiation à la culture universitaire et académique, deux types de formateurs imprègnent le devenir des chercheurs en sciences sociales : les "conservateurs", défenseurs de l’infalsifiable, et les "libéraux", défenseurs d’une certaine "anarchie" conduisant à la créativité.

Les uns et les autres ne manquent pas d’arguments. On entend des conservateurs, par exemple : « la roue étant déjà créée, il suffit simplement de la réadapter. » Les autres, les "libéraux", sont un peu plus flexibles. Ils prônent plutôt une certaine "anarchie méthodologique". Car, ce qui importe pour eux, ce n’est pas seulement le résultat, mais bien plus de montrer et démontrer comment ils ont procédé.

Finalement, les deux voies sont ainsi empruntables. Cependant, la lecture de certains travaux de Pierre Bourdieu, plus particulièrement La distinction , ainsi que le poème Le sentier que je n’ai pas emprunté de Robert Frost ont joué un très grand rôle dans notre révolte scientifique et notre souci de nous affirmer comme "Grand".

D’abord, La distinction. Avec un style très philosophique, Pierre Bourdieu a réussi de faire la différence par rapport à beaucoup d’autres écrits des sociologues de son temps. La profondeur de ses réflexions, doublée de son style, a fait sa célébrité ou sa différence. A la suite d’Emmanuel Kant, il (Bourdieu) affirme que le goût est une disposition acquise à différencier et apprécier… 4 A propos de la méthode, il écrit : « Bien que l’ordre d’exposition qui prend pour point de départ le point d’arrivée de la recherche soit moins favorable à l’étalage complaisant de données et de protocoles de procédures que l’on tient ordinairement pour la meilleure garantie de scientificité et bien que le surcroît de rigueur qu’il implique ait pour contrepartie toute une série d’ellipses et de raccourcis propres à renforcer les préventions de ceux qui restent attachés à une représentation naïvement empiriste du travail scientifique, il a fini par s’imposer comme le seul qui permette de replacer chaque fait dans le système des relations dont il tient sa valeur de vérité. C’est pourquoi il faut évoquer à grands traits les principales opérations de la recherche, sans essayer de dissimuler ce que peut avoir d’un peu irréel cette reconstruction rétrospective 5 … »

En suite, Le sentier que je n’ai pas emprunté. Dans ce poème, Robert Frost est tout aussi explicite, un peu comme Jésus de Nazareth qui dit : « Entrez par la porte étroite. Car large est la porte, spacieux est le chemin qui mène à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là. Mais, étroite est la porte, resserré le chemin qui mène à la vie, et il y en a peu qui les trouvent 6 ».

Le sentier que je n’ai pas emprunté renseigne :
« Deux sentiers s’écartaient l’un de l’autre dans une forêt aux feuilles jaunies, et j’étais déçu de ne pouvoir les parcourir tous deux comme un seul voyageur. Je restai longtemps immobile à regarder l’un s’étirer longuement jusqu’à ce qu’il bifurque dans le sous-bois.
Puis, j’ai choisi l’autre qui me semblait tout aussi beau et qui méritait peut-être davantage le titre de sentier, car il était verdoyant et je voulus m’y engager même si les deux sentiers avaient été foulés presque pareillement par les milliers de pas des promeneurs.
Ce matin-là, les deux sentiers gisaient semblablement enterrés sous des feuilles qu’aucun pied n’avait encore foulées. Oh ! C’est alors que je gardai le premier en réserve pour un autre jour !
Pourtant, sachant comment un sentier mène à un autre, je doutais fortement que j’allais revenir un jour.
Il me faudrait raconter cette his