Comment devenir un bon stressé
159 pages
Français

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Description

Que faire pour travailler mieux ? Comment mettre en place des méthodes de travail et des modes de relations qui favorisent l'efficacité et le dynamisme sans exercer une pression excessive ? Comment concilier performance et bien-être ? Éric Albert donne à chacun tous les éléments pour analyser sa manière de travailler et améliorer ce qui peut l'être. Psychiatre et consultant en entreprise, Éric Albert est l'auteur, avec Laurent Chneiweiss, de L'Anxiété au quotidien, et, avec Alain Braconnier, de Tout est dans la tête, parus aux Éditions Odile Jacob.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 1994
Nombre de lectures 5
EAN13 9782738158581
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DU MÊME AUTEUR CHEZ O DILE J ACOB
L’Anxiété , 1992, 2003.
Tout est dans la tête, 1992, « Poches Odile Jacob », 2001.
Merci à mes relecteurs, leur soutien m’a été précieux.
© O DILE J ACOB , 1994, 2006. 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-5858-1
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Introduction

François est cadre supérieur dans un établissement financier. Sorti jeune d’une école de commerce, il est arrivé en quelques années à un haut poste de responsabilité. Ce que tous apprécient chez lui, outre son sérieux professionnel et ses compétences, c’est la bonne humeur qui ne le quitte jamais. Même ceux qui jalousent sa réussite rapide n’arrivent pas à le trouver antipathique. Pourtant, ce soir, François se sent irritable et au bord d’être très désagréable avec son plus proche collaborateur .
Il faut dire que, depuis quelques semaines, il n’a pas la vie facile. Son épouse, qui attend son troisième enfant, est obligée de rester allongée en permanence. Les nuits sont souvent entrecoupées par les pleurs des deux premiers et les week-ends occupés au ravitaillement ou autres tâches ménagères. Hier soir, le dîner d’anniversaire de ses trente et un ans s’est passé au chevet de sa femme avec pour seuls cadeaux des dessins d’enfants, et François s’est surpris à regretter les festivités de ses trente ans .
Jamais auparavant, depuis qu’il est dans la vie active, les journées ne lui avaient paru aussi longues. Ses collaborateurs l’énervent, il les trouve trop lents, pas assez performants. Dans la journée, il ressent souvent des coups de barre accompagnés d’une forte envie d’aller faire la sieste. Mais ce qui lui paraît le plus grave, c’est l’impression de se sentir débordé par les problèmes. Lui qui se croyait doté d’un jugement très sûr, doute, hésite et pour la première fois ressent ses responsabilités comme un poids .
Il s’en est ouvert à l’un de ses plus vieux amis, médecin généraliste. « C’est le stress, a-t-il répondu, ça passera ! »
Il est là, au coin de nos vies, au détour de nos phrases, à la une de nos magazines. Pour chacun de nous, il a une réalité quotidienne plus ou moins inconfortable. Le stress. Souvent qualifié de mal du siècle, il semble en effet prendre consistance dans nos sociétés industrielles de la seconde moitié du siècle. Autrefois, personne n’en parlait. Existait-il sous une autre forme ? Très probablement, mais pas au point de devenir le phénomène de société que l’on connaît aujourd’hui.
Les indicateurs sont en effet au rouge. La France, premier consommateur de tranquillisants après avoir été pendant des années premier consommateur d’alcool, ne semble pas épargnée. Tout se passe comme s’il fallait trouver un calmant pour lutter contre la tension ou la nervosité ambiantes. De fait, cette impression de nervosité est en constante progression. D’après le CREDOC , entre 1979 et 1989, la proportion de Français qui disent souffrir de nervosité a augmenté de 50 %. Elle est passée de moins de 30 % à 44 % de la population générale. Lorsque près de la moitié de la population se considère comme « atteinte », le sujet mérite considération. Les Français donnent l’impression d’être comme des bouteilles d’eau gazeuse que l’on agiterait constamment. La pression monte, les bulles se multiplient sans trouver d’issue. D’ailleurs, le problème les passionne. Depuis plusieurs années, certains magazines d’information ont réalisé leurs meilleures ventes en faisant leur une sur le stress.
Principal accusé : le travail. D’après une étude récente (1992) réalisée par l’ APREMET et l’ INSERM 1 , 59 % des salariés se déclarent stressés.
Le stress professionnel n’est évidemment pas l’apanage de la France. Dans chaque pays, il prend une forme particulière, et on y répond de façon différente. Au Japon, on en meurt ; aux États-Unis, on en chiffre les conséquences ; en Suède, on légifère.
Les Japonais ont décrit ces dernières années un phénomène qu’ils ont appelé le karoshi . Il s’agit d’une mort brutale par épuisement à la suite d’un excès de travail. Certains salariés dont la charge de travail excéderait soixante-dix heures seraient pris dans un cercle vicieux qui les empêcherait de récupérer des fatigues accumulées. Ainsi, les Japonais, parfois assimilés à des fourmis, pourraient être aussi comme ces chevaux poussés à l’extrême qui meurent entre les jambes de leurs cavaliers.
Devant l’ampleur du phénomène, les Américains ont tenté d’évaluer le coût du stress pour leur économie. Les chiffres avancés par des experts et cités dans Newsweek 2 par an estimaient à cent cinquante milliards de dollars les conséquences du stress, soit, à cette époque, l’équivalent du déficit budgétaire. D’autres sources anglaises 3 évaluent le coût du stress à 10 % du produit national brut.
Les Suédois, quant à eux, ont pris la chose suffisamment au sérieux pour que leur parlement légifère. Il a, effectivement, voté sept règles qui s’imposent aux employeurs pour prévenir les excès du stress professionnel.
Ce qui peut nous paraître un excès pittoresque chez nos voisins nordiques est en fait une tentative pour réguler un problème essentiel dans nos sociétés modernes. En effet, le stress professionnel est à l’évidence l’un des enjeux premiers auxquels va devoir faire face l’entreprise au cours des prochaines décennies. D’autant que tout le monde s’accorde aujourd’hui à reconnaître que le potentiel humain d’une entreprise est désormais plus important que ses outils techniques. Cependant, si la plupart ont identifié le stress professionnel comme un problème dont l’ampleur va croissant, rares sont ceux qui mettent en place de réelles solutions. Peut-être parce qu’ils ignorent comment faire ?

Brigitte est commerciale dans une entreprise américaine de bureautique. Régulièrement, elle assiste aux « grand-messes » qui visent à exalter la motivation et l’agressivité commerciale des troupes. Cette année, au vu de ses bons résultats antérieurs, ses supérieurs lui ont assigné des objectifs encore plus ambitieux que ceux de ses collègues. Tous les mois, les performances de chacun sont commentées en groupe. De cette séance que la plupart redoutent, Brigitte sort comme dopée. Elle aime se dépasser et elle sait qu’elle ne le fait que si on lui « met la pression » .
« C’est normal, lui dit son compagnon, le stress, c’est ton moteur ! »
De fait, le stress est aussi un stimulant qui nous pousse en avant et nous conduit à nous dépasser. D’ailleurs, certains patrons l’ont bien compris lorsqu’ils déclarent « stresser leur personnel » de façon délibérée.
D’où l’idée, souvent évoquée de nos jours, qu’il existerait un bon et un mauvais stress. En réalité, cette opposition ne résiste pas à un examen approfondi.
Parmi les collègues de Brigitte, quelques-uns n’ont pas supporté le rythme qu’impose l’entreprise. Ils ont « craqué » face à la pression à laquelle ils étaient soumis. Cette pression qui stimule Brigitte et fait céder ses collègues est-elle un bon ou un mauvais stress ? À l’évidence, ce qui est bon pour les uns ne l’est pas nécessairement pour les autres. Si l’on exclut les situations extrêmes, les stress auxquels nous sommes confrontés dans la vie quotidienne ne sont ni bons ni mauvais en soi. Dès lors, pourquoi une situation déterminée engendre-t-elle dans un cas une dynamique et dans un autre une inhibition ? Pourquoi Brigitte se sent-elle poussée en avant, alors que d’autres, dans les mêmes conditions, craquent ?
La question est essentielle, notamment pour les chefs d’entreprise, les responsables du personnel, pour tous ceux qui ont des fonctions d’encadrement. De la réponse qu’ils apportent à cette question dépend leur manière d’orchestrer les contraintes professionnelles de leurs collaborateurs avec, comme objectif, l’optimisation de leur motivation, de leur capacité à travailler en équipe et de leur efficacité.
La plupart du temps, deux conceptions s’opposent. D’un côté, les alarmistes incriminent les contraintes de la vie moderne en général : ce serait la cause de tous les maux, et les individus seraient des victimes. Pour eux, la solution passe par un changement radical des conditions de vie. Pourquoi alors ne pas « mettre les villes à la campagne » ? Les tenants de cette position, ce sont principalement les ennemis de la modernité, ceux des villes, et d’une manière générale tous ceux qui craignent le changement. L’idée sous-jacente est que les conditions de vie étaient meilleures autrefois et que l’évolution engendre de plus en plus de stress. Paradoxalement associés à ce courant conservateur, on trouve aussi les tenants d’une société meilleure, les révolutionnaires (s’il en reste). Eux aussi, parfois encore inspirés par le marxisme, pensent que « tout est plus difficile qu’avant » et dénoncent, pêle-mêle, l’exigence accrue de performance, l’internationalisation, l’évolution des techniques, etc.
De l’autre côté, les optimistes déclarent croire en l’homme… ou plutôt en l’individu. Si certains s’en sortent mieux que d’autres, à contraintes égales, il suffit de prendre modèle sur eux. En somme, il n’y a pas de problèmes ; il n’y a que des solutions ! En entreprise, la rémunération et la promotion « au mérite » devraient primer.
Entre ces deux positions caricaturales, le discours des scientifiques semble bien timide. Et pourtant, les connais

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