Blessures de mères : Ne pas transmettre ses propres maltraitances
167 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Blessures de mères : Ne pas transmettre ses propres maltraitances , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
167 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Ce livre est un témoignage. Il est écrit par une mère qui a connu, enfant, la « maltraitance ordinaire » et raconte comment elle s’est confrontée aux fantômes du passé lorsqu’elle est devenue mère à son tour. Sans fard, elle révèle les combats menés pour devenir une « meilleure maman ». Également psychologue, Paula Thorès Riand accompagne des parents qui, comme elle, veulent du bien à leurs enfants, mais n’y arrivent pas toujours, tant ce rôle de père ou de mère peut s’avérer difficile. Ce livre, fondé sur un double regard, celui de mère et celui de psychologue, propose une perspective originale sur les relations mère-fille et l’éducation reçue. Il donne de précieuses clés pour ne pas reproduire la maltraitance. Un témoignage courageux, qui montre, à partir d’un itinéraire singulier, comment il est possible de ne pas transmettre les blessures de l’enfance. Paula Thorès Riand est psychologue clinicienne et mère de deux enfants. Exerçant la psychothérapie en libéral depuis de nombreuses années, elle accompagne des hommes, des femmes, sur les enjeux de la parentalité. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 novembre 2019
Nombre de lectures 9
EAN13 9782738149749
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB, NOVEMBRE  2019 15, RUE S OUFFLOT, 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-4974-9
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L. 122-5 et 3 a, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Composition numérique réalisée par Facompo
À mon fils qui m’apprend chaque jour à devenir mère, À mon mari dont l’amour tranquille est un phare qui guide mes pas vers toujours plus de paix intérieure et de découverte de l’amour, À ma fille qui occupe une place bien à elle dans ma trajectoire, pour devenir chaque jour plus maman hors des sentiers battus, À ma cousine que je n’ai pas su entendre et voir, lorsqu’elle était maltraitée par sa mère et que notre famille fut aveugle et sourde à son appel de détresse, À mes patients qui me voient meilleure que je ne suis et m’aident chaque jour à l’être davantage.
Introduction

« J’exige que le livre me parle de moi en cachette, qu’il me révèle des choses de moi-même que je ne connais pas. Et donc que je peux reconnaître. Que c’est la partie plus émouvante d’une relation entre lecteur et écrivain le fait de ne pas connaître des choses nouvelles, mais de reconnaître quelque chose de soi-même qui est caché là-dedans et qui n’était pas encore sorti à l’évidence et à la surface. Et l’écriture est cette possibilité de faire affleurer sa propre expérience. »
Erri DE L UCA 1 .

Je m’appelle Paula et ce n’est pas mon nom. Un jour, je me suis vue ne plus être moi. Un jour, je n’ai pas reconnu celle que je croyais être. Ses paroles. Ses gestes. Ce texte est né de cette expérience 2 …
Mon histoire est ordinaire. Je n’ai pas vécu une enfance terrible dont on comprendrait qu’elle ait laissé des séquelles et rende difficile le fait de devenir mère. Au contraire, ma vie est banale. Mes parents ont fait ce qu’ils ont pu avec leurs enfants, comme tout le monde. J’ai longtemps pensé que les mémoires des enfants maltraités ne me concernaient pas. Les actes de leurs parents m’inspiraient de l’incompréhension. Je les jugeais. Je ne me suis donc méfiée de rien, lorsque mon premier enfant est né. Cela a rendu d’autant plus brutale la découverte de ma violence de mère. J’ai suivi des études de psychologie pour comprendre l’humain. Je suis devenue psychothérapeute afin d’être utile. Comme il se doit dans nos métiers, j’ai accompli plusieurs années de psychothérapies, où j’ai « travaillé sur moi-même ». J’ai identifié mes failles pour ne pas en encombrer mes patients et mieux les écouter. Mais ces psychothérapies n’ont pas suffi face à la violence. Ma brutalité a éclaté avec mon fils. Elle m’a saisie par surprise. Malgré tout mon amour pour lui, cette violence a été puissante. Elle m’a effrayée. J’ai fait face comme j’ai pu. J’ai cherché de l’aide auprès de psychothérapeutes, tenté de dénicher des réponses dans les livres. Mais je n’ai rien trouvé qui parle de « mon cas », rien qui me dise « comment faire quand la violence est en nous » et qu’elle revient sans cesse. Après quelques années, j’ai réalisé que j’endurais quelque chose dont je pourrais témoigner. Mon histoire de violence banale, non spectaculaire, pouvait parler à d’autres parents, car je ne suis pas seule… Je côtoie la maltraitance en tant que psychologue. Je recueille des témoignages de patients sur ce qui les a aidés à se sortir de ce qu’ils ont vécu lorsqu’ils étaient enfants. Au fil de leur travail intérieur, certains retrouvent les traces de l’enfant écrasé qu’ils ont été. Je les accompagne à restaurer les trésors de vie restés enfouis en eux. D’autres encore sont surpris de découvrir en psychothérapie des pans entiers de souffrance infantile oubliée.
Si nous ne sommes en rien condamnés à répéter la violence ou les traumatismes subis, en sortir ne va pas de soi. Lors de psychothérapies d’adultes ayant été maltraités ou négligés dans leur enfance, se travaille le fait qu’ils deviennent parents à leur tour. À cette occasion, ils peuvent sentir en eux, à côté de leur amour pour leurs enfants, des mouvements irrépressibles de brusquerie ou d’animosité. Ces phénomènes les tourmentent et leur font honte. Ces impulsions ne leur ressemblent pas, ils me le disent. Ils répugnent au début à m’en faire part, se montrant discrets ou allusifs. Ils n’en parlent qu’après un long apprivoisement mutuel, lorsqu’ils perçoivent que je ne les juge pas et que je les soutiens à traverser ce qu’ils vivent. Parfois, ce vécu de violence infantile subie peut les empêcher de faire preuve d’une autorité saine et tranquille, tellement ils se refusent à répéter ce qu’ils ont connu. Certains choisissent de ne pas donner la vie. D’autres ont envers leurs enfants des actes qu’ils réprouvent. Une enfance de maltraitance n’est donc jamais neutre pour les adultes à venir. Faire entendre la voix d’une mère en difficulté prend donc sens dans ce contexte 3 . S’extraire de la violence passée est un combat.
Mon métier me donnant accès à des savoirs passionnants, comme la notion de résilience 4 par exemple, peu à peu a germé en moi l’idée de tisser ces deux types de savoirs, ceux issus de l’expérience et ceux des théories de la psychologie. Exerçant en tant que psychologue depuis plus de vingt-cinq ans, j’aurais pu rédiger une étude théorique sur le sujet ; il m’a semblé plus juste de me livrer à hauteur de mère. Car, parler à la première personne aide aussi à sortir de la honte. En effet, à l’heure où nous élevons plus qu’autrefois des enfants désirés, cet aveu de défaillance parentale est souvent moins simple à faire 5 . Lorsque mes patients ou moi-même arrivons à en parler avec notre entourage, la honte que nous portons d’être des parents « de cette manière » est difficilement entendue. À un moment, j’ai pensé qu’écrire cet ouvrage m’aiderait à contrôler mes excès. Il n’en a rien été. Cela n’a pas fait disparaître mes emportements. Toutefois, l’écriture de ce livre m’a aidée à prendre du recul. Elle a contribué à ma transformation et a enrichi ma pratique de psychothérapeute. Pour toutes ces raisons, ce livre raconte comment il peut être difficile de devenir mère.
J’écris ce livre à la première personne. Il conte mes batailles, mes tentatives de compréhension, mes déboires. Mes victoires aussi. Toutes ces années, le père de l’enfant était à mes côtés. Mais ce livre est le mien, même si sa présence est tissée au cœur des lignes.
Ce livre est centré sur la relation à mon premier enfant, même si j’en ai eu un autre depuis. C’est avec mon aîné que je me suis heurtée à la violence et me suis battue contre elle. Cette focale réduite cible le propos. Il est écrit lorsque mon fils a 15 ans et que nos difficultés, sans avoir totalement disparu, sont apaisées. L’anonymat est un choix. Il protège ma famille et mes patients. Il offre aussi plus d’espace à la libre réflexion.
À travers le double prisme d’une histoire vraie et d’analyses, est explorée la question centrale de «  comment ne pas reproduire la maltraitance ordinaire connue lorsqu’on était enfant ? » À cette question en est associée une seconde : « Comment aimer lorsqu’on n’a pas appris l’amour ? » Voici les sujets majeurs que nous allons explorer.
Ce témoignage n’ambitionne pas de lister des conseils à suivre, mais j’aimerais susciter la réflexion des parents comme des professionnels. Ce que j’ai vécu pourra parfois faire écho à l’expérience des lecteurs, parfois pas. Une expérience de mère est relatée ici. Elle concerne aussi les pères, car la dimension de la relation à l’enfant et aux émotions y est primordiale et n’est en rien l’apanage de la maternité.
Des références de psychologie émaillent le texte. Ces théories m’ont nourrie et irriguent tout mon vécu. Toutefois, cet ouvrage est écrit pour tous les publics. Parfois, quelques notions sont précisées dans des notes regroupées en fin d’ouvrage. Mais elles ne sont pas indispensables à la compréhension du texte principal.
L’ouvrage est structuré en quatre parties. Le récit de mon histoire est suivi d’une description des erreurs commises avec notre enfant. Puis, une analyse met en lien la mère que j’ai été avec celle que j’ai eue. La dernière partie généralise cette expérience singulière et ouvre sur une conceptualisation de la maltraitance parentale ordinaire.
L’enfant que je fus, la mère que je m’efforce d’être et la psychologue que je suis ont tissé ensemble ce texte. Il aspire à susciter ouvertures, encouragements et actions.
PREMIÈRE PARTIE
Notre histoire

« Devant l’effort, lorsque tout réclame un labeur insensé, une seule certitude persiste donc : contre tout, avec humour, l’appel du métier d’homme se fait insistant. Au combat donc, car tout est à bâtir avec légèreté et joie ! »
Alexandre J OLLIEN 1 .
CHAPITRE 1
Le désir d’enfant n’est pas toujours évident

En consultation, j’entends des patientes dévoiler leur envie de « passer à la phase bébé », sentant leur horloge biologique tourner. D’autres femmes, pour lesquelles le temps de l’enfantement est révolu, se confient à moi. Regrets, manque qui les prend « aux tripes », mais aussi acceptation de ce qui n’a pas été. D’autres fois encore, certaines assument un choix délibéré de ne pas risquer d’infliger à leur tour ce qu’elles ont vécu enfants et se refusent à une maternité.
Lorsque des femmes me parlent de leur « désir d’enfant », cela se formule le plus souvent sur le mode de l’évidence, avec des « J’en ai toujours eu envie » ou « Je me vois enceinte depuis que je suis toute petite ».
Pour moi, le désir d’enfant n’a pas été

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents