Billets d’humeur d’une bipolaire
96 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Billets d’humeur d’une bipolaire , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
96 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

« Bienvenue dans le bazar de ma tête ! Je m’appelle Leila et je suis bipolaire. Bienvenue dans le dédale de mes pensées ressassées, au gré de mes humeurs, super bonnes ou archi sombres.

Rien n’est plat quand on est bipolaire. Rien n’est prévisible non plus. Il faut être prêt à plonger en apnée dans les abîmes de la dépression et, quelques temps après, à surfer sur les vagues de l’insouciance.

Prêt à en ressortir épuisé, rincé, encore étonné de subir d’aussi grands écarts d’humeur. »

Médecin, divorcée, souffrant de bipolarité et de TOC, Leila Nour livre au lecteur l'aventure de sa vie en vrac et en désordre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 octobre 2019
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414397129
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194, avenue du Président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-39728-0

© Edilivre, 2019
Mode d’emploi
Quelques mots pour accompagner votre lecture… Je préfère éviter de vous perdre au bout de quelques pages !
OUI ce livre est basé sur une histoire vraie, la mienne.
NON les chapitres ne suivent pas d’ordre chronologique.
OUI ce livre est bizarre et même dérangeant.
NON il n’est ni tout gris ni tout rose.
OUI ce livre peut vous donner la migraine.
NON vous ne deviendrez pas fou en le lisant.
OUI ce livre tourne souvent en rond.
NON il ne résume pas les troubles bipolaires.
OUI ce livre m’a aidée à mieux me connaître.
Le chapitre « mode d’emploi » sert à décrypter le livre. Il vous donnera un aperçu de la lecture à venir.
Tandis que ce livre est une sorte de mode d’emploi de mon fonctionnement psychique.
Si vous avez survécu à ces quelques lignes, alors vous êtes prêts pour la suite !
Je me lance
Comme pas mal de gens, je me sens un peu artiste, brillante, extraordinaire, digne d’être lue ; bref, limite de l’hypomanie ! Alors, je me lance !
J’ai tenu toutes sortes de carnets de bord. Feuilles volantes, cahier dédié, toutes sortes de supports dont je me suis lassée. Ecrire ce livre, c’est d’abord trouver en librairie celui que je cherchais quand j’ai plongé dans la maladie. Puisse-t-il aider ceux qui souffrent de trouble bipolaire, leur famille et amis.
J’ai vécu ma première dépression à l’âge de 20 ans, j’en ai 41. A l’époque, j’étais stagiaire en médecine et j’ai commis une erreur lors de l’hospitalisation d’une malade. Rien de grave en soi, mais cela m’a terrorisée et je me suis sentie incapable de prendre soin des patients.
Dépression réactionnelle et arrêt du stage. Dix séances de psychothérapie par la médecine universitaire et j’allais mieux. C’est ce que je pensais.
Je poursuis facilement mes études. Mes stages plus difficilement, surtout quand il faut enchaîner les changements de lieu tous les quatre à six mois, et les nuits de garde une à deux fois par semaine.
Je « prends sur moi », des kilos par dizaine pour tenir face au stress et à l’angoisse.
Une fois ma thèse en poche, je n’ai qu’une hâte : avoir un bureau fixe où me poser, une patientèle sans critère d’urgence et des horaires allégés. Bref, une vie de fonctionnaire !
Entre temps, je me marie et mon enfant arrive. Il me faut deux ans pour trouver un travail à temps plein et encore un an avant que je ne me pose. Je passe et réussis trois concours de la fonction publique en trois ans. Je prends finalement un poste de médecin salarié dans le domaine de la prévention.
Ouf, me direz-vous ? Elle a ce qu’elle désire ! Presque ! Je me rends vite compte que sur dix demi-journées, j’en passe sept en déplacement sur des sites différents. Cet éclatement géographique accentue mon éparpillement psychique. Mon travail est clairement plus social que médical et j’interagis avec des dizaines de personnes qui attendent mon travail pour l’avant-veille.
Quid de ma thymie ? Je déprime chaque année un peu plus. Je consulte des psychologues. Je fais du yoga. Rien n’y fait, je me sens de plus en plus déprimée. Je finis par m’automédiquer en débutant un traitement antidépresseur. Qui fonctionne bien au départ. Mais au bout de quelques mois, je double la dose pour garder mon moral à flot. Je me décide à consulter un psychiatre qui double à son tour la dose.
Pendant ce temps, le père de mon fils me harcèle psychologiquement. Son avarice matérielle et affective me tue et me pousse à dépenser comme une folle dès que j’en ai l’occasion. Il me faut trois années pour faire valoir mes droits au divorce. Trois longues années où je me retire fil à fil des liens qu’il a tissés autour de moi, dans la glu de sa toile.
Retour au calme ou début de la tempête ? Le vase est cassé, les morceaux recollés laissent passer les courants d’air. Je suis une rescapée.
Diagnostic
Dépression chronique : oui.
Traitement antidépresseur : oui.
C’est tout ? Rien d’autre à signaler ?
Eh bien, si, en fait ! Des périodes où « tout est facile ». Je parle bien, sans effort. Je suis brillante, je brille, tout me réussit. Je prends un poste d’encadrement au travail. Je ne compte pas mes heures. J’ai une vision précise, fulgurante, presque ultrasonique de ce qui doit être fait. Je réfléchis plus vite que tout le monde. Je m’ennuie en réunion. Je résume en trois coups de crayon quatre heures de palabre inutile. Que les gens sont médiocres, me dis-je. Je ne suis pas médiocre, je suis brillante. Je suis une étoile filante. Je plaaaaane.
Mais je ne me rends pas compte que la machine s’emballe. La lourdeur administrative m’indigne. Les injections contradictoires me révulsent. Je deviens irritable. Je passe des heures au travail, les yeux fixés sur mon écran sans pouvoir aligner deux mots. La machine s’est enrayée. Burn out ou virage hypomaniaque, le résultat est le même. Je repasse en phase dépressive.
C’est à cette époque que je rencontre mon psychiatre. Celui qui confectionnera mon traitement sur mesure.
Cyclothymie : oui.
Trouble bipolaire : oui.
Sels de lithium : oui.
Condamnée à une soif perpétuelle : oui.
Reclassement professionnel
Je suis donc bipolaire. Bipolaire en arrêt maladie. Officiellement, à la suite d’un burn out. C’est un motif d’arrêt de travail très à la mode, me direz-vous. Mais soyons juste. Le burn out brûle, il faut l’avoir vécu pour le comprendre.
Pour ma part, c’est un virage hypomaniaque suivi d’une dépression qui a causé le premier arrêt maladie de ma vie.
Alors ? Quelle est la suite ? Ce virage hypomaniaque me terrorise parce que je ne l’ai pas vu venir. Et si je m’étais ménagée, cela aurait-il été différent ? Est-ce que je serai malade à vie ? Est-ce que je vais tenter de me suicider, comme c’est écrit dans toutes les publications ? Est-ce que je vais finir seule, internée en psychiatrie, camisolée, oubliée de tous et shootée comme un zombie ? Cela en vaut-il la peine ? Je suis désespérée.
J’en parle à peine à mes parents pour ne pas leur imposer ma maladie. Il n’y que mon psy qui sache à quel point je souffre.
Par lâcheté ? Par courage ? Je demande à faire valoir mon statut de malade. Je suis prise en charge à 100 % et reconnue travailleur handicapé. Handicapée. C’est marqué pour une durée de cinq ans sur le papier…
Avec mon psy, on se bat pour que la médecine professionnelle m’octroie un poste adapté. J’intègre un autre service de santé en prévention. J’ai enfin un bureau fixe. Mon activité professionnelle est aménagée ! Ouf, je respire !
Couleur et humeur
Je me sens bien aujourd’hui. Presque normale. Euthymique. Le verre de mes lunettes est transparent. Pourtant, je sens que l’équilibre de cette humeur est instable. Un rien me bousculerait et je verrais alors mes lunettes perdre leur netteté.
L’élément déclencheur pourrait être un manque de sommeil, une personne qui me double dans une queue, un ascenseur en panne ou parfois rien de particulier.
Mes lunettes tremblent sur mon nez malgré moi. Sans bruit, la couleur des verres a changé. Les voilà rouges de colère. Tout m’agace, tout m’irrite, tout m’énerve ! Je me sens survoltée et en colère ! Je pourrais arracher les talons qui percutent le trottoir devant moi. Ou donner des coups pour m’extirper d’un wagon de train où je suis coincée. La pacifique que je suis s’est transformée en bombe à retardement. Je suis sur les nerfs, sur la défensive. Je démarre au quart de tour. Je suis hypersensible, voire parano. Comme toujours, la déflagration m’explose le corps en mille morceaux. Me voilà en phase hypomaniaque agitée. Je plane. Je vole. Je parle vite et fort. Je ne supporte aucun commentaire, aucune remarque. Faites place ! Je détruis tout ce qui m’empêche de passer. Je suis enragée. Je plane mais je ne suis pas en paix. Alors je mange pour me calmer.
Mon corps annonce un nouveau virage. Tout ralentit et je ne vois plus rien. Le verre de mes lunettes s’opacifie, bien plus noir que la nuit. La dépression est là. Tout...

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents