Bégo
176 pages
Français

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Description

L’histoire débute au néolithique. Les populations méditerranéennes, confrontées à une amélioration climatique majeure, transforment leur mode de vie de chasseurs-cueilleurs en celui d’agriculteurs-éleveurs.
Dans les Alpes toutes proches, au cœur du Mercantour, elles nous ont laissé un patrimoine inestimable : 35 000 gravures, réparties autour du mont Bégo. Ces gravures sont l’expression de leur religion. Héritage graphique d’une population ignorant encore l’écriture, elles retracent les différentes étapes de la pensée spirituelle, depuis les débuts de l’agriculture jusqu’à la maîtrise de la métallurgie, dans cette partie du monde. Une charnière majeure de l’Histoire de l’Humanité et surtout, un trésor archéologique inestimable, que chacun se doit de comprendre pour mieux le protéger.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 août 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414107278
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0112€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-10725-4

© Edilivre, 2017
Dédicace



À Marianne Dumartheray et Françoise Villain, pour tout le temps partagé sur ce site
En guise de préambule
Alors que j’étais étudiante, en géologie, un enseignant, durant son cours, nous demanda la raison de notre choix pour cette orientation. La réponse dans l’amphithéâtre fut unanime : pour le terrain. Les naturalistes sont des gens d’extérieur.
C’est effectivement la perspective de travailler en plein air qui me poussa à me spécialiser dans cette partie de la préhistoire humaine : l’étude des gravures rupestres.
J’ai arpenté les sites d’altitude durant vingt ans, sous toutes conditions climatiques, sans souci majeur. Jusqu’au jour où, en ville cette fois, et sans lien avec mes activités professionnelles, je me suis fait faucher par une voiture sur un passage pour piétons. Coma, traumatisme crânien, colonne vertébrale cassée ; je dois aujourd’hui porter le moins possible, et gérer un équilibre parfois défaillant. J’ai donc par obligation adapté mes activités à cette situation, et ne m’investis plus comme avant sur ce site du Bégo.
Voilà la raison d’être de ce livre. J’y présente une synthèse de mes travaux, plus ou moins aboutis, pour passer le flambeau. Synthèse générale, petits points précis, analyse critique d’autres résultats, j’ai tenté de rendre compréhensibles des travaux non terminés, dans un contexte resté trop souvent peu abordé par les chercheurs.
Pour avoir côtoyé pendant de longues années les professionnels de la montagne (gardes du Parc national, guides accompagnateurs en moyenne montagne, bergers, etc.) ainsi que les randonneurs aguerris et autres visiteurs occasionnels, j’ai aussi tenté avec ce livre d’offrir aux curieux, une vision accessible, nouvelle et complète, de ce lieu exceptionnel.
Bien des points demandent à être approfondis ; peut-être même tout devra-t-il être remis en question. Mais ce ne sera pas mon fait. Je laisse à qui en aura envie, le soin de poursuivre ce travail de décryptage.
Exergue



When we look back into the darkness of prehistory, it can be like looking into a deep well and seeing at the bottom, dimly yet inescapably, only our own reflection.
Harnack
Une comparaison, c’est parfois un symbole qui commence
Gaston Bachelard
Là se situent les limites de cet essai, qui n’est qu’une proposition.
Introduction. Le site
Perchée à plus de 2000 m d’altitude dans les Alpes méridionales françaises, à une envolée des rivages méditerranéens, la vallée des Merveilles (fig.1) abrite en son sein l’un des plus grands trésors culturels de l’Europe. 100 000 motifs gravés, à même la roche, à ciel ouvert, sans autre protection que l’austérité des lieux et l’éternité du temps. 100 000 motifs, dont les plus anciens remontent à la fin du Néolithique et dont les derniers ont fermé les portes de notre II° millénaire.
a
b
Vues générales de la vallée des Merveilles
Fig.1 a. Entrée de la vallée des Merveilles. L’environnement est particulièrement minéral. Au premier plan, moraines et tourbières. Au fond, sommets abrupts, et vastes pentes rocheuses. C’est là que se trouvent les gravures.
b. détail de la partie amont. Au fond, le grand Capelet, plus haut sommet de la région (2943m), au centre, le pic des Merveilles, qui domine la zone la plus riche en gravures, et à l’extrême droite, les flancs du Bégo (2872m), qui a donné son nom à la région gravée.
Trésor fantastique, merveilleux, à l’image du lieu, qui a manifestement toujours frappé l’imagination des populations. A tel point que la vallée des Merveilles a donné son nom au site entier, alors qu’elle ne forme en réalité qu’une partie de la région gravée, qui se déploie sur une région bien plus vaste, couvrant environ 20km2, englobant les plus hauts sommets du massif, débordant sur l’Italie, et dont nous n’avons sans doute pas encore découvert les véritables limites (fig. 2).

Fig.2 Répartition des gravures dans le site du mont Bégo. Les zones grisées indiquent la présence de roches gravées, pas leur densité. Ex : Empuonrame : une seule roche gravée.
Dans le présent ouvrage, nous nous attacherons surtout à l’étude des motifs protohistoriques 1 , qui représentent environ un tiers des gravures.
a
b
Fig. 3 La vallée de Fontanalbe. a. partie amont. Vallée ouverte, très minérale et accidentée, où se logent nombres de petits lacs de quelques dizaines de mètres de largeur. Ici les pélites dominent, qui sont relativement tendres : les glaciers quaternaires les ont largement modelés. b. partie aval. De grandes dalles (grès résistants) monotones ajoutent encore à l’aspect minéral du lieu.
L’inventaire exhaustif de ces motifs permet de constater que la quasi totalité d’entre eux (98,5 %) se regroupe dans les deux grandes vallées qui ceinturent le mont Bégo : la vallée des Merveilles à l’Ouest, et la vallée de Fontanalbe au Nord (fig.3). Le reste des gravures se dissémine, à raison de quelques roches gravées par ensemble, dans les autres vallées environnantes. Affirmer que nous avons découvert aujourd’hui tous les sites secondaires serait sans doute présomptueux. Les dernières découvertes, concernant la vallée de la Gordolasque, datent de 2001 (Bégin 2002), alors que le site principal est étudié depuis plus d’un siècle.
Malgré tout, l’étude de la répartition des gravures nous a permis de mettre en évidence une volonté de choix du support de la gravure parmi toutes les surfaces rocheuses qu’offre la région. Ce critère de sélection permet d’extrapoler les limites que peut atteindre le site à gravures. Il nous faut donc débuter notre propos par une présentation géologique et morphologique du site.
La région du mont Bégo se situe dans le massif cristallin externe de l’Argentera, et plus précisément à son extrémité sud-est, là où apparaît le tégument, constitué de roches pélito-gréseuses 2 (fig.4). Le schéma géologique général de la région est donc le suivant : les vallées des Merveilles et de Fontanalbe sont creusées dans des séries sédimentaires détritiques, d’âge permo-werfénien 3 , gréseuses ou pélitiques (c’est le tégument, voir note 2). Au nord-ouest de cette région affleurent les terrains cristallophylliens antécambriens (migmatites et granites d’anatexie du socle). Au Sud-est, on retrouve la couverture calcaréo-dolomitique post-werfénienne sous laquelle s’ennoient les séries anciennes 4 .
Toutes les gravures ont été réalisées sur les roches gréseuses et pélitiques du tégument, que ce soit sur la roche en place, ou dans les moraines, abondantes dans ces vallées (dans lesquelles tous les types de roches sont répertoriées : migmatites du socle, roches détritiques terrigènes, et roches carbonatées). On peut donc estimer que la zone à gravures correspond à l’affleurement permo-werfénien.
D’autre part, toutes les formes de support ont été utilisées, depuis les grandes dalles jusqu’aux plus petits blocs perdus dans les moraines (fig.5). Surfaces verticales, horizontales, moutonnements, surplombs, on retrouve des motifs dans tous les recoins de ces vallées. Le seul critère de choix des surfaces est leur aspect, toujours lisse et régulier, ceci afin de permettre l’application de la technique de réalisation utilisée : le piquetage. Les gravures sont en effet toutes constituées d’une multitude de petits impacts peu profonds, ne dépassant généralement pas 3 à 4mm de diamètre (voir chapitre 3).

Fig.4 schéma structural du massif de l’Argentera-Mercantour. II s’agit d’un massif cristallophyllien (gneiss et granites) auquel adhère, dans la partie sud-est, le tégument détritique (grès et pélites) ; le tout a transpercé la couverture calcaire, qui, plus souple, s’est plissée et a glissé vers le bas lors du soulèvement du massif alpin. Les gravures se trouvent dans le cadre rouge, et pour la quasi-totalité d’entre-elles (Merveilles et Fontanalbe) dans la partie sud-est, correspondant au tégument. Quelques gravures, très proches dans leur facture de celles du complexe « Bégo », ont été trouvées dans le dôme du Barrot, correspondant au même terrain.
Dans cet environnement aux reliefs largement hérités des périodes glaciaires 5 , les surfaces gréseuses et pélitiques, polies par les glaciers ont vraiment offert un matériau de premier choix aux artisans de la protohistoire.
a
b
c d
Différents types de supports des gravures
Fig.5 Différents types de supports des gravures : Des blocs, éléments de la moraine qui recouvre tous les reliefs de ces vallées (a, Merveilles). Des moutonnements, roche en place sculptée par les glaciers du Quaternaire, polie sur toute sa surface et grossièrement arrondie (b, Merveilles). Paroi subverticale, polie et en général abondamment striée par les glaciers qui emplissaient les vallées, et s’écoulaient lentement sous l’effet de la gravité. Ce sont les débris rocheux que transporte la glace, et non la glace elle-même, qui ont ainsi poli les parois (c, Merveilles). Dalle horizontale, encore une fois polie par le mouvement de la glace (d, Fontanalbe).
Les migmatites, qui affleurent plus au nord-ouest (vallées de Gordolasque et Valmasque) bien que polies elles aussi, restent des supports trop grossiers et surtout, trop résistant pour cette technique de piquetage. Et les séries calcaires (plus au sud et à l’est) sont généralement situées plus bas en altitude, dans un contexte géographique ne correspondant sans doute plus à celui qu’ont recherché nos ancêtres pour exprimer leurs émotions.
Une région d’altitude, aux paysages grandioses et désolés, où la pierre l’emporte largement, et que la neige recouvre neuf mois par an, voilà l’écrin que nos ancêtres ont choisi pour immortaliser leur pensé

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