Anthropologie et philosophie du sensible
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Anthropologie et philosophie du sensible , livre ebook

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Description

En cette époque des objets connectés, en cette ère des êtres en réseaux, voire en rhizomes, le cadre épistémologique des sciences demeure pourtant dichotomique malgré un discours qui, sur le plan de la politique scientifique, réclame le développement de l'interdisciplinarité. Pour apporter une contribution à ce débat, Anthropologie et philosophie du sensible a pour ambition – à partir d'une histoire de la pensée allant de Spinoza à Damasio en passant par Vico, Cassirer, Mauss, Bataille, Bastide et Laplantine – de montrer que corps et âme, matière et esprit, sensibilité et intelligibilité, anthropologie et philosophie relèvent toujours d'un même être et/ou d'un même exister. La compréhension et l'acceptation de cette métaphysique plurielle mais unitaire qui refuse la séparation des êtres en leur parcellarisation et reconnaît en revanche leur existence nécessairement conciliante est une ouverture vers un "anthropos", à son tour, nécessairement un et pluriel dont la forme universelle et éthique se dit en termes d'"humanitas".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 août 2017
Nombre de lectures 1
EAN13 9782342155150
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Anthropologie et philosophie du sensible
Roger Somé
Connaissances & Savoirs

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Connaissances & Savoirs
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Anthropologie et philosophie du sensible
 
 
© Couverture : « Mémorial Cap 110 (œuvre de Laurent Valère, anse Caffard, Martinique, 1998). Ensemble de 15 statues en béton armé et blanchies au sable de Trinité-et-Tobago et formant un triangle. Chaque statue pèse 4 tonnes pour une hauteur de 2,5 m. Orientées au cap 110 (est-sud-est), en direction de l’Afrique et du golfe de Guinée, elles indiquent la provenance géographique de l’ensemble des victimes du commerce triangulaire (traite et esclavage des Noirs). Cette œuvre, réalisée à l’initiative de la commune du Diamant, est un hommage aux victimes du dernier naufrage d’un navire négrier en Martinique », source http://www. cnmhe.fr/spip.php?article806 (© photo Roger Somé, novembre 2014 ).

Collection « L’Exote – Carnets d’ethnologie »
dirigée par Pierre Le Roux et Roger Somé
 
 
 
 
Roger SOMÉ
 
 
 
AnthropologIe et philosophie du sensible
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Connaissances et Savoirs
du même auteur chez d’autres éditeurs
Aux éditions L’Harmattan
Art africain et esthétique occidentale. La statuaire lobi et dagara au Burkina Faso , 1998.
Le Musée à l’ère de la mondialisation. Pour une anthropologie de l’altérité , 2004.
Anthropologie, art contemporain et musée : quels liens ? (avec Carine Schutz), 2007.
 
Chez d’autres éditeurs
Dogon mais encore… (Collectif), Somogy/Musée d’application, 2002.
L’Écriture secrète d’Afrique noire (dir.), Strasbourg, Département d’ethnologie, 2005
 
 
 
 
 
 
 
 
« Or, il y a, parmi le monde, des voyageurs-nés ; des exotes . Ceux-là reconnaîtront, sous la trahison froide ou sèche des phrases et des mots, ces inoubliables sursauts donnés par des moments tels que j’ai dit : le moment d’Exotisme. Ils avoueront que sans contrevenir aux deux lois formidables que l’on a dites et qui enserrent l’être universel, ceci, que l’on a posé, met en relief la saveur même du jeu de ses lois : l’ivresse du sujet à concevoir son objet ; à se connaître différent du sujet ; à sentir le Divers. Et sans doute rien de plus ne sera inventé. Mais pour eux, j’ai cet espoir, que la saveur ensuite sera plus grande et plus tenace et la liberté de son jeu démesurée ; et c’est pour ceux-là que j’écris. » (Victor Segalen, Essai sur l’exotisme. Une esthétique du divers , suivi de Textes sur Gauguin et l’Océanie , Paris, Librairie générale française, 1986, p. 37)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
à ma mère
 
 
avant-propos
Le contenu de ce volume, qui regroupe un ensemble de travaux ayant servi à présenter un dossier pour une habilitation à diriger des recherches, trouve son origine dans une histoire individuelle, la mienne certes, mais non moins révélatrice, par ailleurs, d’une histoire collective, celle de la rencontre de l’occident et de l’Afrique. Je pense bien évidemment au fait colonial dans lequel on perçoit assez souvent, voire trop facilement, l’avènement d’une domination. Mais ce serait bien entendu affirmer une contre-vérité que de laisser entendre l’absence d’une domination dans le fait colonial.  Il y a donc certes de la domination dans le fait colonial car la colonisation fut un impérialisme et que celui-ci est consubstantiel à la domination. Il ne peut donc y avoir d’impéria-lisme sans domination. Néanmoins, l’affirmation absolue, sans aucune réserve, de la domination empêche, très souvent, de percevoir dans le fait colonial l’émergence de la condition de possibilité de la domination : la rencontre qui est le principe même du conflit et non pas celui de la paix, une acception commune et quelque peu erronée. En effet, la mondialisation n’est possible que dans la mesure où des hommes sont en contact et que l’un d’entre eux parvient à imposer sa volonté aux autres. Pour que la domination se produise, il fallait nécessairement et d’abord de la rencontre.
Contemporaine de cette rencontre, la science anthropologique s’est construite d’abord sur le principe de la différence, voire de la séparation la plus radicale. Si, à l’époque de Lewis Henry Morgan, l’archaïsme des sociétés non-occiden-tales était plus radicalement affirmé justifiant ainsi leur « pri-mitivité », fondement de la théorie évolutionniste, premier courant de l’ethnologie mais contesté à raison, à l’époque de Mauss, l’affirmation d’une unité du genre humain qui comporte néanmoins la perception d’une diversité (« il n’y a pas de peuples sauvages, il n’y a que des civilisations différentes », disait-il) introduisait déjà une certaine relativité dans la jeune science sociale. Ce qui est donc au cœur de la recherche ethnologique, c’est la différence mais une différence qui n’expulse pas l’autre de l’Humanité mais qui affiche une relativité culturelle.
Dans cette perspective, l’ anthropologie et la philosophie du sensible constitue la synthèse d’une réflexion qui défend l’idée d’une confrontation de deux expériences culturelles différentes : l’une issue de l’Afrique dite orale et l’autre de l’Europe dite écrite comme si chacune de ces déterminations ne pouvait absolument pas être constatée dans l’aire culturelle où elle est censée n’être pas. En cela, l’ anthropologie du sensible est le résultat d’un long cheminement dont l’enjeu est de proposer une conciliation, notamment des disciplines dans l’étude d’un objet. Ce cheminement commence avec l’ Essai d’anthropologie philosophique proposé dans ma thèse nouveau régime. Cette thèse d’où est sorti Art africain et esthétique occidentale (1998), pose le principe d’une conciliation en énonçant l’idée d’une inévitable confrontation générée par la diffusion des arts « traditionnels » en Europe. Le questionnement général pourrait être ainsi formulé : issu d’un contexte culturel marqué davantage par l’oralité mais devenu un objet de patrimoine occidental, selon quels critères l’art africain va-t-il être appréhendé dans son contexte d’accueil ? Selon quelles grilles esthétiques va-t-il être évalué ? Ces interrogations impliquent une réflexion qui doit se construire à partir d’un cas concret afin de définir la nature de l’art africain pour ensuite le mettre en rapport avec le contexte culturel qui l’accueille. Aussi, l’étude s’ouvre-t-elle avec une description ethnographique de la sculpture lobi et dagara qui se fonde sur une enquête de terrain.
À travers la description, il est établi que le rapport des acteurs sociaux à leur art, y compris la musique et la danse, est essentiellement religieux, même s’il est vrai que la musique et la danse comportent chacune un aspect spécifiquement profane, ce qui constitue d’ailleurs une particularité. Ce rapport détermine l’organisation sociale car l’expression du pouvoir politique trouve sa légitimité dans la règle du respect des interdits religieux qui sont par ailleurs des règles éthiques. À titre d’exemple, la cohésion et l’unité villageoises sont dictées par le respect des prescriptions de la déesse Terre ( T ẽ gan ) auxquelles tous les acteurs doivent se conformer. De même, l’occupation de l’espace du marché – un lieu de transactions économiques mais aussi de récréation (le jour du marché est un jour de repos pour les habitants du village concerné) où se construisent les rapports sociaux – est régie par des règles de conduite placées sous la responsabilité du dieu du marché ( daa kpáárá ). Enfin dans le rapport religieux que la population entretient avec l’art, émerge une conception de la mort dans laquelle celle-ci n’est qu’un passage, un moment de la vie notamment par le truchement de l’ancestralisation en tant que processus du maintien, dans la présence, d’un individu pourtant frappé d’une disparition irréversible.
Ce processus s’observe dans la construction d’une effigie du défunt par quoi celui-ci garde son existence parmi les siens au-delà de la mort et acquiert par ailleurs des attributs divins grâce auxquels il a le pouvoir d’intervenir auprès des siens. L’image devient alors une synthèse de la transcendance et de l’immanence car elle manifeste à la fois la présence et l’absence, la proximité et l’éloignement.
Dans cette analyse de l’ancestralité on découvre la structure sociale à partir de l’organisation familiale où les règles de la succession ou transmission des biens, par exemple, émanent du système de parenté. Ainsi, les biens meubles sont transmis selon la lignée utérine, transmission qui intervient pendant le processus d’ancestralisation tandis que les biens immeubles sont transmis selon la lignée agnatique et ne requiert aucune cérémonie spécifique. On notera aussi la pratique du lévirat qui est considérée dans les rites mortuaires mais qui connaît néanmoins une régression avec le christianisme et davantage encore avec l’apparition malheureusement du VIH-Sida.
Au terme de la description ethnographique apparaît un autre niveau de la confrontation anthropologie/philosophie appelant ainsi à la nécessité d’une conciliation pour une meilleure compréhension de l’objet d’étude. Si en effet, la description relève davantage de l’approche ethnologique, l’analyse esthétique appartient traditionnellement au champ de la philosophie. Par conséquent, l’absence d’une convocation des deux disciplines pour l’analyse de l’objet serait, à mon sens, une démarche inadéquate d’autant plus qu’à certains égards, l’objet africain relève de l’esthétique entendue comme « science du sensible » ( cf . Baumgarten in Art africain et esthétique o

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