Analyse statistique de la « démocratie parlementaire » de la Roumanie
82 pages
Français

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Analyse statistique de la « démocratie parlementaire » de la Roumanie , livre ebook

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Description

Le premier livre du politiste Mattei Dogan a été publié à Bucarest, en roumain, en 1946 : c’est une analyse statistique du système parlementaire roumain. L’étude contenait un certain nombre de choix méthodologiques qui inspireront les investigations qu’il mènera en France et aux États-Unis sur les élites parlementaires et le fonctionnement des pouvoirs au sein des régimes politiques contemporains. Cette analyse mérite d’être lue non seulement comme une recherche sur une partie de l’histoire roumaine peu connue, mais aussi comme l’ébauche d’une investigation profondément originale de science politique. Elle est publiée maintenant pour la première fois en version française.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 novembre 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782304053890
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mattei Dogan
Analyse statistique de la « démocratie parlementaire » de la Roumanie
Traduction du roumain, étude introductive et notes par Cristian Preda Postface par Silvia Marton
Fondation Mattei Dogan
é ditions Le Manuscrit Paris


Dans la même collection
Mattei Dogan. Pionnier de la recherche comparative internationale en sciences sociales , sous la direction de Vincent Hoffmann-Martinot, Silvia Marton, Hinnerk Bruhns et Anca Oroveanu, 2022.




Comité scientifique
Vincent Hoffmann-Martinot, directeur de collection
Hinnerk Bruhns
Silvia Marton
Anca Oroveanu
ISBN epub 978-2-304-05389-0 ISBNpapier 978-2-304-05388-3 © éditions Le Manuscrit, novembre 2022


La collection
La collection Fondation Mattei Dogan a pour objet de diffuser et de valoriser des recherches comparatives internationales en sciences sociales.
Elle entend ainsi poursuivre dans une perspective globale et interdisciplinaire la voie ouverte par Mattei Dogan, pionnier de la sociologie politique et de la science politique, entretenue par la fondation reconnue d’utilité publique qui porte son nom.



Préface Première traduction du premier livre de M. Dogan
Cristian Preda
Dans une lettre adressée le 9 septembre 1949 à la Fondation nationale des sciences politiques, un jeune étudiant d’origine roumaine sollicitait la traduction d’un ouvrage qu’il avait publié trois ans auparavant à Bucarest. Il s’agissait, suggérait l’auteur, d’une « étude sur la démocratie roumaine », et sa publication était susceptible d’aider à la compréhension de l’actualité : « On ne peut comprendre les Républiques populaires si l’on ne connaît pas d’abord le régime politique qui a prévalu dans ces pays entre les deux guerres » 1 . La Fondation a refusé la publication d’une version française de ce premier texte signé Mattei Dogan 2 . Car il en était bien l’auteur. Il devait, d’ailleurs, utiliser – quatre ans plus tard – une partie de son étude dans un article centré sur l’origine sociale des parlementaires roumains 3 , avant d’en mobiliser – quatre décennies plus tard – une autre partie, pour son article consacré à la démocratie de façade 4 .
Jusqu’à récemment, le livre de 1946 dans sa globalité est resté presque inconnu. Il n’a jamais été republié en Roumanie, pas même dans le courant des années 1990, quand l’œuvre de Dogan commence à être lue par les sociologues et les politologues 5 . Par ailleurs, il n’a été traduit dans aucune autre langue : la présente traduction française est, de fait, la première. Elle ouvre ainsi l’accès au seul texte scientifique rédigé en roumain par Dogan 6 .
Lorsqu’il écrit l’ Analyse , l’auteur est encore très jeune : il était né en 1920, dans la ville moldave de Roman, dans une famille du nom de Pinsler, que Mattei devait quitter en mars 1945 7 , juste après son inscription à l’Université de Bucarest. Cette inscription faisait suite à une autre, au Collège pour étudiants juifs 8 , créé par Marcu Onescu sous la dictature du maréchal Antonescu, lequel dirige la Roumanie entre septembre 1940 et août 1944 et l’entraîne dans une alliance avec Hitler et, par conséquent, participe activement à l’Holocauste. Le Collège, toléré par le régime antisémite à la condition qu’il réunisse uniquement des professeurs juifs et s’adresse seulement aux jeunes Juifs, compte parmi ses professeurs l’écrivain Mihail Sebastian 9 . Dogan suit une filière « Lettres et philosophie », construite d’après le modèle de la faculté qui existait dans le cadre de l’Université de Bucarest. Il obtient aux examens des notes qui s’échelonnent entre 10/20 en esthétique, 15/20 en histoire de l’art à 20/20 en psychologie et en pédagogie 10 . Durant les études au Collège, le jeune étudiant est obligé de participer – comme les autres Juifs – aux travaux forcés de déblaiement de la neige ou des ruines des bombardements, avant d’avoir ensuite la chance d’être transféré à l’Institut de Statistique, où Sabin Manuilă a pu accueillir des jeunes persécutés pour leur origine et leur offrir « un travail obligatoire » moins humiliant 11 . Dogan n’est jamais revenu sur cette période terrible de sa vie, mais il est fort probable que ce contact avec les statisticiens lui a donné une formation qu’il n’a pas reçue ailleurs.
En effet, ni dans le programme du Collège pour étudiants juifs ni à l’Université de Bucarest, où il devient étudiant à la faveur du rapprochement entre la Roumanie et les Soviétiques, on ne retrouve la statistique, discipline qu’il utilise avec une grande dextérité dans son Analyse . La fiche scolaire que j’ai découverte dans les archives de l’actuelle Faculté des Lettres, qui était à l’époque associée à la philosophie et comprenait aussi une chaire de sociologie, détaille les mentions obtenues : très bien en sociologie, en psychologie, en pédagogie sociale et en sociologie rurale, un suffisant et deux bien en philosophie, un suffisant et un bien en pédagogie. En décembre 1946, il termine ses études en passant cinq examens : oral et écrit en sociologie, oral et écrit en psychologie et oral en pédagogie. Comme ce dernier examen est le seul pour lequel il ne reçoit pas la mention la plus élevée, Dogan obtient son diplôme cum laude 12 .
Les disciplines sociologiques l’ont mis en contact avec Henri H. Stahl, dont les recherches portent aussi, en 1945-1946, sur la vie politique roumaine. Stahl était un disciple de Dimitrie Gusti, le fondateur de l’école roumaine de sociologie. On ignore si le sujet de l’ Analyse a été choisi par Dogan ou suggéré par son maître, dont le père, sténographe de la Chambre des députés pendant de longues années, avait écrit un livre sur les mœurs parlementaires, une sorte de sociologie sans méthode de la vie professionnelle et des discours des députés et sénateurs 13 .
Quoi qu’il en soit, Dogan a mobilisé de nombreuses ressources pour son travail. Parmi elles, on peut mentionner tout d’abord des archives de la Chambre des députés, qui lui ont permis d’être au contact, entre autres, de documents relatifs aux professions des élus, ainsi qu’à la gestion des règles du fonctionnement du Parlement, ou bien encore de données quantitatives sur les suffrages exprimés lors des élections des responsables des deux chambres et autres pratiques de la bureaucratie parlementaire, éléments tous intégrés dans l’analyse de l’institution 14 . Dogan a également exploité les informations publiées dans le Moniteur officiel , en particulier les chiffres liés à la participation aux débats, aux interventions des députés et sénateurs dans les débats à l’occasion des projets de loi et aux modalités du vote. Une autre source réside dans les comptes rendus des séances, qui lui ont donné accès aux autres parties de l’activité législative des deux chambres, lui permettant ainsi de mener une analyse du très faible contrôle du parlement sur le gouvernement 15 .
Ce travail sur le fonctionnement du Parlement s’inscrit dans les cadres d’une interprétation de l’évolution de l’histoire roumaine largement empruntée aux juristes constitutionnels Constantin Dissescu et Paul Negulescu 16 , à l’historien I. C. Filitti 17 , mais aussi à deux statisticiens qui avaient analysé les évolutions du vote durant les premières décennies du xx e : Leonida Colescu et Marcel Ivan. Le premier, docteur en sciences économiques à Bruxelles et, de 1899 en 1922, directeur du Service de la Statistique générale de l’État, avait publié une étude originale des scrutins de 1907 et 1911, sous l’angle de la profession des parlementaires 18 . On ignore tout de la formation et de la carrière de Marcel Ivan, mais son ouvrage sur les élections tenues en Roumanie de 1919 en 1932 comprend deux concepts que Dogan devait développer dans son Analyse : la « dot gouvernementale » et la « fragmentation de la représentation » 19 .
Le livre intitulé Analyse statistique de la « démocratie parlementaire » de la Roumanie a été publié par une maison d’édition administrée par le Parti social-démocrate roumain (PS-DR), dont la principale collection portait le nom de « Bibliothèque socialiste ». Celle-ci comprenait des traductions de Karl Marx, Friedrich Engels, Jean Jaurès, Ferdinand Lassalle ou Léon Blum, ainsi que des brochures dues à des auteurs roumains comme Constantin Dobrogeanu-Gherea, figure de proue du marxisme dans le pays 20 , Șerban Voinea, l’un des rares idéologues gauchistes de l’époque, Călin Ottoi, médecin et activiste socialiste mort en 1917, Tatiana Grigorovici, une austro-marxiste préoccupée par la lutte des classes, Alexandru Claudian, auteur d’un ouvrage sur l’antisémitisme, ou bien Henri H. Stahl, le directeur d’études de Dogan, qui appréhendait le marxisme dans la perspective des sciences sociales 21 . Stahl était membre du PS-DR, sans en être un militant. Il est fort probable que c’est par son entremise que le livre de son élève a pu être publié par cette maison d’édition parrainée par les sociaux-démocrates. Cependant, il convient de préciser que l’ Analyse est le seul ouvrage qui n’ait pas reçu le label de la collection. Au demeurant, il n’est pas signalé dans la presse du PS-DR, à l’instar des autres publications. Il n’existe, en fait, qu’un seul compte rendu dans une revue qui n’est pas celle des sociaux-démocrates : le texte est signé par G. Călinescu, le plus grand historien et critique littéraire roumain, qui apprécie que Dogan soit un auteur « objectif et plein de finesse dans ses analyses » 22 . Par ailleurs, sans être membre du PS-DR, Dogan publie dans Libertatea , le journal officiel du parti, deux articles de presse, l’un sur la dénazification de la Tchécoslovaquie 23 , l’autre, après son départ en France, sur la fête du 1 er mai 1947 organisée à Paris 24 .
Neutre dans l’examen des orientations du régime et rigoureuse dans ses conclusions, l’ Analyse contient quelques suggestions discrètes sur les opinions politiques de Dogan : il affiche en 1946 une sensibilité de gauche. O

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