Alors eux et elle se sont rencontrés
394 pages
Français

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Description

Une famille en difficulté, avec un ado accro à sa machine et mal dans sa peau, va consulter. La psy, peu orthodoxe, les décontenance et séduit en même temps. Au fil des entretiens, les changements se mettent en place, et la psy pense souvent à eux tout en vivant une vie trépidante dans un couple émouvant et drôle. Elle étudie, sans en parler, dans cet accompagnement, les parallèles, les résonances, et l'humour est au rendez-vous. Elle va les entraîner dans une folle aventure au cours d'un stage de constellations familiales en Tunisie avec bien des surprises.
Un mélange d'humour et d'émotions, une histoire basée sur des faits réels, et la présentation d'un vrai modèle en thérapie familiale avec des outils novateurs qui ne manqueront pas d'en interroger plus d'un...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 juillet 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414251339
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-25131-5

© Edilivre, 2018
La rencontre
Il est quinze heures trente-cinq. Elle est en retard. Comme d’habitude. Et elle a beau râler contre elle-même, ça ne change rien, tandis qu’elle traverse la cour en piquant un sprint pour arriver à son cabinet. Très vite, en ouvrant la porte, elle se compose son masque de thérapeute, visage souriant, paisible, gestes ralentis, démarche souple, alors que son cœur ne lui pardonne pas ce manque de respect d’il y a à peine trente secondes…
Ils sont là, sagement installés dans la salle d’attente, magazines en main ou dernière version de ces drôles de petites machines auxquelles elle ne s’habitue pas, pour le grand ado. Il a vu qu’elle y jetait un coup d’œil bizarre et va certainement s’en servir, pense-t-elle. Bon, elle verra ce que ça donnera, tout est utilisable en thérapie, même et surtout ses propres incompétences, pense-t-elle encore en souriant intérieurement.
Ils se saluent ; elle les invite à entrer dans son cabinet. Bref coup d’œil de chacun pour une estimation du lieu. Elle a l’habitude. Le bleu-vert des murs déconcerte parfois et donne lieu à des commentaires qui permettent d’engager la conversation. Mais là, non. Rien. Masque impassible sur les visages. Ils sont cinq, et du grand-père aux deux petits-enfants en passant par les parents, les regards échangés sont peu nombreux, juste comme pour s’ajuster aux bonnes places en silence. Bien, bien, se dit-elle, déjà des infos sur le mode de communication. Ils ont l’air de faire très fort dans le non-verbal, avec des attitudes très BCBG et les uniformes qui conviennent, vêtements de marques irréprochables en coupe et qualité. Presque impressionnants.
Voilà, tout le monde s’est installé sans un mot, elle a respecté ça, et elle constate que, au feeling, personne ne lui a pris sa place, ce qui peut aussi arriver et donner du sens à la première seconde. Bon, pour elle pas question de se synchroniser tout de suite sur le non-verbal, sinon elle craint de ne pas avancer beaucoup ! Et puis le silence, ça n’est pas son fort, il faut bien le dire, et cette bavarde se connaît. Mais elle va faire un effort, juste un petit peu, pour voir ce qui va se passer.
Tiens, ce petit jeune homme qui ne peut être que le fils, par son âge et la ressemblance au père, ne lui a-t-il pas tendu la perche avec sa drôle de machine ? On va voir.
Alors elle leur demande de se présenter. Évidemment, comme si un lien était déjà créé, c’est vers le jeune que tous les regards se tournent, comme un seul homme. Impressionnant ! Lui se met à bouger quelque peu sur sa chaise, interroge du regard l’assemblée analogiquement unanime, et, puisqu’il est ainsi désigné, prend la parole.
« Je m’appelle Mickaël. J’ai seize ans. Je suis en seconde. Vous voulez que je dise pour les autres ou chacun pour soi ? » ajoute-t-il avec un sourire charmeur.
– Mais c’est à vous tous de décider, dit-elle. Avez-vous l’habitude dans la famille de vous laisser définir ou bien chacun peut-il se définir lui-même ? Que préférez-vous ? »
Le père sourit. La mère regarde sa fille. Le grand-père fixe la thérapeute avec une certaine condescendance. Un silence. Elle continue à sourire intérieurement, trouve ça drôle, ces réactions où chacun donne le ton sans forcément le savoir. Quoique, le père, pour sa part, elle n’en jurerait pas. Hou la la, pense-t-elle, demanderait-il une alliance implicite ? À vérifier plus tard.
Quelques secondes se sont écoulées et c’est bien le père qui prend la parole.
« Voulez-vous dire que c’est lui qui ferait la loi ? Parce que je crois bien que ça a un rapport avec ce que nous venons faire ici.
Si le père sourit toujours, le fils devient blanc d’un coup.
– Je ne savais pas du tout, mais apparemment ça a du sens pour vous, alors je retiens cela, je vous le promets, mais nous allons finir de nous présenter, si vous voulez bien, avant d’aller plus loin. »
Bon, pense-elle, demande d’alliance vérifiée, mais quelque chose me dit que je vais devoir être attentive à garder le cadre.
« Ok, dit-il, je me présente. Félix M., chef d’entreprise dans le textile et père des deux jeunes gens. Et fils de ce monsieur qui vit avec nous. Et comme vous avez demandé à ce que tous ceux qui vivent sous notre toit viennent, et que mon père est avec nous depuis fort longtemps, nous sommes venus tous ensemble. Voici ma femme, Catherine, qui est professeur de français, et notre fille, Léa, qui vient d’entrer en troisième au collège et a aujourd’hui 13 ans. Oui, elle a un an d’avance comme vous pouvez le constater, et ça fait la balance avec son frère qui aurait plutôt plus d’un an de retard. Mon père était avocat, je pense que vous avez déjà entendu parler de lui. Il était très connu dans la région ».
Sourire appuyé à son père. Regard en retour de celui-ci. Connivence évidente. Elle décide de rester centrée sur son objectif de présentation et prise d’informations générales malgré toutes ces tentations de suivre les perches tendues.
« Certainement, dit-elle, bien que ma mémoire me joue des tours, mais je ne doute pas un instant que sa renommée ne soit venue à un moment ou un autre aux oreilles ». Elle a un peu de mal à se contenir, entre agacement et envie d’en rire. Dans sa tête, ça fait un peu du gnagnagnagnagna, mais elle se fustige aussitôt pour un tel manque de respect et se recadre tout de suite. Il va falloir qu’elle s’affilie sérieusement, sinon elle ne pourra pas travailler comme ça. Elle ne s’aime pas beaucoup dans ces moments-là. Elle recadre donc. Se promettant de vérifier ce que ça évoque pour elle et sa vie personnelle, un personnage comme ce monsieur, qui, pense-t-elle, ne mérite forcément pas la petite bouffée de colère qu’elle vient de ressentir furtivement.
Très pro, mais consciente que ce qui vient de se jouer a forcément été peu ou prou ressenti et sera utilisé dans la thérapie, elle continue :
« Je vous remercie, monsieur, d’avoir ainsi fait le tour de la famille. Pour ma part, je me suis présentée tout à l’heure dans la salle d’attente, et au téléphone avec vous l’autre jour, et je suis à votre disposition si vous souhaitez en savoir plus.
Mickaël sourit.
– Oui. Est-ce que vous savez vous servir de ça ? dit-il en montrant sa machine.
Bingo ! Elle ne pensait pas que ça viendrait si vite ! Bravo Mickaël !
– Non, répond-elle avec le même sourire. Et je pense que cet objet si curieux pour moi a sa place ici. Fait-il partie du problème, Mickaël ? »
Le père s’agite. La mère le regarde. La fille est absorbée dans la tapisserie. Le grand-père a l’air de compter les points avec un sourire en coin. Monsieur M. se reprend. Deux secondes pour tout ça. Il s’éclaircit la voix.
« Oui, madame, bien sûr. Voyez comme il est provocateur. Ce maudit objet est son arme préférée. Contre nous. Contre ses profs. Contre le monde entier. Il ne se rend pas compte du mal qu’il se fait, et qu’il nous fait ».
Il se tourne vers sa femme, qui a les larmes aux yeux tout à coup.
Bon, pense-t-elle, faisons le bilan très vite. En cinq minutes, on sait que cette famille a deux hommes qui parlent, ont l’air de s’affronter, et un homme qui semble surveiller ce qui se passe, mais ce sera à vérifier. On a deux femmes qui se laissent définir sans réagir. On a une machine dite infernale qui est utilisée, et vu ses croyances autour de ces machines-là, il lui faudra faire attention à utiliser ses ressentis de façon intelligente pour toute la famille. On a des personnes qui se définissent ou se laissent définir par leur travail ou par un jeu. Il va falloir mettre ça carte sur table. Allons-y. Au boulot, madame la psy.
Elle leur livre ses observations, prenant tout son temps pour bien rejoindre chacun sur son terrain et laissant aux deux femmes la possibilité de faire entendre leur voix. Ce n’est pas facile, la mère regarde constamment son mari et son beau-père et elle, la thérapeute, a du mal à capter son attention pour la faire parler d’elle-même sans avoir confirmation de son mari ou de son beau-père, tantôt l’un, tantôt l’autre.
Cette dame finit par dire d’elle qu’elle est autre chose, en fait, une maman qui souffre et une épouse écartelée entre son éducation et ses sentiments. Bon, elle l’arrête là de peur que l’on parte trop vite et trop fort sur une pente dangereuse tant que la famille ne lui a pas montré qu’elle était adoptée par eux et qu’une confiance pouvait se mettre en place.
Léa, pour sa part, a l’air de bouder un peu. Elle est venue parce qu’elle est une fille obéissante et qu’elle n’avait pas le choix, mais dit qu’elle ne se sent pas concernée. Le père intervient fermement, lui faisant remarquer qu’elle subit de son frère la même chose qu’eux et s’en plaint régulièrement. Elle opine de la tête. Ne pas contredire papa, pense la thérapeute, saluant tout de même la justesse de réflexion de cet homme. Là, ça y est, il lui devient plus sympathique.
Mais qu’a-t-elle donc dans la tête pour avoir besoin de penser ça, c’est agaçant à la fin, se dit-elle.
Monsieur le grand avocat est appelé à la barre… Elle lui demande son avis sur les présentations, juste sur les présentations. Mais qu’a-t-elle déclenché en demandant cela ? Il se met à gesticuler, n’entend pas la demande et se met à tenir des propos forts autour des incompétences de son petit-fils et du laisser-aller de sa belle-fille, de son fils seul à se battre pour la famille, des bouleversements sociaux, politiques, familiaux, des…
Elle le stoppe gentiment en lui disant qu’elle se rend compte à quel point la société d’aujourd’hui est difficile pour lui, avec ses valeurs et ce qu’on lui a appris. Il opine de la tête. Elle vérifie qu’il s’est apaisé et revien

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