À quoi rêvent nos enfants ?
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Description

Le fœtus rêve-t-il ? Y a-t-il un rapport entre les rêves de la mère et ceux de son bébé ? Quelle est la fonction des rêves chez l'enfant ? Pourquoi les enfants font-ils des cauchemars ? Comment les rêves évoluent-ils à l'adolescence ? À ces questions, Gérard Bléandonu apporte le regard du psychothérapeute, à l'écoute des enfants depuis de nombreuses années : à partir d'histoires vécues et à l'aide de dessins qui prolongent et souvent explicitent les rêves, il nous éclaire sur le contenu et l'utilité de la fonction onirique. Il complète cette exploration par une approche neurophysiologique. Pour nous permettre de mieux comprendre les mécanismes qui régissent les rêves de nos enfants, des plus petits aux plus grands. Gérard Bléandonu est psychiatre des Hôpitaux, chef du service de pédopsychiatrie du CHS de la Savoie. Il a publié de nombreux ouvrages sur les enfants et les adolescents.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2003
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738167019
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , D ÉCEMBRE  2002
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN 978-2-7381-6701-9
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
www.centrenationaldulivre.fr
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Introduction

Ouvrir un livre pour la première fois, c’est avoir l’espoir d’y trouver une surprise agréable ou intéressante. Que peut-on lire d’agréable ou d’intéressant sur les rêves ? Un rêve, c’est ce moment éphémère qu’on ne trouvera jamais plus, qu’aucun appareil ne pourra enregistrer, que, seule, la mémoire retiendra parfois. Le rêve, c’est aussi une production chaotique qui peut se transformer en une fiction de vérité.
Il paraît vraisemblable qu’on a fait des rêves dès l’aube de l’humanité. Les hommes se sont posé deux questions : quel rapport les rêves ont-ils avec le monde de l’éveil, avec la réalité ? Comment peut-on les interpréter ? Très tôt, quelques hommes se sont spécialisés dans le traitement social des manifestations oniriques. Cette spécialisation persiste dans les sociétés traditionnelles et dans les marges des sociétés modernes. Le rêve a été étudié aussi bien par des anthropologues, des sociologues, des psychanalystes, des historiens que par des psychologues, des neurophysiologistes.
Une recension des savoirs accumulés permettrait de faire le tour de la question, mais la nature profonde des rêves resterait une énigme. Ce livre ne cherche pas à lever ce mystère. Il se propose seulement d’envisager les rêves faits par les enfants. Il jette une sorte de défi car, si toutes les bibliothèques et les librairies importantes comportent une section pour les livres sur les rêves, on peut compter sur les doigts d’une main les livres consacrés aux rêves des enfants. Selon une démarche très répandue, on a commencé par appliquer à l’enfant ce que l’on avait appris sur les adultes.
La principale difficulté, c’est que l’enfant n’a pas toujours la capacité mentale lui permettant de mettre en récit ou, encore plus souvent, il n’a pas envie de se souvenir. Voici les réflexions d’une pédiatre connaissant bien le sommeil de l’enfant ; elles traduisent parfaitement la réalité quotidienne : « Lorsque j’ai commencé à écrire ce livre sur le sommeil des enfants, je pensais que le chapitre sur les rêves serait très facile et que toutes les connaissances livresques que j’avais sur le sujet trouveraient, sans difficulté, une application clinique. Avec intérêt et curiosité, je questionnais les petits patients qui venaient me voir et qui étaient en âge de parler… Silence. Puis, un timide “Je ne rêve pas” venait clore le questionnement. J’ai été bien déçue, moi qui m’attendais à une belle moisson de rêves d’enfants 1 . »
J’avais déjà une riche moisson de rêves d’enfants lorsque j’ai commencé à écrire ce livre. Je les avais recueillis en tant que thérapeute d’enfants en difficultés psychologiques. Ma formation de médecin, puis de psy chiatre d’adultes, m’avait donné toutes les connaissances sur les rêves. Mais j’ai privilégié la théorie psychanalytique parce que je l’utilise dans ma pratique et qu’elle me paraît la plus apte à servir de plaque tournante pour toutes les disciplines en jeu.
J’aurais pu écrire mon livre en faisant référence à la seule psychanalyse. Le rêve aurait été seulement interprété à partir du contexte relationnel, du transfert. Le récit de rêve aurait été adressé à quelqu’un ou on aurait dit qu’il avait été fait pour être adressé à quelqu’un. Mais, depuis les années 1950, des scientifiques se sont mis à étudier le sommeil. Ils ont découvert qu’on obtient souvent des récits de rêve en réveillant un sujet d’expérience pendant le sommeil à mouvements oculaires rapides, ou sommeil paradoxal. Le rêve a été abordé de façon objective en tenant compte du contexte relationnel. L’intérêt pour le processus a écarté toute préoccupation pour l’interprétation du contenu.
J’ai abordé les rêves des enfants avec quelques idées fondamentales. L’abord scientifique permet de chercher les mécanismes du rêve, mais pas le sens de leur contenu. Il faut distinguer le rêve, phénomène psychologique, et le sommeil paradoxal, phénomène biologique, même si le premier a pu prendre appui sur le second avant d’évoluer pour son propre compte. On ne peut plus se contenter de la thèse freudienne selon laquelle le rêve constitue un accomplissement du désir (ou le gardien du sommeil).
On s’est aperçu que la géométrie euclidienne convenait bien à la vie courante, mais qu’une recherche sur l’univers nécessite le recours à des géométries non euclidiennes. De même, la thèse psychanalytique classique sur le rêve est adaptée à l’analyse de l’adulte névrosé. Des thérapies faites avec des personnalités psychotiques, psychosomatiques, narcissiques, limites ou des post-traumatisés permettent mieux de comparer et de dialoguer avec les résultats et les hypothèses des scientifiques.
Le travail du rêve fait partie intégrante de l’élaboration mentale. Le rêve de l’enfant conduit à valoriser l’apport cognitif du rêve. Bien que cette expérience soit vécue de façon « autistique », elle acquiert sa valeur psychologique dans une relation à l’adulte. Le rêve de l’enfant commence en liaison étroite avec ce que j’appelle la « rêverie maternelle » et que je développerai plus loin. Contrairement aux rêves des adultes qui peuvent être étudiés pour eux-mêmes, les rêves des enfants s’intègrent à l’ensemble du développement. Leur abord thérapeutique est lié à celui du jeu. Rêve et jeu se complètent en favorisant l’épanouissement de la personnalité. Ils combinent des aspects émotionnels, affectifs et cognitifs.
On peut distinguer les rêves en fonction de l’âge du rêveur et de l’organisation de sa personnalité. Les cauchemars méritent une place à part en raison de leur fréquence et de leur impact, souvent méconnus. Ils font la transition avec les rêves post-traumatiques qui nous conduisent à diversifier notre compréhension. Certains se sont demandé si les rêves post-traumatiques ne seraient pas le paradigme plutôt que l’exception chez l’enfant. Ce point de vue est renforcé par la manière dont les enfants aveugles de naissance arrivent à se construire une vie onirique.
On parlera aussi des rêves d’adultes, dans ce livre : la comparaison s’impose d’autant plus que le sommeil et les rêves chez les adultes sont l’aboutissement de modifications progressives qui vont de la période fœtale à l’adolescence.
Enfin, nous verrons quelles fonctions remplissent le sommeil paradoxal et les rêves. Dans l’enfance, le sommeil et les rêves influencent la construction de la vie intérieure et ses mécanismes de régulation. La fabrication des matériaux pour les rêves et la narration des vécus oniriques jouent un rôle considérable à cette période de la vie.
PREMIÈRE PARTIE
À QUOI SERVENT LES RÊVES D’ENFANTS ?
CHAPITRE PREMIER
Les rêves des petits enfants

Une évidence s’impose à propos de tout rêveur : personne d’autre que lui n’a eu un accès direct à l’expérience survenue pendant le sommeil. Le rêve peut seulement être communiqué sous forme de récit. L’enfant devient intéressant, en tant que rêveur, lorsqu’il est capable de parler, de raconter l’expérience vécue et de la partager avec autrui . C’est ainsi que la psychanalyse a élaboré la théorie du rêve à partir d’adultes se souvenant de leur enfance. Lorsqu’on a fini par écouter les enfants eux-mêmes, on a choisi de grands enfants.
On a eu la tentation de chercher la clé pour l’enfance, non pas où on l’avait perdue, mais là où la narration de l’adulte fournissait une lumière aveuglante. On a progressé lorsque des auteurs ont rapporté des observations faites sur leurs propres enfants ou des enfants dont ils connaissaient bien la situation familiale et la biographie. Ils généralisaient ensuite leurs conclusions à l’ensemble des enfants.
Après que l’analyse se fut répandue, on s’aperçut que les jeunes enfants racontaient rarement leurs rêves de façon spontanée. L’analyste doit en effet aider le petit enfant à retrouver et à raconter ses rêves. Il lui faut souvent payer de sa psyché pour que le bambin communique le récit d’un rêve. Aussi l’analyste pousse-t-il son interprétation à l’extrême lorsqu’il publie : c’est pourquoi l’immense majorité des rêves d’enfants ne ressemblent pas aux récits publiés par les analystes célèbres.

L’analyste aide le petit enfant à retrouver et à raconter ses rêves
Comme il analysait seulement des adultes, Freud a eu recours à des exemples de rêves observés chez ses propres enfants. C’est avec la dernière de ses filles que Freud a réalisé une véritable construction à la place de l’enfant. Il s’est servi des mots qu’elle avait prononcés au cours de son sommeil pour reconstituer son vécu. Alors qu’elle était âgée de dix-neuf mois, elle avait eu des vomissements. Elle avait été mise à la diète une journée entière. La nuit qui suivit ce jeûne, on l’entendit crier au cours de son sommeil agité : « Anna, F. eud, f. aises, g. osses, flan, bouillie. » Selon le papa, son enfant avait pris une revanche en rêve. En effet, la bonne avait mis son indisposition sur le compte d’une grande assiettée de fraises 1 .
Freud a longtemps professé que les rêves des jeunes enfants étaient brefs, clairs, cohérents, facilement intelligibles, non équivoques. Il admettait cependant l’existence d’une déformation dans les rêves des enfants plus grands. D’autres analystes lui avai

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