À consommer avec modération : Alcool et dépendance
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Description

Êtes-vous particulièrement sensible aux effets de l’alcool ? Est-il possible de boire sans tomber dans l’excès ? À partir de quand devient-on alcoolique ?Boire est agréable, l’alcool avive nos sens et renforce la convivialité. Pourtant, trop d’alcool peut nous gâcher la vie et celle de nos proches. Le Dr Craplet explique comment rester dans la modération, comment ne pas tomber dans la dépendance et comment en sortir avec bonheur. Bref : comment rester libre. Psychiatre et alcoologue à l’hôpital de Saint-Cloud, Michel Craplet est médecin délégué de l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie, et expert auprès de la Commission européenne.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 mai 2005
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738187918
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , MAI  2005
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
EAN : 978-2-7381-8791-8
www.odilejacob.fr
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
« Ce qui est simple est toujours faux
Ce qui ne l’est pas est inutilisable. »
Paul V ALÉ
Mauvaises pensées et autres (nº 1942) in Œuvres , tome II, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1960, p. 864.
Introduction
Lire au lieu de boire

N’ai-je point abusé hier soir ? Pourquoi boit-elle depuis qu’elle est déprimée ? Pourquoi ne supporte-t-elle pas du tout l’alcool ? Pourquoi ne peut-il se contrôler ? Est-il alcoolique comme son père ? Comment faire pour boire moins ? C’est combien la modération ? À partir de quelle dose est-on dépendant ?
Ces questions sont posées par de nombreux buveurs et leur entourage ; elles sont reprises avec inquiétude par ceux qui viennent en consultation pour un problème d’alcool.

Abus d’alcool ou dépendance
Monsieur Silène était exaspéré d’avoir été convoqué par le médecin de la préfecture après son accident de voiture : « Je ne suis pas un alcoolique », répétait-il. Certes, mais il avait tout de même un problème avec l’alcool. Il avait besoin d’information. Il n’avait pas pensé qu’une consommation qu’il estimait modérée lui ferait perdre le contrôle de son véhicule. Maurice ne comprenait pas pourquoi ses analyses étaient mauvaises : « Je ne bois pas du matin au soir… » Il buvait moins que ses amis, c’est son foie qui éliminait mal l’alcool… Il avait accepté d’aller voir le spécialiste que sa femme avait trouvé. Isabelle avait commencé à boire lors de son divorce. Pour masquer ce comportement, elle disait qu’elle était déprimée. Progressivement, elle s’enfermait chez elle. Elle en était arrivée maintenant à souhaiter qu’on ne l’invite plus pour rester seule avec un compagnon qui ne la trompait pas : sa bouteille.
Tous les trois étaient dans l’ivresse ou l’abus d’alcool. Je leur donnerai des conseils pour qu’ils retrouvent la modération.
André diminuait sa consommation lorsqu’il se rendait compte qu’il avait exagéré, il avait même arrêté complètement à plusieurs reprises. Il ne comprenait pas pourquoi cette fois-ci il ne pouvait plus réduire les doses sans devenir agressif envers son entourage. Pierre ne mangeait plus le matin, il tremblait de plus en plus jusqu’à l’apéritif du déjeuner. La fin d’après-midi se déroulait plus tranquillement car il pouvait se calmer en buvant de nombreux verres. Le soir, il faisait la tournée des bars avant de revenir chez lui et s’énervait de nouveau devant les reproches de sa famille. Nadine vivait de longues périodes sans problème où elle ne buvait pas du tout d’alcool, mais, certains soirs, elle commençait et pendant plusieurs jours, elle ne pouvait plus s’arrêter. Elle expliquait : « Ce n’est pas l’alcool que j’aime, mais l’effet qu’il me procure. » Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait : « Je ne suis pas malheureuse. » Elle voulait dire qu’elle n’avait pas de problème d’argent ni de soucis familiaux. Elle parlait simplement de moments d’ennui… « Je ne prends pas l’alcool par plaisir, c’est une échappatoire. »
Tous les trois étaient devenus dépendants à l’alcool. Cette addiction peut survenir même après une longue période de consommation normale. Lorsqu’elle s’est installée, le buveur a franchi un point de non-retour : alors, la modération est devenue impossible. Je décrirai comment on peut sortir de ce piège, mener une vie normale et rester libres vis-à-vis de l’alcool grâce à l’abstinence.

Du plaisir de boire à l’enfer de l’alcool
La consommation des boissons alcooliques est une source de plaisir au cours des repas lorsqu’elle renforce les joies de la gastronomie. Ces boissons accompagnent également de nombreux moments agréables de la vie sociale. On ne peut pas le nier, boire fait du bien, il s’agit d’un plaisir gustatif, social ou psychique, mais ce plaisir peut se transformer facilement en souffrance car, au cœur de toutes ces boissons, se trouve un noyau dur : la molécule d’éthanol. Cette molécule particulière est toxique sur de nombreux organes et agit sur le cerveau, on dit qu’elle est psychoactive.
On pourrait dire que l’alcool est un mauvais médicament car ses effets secondaires sont néfastes : ils peuvent être à l’origine de complications médicales du fait de la toxicité sur certains organes et de troubles du comportement au cours de l’ivresse ou bien lorsque s’installe la dépendance.

Des mots contre les maux
Les discours sur l’alcool et les alcooliques sont déjà très nombreux, cette éloquence a longtemps contrasté avec le silence des malades de l’alcool. Aujourd’hui, des personnes témoignent de leurs difficultés avec l’alcool ; Véronique Samson, Farid Chopel et Hervé Chabalier sont les derniers à avoir enlevé le masque courageusement. Ils vont aider notre société à vaincre ce tabou, un mal est toujours aggravé par le silence. Il faut essayer de mettre les maux de l’alcool en mots pour lancer des messages utiles aux personnes souffrantes, à leur entourage, à tous ceux qui essaient de les aider, professionnels ou bénévoles. Ces messages sont complexes du fait du sujet et du respect que l’on doit à chacun. Un livre sur l’alcool ne peut se réduire à un mémento. Pourquoi son auteur ne pourrait-il s’autoriser la même complexité que dans les livres de dégustation où fleurissent les images les plus folles ? Si les dégustateurs parlent de la robe, de la cuisse et du bouquet et jouent avec les métaphores, je peux bien inviter les lecteurs aux mêmes jeux de langage.

Un livre pour prendre soin de soi
Chaque buveur est différent. Certains se sont laissé entraîner par les autres, certains buvaient dans la solitude ; ils prenaient l’alcool comme une douceur de la vie ou bien comme un tranquillisant. Leurs proches passaient de la sollicitude à l’exaspération et vivaient souvent le même enfer qu’eux. Je les ai rencontrés en consultation, j’ai essayé de comprendre leur problème d’alcool, je les ai accompagnés. Dans ce livre, ils vont nous aider à donner des réponses aux questions que pose l’alcool. Qu’ils en soient tous remerciés.
« Vos livres ne prennent pas la tête », c’est ainsi que Laurence me félicitait pour mes ouvrages précédents. Je lui répondis qu’effectivement c’est l’alcool qui lui prenait la tête. Elle avait enfin compris qu’elle pouvait lire au lieu de boire.
Première partie
Boire sans tomber dans l’excès
Chapitre I
Une activité utile et agréable

Le bébé a faim, il avale goulûment le liquide sucré. Pendant plusieurs mois, ce lait sera son unique aliment. C’est également sa boisson et beaucoup plus encore. Pendant que le liquide stimule sa bouche, le contact du corps de sa mère révèle toute sa sensorialité : toucher, odorat et vision sont en cause. Son nez s’écrase sur le sein de sa mère, il est plongé dans les odeurs de son corps. Après la tétée, il élargit son champ de vision et aperçoit son visage ; bientôt, il le reconnaîtra parmi tous ceux qui se penchent vers lui en surveillant son appétit et en attendant son rot. Tous ses sens sont stimulés. Il éprouve la force de cette relation, il tente d’y répondre en ébauchant un sourire. Il est passé de la nourriture à l’amour.
Le lait lui apporte tout ensemble. Après le traumatisme de la naissance, il croit retrouver pendant la tétée le paradis intra-utérin où il était « branché » sur le sang de sa mère apportant en continu par le cordon ombilical aliments, liquide, médicaments, anticorps maternels. Le bébé se sent bien longtemps après avoir bu : rouge et calme, il semble ivre d’avoir si bien biberonné. Alors, il forme un tout avec le monde et il peut s’endormir calmement.
Hélas, il lui faudra bientôt déchanter – est-ce pour cela qu’il crie si souvent ? –, la vie n’est pas si facile. Il lui faudra d’abord apprendre à s’alimenter à certaines heures, il ne sera plus « perfusé » en permanence par le cordon ombilical. Ensuite, son régime va se diversifier. Le liquide sucré sera remplacé par des aliments et des boissons aux goûts bizarres – pourquoi de l’artichaut ? –, peu agréables parfois – pourquoi ce jus acide ? Le bébé va perdre le contact avec le sein et la tétine, remplacés par une froide cuillère de métal. Il devra apprendre le maniement de cet engin sans se blesser. Il va aussi comprendre progressivement qu’il n’est pas en fusion avec le monde, qu’il est une personne différente de sa mère, il va la voir s’éloigner. Il devra la symboliser pendant son absence par son pouce ou un doudou, un « objet transitionnel », comme disent les psys. Ensuite, il devra chercher par lui-même les aliments, les boissons, la sécurité et l’amour.

Boire : une nécessité et un plaisir
De cet acte de boire, dépendent la survie et, au-delà, la construction de l’espace psychique grâce aux sensations enregistrées dans la mémoire. À toutes les époques de sa vie, l’homme continuera de boire par nécessité vitale, pour rechercher certains plaisirs et pour combattre certains malaises dus au froid, à la chaleur, à la fatigue, au stress, à l’isolement. Par cet acte, l’homme s’inscrit dans des imaginaires collectifs et met en jeu des symboles sociaux.

L’alcool, le lait de l’homme adulte ?
Souvent l’adulte consomme l’alcool comme s’il buvait encore ce lait du nouveau-né. Il le boit d’abord comme une boisson, l’alcool peut encore être pris comme un aliment, un stimulant de la se

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